[18,1,5]
(5)<18> Ἐσσηνοῖς δὲ ἐπὶ μὲν θεῷ καταλείπειν φιλεῖ τὰ πάντα ὁ λόγος,
ἀθανατίζουσιν δὲ τὰς ψυχὰς περιμάχητον ἡγούμενοι τοῦ δικαίου τὴν
πρόσοδον. <19> Εἰς δὲ τὸ ἱερὸν ἀναθήματα στέλλοντες θυσίας
ἐπιτελοῦσιν διαφορότητι ἁγνειῶν, ἃς νομίζοιεν, καὶ δι' αὐτὸ
εἰργόμενοι τοῦ κοινοῦ τεμενίσματος ἐφ' αὑτῶν τὰς θυσίας
ἐπιτελοῦσιν. Βέλτιστοι δὲ ἄλλως <ἄνδρες> τὸν τρόπον καὶ τὸ πᾶν
πονεῖν ἐπὶ γεωργίᾳ τετραμμένοι. <20> Ἄξιον δ' αὐτῶν θαυμάσαι παρὰ
πάντας τοὺς ἀρετῆς μεταποιουμένους τόδε διὰ τὸ μηδαμῶς ὑπάρξαν
Ἑλλήνων ἢ βαρβάρων τισίν, ἀλλὰ μηδ' εἰς ὀλίγον, ἐκείνοις ἐκ
παλαιοῦ συνελθὸν ἐν τῷ ἐπιτηδεύεσθαι μὴ κεκωλῦσθαι· τὰ χρήματά
τε κοινά ἐστιν αὐτοῖς, ἀπολαύει δὲ οὐδὲν ὁ πλούσιος τῶν οἰκείων
μειζόνως ἢ ὁ μηδ' ὁτιοῦν κεκτημένος· καὶ τάδε πράσσουσιν ἄνδρες
ὑπὲρ τετρακισχίλιοι τὸν ἀριθμὸν ὄντες. <21> Καὶ οὔτε γαμετὰς
εἰσάγονται οὔτε δούλων ἐπιτηδεύουσιν κτῆσιν, τὸ μὲν εἰς ἀδικίαν
φέρειν ὑπειληφότες, τὸ δὲ στάσεως ἐνδιδόναι ποίησιν, αὐτοὶ δ' ἐφ'
ἑαυτῶν ζῶντες διακονίᾳ τῇ ἐπ' ἀλλήλοις ἐπιχρῶνται. <22> Ἀποδέκτας
δὲ τῶν προσόδων χειροτονοῦντες καὶ ὁπόσα ἡ γῆ φέροι ἄνδρας
ἀγαθούς, ἱερεῖς δὲ ἐπὶ ποιήσει σίτου τε καὶ βρωμάτων. Ζῶσι δὲ οὐδὲν
παρηλλαγμένως, ἀλλ' ὅτι μάλιστα ἐμφέροντες Δακῶν τοῖς πλείστοις
λεγομένοις.
| [18,1,5] <18> Les Esséniens ont pour croyance de laisser tout entre les mains
de Dieu ; ils considèrent l'âme comme immortelle et estiment qu'il faut
lutter sans relâche pour atteindre les fruits de la justice. <19> Ils envoient
des offrandes au Temple, mais ne font pas de sacrifices parce qu'ils
pratiquent un autre genre de purifications. C'est pourquoi ils
s'abstiennent de l'enceinte sacrée pour faire des sacrifices à part. Par
ailleurs ce sont de très honnêtes gens et entièrement adonnés aux travaux
de la terre. <20> Il faut aussi les admirer, plus que tous ceux qui visent
à la vertu, pour leur pratique de la justice, qui n'a jamais existé chez
les Grecs ou chez les barbares, pratique qui n'est pas nouvelle mais
ancienne chez eux. Les biens leur sont communs à tous et le riche
ne jouit pas plus de ses propriétés que celui qui ne possède rien. Et ils
sont plus de quatre mille hommes à vivre ainsi.
<21>. Ils ne se marient pas et ne cherchent pas à acquérir des esclaves
parce qu'ils regardent l'un comme amenant l'injustice, l'autre comme
suscitant la discorde ; ils vivent entre eux en s'aidant les uns les autres.
<22> Pour percevoir les revenus et les produits de la terre ils
élisent à main levée des hommes justes, et choisissent des prêtres pour la
préparation de la nourriture et de la boisson. Leur existence n'a rien
d'inusité, mais leur vie rappelle au plus haut degré celle des Daces
appelés "Fondateurs".
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