[18,8,5]
(5)<279> Συγκαλέσας δὲ εἰς τὴν Τιβεριάδα τοὺς Ἰουδαίους, οἱ δὲ
ἀφίκοντο πολλαὶ μυριάδες, καταστὰς ἐπ' αὐτῶν τήν τε ἐν τῷ παρόντι
στρατείαν οὐ γνώμης ἀπέφαινε τῆς αὐτοῦ τοῦ δὲ αὐτοκράτορος τῶν
προσταγμάτων, τὴν ὀργὴν οὐδὲν εἰς ἀναβολάς, ἀλλ' ἐκ τοῦ
παραχρῆμα ἐπιφέρεσθαι τοῖς πράγμασιν τοῖς παρακροᾶσθαι θάρσος
εἰσφερομένοις· ᾧ καλῶς ἔχον ἐστὶν τόν γε τιμῆς τοσαύτης
ἐπιτετευχότα συγχωρήσει τῇ ἐκείνου οὐδὲν ἐναντίον πράσσειν· <280>
οὐ μὴν δίκαιον ἡγοῦμαι ἀσφάλειάν τε καὶ τιμὴν τὴν ἐμαυτοῦ μὴ οὐχ
ὑπὲρ τοῦ ὑμετέρου μὴ ἀπολουμένου τοσούτων ὄντων ἀναλοῦν
διακονούμενον τῇ ἀρετῇ τοῦ νόμου, ὃν πάτριον ὄντα περιμάχητον
ἡγεῖσθε, καὶ τῇ ἐπὶ πᾶσιν ἀξιώσει καὶ δυνάμει τοῦ θεοῦ, οὗ τὸν ναὸν
οὐκ ἂν περιιδεῖν τολμήσαιμι ὕβρει πεσεῖν τῆς τῶν ἡγεμονευόντων
ἐξουσίας. <281> Στέλλω δὲ ὡς Γάιον γνώμας τε τὰς ὑμετέρας
διασαφῶν καί πῃ καὶ συνηγορίᾳ χρώμενος ὑπὲρ τοῦ καθ' ἡμᾶς παρὰ
γνώμην πεισομένην οἷς προύθεσθε ἀγαθοῖς. Καὶ συμπράσσοι μὲν ὁ
θεός, βελτίων γὰρ ἀνθρωπίνης μηχανῆς καὶ δυνάμεως ἡ κατ' ἐκεῖνον
ἐξουσία, πρυτανεύων ὑμῖν τε τὴν τήρησιν τῶν πατρίων καὶ αὐτῷ τὸ
μηδὲν ἀνθρωπείαις παρὰ γνώμην βουλεύσεσι τιμῶν τῶν εἰωθυιῶν
ἁμαρτεῖν. <282> Εἰ δ' ἐκπικρανθεὶς Γάιος εἰς ἐμὲ τρέψει τὸ ἀνήκεστον
τῆς ὀργῆς, τλήσομαι πάντα κίνδυνον καὶ πᾶσαν ταλαιπωρίαν
συνιοῦσαν τῷ σώματι καὶ τῇ τύχῃ ὑπὲρ τοῦ μὴ ὑμᾶς τοσούσδε ὄντας
ἐπὶ οὕτως ἀγαθαῖς ταῖς πράξεσι διολλυμένους θεωρεῖν. <283> Ἄπιτε
οὖν ἐπὶ ἔργα τὰ αὐτῶν ἕκαστοι καὶ τῇ γῇ ἐπιπονεῖτε. Πέμψω δ' αὐτὸς
ἐπὶ Ῥώμης καὶ τὰ πάντα ὑπὲρ ὑμῶν δι' ἐμαυτοῦ καὶ τῶν φίλων οὐκ
ἀποτραπήσομαι διακονεῖν. »
| [18,8,5] <279> Comme il avait convoqué les Juifs à Tibériade et qu'ils y étaient
venus par dizaines de mille, il se plaça au milieu d'eux et leur fit
savoir que l'expédition actuellement préparée ne l'était pas de sa propre
volonté, mais sur l'ordre de l'empereur, qui voulait sur le champ et sans
délai assouvir sa colère sur ceux qui avaient l'audace de désobéir à ses
décisions ; il convenait qu'ayant été investi d'une telle mission il ne
fit rien sans le consentement de l'empereur.
<280> « Cependant, dit-il, je ne crois pas équitable de ne pas faire le
sacrifice de ma sécurité et de ma charge pour que vous ne perdiez pas la
vie, vous qui êtes si nombreux, qui servez vertueusement votre loi,
que vous croyez devoir défendre à tout prix parce que c'est celle de vos
pères et qui, en tout, respectez la dignité et la puissance de votre Dieu
dont je n'oserais pas voir le Temple abattu par l'insolence de maitres
tout puissants. <281> Je vais donc faire connaître à Caius vos résolutions
en plaidant, comme je le pourrai votre cause, afin de ne pas vous voir
souffrir pour les bons arguments que vous avez présentés. Puissiez-vous
avoir aussi l'aide de Dieu, car sa puissance est supérieure aux moyens et
aux pouvoirs humains, et puisse-t-il vous accorder de garder vos coutumes
ancestrales sans qu'aucune, faute soit commise envers lui et sans qu'aucun
dessein humain contraire à sa volonté le prive de ses honneurs habituels !
<282> Mais si Caius, exaspéré, tourne contre moi l'excès de sa colère, je
supporterai tout danger et tout malheur qui accablera mon âme et mon
corps, plutôt que de vous voir perdus en si grand nombre pour des actions
si justes. <283> Allez donc chacun à vos occupations et travaillez la
terre. Pour ma part, je vais envoyer un message à Rome et je ne négligerai
rien pour vous servir, tant personnellement qu'avec l'aide de mes amis. »
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