[16,11,1] XI.
(1) <356> Ἡρώδῃ δὲ γράφει διηλλαγμένος ἐπί τε τοῖς παισὶν ἄχθεσθαι λέγων
καὶ δέον, εἰ μὲν ἀνοσιώτερόν τι τετολμήκασιν, ἐπεξιέναι πατραλόας ὄντας.
Αὐτῷ γὰρ ἐφεῖναι ταύτην τὴν ἐξουσίαν. Εἰ δὲ δρασμὸν ἐνόησαν, ἄλλως
νουθετήσαντα μηδὲν ἀνήκεστον διαπράττεσθαι. <357> συμβουλεύειν δὲ ἔχειν
αὐτῷ συνέδριον ἀποδείξαντα περὶ Βηρυτόν, ἐν ᾗ κατοικοῦσιν Ῥωμαῖοι, καὶ
παραλαβόντα τούς τε ἡγεμόνας καὶ τὸν βασιλέα τῶν Καππαδόκων Ἀρχέλαον ὅσους
τε τῶν ἄλλων οἴεται φιλίᾳ τε καὶ ἀξιώματι ἐπιφανεῖς μετὰ τῆς ἐκείνων
γνώμης ὅ τι χρὴ διαλαμβάνειν. <358> Καῖσαρ μὲν τοιαῦτα ἐπέστελλεν. Ὁ δὲ
Ἡρώδης τῶν γραμμάτων ὡς αὐτὸν ἀπενεχθέντων περιχαρὴς μὲν εὐθὺς ἐπὶ ταῖς
διαλλαγαῖς ἐγεγόνει, περιχαρὴς δὲ καὶ τῷ πάντ' ἐξεῖναι κατὰ τῶν παίδων
αὐτῷ. <359> Καί πως τὸ μὲν οὐκ εὖ πράττειν ἐν τῷ προτέρῳ χαλεπὸν μὲν ἀλλ'
οὔτε θρασὺν οὔτε προπετῆ πρὸς τὴν ἀπώλειαν τῶν τέκνων παρεῖχεν αὐτόν, ἐν
δὲ τῷ τότε μεταβολῆς ἀμείνονος καὶ παρρησίας ἐπιλαβόμενος τὸ μῖσος
ἐκενοδόξει τὴν ἐξουσίαν. <360> Διέπεμπεν οὖν ὅσους ἐδόκει καλεῖν εἰς τὸ
συνέδριον Ἀρχελάου χωρίς. Ἐκεῖνον δὲ δι' ἔχθος οὐκ ἠξίου παρατυγχάνειν ἢ
καὶ τῇ προαιρέσει νομίζων ἐμποδὼν ἔσεσθαι.
(2) <361> Γενομένων δὲ ἐν Βηρυτῷ τῶν ἡγεμόνων καὶ τῶν ἄλλων ὅσους τῶν
πόλεων ἐκάλεσεν, τοὺς μὲν παῖδας, οὐ γὰρ ἠξίου παράγειν εἰς τὸ συνέδριον,
ἐν κώμῃ τινὶ Σιδωνίων εἶχεν Παλαεστῶ καλουμένῃ πλησίον τῆς πόλεως, ὡς
ἔχειν εἰ κληθεῖεν παραστῆσαι. <362> Μόνος δὲ καὶ κατ' αὐτὸν εἰσελθὼν
ἑκατὸν καὶ πεντήκοντα συγκαθημένων ἀνδρῶν κατηγόρει κατηγορίαν οὐκ
ὀδυνηρὰν ὡς πρὸς ἀνάγκην ὧν ἠτύχει, πλεῖστον δὲ ἀπεοικυῖαν ᾗ πατὴρ ἐπὶ
παισὶν εἴποι. <363> Βίαιος γὰρ ἦν καὶ περὶ τὴν ἀπόδειξιν τῆς αἰτίας
ἐτετάρακτο καὶ μέγιστα θυμοῦ καὶ ἀγριότητος ἐνεδίδου σημεῖα, τούς τε
ἐλέγχους οὐκ ἐκείνοις ἐπιτρέπων καταμαθεῖν, ἀλλὰ συνηγορίαν αὐτοῖς
προτιθεὶς πατρὶ κατὰ παίδων ἀσχήμονα, καὶ τὰ γραφέντα δι' αὐτῶν ἐκείνων
ἀναγινώσκων, ἐν οἷς ἐπιβουλὴ μὲν ἤ τις ἐπίνοια δυσσεβείας οὐκ ἐγέγραπτο,
μόνον δὲ ὡς φυγεῖν βουλεύοιντο καὶ λοιδορίαι τινὲς εἰς αὐτὸν ὀνείδη
περιέχουσαι διὰ τὴν δύσνοιαν. <364> Ἐφ' αἷς ἐκεῖνος ὡς ἐγένετο μᾶλλόν τε
ἐξεβόα καὶ τὸ περιὸν εἰς ὁμολογίαν τῆς ἐπιβουλῆς δι' ἐκείνων ηὔξανεν
ἐπομνύμενος, ὡς ἥδιον ἂν στέροιτο τοῦ ζῆν ἢ τοιούτων ἀκούειν λόγων. <365>
Τὸ δὲ τελευταῖον εἰπών, ὅτι καὶ τῇ φύσει καὶ τῇ Καίσαρος δόσει τὴν
ἐξουσίαν αὐτὸς ἔχοι, προσέθηκεν αὐτῷ καὶ πάτριον νόμον κελεύειν, εἴ του
κατηγορήσαντες οἱ γονεῖς ἐπιθοῖεν τῇ κεφαλῇ τὰς χεῖρας, ἐπάναγκες εἶναι
τοῖς περιεστῶσιν βάλλειν καὶ τοῦτον ἀποκτείνειν τὸν τρόπον. <366> Ὅπερ
ἕτοιμος ὢν αὐτὸς ἐν τῇ πατρίδι καὶ τῇ βασιλείᾳ ποιεῖν ὅμως ἀναμεῖναι τὴν
ἐκείνων κρίσιν, ἥκειν μέντοι δικαστὰς μὲν οὐχ οὕτως ἐπὶ φανεροῖς οἷς ἐκ
τῶν παίδων ὀλίγου πάθοι, συνοργισθῆναι δὲ καιρὸν ἔχοντας, ὡς οὐδενὶ καὶ
τῶν πόρρω γεγονότων ἀμελῆσαι τοιαύτης ἐπιβουλῆς ἄξιον.
(3 )<367> Ταῦτα τοῦ βασιλέως εἰπόντος καὶ τῶν νεανίσκων οὐδὲ ἕως ἀπολογίας
παρηγμένων συμφρονήσαντες οἱ κατὰ τὸ συνέδριον, ὡς ἐπιεικείας καὶ
διαλλαγῶν χεῖρον ἔχοι, τὴν ἐξουσίαν ἐβεβαίουν αὐτῷ. <368> Καὶ πρῶτον μὲν
Σατορνῖνος ἀνὴρ ὑπατικὸς καὶ τῶν ἐπ' ἀξιώματος ἀπεφήνατο γνώμην ἀηδεστάτῃ
περιστάσει χρώμενος. Ἔφη γὰρ καταδικάζειν μὲν τῶν Ἡρώδου παίδων, κτείνειν
δ' οὐκ οἴεσθαι δικαιοῦν αὐτὸς παῖδας ἔχων καὶ τοῦ πάθους μείζονος ὄντος,
εἰ καὶ πάντα δι' αὐτοὺς δεδυστύχηκεν. <369> Μετ' ἐκεῖνον οἱ Σατορνίνου
παῖδες, εἵποντο γὰρ αὐτῷ πρεσβευταὶ τρεῖς ὄντες, τὴν αὐτὴν γνώμην
ἀπεφήναντο, Οὐολόμνιος δὲ ἄντικρυς ἔφη κολάζειν θανάτῳ τοὺς οὕτως
ἀσεβήσαντας εἰς τὸν πατέρα. Τὰ δ' αὐτὰ καὶ τῶν ἑξῆς οἱ πλείους, ὥστε καὶ
μηκέτι ἄλλο τι δοκεῖν ἢ καταδεδικάσθαι τὴν ἐπὶ θανάτῳ τοὺς νεανίσκους.
<370> Κἀκεῖθεν μὲν εὐθὺς Ἡρώδης ἧκεν ἄγων αὐτοὺς εἰς Τύρον, καὶ τοῦ τε
Νικολάου πλεύσαντος ὡς αὐτὸν ἐκ τῆς Ῥώμης ἐπυνθάνετο προδιηγησάμενος τὰ ἐν
Βηρυτῷ, ἥντιν' ἔχοιεν γνώμην περὶ τῶν παίδων αὐτοῦ καὶ οἱ ἐν Ῥώμῃ αὐτοῦ
φίλοι, <371> κἀκεῖνος εἶπεν, ὅτι δοκεῖ μὲν ἀσεβῆ εἶναι τὰ ἐκείνοις περὶ σὲ
ἐγνωσμένα, χρῆναι μέντοι αὐτοὺς καθείρξαντα δεσμώτας φυλάττειν, <372> καὶ
εἰ μὲν ἑτέρως σοι δοκοίη κολάζειν αὐτούς, μὴ φαίνοιο ὀργῇ τὸ πλεῖον ἢ
γνώμῃ κεχρῆσθαι, εἰ δὲ τἀναντία ἀπολύειν, μὴ ἀνεπανόρθωτον εἴη σοι τὸ
ἀτύχημα. Ταῦτα δοκεῖ καὶ ἐν Ῥώμη τοῖς πλείστοις τῶν σῶν φίλων. » Καὶ ὃς
σιωπήσας ἐν πολλῇ ἐγένετο συννοίᾳ κἀκεῖνον ἐκέλευσεν συμπλεῖν αὐτῷ.
| [16,11,1]
<356> 1. Réconcilié avec Hérode, l’empereur lui écrivit qu’il s’affligeait
au sujet de ses fils : s’ils avaient osé commettre une impiété, il
convenait de les châtier comme parricides, et il lui en laissait la
liberté ; mais s’ils n’avaient pensé qu’à s’enfuir, il l’allait simplement
les admonester sans rien faire d’irrémédiable. <357> Il lui recommandait
de désigner lui-même et de réunir à cet effet un conseil à Béryte, colonie
romaine, en s’adjoignant les légats impériaux, le roi de Cappadoce
Archélaüs et tous autres qu’il jugeait éminents par leur amitié et leur
rang et de décider suivant leur avis ce qu’il conviendrait de faire. <358>
Telles furent les instructions de l’empereur. Hérode, quand la lettre lui
fut remise, se réjouit fort de sa rentrée en grâce et aussi de la liberté
complète qu’on lui donnait de décider au sujet de ses fils. <359> Tandis
que dans l’infortune il avait été dur, mais n’avait montré ni témérité ni
précipitation pour perdre ses fils, alors, devant cette amélioration de
ses affaires et cette liberté conquise, il se félicita d’avoir toute
licence dans sa haine. <360> Il manda donc tous ceux qu’il lui parut bon
de convoquer en conseil, à l’exception d’Archélaüs, dont il ne voulut pas
l’assistance, soit par inimitié, soit parce qu’il craignait de trouver en
lui un obstacle à ses volontés.
<361> 2. Une fois que les légats furent arrivés à Béryte avec tous les
autres qu’il avait fait venir des villes, il fit conduire ses fils — qu’il
ne jugeait pas bon d’amener devant le conseil — dans un bourg du
territoire de Sidon nommé Platané, à proximité de la ville, de manière
à pouvoir les faire comparaître si on les convoquait. <362> S’avançant
alors tout seul au milieu des cent cinquante personnages qui
siégeaient, il porta contre eux une accusation non pas douloureuse comme
le comportait la nécessité où il se trouvait, mais bien différente de
celle d’un père contre ses enfants. Car il prenait, un ton violent, <363>
se troublait dans la démonstration de la culpabilité et donnait les plus
grands signes de colère et de férocité ; il ne laissait pas aux juges le
soin d’examiner les preuves, mais leur présentait un réquisitoire
indécent, pour un père plaidant contre ses enfants ; il lisait leurs
lettres où n’était contenu aucun projet de complot, aucune pensée
criminelle, mais où s’exprimaient seulement, leur désir de fuite et
quelques reproches injurieux pour le roi à cause de la malveillance qu’il
leur témoignait. Lorsqu’il en arriva là, <364> il cria encore plus fort et
grossit la chose à l’excès jusqu’à y voir un aveu de leur complot, jurant
qu’il eût préféré être privé de la vie à entendre de pareilles choses.
<365> Finalement, il dit que la nature et la générosité de l’empereur lui
avaient donné la liberté de décider ; il ajouta que la loi de ses ancêtres
ordonnait que si des parents, après avoir accusé leurs enfants, leur
imposaient les mains sur la tête, les assistants étaient obligés de
lapider les condamnés jusqu’à ce que mort s’ensuivit. <366> Bien qu’il
eut été disposé à procéder ainsi dans sa patrie et son royaume, il
attendait pourtant leur verdict ; ils étaient cependant là, non pas tant
pour juger des actes évidents de ses enfants que pour avoir l’occasion de
partager soir indignation, car personne, si étranger fût-il, ne pouvait
regarder avec indifférence un tel complot.
<367> 3. Lorsque le roi eut ainsi parlé, sans même permettre, aux jeunes
gens de présenter leur défense, les membres du conseil, s’étant mis
d’accord que l’affaire ne comportait ni transaction ni réconciliation, lui
confirmèrent sa liberté de décision. <368> Saturninus, personnage
consulaire et d’un rang élevé, donna le premier un avis très modéré<88> vu
les circonstances : il déclara qu’il condamnait les fils d’Hérode, mais ne
croyait pas juste de les mettre à mort, car il avait lui-même des enfants
et cette peine était trop grave, même si Hérode avait tout souffert de
leur part. <369> Après lui, les fils de Saturninus, qui le suivaient tous
trois comme légats<89>, opinèrent de même. Volumnius au contraire dit
qu’il fallait punir de mort des hommes qui avaient outragé leur père de
façon si impie. Ensuite la majorité des autres juges opina dans le même
sens, de telle sorte qu’il parut manifeste que les jeunes gens étaient
condamnés à la peine capitale.
<370> Hérode, s’en alla aussitôt en les emmenant à Tyr et comme Nicolas
était revenu de Rome auprès de lui, il lui exposa ce qui s’était passé à
Béryte et l’interrogea sur ce que pensaient au sujet de ses fils ses amis
de Rome. <371> Nicolas répondit : « Leurs desseins contre toi paraissent
impies ; il faut cependant te contenter de les emprisonner et les garder
dans les fers. <372> Si tu juges plus tard nécessaire de les châtier plus
sévèrement, tu ne paraîtras pas suivre ta colère plutôt que la raison ; si
au contraire tu veux les délivrer, tu n’auras pas rendu ton malheur
irrémédiable. Voilà l’avis de la plupart de tes amis de Rome. » Hérode se
tut, se plongea dans une profonde rêverie, puis l’invita à s’embarquer
avec lui.
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