[6,4b] (4)<60> Σαμουῆλος δὲ καλεῖ τὸν λαὸν εἰς Μασφὰ πόλιν καὶ πρὸς αὐτὸν διατίθεται
λόγους, οὓς κατ' ἐντολὴν φράζειν ἔλεγε τοῦ θεοῦ, ὅτι τὴν ἐλευθερίαν αὐτοῖς
ἐκείνου παρασχόντος καὶ τοὺς πολεμίους δουλώσαντος ἀμνημονήσειαν τῶν εὐεργεσιῶν,
καὶ τὸν μὲν θεὸν ἀποχειροτονοῦσι τῆς βασιλείας οὐκ εἰδότες ὡς συμφορώτατον ὑπὸ
τοῦ πάντων ἀρίστου προστατεῖσθαι, <61> θεὸς δὲ πάντων ἄριστος, αἱροῦνται δ'
ἔχειν ἄνθρωπον βασιλέα, ὃς ὡς κτήματι τοῖς ὑποτεταγμένοις κατὰ βούλησιν καὶ
ἐπιθυμίαν καὶ τῶν ἄλλων παθῶν ὁρμὴν χρήσεται τῆς ἐξουσίας ἀφειδῶς ἐμφορούμενος,
ἀλλ' οὐχ ὡς ἴδιον ἔργον καὶ κατασκεύασμα τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος οὕτως διατηρῆσαι
σπουδάσει, ὁ θεὸς δὲ κατὰ ταύτην τὴν αἰτίαν κήδοιτο. ἀλλ' ἐπεὶ δέδοκται ταῦτα
ὑμῖν καὶ κεκράτηκεν ἡ πρὸς τὸν θεὸν ὕβρις, τάχθητε πάντες κατὰ φυλάς τε καὶ
σκῆπτρα καὶ κλήρους βάλετε.”
(5)<62> Ποιησάντων δὲ τοῦτο τῶν Ἑβραίων ὁ τῆς Βενιαμίτιδος κλῆρος ἐξέπεσε,
ταύτης δὲ κληρωθείσης ἔλαχεν ἡ Ματρὶς καλουμένη πατριὰ, ἧς κατ' ἄνδρα
κληρωθείσης λαγχάνει ὁ Κεισαίου βασιλεύειν παῖς Σαοῦλος. <63> γνοὺς δὲ τοῦθ' ὁ
νεανίσκος φθάσας ἐκποδὼν αὑτὸν ἐποίει μὴ βουλόμενος οἶμαι δοκεῖν τὴν ἀρχὴν ἑκὼν
λαμβάνειν, ἀλλὰ τοσαύτην ἐνεδείξατο ἐγκράτειαν καὶ σωφροσύνην, ὥστε τῶν πλείστων
οὐδ' ἐπὶ μικραῖς εὐπραγίαις τὴν χαρὰν κατασχεῖν δυναμένων, ἀλλ' εἰς τὸ πᾶσι
γενέσθαι φανεροὺς προπιπτόντων, ὁ δ' οὐ μόνον οὐδὲν ἐνέφηνε τοιοῦτον ἐπὶ
βασιλείᾳ καὶ τῷ τοσούτων καὶ τηλικούτων ἐθνῶν ἀποδεδεῖχθαι δεσπότης, ἀλλὰ καὶ
τῆς ὄψεως αὑτὸν τῆς τῶν βασιλευθησομένων ἐξέκλεψεν καὶ ζητεῖν αὐτὸν καὶ περὶ
τοῦτο πονεῖν παρεσκεύασεν. <64> ὧν ἀμηχανούντων καὶ φροντιζόντων, ὅτι καὶ
γένοιτο ἀφανὴς ὁ Σαοῦλος, ὁ προφήτης ἱκέτευε τὸν θεὸν δεῖξαι ποῦ ποτ' εἴη καὶ
παρασχεῖν εἰς ἐμφανὲς τὸν νεανίσκον. <65> μαθὼν δὲ παρὰ τοῦ θεοῦ τὸν τόπον ἔνθα
κρύπτεται ὁ Σαοῦλος πέμπει τοὺς ἄξοντας αὐτὸν καὶ παραγενόμενον ἵστησι μέσον τοῦ
πλήθους. ἐξεῖχε δὲ ἁπάντων, καὶ τὸ ὕψος ἦν βασιλικώτατος.
(6)<66> Λέγει δὲ ὁ προφήτης: “τοῦτον ὑμῖν ὁ θεὸς ἔδωκε βασιλέα: ὁρᾶτε δὲ ὡς καὶ
κρείττων ἐστὶ πάντων καὶ τῆς ἀρχῆς ἄξιος.” ὡς δ' ἐπευφήμησε τῷ βασιλεῖ σωτηρίαν
ὁ λαὸς, τὰ μέλλοντα συμβήσεσθαι καταγράψας αὐτοῖς ὁ προφήτης ἀνέγνω τοῦ βασιλέως
ἀκροωμένου καὶ τὸ βιβλίον τίθησιν ἐν τῇ τοῦ θεοῦ σκηνῇ ταῖς μετέπειτα γενεαῖς
μαρτύριον ὧν προείρηκε. <67> ταῦτ' ἐπιτελέσας ὁ Σαμουῆλος ἀπολύει τὴν πληθύν.
καὶ αὐτὸς δὲ εἰς Ἀρμαθὰ παραγίνεται πόλιν, πατρὶς γὰρ ἦν αὐτῷ, Σαούλῳ δὲ
ἀπερχομένῳ εἰς Γαβαθὴν, ἐξ ἧς ὑπῆρχε, συνήρχοντο πολλοὶ μὲν ἀγαθοὶ τὴν
προσήκουσαν βασιλεῖ τιμὴν νέμοντες, πονηροὶ δὲ πλείους, οἳ καταφρονοῦντες αὐτοῦ
καὶ τοὺς πολλοὺς ἐχλεύαζον καὶ οὔτε δῶρα προσέφερον οὔτ' ἐν σπουδῇ καὶ λόγῳ τὸ
ἀρέσκεσθαι τὸν Σαοῦλον ἐτίθεντο.
| [6,4b] 4. <60> Samuel convoque ensuite le peuple dans la ville de
Masphathé et lui adresse ces paroles, parlant, dit-il,
conformément aux instructions qu’il a reçues de Dieu : « Après
que Dieu leur a procuré la liberté et asservi leurs ennemis, ils
se montrent oublieux de ses bienfaits et répudient sa royauté,
sans réfléchir à l’avantage qu’il y a d’être gouverné par le
meilleur de tous et que le meilleur de tous, c’est Dieu ; au lieu
de quoi ils préfèrent prendre pour roi un homme, qui se, servira
de ses sujets comme de sa chose, selon sa fantaisie ou son
caprice au gré de toutes ses autres passions, abusant sans
pudeur du pouvoir ; qui, n’étant pas l’auteur et organisateur du
genre humain, ne se souciera pas non plus de le préserver,
alors que Dieu, pour cette raison même, en prend le plus grand
soin. Mais, ajoute-t-il, puisqu’il vous plait ainsi, et que vous
persistez dans votre dessein outrageant pour Dieu, rangez-vous
tous par tribus et par maisons et tirez au sort. »
5. Les Hébreux ayant ainsi fait, le lot de la tribu de
Benjamin sortit. Et quand on eut tiré dans celle-ci, ce fut la
famille appelée Matris qui fut désignée ; on tira enfin entre
les individus de cette famille et la royauté échut au fils de Kis, à
Saül. Sitôt informé, le jeune homme alla se retirer à l’écart,
ne voulant pas, j’imagine, avoir l’air avide de prendre le
pouvoir. Loin de là, il fit preuve d’une maîtrise de soi et d’une
modestie surprenantes, car tandis que la plupart des hommes
sont incapables de contenir leur joie devant les moindres
succès et se précipitent pour se faire voir à tout le monde, lui
non seulement ne manifesta rien de pareil pour avoir été élu roi
et désigné comme le souverain de tant de peuples
considérables, mais même se déroba loin de la vue de ses
futurs sujets et les força à le chercher, non sans peine. Comme
ils étaient embarrassés et inquiets de la disparition de Saül, le
prophète supplia Dieu de leur indiquer où il se trouvait et de
faire apparaître le jeune homme aux yeux de tous. Dieu leur
révèle l’endroit où se tenait caché Saül, Samuel l’envoie
chercher, et, sitôt arrivé, le place au milieu du peuple. Or, il les
dépassait tous de la tête, et sa stature lui donnait un air
vraiment royal. Alors le prophète s’écrie : « Voici le roi que
Dieu vous a donné. Voyez comment il est supérieur à tous et
digne de commander. » Et comme le peuple l’acclamait aux
cris de « Vive le roi ! », le prophète, ayant mis par écrit pour
eux tout ce qui adviendrait dans l’avenir, leur en donna
lecture, en présence du roi, puis il déposa le livre dans le
tabernacle de Dieu, afin d’attester ses prédictions auprès des
générations futures. Ceci accompli, Samuel congédie le peuple
et se retire dans la ville d’Armatha, sa patrie. Saül, de son côté,
partit pour Gabatha, d’où il était issu, beaucoup de gens de
bien l’accompagnèrent en lui rendant les hommages dus à un
roi, mais aussi plusieurs méchants qui affectaient de le
mépriser, de railler ses amis, ne lui offraient pas de présents et
ne témoignaient ni par des égards, ni par des paroles,
d’aucune sympathie pour Saül.
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