[6,11e] (9)<235> Τῇ δ' ἐχομένῃ, νεομηνία δ' ἦν, ἁγνεύσας ὡς ἔθος εἶχεν ὁ βασιλεὺς ἧκεν
ἐπὶ τὸ δεῖπνον, καὶ παρακαθεσθέντων αὐτῷ τοῦ μὲν παιδὸς Ἰωνάθου ἐκ δεξιῶν
Ἀβενήρου δὲ τοῦ ἀρχιστρατήγου ἐκ τῶν ἑτέρων, ἰδὼν τὴν τοῦ Δαβίδου καθέδραν κενὴν
ἡσύχασεν ὑπονοήσας οὐ καθαρεύσαντα αὐτὸν ἀπὸ συνουσίας ὑστερεῖν. <236> ὡς δὲ καὶ
τῇ δευτέρᾳ τῆς νουμηνίας οὐ παρῆν ἐπυνθάνετο παρὰ τοῦ παιδὸς Ἰωνάθου, ὅτι καὶ τῇ
παρελθούσῃ καὶ ταύτῃ τοῦ δείπνου καὶ τῆς ἑστιάσεως ὁ τοῦ Ἰεσσαίου παῖς
ἀπολέλειπται. ὁ δὲ πεπορεῦσθαι κατὰ τὰς συνθήκας ἔφησεν αὐτὸν εἰς τὴν ἑαυτοῦ
πατρίδα τῆς φυλῆς ἑορτὴν ἀγούσης ἐπιτρέψαντος αὐτοῦ: παρακαλέσαι μέντοι καὶ
αὐτὸν ἐλθεῖν ἐπὶ τὴν θυσίαν καὶ εἰ συγχωρηθείη φησὶν ἀπέρχεσθαι: <237> τὴν γὰρ
εὔνοιάν μου τὴν πρὸς αὐτὸν ἐπίστασαι.” τότε τὴν πρὸς Δαυίδην τοῦ πατρὸς Ἰωνάθης
ἐπέγνω δυσμένειαν καὶ τρανῶς τὴν ὅλην αὐτοῦ βούλησιν εἶδεν: οὐ γὰρ κατέσχε
Σαοῦλος τῆς ὀργῆς, ἀλλὰ βλασφημῶν ἐξ αὐτομόλων γεγενημένον καὶ πολέμιον ἀπεκάλει
καὶ κοινωνὸν τοῦ Δαυίδου καὶ συνεργὸν ἔλεγεν καὶ μήτ' αὐτὸν αἰδεῖσθαι μήτε τὴν
μητέρα αὐτοῦ ταῦτα φρονοῦντα καὶ μηδὲ βουλόμενον πεισθῆναι τοῦθ', ὅτι μέχρις οὗ
περίεστι Δαυίδης ἐπισφαλῶς αὐτοῖς τὰ τῆς βασιλείας ἔχει. “μετάπεμψαι τοιγαροῦν
αὐτόν, <238> ἔφησεν, ἵνα δῷ δίκην.” ὑποτυχόντος δ' Ἰωνάθου, “τί δ' ἀδικοῦντα
κολάσαι θέλεις;” οὐκέτ' εἰς λόγους καὶ βλασφημίας τὴν ὀργὴν ὁ Σαοῦλος ἐξήνεγκεν,
ἀλλὰ ἁρπάσας τὸ δόρυ ἀνεπήδησεν ἐπ' αὐτὸν ἀποκτεῖναι θέλων. καὶ τὸ μὲν ἔργον οὐκ
ἔδρασε διακωλυθεὶς ὑπὸ τῶν φίλων, φανερὸς δ' ἐγένετο τῷ παιδὶ μισῶν τὸν Δαυίδην
καὶ διαχρήσασθαι ποθῶν, ὡς παρὰ μικρὸν δι' ἐκεῖνον αὐτόχειρ καὶ τοῦ παιδὸς
γεγονέναι.
(10)<239> Καὶ τότε μὲν ὁ τοῦ βασιλέως παῖς ἐκπηδήσας <ἀπὸ> τοῦ δείπνου καὶ μηδὲν
ὑπὸ λύπης προσενέγκασθαι δυνηθείς, κλαίων αὑτὸν μὲν τοῦ παρὰ μικρὸν ἀπολέσθαι
τοῦ κατακεκρίσθαι δ' ἀποθανεῖν Δαυίδην διενυκτέρευσεν. ἅμα δὲ ἡμέρᾳ πρὸ τῆς
πόλεως εἰς τὸ πεδίον ὡς γυμνασόμενος μὲν δηλώσων δὲ τῷ φίλῳ τὴν τοῦ πατρὸς
διάθεσιν, ὡς συνέθετο, πρόεισι. <240> ποιήσας δὲ ὁ Ἰωνάθης τὰ συγκείμενα τὸν μὲν
ἑπόμενον ἀπολύει εἰς τὴν πόλιν παῖδα, ἦν δ' ἠρεμία τῷ Δαυίδῃ παρελθεῖν εἰς ὄψιν
αὐτῷ καὶ λόγους. ἀναφανεὶς δ' οὗτος πίπτει πρὸ τῶν Ἰωνάθου ποδῶν καὶ προσκυνῶν
σωτῆρα αὐτοῦ τῆς ψυχῆς ἀπεκάλει. <241> ἀνίστησι δ' ἀπὸ τῆς γῆς αὐτόν, καὶ
περιπλακέντες ἀλλήλους μακρά τε ἠσπάζοντο καὶ δεδακρυμένα τήν τε ἡλικίαν
ἀποθρηνοῦντες αὑτῶν καὶ τὴν ἐφθονημένην ἑταιρίαν καὶ τὸν μέλλοντα διαχωρισμόν,
ὃς οὐδὲν αὐτοῖς ἐδόκει θανάτου διαφέρειν. μόλις δ' ἐκ τῶν θρήνων ἀνανήψαντες καὶ
μεμνῆσθαι τῶν ὅρκων ἀλλήλοις παρακελευσάμενοι διελύθησαν.
| [6,11e] 9. <235> David, ayant reçu ces assurances de la part de
Jonathan, se retira dans l’endroit convenu. Le lendemain, qui
était le jour de la nouvelle lune, le roi, après s’être purifié selon
l’usage, vint au festin, et, quand se furent assis à ses côtés son
fils Jonathan à droite et le général en chef Abner à gauche,
voyant le siège de David inoccupé, il garda d’abord le silence,
croyant que celui-ci était en retard, faute de s’être purifié après
un commerce sexuel. Mais, comme le second jour de la
néoménie, David ne paraissait pas davantage, il demanda à
son fils Jonathan pourquoi, et la veille et ce jour même, le fils
de Jessée avait manqué au repas et à la fête. Jonathan
répondit, comme on était convenu que David était allé dans sa
ville natale où sa tribu célébrait une fête, après lui en avoir
demandé la permission : « David, dit-il, m’a même invité à
venir assister à ce sacrifice, et si tu me le permets, je vais
partir : car tu sais l’amitié que j’ai pour lui. » C’est alors que
Jonathan connut toute la malveillance de son père à l’égard de
David et vit clairement le fond de sa pensée. En effet, Saül ne
contint pas sa colère ; mais, commençant à injurier Jonathan, il
l’appela fils de prostituée, ennemi de son roi, allié et
complice de David ; il lui reprocha de manquer de respect à
son père et à sa mère en montrant de tels sentiments et en
s’obstinant à ne pas voir que, tant que vivrait David leur
royauté était compromise : « Mande-le donc ici, dit-il, afin que
justice en soit faite. » Comme Jonathan répliquait : « Pour quel
crime veux tu donc le châtier ? », la colère de Saül ne se borna
plus aux paroles et aux injures, mais, saisissant son javelot, il
bondit sur Jonathan pour le tuer. Ses amis l’empêchèrent de
commettre un pareil forfait ; mais il en avait fait assez
pour démontrer qu’il haïssait David et qu il désirait sa mort,
puisqu’il s’en était fallu de peu que, à cause de lui, il ne devint
l’assassin de son propre fils.
10. Le prince, s’élançant hors de la salle du festin, et, dans son
affliction, incapable de goûter à rien, passa toute la nuit dans
les larmes, en pensant que lui-même avait failli périr et que le
meurtre de David était décidé. A l’aube, il sort de la ville et se
rend dans la plaine, sous couleur de s’exercer, en réalité pour
faire connaître à son ami les dispositions de son père, ainsi
qu’il l’avait promis. Et Jonathan, après s’être conformé à ce qui
était convenu entre eux, renvoie le page à la ville, et s’enfonce
dans le désert pour retrouver David et s’entretenir avec lui.
Celui-ci, en l’apercevant, tombe aux pieds du prince, lui rend
hommage et l’appelle le sauveur de sa vie. Jonathan le relève
et, mutuellement enlacés, ils s’embrassent longuement dans
les larmes, pleurant leur jeunesse, leur liaison victime de
l’envie et leur séparation prochaine, qui leur paraissait aussi
dure que la mort. Leurs larmes à grand peine séchées, après
s’être mutuellement recommandé de se rappeler leurs
serments, ils prirent congé l’un de l’autre.
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