[11,26] ΕΒΡΑΙΩΝ ΚΑΙ ΠΛΑΤΩΝΟΣ ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΕΝΑΝΤΙΩΝ ΔΥΝΑΜΕΩΝ.
Ἔτι πρὸς τούτοις ὁ Πλάτων τοῖς Ἑβραίων ἐπακολουθήσας λόγοις οὐ μόνον
ἀσωμάτους καὶ ἀγαθὰς δυνάμεις, ἀλλὰ καὶ ἐναντίας φησὶν εἶναι, ὧδέ πη
γράφων ἐν τῷ δεκάτῳ τῶν Νόμων·
"Ψυχὴν διοικοῦσαν καὶ ἐνοικοῦσαν τοῖς πάντη κινουμένοις οὐ καὶ τὸν οὐρανὸν
ἀνάγκη διοικεῖν φάναι;
Τί μήν;
Μίαν, ἢ πλείους; Ἐγὼ ὑπὲρ σφῶν ἀποκρινοῦμαι. Δυοῖν μέν που ἔλαττον μηδὲν
τιθῶμεν, τῆς τε εὐεργέτιδος καὶ τῆς τἀναντία δυναμένης ἐξεργάζεσθαι."
Εἶθ´ ὑποβάς φησιν·
"Ἐπειδὴ γὰρ συνεχωρήσαμεν ἡμῖν αὐτοῖς εἶναι μὲν τὸν οὐρανὸν πολλῶν μεστὸν
ἀγαθῶν, εἶναι δὲ καὶ τῶν ἐναντίων, πλειόνων δὲ τῶν μή, μάχη, φαμέν,
ἀθάνατός ἐσθ´ ἡ τοιαύτη καὶ φυλακῆς θαυμαστῆς δεομένη ξύμμαχοί τε ἡμῖν
θεοί τε καὶ δαίμονες, ἡμεῖς δ´ αὖ κτήματα θεῶν καὶ δαιμόνων".
Πόθεν καὶ ταῦτα τῷ Πλάτωνι ἐγὼ μὲν οὐκ ἂν ἔχοιμι φράζειν· ὃ δ´ ἔχω φάναι,
ἀληθές, μυρίοις πρόσθεν ἢ Πλάτωνα γενέσθαι χρόνοις καὶ τοῦθ´ Ἑβραίοις
ἀνωμολογῆσθαι τὸ δόγμα. Λέγει δ´ οὖν ἡ παρ´ αὐτοῖς γραφή·
"Καὶ ἦν ὡς ἡ ἡμέρα αὕτη, καὶ ἦλθον οἱ ἄγγελοι τοῦ θεοῦ παραστῆναι ἐνώπιον
τοῦ θεοῦ· καὶ ὁ διάβολος ἦλθεν ἐν μέσῳ αὐτῶν, περιελθὼν τὴν γῆν καὶ
ἐμπεριπατήσας αὐτήν,"
Διάβολον μὲν τὴν ἐναντίαν δύναμιν, ἀγγέλους δὲ θεοῦ τὰς ἀγαθὰς
προσειποῦσα. Ταύτας δὲ τὰς ἀγαθὰς δυνάμεις καὶ πνεύματα θεῖα καὶ
λειτουργοὺς θεοῦ προσαγορεύει ἐν οἷς φησιν·
"Ὁ ποιῶν τοὺς ἀγγέλους αὐτοῦ πνεύματα καὶ τοὺς λειτουργοὺς αὐτοῦ πυρὸς
φλόγα."
Ἀλλὰ καὶ τὴν διαμάχην τῶν ἐναντίων ὧδε παρίστησιν ὁ φήσας·
"Οὐκ ἔστιν ἡμῖν ἡ πάλη πρὸς αἷμα καὶ σάρκα, ἀλλὰ πρὸς τὰς ἀρχάς, πρὸς τὰς
ἐξουσίας, πρὸς τοὺς κοσμοκράτορας τοῦ σκότους {τοῦ αἰῶνος} τούτου, πρὸς τὰ
πνευματικὰ τῆς πονηρίας ἐν τοῖς ἐπουρανίοις."
Ἄντικρυς δ´ ἔοικεν ὁ Πλάτων τὸ Μωσέως λόγιον μεταφράζειν τὸ φῆσαν·
"Ὅτε διεμέριζεν ὁ ὕψιστος ἔθνη, ὡς διέσπειρεν υἱοὺς Ἀδάμ, ἔστησεν ὅρια
ἐθνῶν κατὰ ἀριθμὸν ἀγγέλων θεοῦ,"
δι´ ὧν ’κτήματα θεῶν καὶ δαιμόνων‘ τὸ πᾶν γένος ἀνθρώπων εἶναι ὡρίσατο.
| [11,26] CHAPITRE XXVI.
DES HÉBREUX ET DE PLATON SUR LES PUISSANCES CONTRAIRES.
Platon s'est encore conformé aux doctrines des Hébreux, non seulement en
admettant des puissances incorporelles douées de bonté ; mais en disant
qu'il en est de contraires, lorsqu'il s'exprime ainsi qu'il suit, dans le
dixième livre des Lois :
« L'âme qui gouverne tous les êtres doués de mouvement, quelque part
qu’ils soient, habitant en eux, comment pourrait-on ne pas dire qu'elle
règle aussi le ciel? comment en en effet? en reconnaîtrons-nous une ou
plusieurs? — Je répondrai pour vous, en disant plusieurs; car nous ne
saurions en admettre moins de deux : celle de la puissance bienfaisante,
et celle qui ne s'exerce qu'à produire des effets contraires. » Ensuite
il ajoute un peu plus bas: « Puisque nous vous avons accordé que le ciel
est rempli de plusieurs êtres bons, et aussi d'êtres ennemis, sans qu'on
puisse en admettre plus; c'est donc une guerre immortelle qui nous attend,
et telle qu'elle réclame une surveillance extraordinaire. Les dieux et les
démons sont nos auxiliaires, et nous sommes la possession des dieux et des
démons. »
D'où Platon a-t-il tiré ces choses? Je ne saurais le dire; mais ce que je
puis affirmer en vérité, c'est que plusieurs siècles avant que Platon les
eût dites, ce dogme avait été professé par les Hébreux. Voici comment leur
écriture s'en explique :
« Et lorsque ce jour fut venu (Job, 2, 1), et que les anges de Dieu
vinrent se présenter devant Dieu, le diable vint au milieu d'eux, après
avoir fait le tour de la terre et l'avoir parcourue en tout sens » Ayant
dénommé diable, la puissance ennemie, et anges de Dieu, les bonnes
puissances, elles les nomme encore esprits divins, serviteurs de Dieu,
lorsqu'elle dit : (Ps., 103, 5) « Celui qui a fait les esprits (g-pneumata)
pour être ses anges, et les flammes de feu pour être ses serviteurs. »
Celui-là a aussi fait concevoir le combat acharné contre les puissances
contraires, qui a dit (Paul, Ephes., 6, 12): « Notre lutte n'est pas
contre le sang et la chair, mais contre les puissances et les dominations
des ténèbres de ce siècle, contre les esprits de malice qui sont dans les
régions célestes. » Platon semble évidemment n'avoir fait que paraphraser
l'oracle de Moïse qui dit (Deut., 32, 8) : « Quand le très Haut divisa les
nations, quand il dispersa les enfants d'Adam, il fixa les frontières des
peuples, suivant le nombre des anges de Dieu, » lorsqu'il a défini toute
la race humaine, comme étant la possession -des dieux et des démons.
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