[11,14] ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΔΕΥΤΕΡΟΥ ΑΙΤΙΟΥ.
Τὰ μὲν δὴ περὶ τοῦ πρώτου τῶν ὅλων αἰτίου τοῦτον ἡμῖν ἀνωμολογήσθω τὸν
τρόπον. Ἐπίσκεψαι δὲ καὶ τὰ περὶ τοῦ δευτέρου, ὃν δὴ θεοῦ λόγον καὶ θεὸν
ἐκ θεοῦ εἶναι τὰ Ἑβραίων παιδεύει λόγια, καθάπερ καὶ ἡμεῖς αὐτοὶ θεολογεῖν
δεδιδάγμεθα. Ὁ μὲν οὖν Μωσῆς διαρρήδην δύο θεολογεῖ κυρίους, ἐν οἷς φησι·
"Καὶ ἔβρεξε κύριος παρὰ κυρίου πῦρ καὶ θεῖον ἐπὶ τὴν τῶν ἀσεβῶν πόλιν,"
Ἔνθα συνήθως ἐπὶ τῶν δύο τὴν ὁμοίαν τῶν παρ´ Ἑβραίοις χαρακτήρων ἐποιήσατο
παράθεσιν· αὕτη δέ ἐστιν ἡ διὰ τῶν τεσσάρων στοιχείων ἀνεκφώνητος παρ´
αὐτοῖς θεολογία. Τούτῳ δὲ καὶ Δαβίδ, ἄλλος προφήτης ὁμοῦ καὶ βασιλεὺς
Ἑβραίων, συνᾴδων φησίν·
"Εἶπεν ὁ κύριος τῷ κυρίῳ μου· κάθου ἐκ δεξιῶν μου,"
Τὸν μὲν ἀνωτάτω θεὸν διὰ τοῦ πρώτου κυρίου, τὸν δὲ τούτου δεύτερον διὰ τῆς
δευτέρας ὑποφήνας προσηγορίας. Τίνι γὰρ ἄλλῳ θέμις ὑπονοεῖν τὰ δεξιὰ τῆς
ἀγεννήτου θεότητος παραχωρεῖσθαι ἢ μόνῳ τῷ περὶ οὗ ὁ λόγος; Ὃν ὁ αὐτὸς
προφήτης ἐν ἑτέροις λευκότερον διασαφεῖ Λόγον τοῦ Πατρὸς δημιουργικὸν τῶν
ὅλων ὑφιστάμενος εἶναι τὸν θεολογούμενον, ἐν οἷς φησι·
"Τῷ λόγῳ κυρίου οἱ οὐρανοὶ ἐστερεώθησαν."
Καὶ σωτῆρα δὲ τὸν αὐτὸν τῶν δεομένων τῆς παρ´ αὐτοῦ θεραπείας εἰσάγει,
λέγων·
"Ἀπέστειλε τὸν λόγον αὐτοῦ, καὶ ἰάσατο αὐτούς."
Καὶ ὁ τούτου δὲ παῖς ὁμοῦ καὶ διάδοχος Σολομῶν, ἑτέρῳ προσρήματι τὴν αὐτὴν
παριστὰς διάνοιαν, ἀντὶ λόγου σοφίαν εἰπών, τάδε ὡς ἐξ αὐτῆς προσώπου
διέξεισιν·
"Ἐγὼ ἡ σοφία κατεσκήνωσα βουλήν, καὶ γνῶσιν καὶ ἔννοιαν ἐγὼ ἐπεκαλεσάμην."
Εἶθ´ ἑξῆς ἐπιλέγει·
"Κύριος ἔκτισέ με ἀρχὴν ὁδῶν αὐτοῦ εἰς ἔργα αὐτοῦ· πρὸ τοῦ αἰῶνος
ἐθεμελίωσέ με, ἐν ἀρχῇ πρὸ τοῦ τὴν γῆν ποιῆσαι, πρὸ τοῦ ὄρη ἑδρασθῆναι·
πρὸ δὲ πάντων βουνῶν γεννᾷ με. Ἡνίκα ἡτοίμαζε τὸν οὐρανόν, συμπαρήμην
αὐτῷ."
Τοῦ δ´ αὐτοῦ πάλιν καὶ τάδε ἐστίν·
"Ὁ θεὸς ἐν τῇ σοφίᾳ ἐθεμελίωσε τὴν γῆν, ἡτοίμασε δὲ οὐρανοὺς ἐν φρονήσει."
Ἔτι δὲ καὶ τάδε λέγεται εἶναι τοῦ αὐτοῦ·
"Ὅσα ἐστὶ κρυπτὰ καὶ ἐμφανῆ ἔγνων· ἡ γὰρ πάντων τεχνῖτις ἐδίδαξέ με
σοφία."
Εἶτ´ ἐπιλέγει·
"Τί δέ ἐστι σοφία καὶ πῶς ἐγένετο, ἀπαγγελῶ καὶ οὐκ ἀποκρύψω ὑμῖν
μυστήρια, ἀλλ´ ἐξ ἀρχῆς γενέσεως ἐξιχνιάσω."
Καὶ ἑξῆς διασαφεῖ τὰ τοιάδε·
"Ἔστι γὰρ αὕτη πνεῦμα νοερόν, ἅγιον, μονογενές, πολυμερές, λεπτόν,
εὐκίνητον, τρανόν, ἀμόλυντον, παντοδύναμον, πανεπίσκοπον καὶ διὰ πάντων
χωροῦν πνευμάτων νοερῶν, καθαρῶν, λεπτοτάτων. Πάσης γὰρ κινήσεως
κινητικώτερον σοφία. Διήκει δὲ καὶ χωρεῖ διὰ πάντων διὰ τὴν καθαρότητα.
Ἀτμὶς γάρ ἐστι τῆς τοῦ θεοῦ δυνάμεως καὶ ἀπόρροια τῆς τοῦ παντοκράτορος
δόξης εἰλικρινής. Διὰ τοῦτο οὐδὲν μεμολυσμένον εἰς αὐτὴν παρεμπίπτει.
Ἀπαύγασμα γάρ ἐστι φωτὸς ἀϊδίου καὶ ἔσοπτρον ἀκηλίδωτον τῆς τοῦ θεοῦ
ἐνεργείας καὶ εἰκὼν τῆς ἀγαθότητος αὐτοῦ. Διατείνει δὲ ἀπὸ πέρατος εἰς
πέρας εὐρώστως καὶ διοικεῖ τὰ πάντα χρηστῶς."
Ταῦτα μὲν ἡ γραφή. Τὴν δὲ τοῦ δόγματος διάνοιαν Φίλων ὁ Ἑβραῖος λευκότερον
ἑρμηνεύων τοῦτον παρίστησι τὸν τρόπον·
| [11,14] CHAPITRE XIV.
DE LA CAUSE SECONDE, SUIVANT LES HÉBREUX ET PLATON.
Quant à la première cause de toutes choses, ce que nous avons dit et la
manière dont nous l'avons dit, doit suffire pour faire connaître notre
doctrine. Examinons maintenant ce qui a rapport à la seconde cause, que
les oracles des Hébreux nous enseignent comme étant le Verbe de Dieu et
Dieu issu de Dieu, et que nous sommes nous-mêmes instruits à nommer ainsi.
Moïse, en effet, admet ouvertement deux Seigneurs dans sa théologie,
lorsqu'il dit : « Le Seigneur fit pleuvoir de la part du Seigneur, le feu
et le soufre (Gen. 19. 24) sur la ville des impies.» Dans ce texte, Moïse,
suivant son usage, s'est servi du même emploi de caractères hébraïques,
pour les désigner l'un et l'autre, savoir : du mot Tétragramme, que leur
religion défend qu'on prononce.
David, un autre de leurs prophètes, qui était en même temps un de leurs
rois, a dit d'accord avec Moïse (Ps. 101. 1) : « Le Seigneur a dit à mon
Seigneur, asseyez-vous à ma droite : » exprimant le Dieu suprême par le
nom du premier Seigneur, et le second par l'emploi de la seconde
dénomination. Or, à quel autre est-il permis de supposer que la divinité
du Dieu ingénéré, cède sa droite, si ce n'est à celui qui est son Verbe,
que le même prophète, dans un autre écrit, caractérise d'une manière plus
manifeste, en le nommant le Verbe du Père, l'indiquant comme le Démiurge
(créateur) annoncé par les prophètes, de l'ensemble des choses : « Par le
Verbe du Seigneur, les cieux ont été solidement fondés (Ps. 32. 6)? » Il
le présente encore comme le Sauveur de tous ceux qui avaient besoin d'être
guéris par lui : « Il envoya son Verbe, et il les guérit (Ps. 106. 20). »
Puis Salomon, qui fut en même temps son fils et son successeur, sous une
autre dénomination, nous représente la même idée : au lieu du Verbe, il
l'appelle la Sagesse et le fait apparaître, disant ces paroles en son nom
(Prov. 8, 12. 22) : « Je suis la Sagesse, j'habite dans le conseil, j’ai
appelé près de moi la science et la réflexion. » Ensuite il ajoute : « Le
Seigneur m'a créé pour être le commencement de ses voies, dans les œuvres
(qu'il se propose) ; il m'a fondé avant l'éternité, dans l'origine : avant
de faire la terre, avant d'asseoir les montagnes, il m'a engendré avant
toutes les collines : lorsqu'il préparait le ciel, j'étais assis auprès de
lui. » Ce qui va suivre, est encore de lui. (Prov., 5, 1, 9) « Le Seigneur
a fondé la terre dans sa sagesse, il a préparé le ciel dans sa prudence. »
Il dit encore de lui : (Sagesse, 7, 21) « J'ai connu tout ce qui est caché
et tout ce qui est évident ; car la sagesse, qui est l'artisan de toutes
choses, a été mon docteur. » Puis il demande : (Sagesse, 6, 24)
« Qu'est-ce que la sagesse, et comment est-elle advenue ? je vais vous
l'annoncer, je vous révélerai des mystères, et je vous mettrai sur leur
trace, depuis l'origine de la création. » Ensuite il l'explique de cette
manière : « Cette sagesse est un esprit intelligent, saint, seul engendré,
nombreux en parties, léger, facile à émouvoir, transparent, incorruptible,
tout-puissant, considérant toutes choses, passant à travers tous les
esprits intelligents, purs, et les plus légers : La sagesse est plus
mobile que toute espèce de mouvement : elle chemine et traverse toute
chose, par sa pureté. C'est la vapeur de la puissance divine, c'est une
émanation pure de la gloire du Tout-Puissant; c'est pourquoi rien d'impur
ne peut se rencontrer en elle. C'est un rayon de la lumière éternelle,
c'est le miroir sans tache de l'énergie divine, c'est l'image de sa bonté
(Sagesse, 7); elle s'étend avec force d'une extrémité à l'autre extrémité,
elle gouverne tout avec douceur (Sagesse, 8), » C'est l'Ecriture qui parle
ainsi. Mais Philon l'Hébreu, en interprétant avec plus de clarté l'idée de
dogme, le rend de la manière suivante.
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