[6,3] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γʹ.
ΟΤΙ ΟΥΔΕ ΤΟΙΣ ΑΦΙΕΡΩΜΕΝΟΙΣ ΑΥΤΟΙΣ ΝΑΟΙΣ ΚΕΡΑΥΝΟΥΜΕΝΟΙΣ
ΕΠΑΡΚΕΙΝ ΕΔΥΝΗΘΗΣΑΝ
« Οὕτω καὶ ναῶν μοῖραι καὶ ἱερῶν, καὶ αὐτοῦ γε τοῦ Ἀπόλλωνος τὸ ἱερὸν
μεμοίρατο κεραυνωθῆναι, ὥς φησιν·
Ὦ ζαθέης γεγαῶτες Ἐριχθονίοιο γενέθλης,
ἔτλητ´ ἐλθέμεναι καὶ ἐμὴν ἐρεεινέμεν ὀμφήν,
ὁππόθι δῃωθῇ περικαλλέος ἕδρανα σηκοῦ.
Κλῦτε δαφνηρεφέων μυχάτων ἄπο θέσκελον ὀμφήν.
Εὖτ´ ἂν ἄνω πνείοντες ὑπηέριοι κελάδοντες
τρίβωνται πατάγοισιν ἐναντία δηριόωντες
(κρυμὸς δ´ αὖ περὶ κόσμον ἀπείρονα νήνεμος ἔσται)
μηδὲ διεξερύγησιν ἔχῃ κεκακωμένος αἰθήρ,
αἰθαλόεις περὶ γαῖαν, ὅπη τύχεν, ἔκπεσε πυρσός·
τὸν μὲν δὴ θῆρές τε κατ´ οὔρεα δειμαίνοντες
φεύγουσιν πυμάτοις ὑπὸ κεύθεσιν οὐδὲ μένουσιν
εἰσιδέειν ὄσσοισι καταιβάσιον Διὸς ἔγχος.
Τοῦ μὲν καὶ νηοὶ μακάρων καὶ δένδρεα μακρὰ
ἠλιβάτων τ´ ὀρέων κορυφαὶ νῆές τ´ ἐνὶ πόντῳ
δάμνανται ζαπύροις πωτήμασιν ἐμπελάοντος·
καὶ δ´ αὐτὴ πληγεῖσα Ποσειδάωνος ἑταίρη
πολλάκις ἠχήεσς´ ἀναχάζεται Ἀμφιτρίτη.
Ὑμεῖς οὖν καὶ ἄτλητον ἐνὶ φρεσὶν ἄλγος ἔχοντες,
τέτλατε Μοιράων ἀμετάτροπα δήνεα θυμῷ·
ταῖσι γὰρ Οὐρανίδαο Διὸς κατένευσε κάρηνον,
ὅττι κε δὴ νήσωσι μένειν ἀσάλευτον ἀτράκτοις.
Αἶσα γὰρ ἦν δολιχοῖσι χρόνοις περικαλλέα σηκὸν
πυρσῶν αἰώρῃσι διιπετέεσσι δαμῆναι. »
Εἰ δὴ οὖν Μοιρῶν ἀτράκτοις καὶ τῶν σεβασμίων θεῶν οἱ ναοὶ τά τε ἱερὰ αὐτῶν
δώματα « δάμναται ζαπύροις πωτήμασι », τίς ἂν ἔτι λείποιτο ἐλπὶς θνητοῖς
ἀνθρώποις τῆς τῶν πεπρωμένων ἀποφυγῆς; Εἰ δὲ καὶ μηδεμία ἐκ θεῶν ὑπάρχοι
βοήθεια, δεῖ δὲ ἐξ ἅπαντος τετλάναι Μοιράων ἀμετάτροπα δήνεα θυμῷ, καὶ τίς
ἡ περὶ τοὺς θεοὺς ματαία σπουδή; Εἴποι ἄν τις. Τί δὲ δεῖ « λοιβῆς τε
κνίσης τε » καὶ τὸ ἐκ τούτων γέρας τοῖς μηδὲ τούτων ἀξίοις ἀπονέμειν, εἰ
κατ´ οὐδὲν ἡμᾶς ὠφελεῖν δύνανται; Ἐπεὶ μηδὲ « τῶν ἀγαθῶν δοτῆρας » οἴεσθαι
χρῆν αὐτούς, ἀλλ´ ἣν καὶ τῶν ἐναντίων ὡμολόγουν αἰτίαν. Εἰ γὰρ πέπρωται
ἀνθρώποις εἴτε τι ἀγαθὸν εἴτε τι καὶ ἐναντίον, ἔσται ἐξ ἀνάγκης καὶ
παρέσται τοῦτο καὶ βουλομένων καὶ μὴ τῶν θεῶν. Μόνην ἄρα τὴν Ἀνάγκην
θεραπευτέον, σμικρὰ μᾶλλον δὲ τὸ μηθὲν φροντίσαντας τῶν θεῶν μήτε λυπεῖν
μήτε εὐεργετεῖν δυναμένων. Εἰ δὲ δὴ τῶν Μοιρῶν μόνος ὁ ἐπὶ πάντων
ἐπιστατεῖ θεὸς καὶ μόνος καὶ τούτων ὑπάρχει κύριος, ταῖσι γὰρ Οὐρανίδαο
(φησὶ) Διὸς κατένευσε κάρηνον, ὅττι κε δὴ νήσωσι μένειν ἀσάλευτον
ἀτράκτοις, τί δὴ οὐχὶ πάντα ὑπερθέμενος τὸν παμβασιλέα καὶ τῆς εἱμαρμένης
δεσπότην μόνον θεὸν εἶναι ὁμολογεῖς καὶ μόνον ἀγαθῶν δοτῆρα καὶ σωτῆρα;
Ὅτι δὴ μόνῳ αὐτῷ καὶ ἃ φῂς Μοιράων « ἀμετάτροπα δήνεα » τρέπειν καὶ
μεταλλάττειν ῥᾴδιον· ὡς μήτ´ Ἀνάγκῃ μήτε Εἱμαρμένῃ τὸν τῷ παμβασιλεῖ θεῷ
καθωσιωμένον καὶ μόνον αὐτὸν εὐσεβοῦντα δουλεύειν, οἷα δὲ ἐλεύθερον καὶ
παντὸς ἀφειμένον δεσμοῦ ταῖς ἐνθέοις καὶ σωτηριώδεσιν οἰκονομίαις ἀκωλύτως
ἐφέπεσθαι. Ἀλλ´ ὁ μὲν ἀληθὴς τοιαῦτα προφαίνει λόγος· ὁ δ´ ἔμπαλιν ὅρα διὰ
τίνων φησὶ τὰ τῆς εἱμαρμένης λύεσθαι·
| [6,3] CHAPITRE III
Que les dieux ne peuvent préserver de la foudre les temples mêmes qui sont
consacrés à leur culte.
« La fatalité pèse sur les temples mêmes et sur les sanctuaires des dieux
: c'est ainsi que les destins avaient réglé que le temple d'Apollon
périrait par la foudre, comme son oracle l'a déclaré lui-même:
« Race divine, issue du sang d'Erichthonius, qui viens recueillir en ces
lieux les accents de ma voix, depuis que mon riche temple est devenu un
monceau de ruines, approche et écoute mes paroles divines, qui s'échappent
du fond d'un antre ombragé de lauriers. Voilà que les vents qui soufflent
dans les régions éthérées se déchaînent avec un fracas horrible et se
déclarent une guerre mutuelle. Puis un froid que le vent ne tempère plus
s'empare de l'univers : l'air congelé ne souffle plus librement : une
torche enflammée tombe au hasard sur la terre : les troupeaux sur leurs
montagnes en sont saisis d'effroi; ils se réfugient au fond des cavernes
ténébreuses, et ne peuvent supporter l'aspect du fléau que Jupiter lance
du haut des cieux. Ses ailes de feu dévorent les temples des immortels, le
sommet des montagnes qui cachent leurs fronts dans les cieux, les
vaisseaux qui fendent les flots de l'Océan. Frappée du même coup, l'épouse
de Neptune recule d'horreur. Vous donc, qui êtes abreuvés d'une douleur
amère, apprenez à soutenir avec courage l'immuable volonté des Parques :
car la tête du grand Jupiter s'est inclinée pour donner à leurs décrets
une puissance immuable, quel que soit le destin qu'aient filé leurs
fuseaux. Or il y avait des siècles que cette inébranlable volonté avait
décidé que ce temple serait la proie des flammes.»
Si les fuseaux des Parques ont une telle puissance, que les temples des
dieux immortels aient dû devenir la proie des flammes parce qu'elles
l'avaient ainsi décidé, comment de misérables mortels pourront-ils espérer
de se dérober à la fatale puissance du destin? Si tout le secours qu'on
peut attendre des dieux est le conseil « de soutenir avec courage
l'immuable volonté des Parques », à quoi bon alors tant de soins et de
peines inutiles pour honorer les dieux? Pourquoi des libations, pourquoi
des victimes dont le sang fume sur leurs autels? Pourquoi toutes ces
marques de vénération et de reconnaissance, puisque nous ne pouvons en
espérer le plus léger secours? Devrons-nous regarder comme les auteurs du
bien, des êtres qui, de leur propre aveu, sont plutôt la cause du mal ? En
effet si le bien ou le mal que les destins ont décrété arrive de toute
nécessité aux hommes, soit que les dieux le veuillent ou ne le veuillent
pas, il n'y aura donc plus qu'une divinité qui aura droit à notre culte,
c'est la Nécessité : quant aux autres dieux, qui ne peuvent nous faire ni
bien ni mal, ils ne méritent que peu ou point de considération. Si au
contraire les Parques ont un maître souverain, le même qui gouverne toutes
choses, si ce dieu dirige en souverain les opérations des Parques, selon
cette parole de l'oracle : La tête du grand Jupiter s'est inclinée pour
donner à leurs décrets une puissance immuable, quel que soit le destin
qu'aient filé leurs fuseaux. »
Pourquoi alors ne reconnaissez-vous pas pour l'unique sauveur le seul
auteur de tout bien, ce monarque universel du monde qui est le maître même
du destin, lui qui peut seul, selon vous, changer les immuables décrets
des Parques? Car celui qui s'est consacré au Dieu souverain de toutes
choses ne doit révérer et servir que lui seul, et non la nécessité et la
fatalité. Libre de tout lien, dégagé de toute servitude, il devra se
soumettre uniquement aux lois salutaires de la Providence divine : c'est
là que conduit la saine et droite raison. Voyez au contraire comment notre
philosophe apprend à neutraliser la puissance du destin.
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