[5,6] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ϛ'.
Ὡς θανάτου ποιητικοί εἰσιν οἱ λεγόμενοι αὐτῶν ἀγαθοὶ δαίμονες.
« Ἤδη δὲ καὶ ἐν ἄλλοις οἱ μὲν θεράποντές τινων ἀνεδείχθησαν, ὡς ὁ Πὰν τοῦ
Διονύσου· δεδήλωκεν δὲ τοῦτο ὁ ἐν Βραγχίδαις Ἀπόλλων διὰ τούτων· ἐννέα γὰρ
εὑρέθησαν ἀποθανόντες· πυνθανομένων οὖν τῶν τὸν ἀγρὸν οἰκούν των τὴν
αἰτίαν ἔχρησεν ὁ θεός·
« Χρυσόκερως βλοσυροῖο Διωνύσου θεράπων Πὰν
βαίνων ὑλήεντα κατ´ οὔρεα χειρὶ κραταιῇ
ῥάβδον ἔχεν, ἑτέρῃ δὲ λιγὺ πνείουσαν ἔμαρπτε
σύριγγα γλαφυρήν, Νύμφῃσι δὲ θυμὸν ἔθελγεν·
ὀξὺ δὲ συρίξας μέλος ἀνέρας ἐπτοίησεν
ὑλοτόμους πάντας, θάμβος δ´ ἔχεν εἰσορόωντας
δαίμονος ὀρνυμένου κρυερὸν δέμας οἰστρήεντος.
Καὶ νύ κε πάντας ἔμαρψε τέλος κρυεροῦ θανάτοιο,
εἰ μή οἱ κότον αἰνὸν ἐνὶ στήθεσσιν ἔχουσα
Ἄρτεμις ἀγροτέρη παῦσεν μένεος κρατεροῖο,
ἣν καὶ χρὴ λίσσεσθ´, ἵνα σοι γίγνητ´ ἐπαρωγός.»
Ἀκήκοας οἷα τοῦ δαίμονος, οὗ φησιν ἀγαθοῦ, τό τε σχῆμα καὶ τὰς πράξεις ὁ
ἐν Βραγχίδαις ἐδίδαξεν Ἀπόλλων· θέα δὴ καὶ τῶν λοιπῶν τὰ γενναῖα
κατορθώματα, ὧν δὴ ἕνεκα τὴν οὐράνιον ἀπολελοιπότες διατριβὴν τὴν σὺν
ἀνθρώποις ἀντικατηλλάξαντο. Πάντως δήπου χρῆν αὐτοὺς σωφροσύνης κατάρχειν
καὶ τὰ λυσιτελῆ καὶ ὠφέλιμα τοῖς ἀνθρώποις ὑποτίθεσθαι. Οἱ δὲ τούτων μὲν
οὐδέν· ἄκουε δὲ οἷα ἐκφαίνει ὁ τὰ ἀρρητότερα τῶν ἀρρήτων διηρευνηκὼς καὶ
τῶν ἀπορρήτων ἀξιωθεὶς τῆς γνώσεως. Τοτὲ μὲν οὖν τινας τῶν ἀγαθῶν τούτων
δαιμόνων φησὶν ἐρωτικαῖς ἡδυπαθείαις ὑπηρετεῖσθαι, τοτὲ δὲ ἑτέρους
τυμπάνοις καὶ αὐλοῖς καὶ θηλειῶν πατάγοις χαίρειν, ἄλλους δ´ αὖ πάλιν
μάχαις καὶ πολέμοις ἀγάλλεσθαι, καὶ κυνηγεσίοις τὴν Ἄρτεμιν καὶ τοῖς ἀπὸ
γῆς καρποῖς τὴν Δηώ· θρηνεῖν δὲ τὸν Ὄσιριν εἰσέτι νῦν τὴν Ἶσιν καὶ τὸν
Ἀπόλλω μαντεύεσθαι. Τοιαῦται ὧν φασιν ἀγαθῶν δαιμόνων αἱ εἰς ἀνθρώπους
ὠφέλειαι. Δέχου δὲ καὶ τούτων τὰς ἀποδείξεις·
| [5,6] CHAPITRE VI
On ne peut attendre que la mort, de ceux mêmes qui portent le titre de
bons démons.
« Parmi les démons, comme parmi les autres êtres, il en est qui sont
inférieurs aux autres. C'est ainsi que Pan est le serviteur de Bacchus,
comme l'a déclaré Apollon dans les Branchides. Nous allons rapporter
textuellement l'oracle. Neuf laboureurs furent trouvés morts dans un
champ. Leurs voisins consultèrent sur ce funeste accident l'oracle
d'Apollon, qui fit cette réponse :
"Le dieu aux cornes dorées, Pan, le serviteur de Bacchus au regard
terrible, errait à travers les montagnes couvertes de forêts: sa main
vigoureuse pressait une verge : de l'autre il tenait un doux chalumeau,
dont les sons mélodieux tenaient attentives les oreilles des nymphes. Puis
tout à coup des sons aigus portèrent l'effroi dans l'âme des bûcherons de
la forêt. La frayeur les saisit à la vue du dieu furieux, dont l'aspect
terrible les glace d'épouvanté. Ils fussent aussitôt devenus tous les
victimes de la Parque fatale, si le courroux de Diane, longtemps nourri
dans son cœur, n'eût enfin cédé à la clémence, et si la déesse des
campagnes n'eût retenu sa colère. Voilà celle qu'il vous faut fléchir, si
vous voulez vous la rendre propice. »
Vous venez de voir la peinture du démon auquel il donne le titre de bon :
vous voyez quelles formes, quelles habitudes Apollon lui donne dans les
Branchides. Maintenant considérez les nobles vues qui ont fait échanger
aux autres le séjour du ciel contre celui de la terre. En paraissant au
milieu des hommes, ils devaient y apporter l'exemple de la sagesse et de
la tempérance, s'y faire bénir par leurs bienfaits et leurs bons offices :
eh bien ! Rien de tout cela. Écoutez plutôt celui qui a scruté leurs
secrets les plus intimes, et qui a plus qu'aucun autre pénétré les
profondeurs de ces mystères. D'abord il ne nie pas que quelques-uns des
bons démons aient été asservis à la honteuse passion de la lubricité.
Ensuite il avoue que d'autres faisaient leurs délices du bruit des
tambours, du son des flûtes, des chants confus des femmes. Enfin il en est
d'autres qui n'aimaient que la guerre et les combats, comme Diane, la
chasse, Cérès, les fruits de la terre. Ainsi il reconnaît qu'Isis pleure
encore aujourd'hui la mort d'Osiris; qu'Apollon rend encore des oracles.
Voyez-en la preuve dans le chapitre suivant.
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