[5,22] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΒ'.
Ὡς ἐπλάνων διὰ τῶν χρησμῶν παίζοντες τοὺς ἐρωτῶντας.
« Ἀλλὰ δὴ ἔδει τι καὶ ἡμᾶς τῆς κωμῳδίας μετασχεῖν καὶ μὴ σεμνύνεσθαι, ὡς
οὐκ ἐμπεσόντας εἰς τὴν κοινὴν παραπληξίαν, καὶ τὴν ἐμπορίαν εἰπεῖν, ἣν καὶ
αὐτοὶ περὶ σοφίας ἐνεπορευσάμεθα ἐκ τῆς Ἀσίας, ὦ Κλάριε, παρὰ σοῦ·
« Ἔστιν ἐν Τρηχῖνος αἴῃ κῆπος Ἡρακλήιος
πάντ´ ἔχων θάλλοντα, πᾶσι δρεπόμενος πανημαδόν,
οὐδ´ ὀλιζοῦται, βέβριθε δ´ ὑδάτεσιν διηνεκές. »
Εἶτ´ ἐγὼ ἀκούσας ὁ βάκηλος καὶ αὐτὸς ὑπὸ τοῦ Ἡρακλέος ἐφυσήθην, καὶ τοῦ
Ἡρακληίου κήπου θάλλοντος Ἡσιόδειόν τινα ὀνειροπολῶν ἱδρῶτα διὰ τὴν
Τρηχῖνα καὶ ῥηιδίην αὖθις ζωὴν διὰ τὸν θάλλοντα κῆπον. Εἶτά μοι ἐπερομένῳ
εἴ μοι συναίρονται οἱ θεοί, εἷς τις ἐκ τῶν πολλῶν λέγει, ἐπομνύμενος
αὐτοὺς τοὺς συναιρομένους θεούς, ἦ μὴν παρὰ σοῦ ἀκηκοέναι αὐτὸ τοῦτο
Καλλιστράτῳ δεδομένον Ποντικῷ τινὶ ἐμπόρῳ. Ἐγὼ οὖν ὡς ἤκουσα, πῶς οἴει
ἠγανάκτησα, ὡς δὴ τῆς ἀρετῆς ὑπ´ αὐτοῦ ἀποστερούμενος; Ἀλλὰ καίπερ ὅμως
δυσφορῶν ἀνεσκοπούμην τὸν ἔμπορον, εἴ τι κἀκεῖνος ἐθάλφθη ὑπὸ τοῦ
Ἡρακλέος· ἐφαίνετο δὴ οὖν κἀκεῖνος πόνον τινὰ πονεῖν καὶ κέρδους ἐφίεσθαι
καὶ βίον τινὰ ἡδὺν ἐκ τοῦ κέρδους προσδοκᾶν. Ὡς δ´ ἐφαίνετο ὁ ἔμπορος
ἐξισούμενος, οὐκέτι τὸν χρησμὸν ἐδεχόμην οὐδὲ τὸν Ἡρακλέα, ἀλλ´ ἀπηξίουν
τῶν αὐτῶν κοινωνεῖν, εἴς τε τοὺς παρόντας πόνους αὐτῶν ἀποβλέπων καὶ τὰς
ἐν ἐλπίδι φάτνας. Ἀλλ´ οὐδὲ ὁ λῃστὴς ἄμοιρος τοῦ χρησμοῦ ἐφαίνετο οὐδὲ ὁ
στρατιώτης οὐδὲ ἐρῶν ἀνὴρ οὐδὲ ἐρῶσα γυνὴ οὐδὲ κόλαξ οὐδὲ ῥήτωρ οὐδὲ
συκοφάντης· ἑκάστῳ γὰρ ὧν ἐπιθυμεῖ ἡγεῖσθαι μὲν τὸν πόνον, προσδοκᾶσθαι δὲ
τὴν εὐφροσύνην. »
Ταῦτα ἐκθέμενος εὐθὺς ἐπισυνάπτει ὡς καὶ δεύτερον ἐρωτήσας καὶ τρίτον
οὐδὲν εἰδότας ἔγνω τοὺς θαυμασίους, μόνῳ δὲ τῷ τῆς ἀσαφείας σκότῳ τὴν σφῶν
ἄγνοιαν ἐπικρύπτοντας. λέγει δ´ οὖν·
| [5,22] CHAPITRE XXII
Comment ils se jouent de ceux qui les consultent, et de quelle manière ils
les induisent en erreur.
« Mais il fallait que nous fussions joués nous-mêmes comme les autres; il
ne fallait pas que nous pussions nous vanter d'avoir échappé à la maladie
commune, afin que nous eussions à exposer publiquement la sagesse dont
nous avons fait provision en Asie auprès de toi, grand Apollon Clarius. II
existe dans le pays de Trachinie un jardin d'Hercule où tout est dans une
perpétuelle végétation. On y cueille tous les jours, et jamais il ne
s'épuise, fertilisé qu'il est par une source intarissable. A la nouvelle
de ce phénomène, insensé que j'étais! je m'imaginai, inspiré sans doute
par Hercule et aussi trompé peut-être par le nom de Trachinie, que ce qui
entretenait la perpétuelle verdure de ce jardin d'Hercule, était une
certaine humidité dont parle Hésiode : et ce jardin, toujours vert, me fit
rêver une vie douce et aisée. Je m'informai si les dieux viendraient à mon
aide, et un homme (du peuple) me garantit par serment leur assistance; car
il se souvenait, disait-il, d'avoir entendu dire que tu avais fait cette
faveur à un marchand du Pont, nommé Callistrate. Tu comprends quelle fut
mon indignation en apprenant que j'avais été prévenu par un autre dans la
possession de ce trésor. Dans ma douleur, je voulus savoir si réellement
ce marchand avait reçu d'Hercule quelque faveur signalée; et je vis que
cet homme n'était pas entièrement exempt de peine, qu'il était possédé de
l'amour du gain, espérant y trouver la source d'une vie plus douce. Cet
état du marchand m'apprit que, moi aussi, je ne devais compter ni sur
l'oracle ni sur Hercule, et je ne voulus plus être de ceux dont les
travaux présents étaient bien réels, mais dont les jouissances futures
n'étaient qu'en espérance. Mais du reste, il n'est pas de voleur, ni de
soldat, ni d'amant, ni d'amante, ni de flatteur, ni de rhéteur, ni de
sycophante, qui n'ait son oracle; car, dans la passion qui le possède.
chacun prend toujours pour du malheur son état présent, et en espoir un
meilleur pour l'avenir. »
A la suite de ce récit, notre auteur ajoute qu'ayant eu occasion de
s'adresser une seconde et une troisième fois à ces admirables oracles, il
a pu se convaincre que toute leur science et toute leur habileté
consistaient à cacher leur ignorance sous des expressions obscures.
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