[5,10] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι'.
Ὁποίαις μεθόδοις οἱ θαυμάσιοι αὐτῶν θεοὶ τοῖς γόησιν ὑποτάττονται.
« Πάνυ δέ με θράττει πῶς ὡς κρείττους παρακαλούμενοι ἐπιτάττονται ὡς
χείρους καὶ δίκαιον εἶναι ἀξιοῦντες τὸν θεράποντα τὰ ἄδικα αὐτοὶ
κελευσθέντες δρᾶν ὑπομένουσιν καὶ καθαρῷ μὲν μὴ ὄντι ἐξ ἀφροδισίων οὐκ ἂν
καλοῦντι ὑπακούσαιεν, αὐτοὶ δὲ ἄγειν εἰς παράνομα ἀφροδίσια τοὺς τυχόντας
οὐκ ὀκνοῦσιν. Καὶ ἀπὸ ἐμψύχων μὲν ἀποχῆς κελεύουσιν δεῖν εἶναι τοὺς
ὑποφήτας, ἵνα μὴ τοῖς ἀπὸ τῶν σωμάτων ἀτμοῖς χραίνωνται (αὐτοὶ δὲ ἀτμοῖς
τοῖς ἀπὸ θυσιῶν μάλιστα δελεάζονται), καὶ νεκροῦ μὲν ἀθιγῆ δεῖν εἶναι τὸν
ἐπόπτην, διὰ νεκρῶν δὲ τὰ πολλὰ ζῴων αἱ θεαγωγίαι ἐκτελοῦνται. Πολλῷ δὲ
τούτων ἀλογώτερον τὸ μὴ δαίμονι, εἰ τύχοι, ἢ ψυχῇ τεθνηκότος, αὐτῷ δὲ τῷ
βασιλεῖ Ἡλίῳ ἢ Σελήνῃ ἤ τινι τῶν κατ´ οὐρανὸν ἄνθρωπον τῷ τυχόντι
ὑποχείριον ἀπειλὰς προσφέροντα ἐκφοβεῖν, ψευδόμενον ἵν´ ἐκεῖνοι
ἀληθεύσωσι. Τὸ γὰρ λέγειν ὅτι τὸν οὐρανὸν προσαράξει καὶ τὰ κρυπτὰ τῆς
Ἴσιδος ἐκφανεῖ καὶ τὸ ἐν Ἀβύδῳ ἀπόρρητον δείξει καὶ τὴν βᾶριν στήσει καὶ
τὰ μέλη τοῦ Ὀσίριδος διασκεδάσει τῷ Τυφῶνι, τίνα οὐχ ὑπερβολὴν ἐμπληξίας
μὲν τῷ ἀπειλοῦντι ἃ μήτε οἶδεν μήτε δύναται, καταλείπει, ταπεινότητος δὲ
τοῖς δεδοικόσιν οὕτως κενὸν φόβον καὶ πλάσματα, ὡς κομιδῆ παῖδες ἀνόητοι;
Καίτοι καὶ Χαιρήμων ὁ ἱερογραμματεὺς ἀναγράφει ταῦτα, ὡς καὶ παρ´
Αἰγυπτίοις θρυλούμενα, καὶ ταῦτά φασιν εἶναι καὶ τὰ τοιαῦτα βιαστικώτατα.
Αὐταὶ δὲ αἱ εὐχαὶ τίνα ἔχουσιν λόγον, τὸν ἐξ ἰλύος ἀναφανέντα λέγουσαι καὶ
ἐπὶ τῷ λωτῷ καθήμενον καὶ ἐπὶ πλοίου ναυτιλλόμενον καὶ καθ´ ὥραν τὰς
μορφὰς ἀμείβοντα καὶ κατὰ ζῴδιον μετασχηματιζόμενον; Οὕτω γάρ φασιν
αὐτοπτεῖσθαι, ἀγνοοῦντες ὅτι τὸ ἴδιον πάθος τῆς αὑτῶν φαντασίας ἐκείνῳ
περιάπτουσιν. Εἰ δὲ συμβολικῶς λέγεται ταῦτα, τῶν ἐκείνου δυνάμεων ὄντα
σύμβολα, τὴν ἑρμηνείαν τῶν συμβόλων εἰπάτωσαν. Δῆλον γὰρ ὡς εἰ τοῦ ἡλίου
ἦν τὸ πάθος, καθάπερ ἐν ταῖς ἐκλείψεσιν, πᾶσιν ἂν ὤφθη ταὐτὸν τοῖς εἰς
αὐτὸν ἀτενίζουσιν. Τί δὲ καὶ τὰ ἄσημα βούλεται ὀνόματα καὶ τῶν ἀσήμων τὰ
βάρβαρα πρὸ τῶν ἑκάστῳ οἰκείων; Εἰ γὰρ πρὸς τὸ σημαινόμενον ἀφορᾷ τὸ
ἀκοῦον, αὐτάρκης ἡ αὐτὴ μένουσα ἔννοια δηλῶσαι, κἂν ὁποιονοῦν ὑπάρχῃ
τοὔνομα. Οὐ γάρ που καὶ ὁ καλούμενος Αἰγύπτιος ἦν τῷ γένει· εἰ δὲ καὶ
Αἰγύπτιος, ἀλλ´ οὔ τί γε Αἰγυπτίᾳ χρώμενος φωνῇ οὐδ´ ἀνθρωπείᾳ ὅλως
χρώμενος. Ἢ γὰρ γοήτων ἦν ταῦτα πάντα τεχνάσματα καὶ προκαλύμματα διὰ τῶν
ἐπιφημιζομένων τῷ θείῳ τῶν περὶ ἡμᾶς γινομένων παθῶν, ἢ λελήθαμεν ἐναντίας
ἐννοίας ἔχοντες περὶ τοῦ θείου ἢ αὐτὸ τῷ ὄντι διάκειται. »
Ταῦτα εἰπὼν πάλιν ἀπορεῖ πρὸς τὸν Αἰγύπτιον λέγων·
« Εἰ δὲ οἱ μὲν ἀπαθεῖς, οἱ δὲ ἐμπαθεῖς, οἷς διὰ τούτων φαλλούς φασιν
ἑστάναι καὶ ποιεῖσθαι αἰσχρορρημοσύνας, μάταιοι αἱ θεῶν κλήσεις ἔσονται,
προσκλήσεις αὐτῶν ἐπαγγελλόμεναι καὶ μήνιδος ἐξιλάσεις καὶ ἐκθύσεις, καὶ
ἔτι μᾶλλον αἱ λεγόμεναι ἀνάγκαι θεῶν. Ἀκήλητον γὰρ καὶ ἀβίαστον καὶ
ἀκατανάγκαστον τὸ ἀπαθές. »
Καὶ πάλιν ἑξῆς ἐπιλέγει·
« Μάτην αὐτοῖς ἡ σοφία ἐξήσκηται, περὶ δραπέτου εὑρέσεως ἢ χωρίου ὠνῆςἢ
γάμου, εἰ τύχοι, ἢ ἐμπορίας τὸν θεῖον νοῦν ἐνοχλήσασιν. Εἰ δ´ οὐ
παρεῖταιμέν, οἱ δὲ συνόντες περὶ μὲν τῶν ἄλλων τἀληθέστατα λέγουσιν, περὶ
δὲ εὐδαιμονίας οὐδὲν ἀσφαλὲς οὐδ´ ἐχέγγυον, οὐκ ἦσαν ἄρα οὔτε θεοὶ οὔτε
ἀγαθοὶδαίμονες, ἀλλ´ ἢ ἐκεῖνος ὁ λεγόμενος πλάνος. »
Ταῦτα μὲν οὖν ἐπὶ τοσοῦτον καὶ ἀπὸ ταύτης προκείσθω τῆς τοῦ Πορφυρίου
γραφῆς. Καὶ μὴν καὶ διδάσκαλοί γε τῆς κακοτέχνου γοητείας αὐτοὶ δὴ πρῶτοι
οἱ γενναῖοι θεοὶ κατέστησαν. Πόθεν γὰρ ἀνθρώποις ταῦτα παρῆν εἰδέναι ἢ τῶν
δαιμόνων αὐτῶν τὰ περὶ ἑαυτῶν ἐξειπόντων καὶ τοὺς καταδέσμους τοὺς κατ´
ἀλλήλων ἐξηγορευκότων; Μηδὲ τοῦτον δὲ ἡμέτερον εἶναι ἡγοῦ τὸν λόγον· οὐδὲν
γὰρ τούτων ἡμεῖς ὁμολογοῦμεν οὔτ´ ἐπίστασθαι οὔτε θέλειν εἰδέναι. Πλὴν εἰς
ἔλεγχον τῆς περὶ ταῦτα ἀτοπίας καὶ εἰς ἡμετέραν ὁμοῦ τῆς τούτων
ἀναχωρήσεως ἀπολογίαν ὁ τούτων ἡμῖν παρεισήχθω μάρτυς, σοφὸς ὢν ἐν τοῖς
γνωρίμοις καὶ πάντα ἀκριβῶς τὰ οἰκεῖα εἰδώς τε καὶ ὑποτιθέμενος. Ὁ δὴ οὖν
αὐτὸς ἐν τῇ δηλωθείσῃ τῶν λογίων συναγωγῇ ταῦτα λέγει πρὸς λέξιν·
| [5,10] CHAPITRE X
Quels artifices mettent en œuvre les devins pour forcer leurs
merveilleuses divinités à se soumettre à eux.
« Une chose que je n'ai jamais pu m'expliquer à moi-même, c'est que ceux
que nous invoquons, comme les premiers des êtres, ne sont pas moins que
les derniers, soumis à toute sorte de nécessités ou bien que voulant voir
la justice dans ceux qui les honorent, ils ne rougissent pas de
s'assujettir eux-mêmes, jusqu'à commettre toutes les injustices qu'on
exige d'eux ; ou bien encore qu'ils repoussent la prière de toute âme qui
n'est pas pure des jouissances grossières des sens, et que cependant ils
n'ont pas honte de porter tous les hommes aux plus infâmes plaisirs de la
volupté. Ils veulent que leurs ministres s'abstiennent de l'usage de la
chair des animaux, de peur que l'odeur qui s'en exhale ne les souille, et
eux-mêmes se laissent prendre à l'odeur des victimes offertes en
sacrifice. Ils ne permettent pas à leur inspecteur des sacrifices de
toucher un cadavre, et cependant la plupart des évocations de dieux
s'opèrent par l'immolation des animaux. Mais une chose plus inconcevable
encore, c'est que le premier venu puisse, par des menaces, effrayer, non
pas seulement les démons ordinaires ou l'âme d'un mort, mais le soleil
lui-même, le prince des astres, la lune et les autres dieux célestes, et
que par cette terreur vaine et mensongère, il puisse les forcer à dire la
vérité. En effet, dire qu'il ébranlera le ciel, qu'il révélera les secrets
d'Isis, les mystères d'Abydos, qu'il arrêtera le navire égyptien, qu'il
dispersera les membres d'Osiris en faveur de Typhon, n'est-ce pas là le
dernier terme de la folie de la part du devin, dont les menaces
contiennent des choses qui ne sont ni à sa connaissance ni en son pouvoir,
comme c'est le dernier excès de dégradation chez ces divinités, qui se
laissent ainsi emporter comme des enfants timides à une vaine et ridicule
frayeur ? Tels sont cependant les moyens que le scribe sacré, Chérémon,
nous donne comme étant d'un usage extrêmement commun chez les Égyptiens,
qui leur attribuent, comme à beaucoup d'autres du même genre, la faculté
d'exercer la plus merveilleuse influence sur la volonté des dieux. Et les
invocations, quelle en est la substance ? On y voit que le soleil sort de
la fange d'un marais, qu'il est assis sur une fleur du lotus, qu'il
navigue sur un vaisseau, qu'il prend une nouvelle forme selon les divers
signes du zodiaque. C'est ainsi que les devins égyptiens prétendent que le
soleil nous apparaît, et ils ne voient pas que ce sont autant d'accidents
qu'ils lui font subir, et qui n'ont de réalité que dans leur imagination.
Et qu'ils ne disent pas que ce sont là des expressions symboliques, pour
signifier les diverses propriétés de cet astre: car nous leur demanderons
alors l'interprétation de tous ces symboles. Il est clair en effet que si
le soleil subissait réellement ces divers accidents, ils seraient
sensibles, comme dans les éclipses, à tous ceux qui fixeraient sur lui
leurs regards. Puis à quoi bon encore tous ces noms insignifiants, toutes
ces dénominations barbares qu'on préfère aux vrais noms des choses? En
effet, si la divinité, lorsqu'elle prête l'oreille à leurs paroles, fait
uniquement attention au sens qu'elles expriment, tant que ce sens sera le
même, il importe peu de quelles expressions on se serve pour le rendre :
car le dieu que l'on invoque n'est pas plutôt Égyptien que d'une autre
nation : et quant il serait Égyptien, il n'en parle point l'idiome, pas
plus que tout outre idiome humain. Il faut donc avouer ou que toutes ces
invocations sont des inventions du charlatanisme ou des symboles des
différents accidents auxquels nous sommes soumis et que les devins
attribuent à Dieu ou bien que nous avons de fausses idées sur la Divinité.»
Puis il continue ainsi à exprimer ses doutes à l'Égyptien :
« S'il y a des dieux impassibles, et d'autres qui soient susceptibles de
passions, et c'est à ceux-ci qu'on attribue les fictions honteuses et
obscènes, il faut donc avouer qu'il n'y a que pure vanité dans ces
invocations et ces supplications, dans ces expiations par lesquelles on
prétend fléchir le courroux des dieux, et surtout dans cette prétendue
fatalité a laquelle on les croit soumis; car on ne fléchit pas, on ne
contraint pas, on n'assujettit pas à la nécessité un être qui, de sa
nature, est impassible. »
Puis il ajouta:
« C'est en vain qu'on cultive la sagesse et qu'on fatigue les dieux, soit
pour retrouver un esclave fugitif, soit pour acheter un champ, contrarier
un mariage, conclure un marché ; car sur tout le reste, ils donnent des
réponses très exactes; mais lorsqu'il s'agit du bonheur de la vie, ils ne
savent rien dire de certain sur lequel on puisse compter. »
Ils n'étaient donc ni des dieux ni même de bons démons, et par conséquent
lui-même n'est qu'un imposteur. Mais nous nous contenterons présentement
de cet extrait de l'ouvrage de Porphyre; il suffit pour prouver que ce
sont les démons eux-mêmes ces merveilleuses divinités, qui ont donné ces
abominables leçons de jonglerie. Comment en effet les hommes eussent-ils
jamais pénétré ces mystères si les démons ne les leur eussent révélés, et
s'ils ne leur eussent appris par quels moyens on pouvait les enchaîner ?
nous allons le faire voir; mais ici encore nous ne parlerons pas
nous-mêmes; car nous confessons que nous ne connaissons ni ne voulons rien
de ces dieux. C'est donc uniquement pour confondre leurs sectateurs et
donner la raison de notre défection de leur culte, que nous allons encore
invoquer le témoignage d'un homme dont le zèle éclairé n'est point suspect
aux siens, et qui a exposé avec une parfaite connaissance de cause tous
les dogmes de sa religion. Voici donc ce que dit Porphyre dans son Recueil
des oracles.
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