[5,9] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ'
Ὅτι οὐδὲ ἀφ´ ἑαυτῶν ἀναχωρεῖν δύνανται.
« Ὅτι δὲ σπεύδουσιν ἀναχωρεῖν οἱ κληθέντες θεοί, δηλώσει τὰ τοιαῦτα,
λεγόντων·
« Λύετε λοιπὸν ἄνακτα, βροτὸς θεὸν οὐκέτι χωρεῖ. »
Καὶ πάλιν·
« Τίπτ´ ἐπιδευόμενοι δηρὸν βροτὸν αἰκίζεσθε; »
Καὶ πάλιν·
« Ἔρπε καὶ ὀτραλέως ἐπιέρχεο, τόνδε σαώσας. »
Καὶ πῶς ἀπολύειν αὐτοὺς χρή, αὐτὸς διδάξει λέγων·
« Παύεο δή, περίφρων, ὀάρων, ἀνάπαυε δὲ φῶτα,
θάμνων ἐκλύων πολιὸν τύπον ἠδ´ ἀπὸ γυίων
Νειλαίην ὀθόνην χερσὶ στιβαρῶς ἀπαείρας. »
Καὶ τὴν ἀπόλυσιν εἶπεν·
« Ὑψίπρῳρον αἶρε ταρσόν, ἴσχε βάξιν ἐκ μυχῶν, »
Καὶ τὰ τούτοις ἐπιλελεγμένα. Οἷς ἐπιφέρει·
« Καὶ βραδυνόντων ἀπολῦσαι φησίν·
σινδόνος ἀμπέτασον νεφέλην λῦσόν τε δοχῆα. »
Καὶ πάλιν ἄλλοτε ἀπόλυσιν ἔδωκεν τοιαύτην·
« Ναϊάδες Νύμφαι, Μούσαις μίγα λύετε Φοῖβον
ᾄδουσαι θείαις ἑκατηβόλον Ἀπόλλωνα. »
Καὶ πάλιν ἄλλοτέ φησιν·
« Λύσατέ μοι στεφάνους καί μευ πόδας ὕδατι λευκῷ
ῥάνατε καὶ γραμμὰς ἀπαλείψατε, καί κε μόλοιμι.
Χειρὸς δεξιτερῆς δάφνης κλάδον ἄρατε χερσὶν
ψήχετέ τ´ ὀφθαλμοὺς διδύμους ῥῖνάς τε προσώπου·
ἄρατε φῶτα γαίηθεν ἀναστήσαντες, ἑταῖροι. »
Οἷς ἐπιλέγει ὁ συγγραφεύς·
« Τὰς γραμμὰς τοίνυν παρακελεύεται ἀπαλείφειν, ἵνα ἀπέλθῃ· ταύτας γὰρ
κρατεῖν καὶ μέντοι καὶ τὸ ἄλλο σχῆμα τῆς ἐνδύσεως, διὰ τὸ φέρειν
εἰκονίσματα τῶν κεκλημένων θεῶν. »
Δεδεῖχθαι σαφῶς ἡγοῦμαι διὰ τούτων ὅτι μηδὲν τὸ καθόλου θεοπρεπὲς μήτε
μέγα μήτε ἀληθῶς θεῖον ἔνεστι τοῖς εἰς τοσοῦτον ταπεινότητος
καταπεπτωκόσιν πνεύμασιν, ὡς τοῖς τυχοῦσιν ἀνθρώποις ὑποσύρεσθαι
καθέλκεσθαί τε οὐ δι´ ἀρετῆς καὶ σοφίας ἀνάληψιν, ἀλλ´ εἰ μόνον τὰ τῆς
περιέργου γοητείας μετέλθοιέν τε καὶ διαπράξοιντο. Οὔτ´ οὖν ὀρθῶς ὁ Ῥόδιος
Πυθαγόρας οὔθ´ ὁ τούτῳ ταύτην παρασχὼν τὴν μαρτυρίαν οὔθ´ ὁστισοῦν
ἀνθρώπων θεοὺς προσείποι ἂν εὐλόγως, ἀλλ´ οὐδ´ ἀγαθοὺς δαίμονας τοὺς ὑπὸ
θνητῶν ἀνθρώπων, καὶ ταῦτα γοήτων, οὐ κατὰ γνώμην οἰκείαν, βίᾳ δὲ καὶ
ἀνάγκῃ συρομένους καὶ μηδὲ τῆς τῶν δεσμῶν ἀπολύσεως τὴν ἐξουσίαν ἐφ´
ἑαυτοῖς ἔχοντας. Εἰ γὰρ δὴ ἀβίαστον καὶ ἀκατανάγκαστον καὶ πάντων κρεῖττον
τὴν φύσιν ἀπαθὲς ὂν καὶ ἐλεύθερον τὸ θεῖον, πῶς ἂν εἶεν θεοὶ οἱ
μαγγανείαις ταῖς διὰ τοιῶνδε σχημάτων καὶ γραμμῶν καὶ τύπων στεφάνοις τε
καὶ τοῖς ἀπὸ γῆς ἄνθεσι καί τισιν ἄλλαις ἀσήμοις καὶ βαρβάροις ἠχαῖς τε
καὶ φωναῖς κηλούμενοι καὶ τοῖς τυχοῦσιν ἀνθρώποις χειρούμενοι καὶ ὡσπερεὶ
δεσμοῖς καταδουλούμενοι, ὥστε μηδὲ τὴν αὐτεξούσιον καὶ προαιρετικὴν σῴζειν
ἐφ´ ἑαυτοῖς δύναμιν; Πῶς δὲ κἂν ἀγαθοὶ δαίμονες λεχθεῖεν βίᾳ καὶ ἀνάγκῃ
κατασπώμενοι; Τί γὰρ τὸ αἴτιον τοῦ ἄκοντας, οὐχὶ δὲ αὐτεξουσίους σφᾶς
αὐτοὺς τοῖς βοηθείας δεομένοις ἐπιδιδόναι; Εἰ γὰρ ἐπ´ ἀγαθῷ ποιοῦνται τὴν
πάροδον ἀγαθοὶ ὄντες καὶ εἴπερ τις ἦν ἐξ αὐτῶν ψυχῆς ὠφέλεια, χρῆν δήπου
προαιρέσει τὸ ἀγαθὸν ἀσπάζεσθαι, φθάνοντας ταῖς εὐποιίαις τοὺς δεομένους,
ἀλλὰ μὴ περιμένειν ἀνάγκην· εἰ δ´ οὐ καλὸν ἦν οὐδ´ ὠφελοῦν τὸ πραττόμενον,
διὸ μηδὲ κατὰ γνώμην αὐτοῖς γίνεσθαι, καὶ πῶς ἂν ἀγαθοὶ εἶεν, τὸ μὴ καλὸν
μηδὲ συμφέρον πράττοντες; Πῶς δὲ θαυμάζεσθαι ἄξιοι καὶ θεραπείαις θεῶν
τιμᾶσθαι οἱ καὶ τοῖς τυχοῦσι γόησι τὸν τρόπον πανωλεστάτοις
καταδουλούμενοι καὶ τὸ μὴ καλὸν μηδὲ συμφέρον παρὰ γνώμην πράττειν
ἀναγκαζόμενοι ἀγόμενοί τε καὶ καθελκόμενοι, οὐ δι´ ἀποδοχὴν σωφροσύνης
ἀνθρώπων οὐδὲ ἀρετῆς χάριν ἤ τινος μέρους φιλοσοφίας, μεθόδοις δὲ γοήτων
ἀπειρημέναις, ἃς ὁ αὐτὸς αὖθις συγγραφεὺς ἐν τῇ πρὸς τὸν εἰρημένον
Αἰγύπτιον ἐπιστολῇ, ὡς ἂν προφήτῃ τἀληθῆ καὶ ἀπόρρητα κοινούμενος,
τέθειται, τοὺς λόγους, καθ´ οὓς ταῦτα συντελοῦσιν, ἀξιῶν παρ´ αὐτοῦ
διδαχθῆναι; Πυνθάνεται γοῦν ὧδέ πως ἀπορῶν καὶ λέγων·
| [5,9] CHAPITRE IX
Que les dieux ne sont par libres de se dégager, quand ils le veulent, de
la nécessité qui leur est imposée par les invocations.
« Cet empressement des dieux à se débarrasser des liens de la nécessité où
les mettent les invocations et les enchantements, nous est clairement
manifesté par les oracles :
« Rendez donc enfin la liberté à votre roi : un mortel ne peut contenir si
longtemps un dieu dans son sein. »
Puis celui-ci :
« Pourquoi fatiguer si longtemps un mortel par vos prières. »
Ou bien tel autre :
« Va, et prends la fuite aussitôt que tu l'auras sauvé. »
L'oracle enseigne aussi la manière de délivrer les dieux de cette fatale nécessité.
« Plus de discours mystérieux, dit-il, cesse de tourmenter un mortel.
Arrache cette image blanche de dessus ces arbrisseaux, et d'une main
vigoureuse enlève cette robe fatale qui retient mes membres. »
Voici maintenant les paroles qui mettent le dieu en liberté :
« Lève d'ici tes pieds. Cesse de faire entendre des oracles du fond de
l'antre mystérieux »,
et autres semblables. Mais ces paroles de délivrance se font trop
attendre, le dieu ajoute :
« Déchirez la tunique, dissipez le nuage épais qui m'enveloppe. »
Voici encore une autre formule par laquelle il réclame sa délivrance :
« Naïades! nymphes des fontaines et vous Muses, délivrez Apollon: chantez
Phébus qui lance au loin des flèches. »
Ou bien encore celle-ci:
« Déliez ces bandelettes, arrosez mes pieds d'une onde pure: effacez ces
lignes, que je m'en aille; arrachez de ma main droite ce rameau de
laurier; frottez mes deux yeux et mes narines; puis élevez-moi de terre,
mes amis. »
« Il demande », dit notre auteur, après avoir rapporté cet oracle, « il
demande que les lignes soient effacées pour qu'il soit libre; parce que ce
sont elles qui lui imposent un joug insurmontable, aussi bien que tout
l'ensemble des vêtements, parce que ces vêtements sont chargés des images
du dieu que l'on invoque. »
Il n'en faut pas davantage, ce me semble, pour démontrer avec la dernière
évidence qu'il n'y avait vraiment rien de digne de la divinité, rien de
grand, rien de divin, dans des êtres abaissés à ce point de dégradation,
qu'ils fussent le vain jouet d'hommes méprisables, qu'ils se laissassent
arracher du ciel par ces hommes, non point parce qu'ils excellaient par
leur vertu et leur sagesse, mais seulement parce qu'ils savaient mettre en
œuvre de vains prestiges. Non, il n'avait donc point raison Pythagore de
Rhodes, pas plus que celui qui lui rend ce témoignage, pas plus quiconque
croira devoir donner à de tels êtres le nom de dieux : car ils ne
sauraient être même de bons démons, ces esprits qui obéissent ainsi contre
leur gré, par nécessité et par violence, à des mortels, (et encore quels
mortels ?) à de misérables jongleurs, ces esprits enfin qui n'ont pas même
le pouvoir de se dégager de ces honteux liens. En effet si la nature
divine est à l'abri de la violence et de la nécessité, à cause de sa
souveraine perfection, et parce qu'elle est essentiellement libre et
impassible comment peut-on faire des dieux, de misérables êtres qui
subissent malgré eux l'influence magique d'un vêtement, d'une ligne, d'une
image, d'une couronne, d'une fleur des champs, d'un son insignifiant, de
paroles barbares. Quoi ! ils seraient des dieux, ceux qui consentent à
devenir le jouet d'hommes méprisables, qui se laissent enchaîner comme des
esclaves, et qui ne conservent pas même assez de puissance et de liberté
pour se débarrasser eux-mêmes de leurs chaînes ! Comment leur donner même
le titre de bons démons, quand on les voit céder malgré eux à une
nécessité et à une violence étrangère? Pourquoi faut-il qu'ils soient
contraints par la force, pour faire du bien a ceux qui réclament leur
assistance? Pourquoi ne s'y portent-ils pas d'eux-mêmes ? Car enfin s'ils
sont bons par nature, comme on le dit, et si c'est pour leur procurer du
bien qu'ils se manifestent aux hommes, si leur inclination les porte à se
rendre utiles à l'humanité, ils devraient saisir eux-mêmes avec
empressement l'occasion d'être utiles; leurs bienfaits devraient prévenir
les prières des hommes, au lieu d'être extorqués par la force. Mais si
l'honnête et l'utile ne sont jamais l'effet de leurs apparitions, et que
pour celle raison, ils ne cèdent jamais qu à la contrainte, comment donner
le titre de dieux à des êtres qui concourent, même sans le vouloir, à des
actions opposées à l'honnêteté ou au bien-être des hommes? Ne sont-ils pas
bien dignes en effet de notre vénération et de nos hommages ceux qui se
font les esclaves d'hommes perdus de mœurs, qui sont contraints de
concourir malgré eux à des œuvres mauvaises et sans utilité, qui enfin se
laissent conduire et subjuguer, non point en considération de la sagesse
ou de la vertu de ceux qui les invoquent, ni dans l'intérêt de la vraie
philosophie; mais qui cèdent uniquement aux détestables manœuvres de
quelques charlatans ? Or ces honteuses manœuvres, le même Porphyre nous
les expose dans sa lettre à l'Égyptien dont nous avons déjà parlé. Comme
c'était un devin, il traite avec lui ces questions mystérieuses, et le
conjure de lui dévoiler les moyens qu'il emploie pour exécuter ses
divinations. Voici comment il lui propose ses difficultés et ses doutes.
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