[5,18] CHAPITRE XVIII.
Ἀπὸ τῶν Ἀριθμῶν.
Ἐν τοῖς Ἀριθμοῖς ὁ Μωσῆς εὐχόμενός φησιν·
« Ὅτι σὺ εἶ κύριος ἐν τῷ λαῷ τούτῳ, ὅστις ὀφθαλμοῖς κατ´ ὀφθαλμοὺς ὀπτάνῃ,
σὺ κύριε»,
ἀνθ´ οὗ ὁ μὲν Ἀκύλας ἐξέδωκεν·
« Ὅτι σὺ εἶ κύριος ἐν ἐγκάτῳ τοῦ λαοῦ τούτου, ὃς ὀφθαλμὸν ἐν ὀφθαλμοῖς ὁρᾷ,
σὺ κύριε»,
ὁ δὲ Σύμμαχος·
« Ὅτι σὺ εἶ κύριε».
Καὶ ἐν Ἐξόδῳ εἴρηται·
« Καὶ ἀνέβη Μωσῆς καὶ Ἀαρὼν καὶ Ναδὰβ καὶ Ἀβιοὺδ καὶ ἑβδομήκοντα τῶν
πρεσβυτέρων τοῦ Ἰσραήλ, καὶ εἶδον τὸν τόπον ὅπου ἕστηκεν ὁ θεὸς Ἰσραήλ»,
ἀνθ´ οὗ ὁ μὲν Ἀκύλας·
« Καὶ εἶδον», φησί, «τὸν θεὸν Ἰσραήλ»,
ὁ δὲ Σύμμαχος·
« Καὶ εἶδον ὁράματι τὸν θεὸν Ἰσραήλ».
Διὰ τὸ
« Θεὸν οὐδεὶς ἑώρακεν πώποτε»
τάχα ἄν τις ἐναντίαν εἶναι τῷ σωτηριώδει λόγῳ τὴν παροῦσαν ὑπολάβοι λέξιν,
ὡς ὁρατὸν ὑποτιθεμένην τὸν τὴν φύσιν ἀόρατον. Ἀλλ´ εἰ καὶ ταῦτα ἐπὶ τὸν
λόγον τοῦ θεοῦ τὸν
«πολυμερῶς καὶ πολυτρόπως»
ὀφθέντα «τοῖς πατράσιν» ἐκλάβοις ὁμοίως τοῖς προαποδειχθεῖσιν ἡμῖν, οὐκέτ´ ἂν
δόξοις τοῖς ἐναντίοις περιπίπτειν. θεὸν Ἰσραὴλ ἐνταῦθα ὁρώμενον αὐτὸν ἐκεῖνον
εἶναι διδάσκει, ὃν καὶ τῷ Ἰσραὴλ ὀφθέντα, ὅτε ἐπάλαιεν ἄνθρωπος μετ´ αὐτοῦ, ὃς
καὶ πρῶτος αὐτοῦ τὴν προσωνυμίαν ἐκ τοῦ Ἰακὼβ ἐπὶ τὸν Ἰσραὴλ μεταβέβληκεν
εἰπὼν
« Ὅτι ἐνίσχυσας μετὰ θεοῦ»,
ὅτε καὶ τῆς θείας αὐτοῦ δυνάμεως αἴσθησιν λαβὼν
«Ὁ Ἰακὼβ ἐκάλεσεν τὸν τόπον ἐκεῖνον εἶδος θεοῦ», εἰπὼν «εἶδον γὰρ θεὸν
πρόσωπον πρὸς πρόσωπον, καὶ ἐσώθη μου ἡ ψυχή»,
οὐχ ἕτερον ὑπάρχειν τοῦ θεοῦ λόγου κατὰ τὸν οἰκεῖον καιρὸν παρεστήσαμεν.
| [5,18] CHAPITRE XVIII.
EXTRAIT DES NOMBRES.
La sainte Ecriture fait connaître que Dieu est visible à Israël et désigne ainsi le Verbe de Dieu.
Moïse dit en sa prière :
« Seigneur, vous êtes le Seigneur de ce peuple, et vous apparaissez d'une manière semblable à ses yeux » (Nombr. XIV, 14 ).
Aquila traduit autrement :
« Vous êtes, Seigneur, dans les entrailles de ce peuple, et vous voyez face à face, Seigneur. »
Symmaque met :
« Parce que vous êtes Seigneur. »
II est dit dans l'Exode :
« Et Moïse, Aaron, Nadab, Abiud et les soixante-dix anciens d'Israël montèrent et virent le lieu où s'était arrêté le Dieu d'Israël » (Exode, XXIII, 9).
Aquila dit au contraire :
« Ils virent le Dieu d'Israël; »
et Symmaque :
« Ils virent dans une vision le Dieu d'Israël. »
Peut-être que cette autre parole des saints livres :
« Personne n'a jamais vu Dieu ». (Jean, 1,18),
fera croire que le passage que nous citons est contraire à l'Evangile, puisqu'elle ferait visible celui qui est invisible; mais si vous songez que ce passage ne se rapporte qu'au Verbe de Dieu, qui s'est manifesté aux patriarches en diverses occasions et de diverses manières, ainsi que nous l'avons établi, ils ne sembleront plus tomber en contradiction ; ils enseignent que le Dieu d'Israël, qui s'offrit ici aux regards, est celui qui apparut à Israël lui-même lorsqu'un homme lutta contre lui, et changea son nom de Jacob en celui d'Israël,
« parce que, dit-il, tu as été fort contre le Seigneur (Gen., XXXII, 22). »
Alors Jacob, rempli de respect pour la puissance divine de son agresseur, appela ce lieu la vision de Dieu, disant :
« J'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.»
Or, nous avons établi en son lieu qu'il s'agit en ce moment du Verbe de Dieu.
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