[600] γυψὶ φέρειν τέταται· ζυγὰ δ´ ἤνυσε δούλια Τροίαι.
601 (ΕΚΑΒΗ) ὦ πατρίς, ὦ μελέα (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) καταλειπομέναν σε δακρύω
602 (ΕΚΑΒΗ) νῦν τέλος οἰκτρὸν ὁρᾶις. (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) καὶ ἐμὸν δόμον ἐνθ´ ἐλοχεύθην.
603 (ΕΚΑΒΗ) ὦ τέκν´, ἐρημόπολις μάτηρ ἀπολείπεται ὑμῶν.
604 οἷος ἰάλεμος οἷά τε πένθη
605 δάκρυά τ´ ἐκ δακρύων καταλείβεται
606-607 ἁμετέροισι δόμοις· ὁ θανὼν δ´ ἐπιλάθεται ἀλγέων.
608 (ΧΟΡΟΣ) ὡς ἡδὺ δάκρυα τοῖς κακῶς πεπραγόσιν
609 θρήνων τ´ ὀδυρμοὶ μοῦσά θ´ ἣ λύπας ἔχει.
610 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) ὦ μῆτερ ἀνδρὸς ὅς ποτ´ Ἀργείων δορὶ
611 πλείστους διώλες´ Ἕκτορος, τάδ´ εἰσορᾶις;
612 (ΕΚΑΒΗ) ὁρῶ τὰ τῶν θεῶν, ὡς τὰ μὲν πυργοῦς´ ἄνω
613 τὸ μηδὲν ὄντα, τὰ δὲ δοκοῦντ´ ἀπώλεσαν.
614 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) ἀγόμεθα λεία σὺν τέκνωι· τὸ δ´ εὐγενὲς
615 ἐς δοῦλον ἥκει, μεταβολὰς τοσάσδ´ ἔχον.
616 (ΕΚΑΒΗ) τὸ τῆς ἀνάγκης δεινόν· ἄρτι κἀπ´ ἐμοῦ
617 βέβηκ´ ἀποσπασθεῖσα Κασσάνδρα βίαι.
618 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) φεῦ φεῦ·
618 ἄλλος τις Αἴας, ὡς ἔοικε, δεύτερος
619 παιδὸς πέφηνε σῆς· νοσεῖς δὲ χἄτερα.
620 (ΕΚΑΒΗ) ὧν γ´ οὔτε μέτρον οὔτ´ ἀριθμός ἐστί μοι·
621 κακῶι κακὸν γὰρ εἰς ἅμιλλαν ἔρχεται.
622 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) τέθνηκέ σοι παῖς πρὸς τάφωι Πολυξένη
623 σφαγεῖς´ Ἀχιλλέως, δῶρον ἀψύχωι νεκρῶι.
624 (ΕΚΑΒΗ) οἲ ´γὼ τάλαινα· τοῦτ´ ἐκεῖν´ ὅ μοι πάλαι
625 Ταλθύβιος αἴνιγμ´ οὐ σαφῶς εἶπεν σαφές.
626 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) εἶδόν νιν αὐτὴ κἀποβᾶσα τῶνδ´ ὄχων
627 ἔκρυψα πέπλοις κἀπεκοψάμην νεκρόν.
628 (ΕΚΑΒΗ) αἰαῖ, τέκνον, σῶν ἀνοσίων προσφαγμάτων·
629 αἰαῖ μάλ´ αὖθις, ὡς κακῶς διόλλυσαι.
630 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) ὄλωλεν ὡς ὄλωλεν· ἀλλ´ ὅμως ἐμοῦ
631 ζώσης γ´ ὄλωλεν εὐτυχεστέρωι πότμωι.
632 (ΕΚΑΒΗ) οὐ ταὐτόν, ὦ παῖ, τῶι βλέπειν τὸ κατθανεῖν·
633 τὸ μὲν γὰρ οὐδέν, τῶι δ´ ἔνεισιν ἐλπίδες.
634 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) {ὦ μῆτερ, ὦ τεκοῦσα, κάλλιστον λόγον
635 ἄκουσον, ὥς σοι τέρψιν ἐμβάλω φρενί.}
636 τὸ μὴ γενέσθαι τῶι θανεῖν ἴσον λέγω,
637 τοῦ ζῆν δὲ λυπρῶς κρεῖσσόν ἐστι κατθανεῖν.
638 ἀλγεῖ γὰρ οὐδὲν τῶν κακῶν ἠισθημένος·
639 ὁ δ´ εὐτυχήσας ἐς τὸ δυστυχὲς πεσὼν
640 ψυχὴν ἀλᾶται τῆς πάροιθ´ εὐπραξίας.
641 κείνη δ´, ὁμοίως ὥσπερ οὐκ ἰδοῦσα φῶς,
642 τέθνηκε κοὐδὲν οἶδε τῶν αὑτῆς κακῶν.
643 ἐγὼ δὲ τοξεύσασα τῆς εὐδοξίας
644 λαχοῦσα πλεῖστον τῆς τύχης ἡμάρτανον.
645 ἃ γὰρ γυναιξὶ σώφρον´ ἔσθ´ ηὑρημένα,
646 ταῦτ´ ἐξεμόχθουν Ἕκτορος κατὰ στέγας.
647 πρῶτον μέν, ἔνθα (κἂν προσῆι κἂν μὴ προσῆι
648 ψόγος γυναιξίν) αὐτὸ τοῦτ´ ἐφέλκεται
649 κακῶς ἀκούειν, ἥτις οὐκ ἔνδον μένει,
| [600] et Troie a subi le joug de l'esclavage.
ANDROMAQUE
O ma patrie ! ô infortunée ! je te pleure en te quittant.
LE CHOEUR.
Tu vois maintenant ta fin déplorable.
ANDROMAQUE.
(603) Et la demeure où je devins mère. O mes enfants abandonnés, votre mère, en perdant sa patrie, vous perd aussi ! Quel deuil, quelles lamentations ! Les larmes naissent des larmes dans notre maison. Ceux qui sont morts perdent du moins le sentiment de leurs maux !
LE CHOEUR.
Combien sont doux aux malheureux les pleurs, les accents plaintifs et les chants de douleur!
ANDROMAQUE.
O mère du vaillant Hector, dont la lance fut fatale à tant de Grecs, vois-tu ce spectacle?
HÉCUBE.
Je vois l'ouvrage des dieux, qui élèvent ce qui est humble, et renversent ce qu'on croit élevé.
ANDROMAQUE.
On m'emmène avec mon fils, comme un butin : ce qui est né sur le trône tombe dans l'esclavage par les vicissitudes du sort.
HÉCUBE.
Dure loi de la nécessité ! c'est ainsi qu'on vient d'arracher Cassandre de mes bras.
ANDROMAQUE.
Hélas ! hélas ! un autre Ajax s'est donc rencontré pour ta fille ? Mais un autre coup encore t'a frappée.
HÉCUBE.
(620) Mes maux sont sans nombre et sans mesure ; ils se disputent la possession de mon coeur.
ANDROMAQUE.
Ta fille Polyxène a été immolée sur le tombeau d'Achille, offerte en don à un cadavre sans vie.
HÉCUBE.
Ah! malheureuse! c'est donc là cette énigme que Talthybius m'annonçait en termes obscurs ?
ANDROMAQUE.
Dès que je l'ai vue, je suis descendue de ce char, je l'ai enveloppée de voiles, et j'ai fait entendre mes lamentations sur son corps.
HÉCUBE.
Hélas! hélas! ma fille! O sacrifice abominable! Ah! quelle mort funeste !
ANDROMAQUE.
Sa mort est ce qu'on l'a faite ; mais telle qu'elle est, cette mort est préférable à la vie qu'on me laisse.
HÉCUBE.
Ah ! ma fille, être vivant ou être mort, n'est-ce pas la même chose ; l'un n'est plus rien, l'autre a encore l'espérance.
ANDROMAQUE.
(634) Ô ma mère, écoute de belles paroles que j'ai entendues, et qui pourront soulager ta douleur. Ne pas naître équivaut à mourir; mais mourir vaut mieux que vivre misérable ; car on ne souffre plus, n'ayant pas le sentiment de ses maux. Mais celui qui fut heureux et qui tombe dans le malheur, a le cœur en proie au regret de son bonheur passé. Polyxène est morte, c'est comme si elle n'eût pas vu le jour ; elle oublie tous ses maux. Mais moi, après avoir touché le but et atteint le faîte de la prospérité, je suis retombée dans l'abîme de l'infortune. Car toutes les vertus qu'on peut souhaiter dans une femme, je les ai pratiquées dans la maison d'Hector, d'abord une femme, qu'elle soit innocente ou coupable, s'expose à la médisance par cela seul qu'elle ne reste pas à la maison : je m'interdis même le désir d'en sortir,
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