HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Les Suppliantes (tragédie complète)

Vers 400-449

  Vers 400-449

[400] λόγους Κρέοντος, ὃς κρατεῖ Κάδμου χθονὸς
401 Ἐτεοκλέους θανόντος ἀμφ´ ἑπταστόμους
402 πύλας ἀδελφῆι χειρὶ Πολυνείκους ὕπο;
403 (ΘΗΣΕΥΣ) πρῶτον μὲν ἤρξω τοῦ λόγου ψευδῶς, ξένε,
404 ζητῶν τύραννον ἐνθάδ´· οὐ γὰρ ἄρχεται
405 ἑνὸς πρὸς ἀνδρὸς ἀλλ´ ἐλευθέρα πόλις.
406 δῆμος δ´ ἀνάσσει διαδοχαῖσιν ἐν μέρει
407 ἐνιαυσίαισιν, οὐχὶ τῶι πλούτωι διδοὺς
408 τὸ πλεῖστον ἀλλὰ χὠ πένης ἔχων ἴσον.
409 (ΚΗΡΥΞ) ἓν μὲν τόδ´ ἡμῖν ὥσπερ ἐν πεσσοῖς δίδως
410 κρεῖσσον· πόλις γὰρ ἧς ἐγὼ πάρειμ´ ἄπο
411 ἑνὸς πρὸς ἀνδρὸς οὐκ ὄχλωι κρατύνεται·
412 οὐδ´ ἔστιν αὐτὴν ὅστις ἐκχαυνῶν λόγοις
413 πρὸς κέρδος ἴδιον ἄλλοτ´ ἄλλοσε στρέφει,
414 τὸ δ´ αὐτίχ´ ἡδὺς καὶ διδοὺς πολλὴν χάριν
415 ἐσαῦθις ἔβλαψ´, εἶτα διαβολαῖς νέαις
416 κλέψας τὰ πρόσθε σφάλματ´ ἐξέδυ δίκης.
417 ἄλλως τε πῶς ἂν μὴ διορθεύων λόγους
418 ὀρθῶς δύναιτ´ ἂν δῆμος εὐθύνειν πόλιν;
419 γὰρ χρόνος μάθησιν ἀντὶ τοῦ τάχους
420 κρείσσω δίδωσι. γαπόνος δ´ ἀνὴρ πένης,
421 εἰ καὶ γένοιτο μὴ ἀμαθής, ἔργων ὕπο
422 οὐκ ἂν δύναιτο πρὸς τὰ κοίν´ ἀποβλέπειν.
423 δὴ νοσῶδες τοῦτο τοῖς ἀμείνοσιν,
424 ὅταν πονηρὸς ἀξίωμ´ ἀνὴρ ἔχηι
425 γλώσσηι κατασχὼν δῆμον, οὐδὲν ὢν τὸ πρίν.
426 (ΘΗΣΕΥΣ) κομψός γ´ κῆρυξ καὶ παρεργάτης λόγων.
427 ἐπεὶ δ´ ἀγῶνα καὶ σὺ τόνδ´ ἠγωνίσω,
428 ἄκου´· ἅμιλλαν γὰρ σὺ προύθηκας λόγων.
429 οὐδὲν τυράννου δυσμενέστερον πόλει,
430 ὅπου τὸ μὲν πρώτιστον οὐκ εἰσὶν νόμοι
431 κοινοί, κρατεῖ δ´ εἷς τὸν νόμον κεκτημένος
432 αὐτὸς παρ´ αὑτῶι· καὶ τόδ´ οὐκέτ´ ἔστ´ ἴσον.
433 γεγραμμένων δὲ τῶν νόμων τ´ ἀσθενὴς
434 πλούσιός τε τὴν δίκην ἴσην ἔχει,
435 ἔστιν δ´ ἐνισπεῖν τοῖσιν ἀσθενεστέροις
436 τὸν εὐτυχοῦντα ταὔθ´ ὅταν κλύηι κακῶς,
437 νικᾶι δ´ μείων τὸν μέγαν δίκαι´ ἔχων.
438 τοὐλεύθερον δ´ ἐκεῖνο· Τίς θέλει πόλει
439 χρηστόν τι βούλευμ´ ἐς μέσον φέρειν ἔχων;
440 καὶ ταῦθ´ χρήιζων λαμπρός ἐσθ´, μὴ θέλων
441 σιγᾶι. τί τούτων ἔστ´ ἰσαίτερον πόλει;
442 καὶ μὴν ὅπου γε δῆμος εὐθυντὴς χθονὸς
443 ὑποῦσιν ἀστοῖς ἥδεται νεανίαις·
444 ἀνὴρ δὲ βασιλεὺς ἐχθρὸν ἡγεῖται τόδε,
445 καὶ τοὺς ἀρίστους οὕς τ´ ἂν ἡγῆται φρονεῖν
446 κτείνει, δεδοικὼς τῆς τυραννίδος πέρι.
447 πῶς οὖν ἔτ´ ἂν γένοιτ´ ἂν ἰσχυρὰ πόλις
448 ὅταν τις ὡς λειμῶνος ἠρινοῦ στάχυν
449 τομαῖς ἀφαιρῆι κἀπολωτίζηι νέους;
[400] les ordres de Créon, qui règne sur la terre de Cadmus, depuis qu'Étéocle a succombé devant la ville aux sept portes, sous les coups de son frère Polynice? THÉSÉE. Étranger, tu as débuté par une erreur, en chercbant un tyran dans ces lieux. Cette ville ne dépend pas d'un seul homme, elle est libre ; le peuple y commande à son tour, et les magistrats s'y renouvellent tous les ans; la prépondérance n'y appartient pas à la richesse, et le pauvre y possède des droits égaux. LE HÉRAUT. En cela tu nous donnes l'avantage d'un point, comme au jeu de dés. La ville d'où je viens est gouvernée par un seul, et non par la multitude : on n'y voit pas un orateur agiter les têtes par de vains discours, ni tourner les esprits de côté et d'autre, au gré de son intérêt particulier; l'on n'y voit point le même homme, d'abord chéri et jouissant d'une haute faveur, encourir bientôt la haine, puis, couvrant ses fautes passées sons le voile de la calomnie, se dérober au châtiment. Et comment le peuple, incapable de suivre un raisonnement avec rectitude, pourrait-il régler sagement l'état? car le temps, bien plus qu'une ambition hâtive, donne le savoir. L'ouvrier, le pauvre qui vit de son, travail, et dont les occupations grossières entretiennent l'ignorance, serait incapable de s'occuper des affaires publiques. Et n'est-il pas odieux pour les hommes supérieurs, de voir un vaurien, revêtu des plus hautes dignités, gouverner le peuple par sa parole, lui qui naguère n'était rien ? 426 THÉSÉE. Voilà un héraut amusant, et qui, par-dessus le marché, cultive l'éloquence. Mais, puisque tu as engagé ce combat, écoute ; car c'est toi qui as entamé la discussion. Rien de plus funeste à l'état qu'un tyran : là d'abord l'autorité des lois n'est plus générale; lui seul dispose de la loi, et elle n'est plus égale pour tous. Mais les lois écrites donnent au faible et au puissant des droits égaux ; le dernier des citoyens ose répondre avec fierté au riche arrogant qui l'insulte ; et le petit, s'il a pour lui la justice, l'emporte sur le grand. La liberté règne où le héraut demande : « Qui a quelque chose à proposer pour le bien de l'état ? » Celui qui veut parler se fait connaître ; celui qui n'a rien à dire garde le silence. Où trouver plus d'égalité que dans un tel état? Partout où le peuple est le maître, il voit avec plaisir s'élever de vaillants citoyens; mais un roi voit en eux autant d'ennemis, et il fait périr les plus illustres et les plus sages, par crainte pour sa tyrannie. Comment un état pourrait-il encore être fort, quand un maître y moissonne l'audace et la jeunesse, comme on fauche les épis dans un champ au printemps?


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Dernière mise à jour : 1/10/2009