[150] θέλει κατόπτης ναῦς ἐπ´ Ἀργείων μολεῖν;
151 τίς ἂν γένοιτο τῆσδε γῆς εὐεργέτης;
152 τίς φησιν; οὔτοι πάντ´ ἐγὼ δυνήσομαι
153 πόλει πατρώιαι συμμάχοις θ´ ὑπηρετεῖν.
154 (ΔΟΛΩΝ)
154 ἐγὼ πρὸ γαίας τόνδε κίνδυνον θέλω
155 ῥίψας κατόπτης ναῦς ἐπ´ Ἀργείων μολεῖν,
156 καὶ πάντ´ Ἀχαιῶν ἐκμαθὼν βουλεύματα
157 ἥξω· ´πὶ τούτοις τόνδ´ ὑφίσταμαι πόνον.
158 (ΕΚΤΩΡ) ἐπώνυμος μὲν κάρτα καὶ φιλόπτολις
159 Δόλων· πατρὸς δὲ καὶ πρὶν εὐκλεᾶ δόμον
160 νῦν δὶς τόσως ἔθηκας εὐκλεέστερον.
161 (ΔΟΛΩΝ) οὔκουν πονεῖν μὲν χρή, πονοῦντα δ´ ἄξιον
162 μισθὸν φέρεσθαι; παντὶ γὰρ προσκείμενον
163 κέρδος πρὸς ἔργωι τὴν χάριν τίκτει διπλῆν.
164 (ΕΚΤΩΡ) ναί, καὶ δίκαια ταῦτα κοὐκ ἄλλως λέγω.
165 τάξαι δὲ μισθόν, πλὴν ἐμῆς τυραννίδος.
166 (ΔΟΛΩΝ) οὐ σῆς ἐρῶμεν πολιόχου τυραννίδος.
167 (ΕΚΤΩΡ) σὺ δ´ ἀλλὰ γήμας Πριαμιδῶν γαμβρὸς γενοῦ.
168 (ΔΟΛΩΝ) οὐδ´ ἐξ ἐμαυτοῦ μειζόνων γαμεῖν θέλω.
169 (ΕΚΤΩΡ) χρυσὸς πάρεστιν, εἰ τόδ´ αἰτήσεις γέρας.
170 (ΔΟΛΩΝ) ἀλλ´ ἔστ´ ἐν οἴκοις· οὐ βίου σπανίζομεν.
171 (ΕΚΤΩΡ) τί δῆτα χρήιζεις ὧν κέκευθεν Ἴλιον;
172 (ΔΟΛΩΝ) ἑλὼν Ἀχαιοὺς δῶρά μοι ξυναίνεσον.
173 (ΕΚΤΩΡ) δώσω· σὺ δ´ αἴτει πλὴν στρατηλάτας νεῶν.
174 (ΔΟΛΩΝ) κτεῖν´, οὔ ς´ ἀπαιτῶ Μενέλεω σχέσθαι χέρα.
175 (ΕΚΤΩΡ) οὐ μὴν τὸν Οἰλέως παῖδά μ´ ἐξαιτεῖς λαβεῖν;
176 (ΔΟΛΩΝ) κακαὶ γεωργεῖν χεῖρες εὖ τεθραμμέναι.
177 (ΕΚΤΩΡ) τίν´ οὖν Ἀχαιῶν ζῶντ´ ἀποινᾶσθαι θέλεις;
178 (ΔΟΛΩΝ) καὶ πρόσθεν εἶπον· ἔστι χρυσὸς ἐν δόμοις.
179 (ΕΚΤΩΡ) καὶ μὴν λαφύρων γ´ αὐτὸς αἱρήσηι παρών.
180 (ΔΟΛΩΝ) θεοῖσιν αὐτὰ πασσάλευε πρὸς δόμοις.
181 (ΕΚΤΩΡ) τί δῆτα μεῖζον τῶνδέ μ´ αἰτήσεις γέρας;
182 (ΔΟΛΩΝ) ἵππους Ἀχιλλέως· χρὴ δ´ ἐπ´ ἀξίοις πονεῖν
183 ψυχὴν προβάλλοντ´ ἐν κύβοισι δαίμονος.
184 (ΕΚΤΩΡ) καὶ μὴν ἐρῶντί γ´ ἀντερᾶις ἵππων ἐμοί·
185 ἐξ ἀφθίτων γὰρ ἄφθιτοι πεφυκότες
186 τὸν Πηλέως φέρουσι θούριον γόνον·
187 δίδωσι δ´ αὐτὸς πωλοδαμνήσας ἄναξ
188 Πηλεῖ Ποσειδῶν, ὡς λέγουσι, πόντιος.
189 ἀλλ´ οὔ ς´ ἐπάρας ψεύσομαι· δώσω δέ σοι,
190 κάλλιστον οἴκοις κτῆμ´, Ἀχιλλέως ὄχον.
191 (ΔΟΛΩΝ) αἰνῶ· λαβὼν δ´ ἄν φημι κάλλιστον Φρυγῶν
192 δῶρον δέχεσθαι τῆς ἐμῆς εὐσπλαγχνίας.
193 σὲ δ´ οὐ φθονεῖν χρή· μυρί´ ἐστὶν ἄλλα σοι
194 ἐφ´ οἷσι τέρψηι τῆσδ´ ἀριστεύων χθονός.
195 (ΧΟΡΟΣ) μέγας ἀγών, μεγάλα δ´ ἐπινοεῖς ἑλεῖν·
196 μακάριός γε μὰν κυρήσας ἔσηι.
197 πόνος ὅδ´ εὐκλεής· μέγα δὲ κοιράνοισι
198 γαμβρὸν πέλειν.
199 τὰ θεόθεν ἐπιδέτω Δίκα,
| [150] veut aller explorer la flotte des Grecs ? qui veut devenir le bienfaiteur de son pays ? qui s'y engage ? Pour moi, je ne puis rendre à la fois tous les services à ma patrie et a nos alliés.
154 DOLON.
C'est moi qui, pour mon pays, veux affronter ce péril, et aller en espion vers les vaisseaux des Grecs : et quand j'aurai pénétré leurs desseins, je reviendrai. Telles sont les promesses auxquelles je m'engage.
HECTOR.
Tu es vraiment digne de ton nom et ami de ta patrie, Dolon. La maison de ton père était déjà glorieuse, et tu viens de doubler sa gloire.
DOLON.
L'entreprise est pénible, mais la récompense doit être proportionnée à mes peines : le prix attaché au travail en double le plaisir.
HECTOR.
Oui, ta demande est juste, j'en conviens; fixe la récompense, je n'excepte que ma royauté.
DOLON.
Je n'ambitionne pas ta royauté.
HECTOR.
Eh bien, choisis une épouse dans la famille de Priam.
DOLON.
Je ne veux point prendre une épouse dans un rang supérieur au mien.
HECTOR.
Tu auras de l'or, si c'est la récompense que tu désires.
170 DOLON.
J'en ai dans ma maison ; je ne manque pas des biens de la vie.
HECTOR.
Qu? désires-tu donc de tout ce que renferme Ilion ?
DOLON.
Quand tu auras vaincu les Grecs, promets-moi les dons que je désire.
HECTOR.
Je te les promets ; demande ce que tu veux, excepté les chefs de la flotte.
DOLON.
Fais-les périr ; je ne demande pas que tu épargnes Ménélas.
HECTOR.
Ce n'est pas le fils d'Oilée que tu veux obtenir de moi ?
DOLON.
Des mains élevées dans la mollesse sont inhabiles à cultiver la terre.
HECTOR.
Quel est donc celui des Grecs dont tu veux obtenir la rançon ?
DOLON.
Je te l'ai déjà dit, j'ai de l'or dans ma maison.
HECTOR.
Eh bien, tu choisiras ce que tu voudras parmi les dépouilles.
DOLON.
Offre les dépouilles aux dieux, et suspends-les dans leurs temples.
HECTOR.
Quel est donc ce prix, plus élevé que tu réclames de moi ?
DOLON.
Les chevaux d'Achille : il faut un noble prix quand on joue sa vie aux dés de la fortune.
184 HECTOR.
Je désire moi-même ces chevaux, objet de tes désirs. Nés de parents immortels, ils sont immortels eux-mêmes, et portent dans les combats le vaillant fils de Pélée. Le dieu des mers, Neptune, qui dompte les coursiers, les donna, dit-on, à Pélée. Mais je ne manquerai pas à ma promesse : je te donnerai le char et les chevaux d'Achille, noble conquête pour ta maison.
DOLON.
C'est fort bien; en les recevant, ma valeur obtiendra la plus glorieuse des récompenses. Toi, ne me porte point envie ; assez d'autres biens seront ton partage, toi qui l'emportes ici sur tous par ta bravoure.
195 LE CHOEUR.
Le péril est grand, mais tu aspires à une grande récompense : si tu réussis, bienheureuse sera ta destinée, et l'entreprise est glorieuse. Cependant c'est aussi un grand honneur de s'allier à la famille des rois. Que la Justice divine en décide ;
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