[450] πρὸς οἶκον εἶμι, συντεμὼν τοὺς σοὺς πόνους.
451 ὑμῶν δὲ μή τις ἀσπίδ´ ἄρηται χερί·
452 ἐγὼ γὰρ ἕξεω τοὺς μέγ´ αὐχοῦντας δορὶ
453 πέρσας Ἀχαιούς, καίπερ ὕστερος μολών.
454 (ΧΟΡΟΣ) ἰὼ ἰώ.
455 φίλα θροεῖς, φίλος Διόθεν εἶ· μόνον
456 φθόνον ἄμαχον ὕπατος
457 Ζεὺς θέλοι ἀμφὶ σοῖς λόγοισιν εἴργειν.
458 τὸ δὲ νάιον Ἀργόθεν δόρυ
459 οὔτε πρίν τιν´ οὔτε νῦν
460 ἀνδρῶν ἐπόρευσε σέθεν κρείσσω. πῶς μοι
461-462 Ἀχιλεὺς τὸ σὸν ἔγχος ἂν δύναιτο,
463 πῶς δ´ Αἴας ὑπομεῖναι;
464 εἰ γὰρ ἐγὼ τόδε γ´ ἦμαρ
465 εἰσίδοιμ´, ἄναξ, ὅτωι πολυφόνου
466 χειρὸς ἄποιν´ ἄροιο σᾶι λόγχαι.
467 (ΡΗΣΟΣ) τοιαῦτα μέν σοι τῆς μακρᾶς ἀπουσίας
468 πρᾶξαι παρέξω· σὺν δ´ Ἀδραστείαι λέγω.
469 ἐπεὶ δ´ ἂν ἐχθρῶν τήνδ´ ἐλευθέραν πόλιν
470 θῶμεν θεοῖσί τ´ ἀκροθίνι´ ἐξέληις,
471 ξὺν σοὶ στρατεύειν γῆν ἐπ´ Ἀργείων θέλω
472 καὶ πᾶσαν ἐλθὼν Ἑλλάδ´ ἐκπέρσαι δορί,
473 ὡς ἂν μάθωσιν ἐν μέρει πάσχειν κακῶς.
474 (ΕΚΤΩΡ) εἰ τοῦ παρόντος τοῦδ´ ἀπαλλαχθεὶς κακοῦ
475 πόλιν νεμοίμην ὡς τὸ πρίν ποτ´ ἀσφαλῆ,
476 ἦ κάρτα πολλὴν θεοῖς ἂν εἰδείην χάριν.
477 τὰ δ´ ἀμφί τ´ Ἄργος καὶ νομὸν τὸν Ἑλλάδος
478 οὐχ ὧδε πορθεῖν ῥάιδι´ ὡς λέγεις δορί.
479 (ΡΗΣΟΣ) οὐ τούσδ´ ἀριστέας φασὶν Ἑλλήνων μολεῖν;
480 (ΕΚΤΩΡ) κοὐ μεμφόμεσθά γ´, ἀλλ´ ἅδην ἐλαύνομεν.
481 (ΡΗΣΟΣ) οὔκουν κτανόντες τούσδε πάντ´ εἰργάσμεθα;
482 (ΕΚΤΩΡ) μή νυν τὰ πόρσω τἀγγύθεν μεθεὶς σκόπει.
483 (ΡΗΣΟΣ) ἀρκεῖν ἔοικέ σοι παθεῖν, δρᾶσαι δὲ μή.
484 (ΕΚΤΩΡ) πολλῆς γὰρ ἄρχω κἀνθάδ´ ὢν τυραννίδος.
485 ἀλλ´ εἴτε λαιὸν εἴτε δεξιὸν κέρας
486 εἴτ´ ἐν μέσοισι συμμάχοις πάρεστί σοι
487 πέλτην ἐρεῖσαι καὶ καταστῆσαι στρατόν.
488 (ΡΗΣΟΣ) μόνος μάχεσθαι πολεμίοις, Ἕκτορ, θέλω.
489 εἰ δ´ αἰσχρὸν ἡγῆι μὴ συνεμπρῆσαι νεῶν
490 πρύμνας, πονήσας τὸν πάρος πολὺν χρόνον,
491 τάξον μ´ Ἀχιλλέως καὶ στρατοῦ κατὰ στόμα.
492 (ΕΚΤΩΡ) οὐκ ἔστ´ ἐκείνωι θοῦρον ἀντᾶραι δόρυ.
493 (ΡΗΣΟΣ) καὶ μὴν λόγος γ´ ἦν ὡς ἔπλευς´ ἐπ´ Ἴλιον.
494 (ΕΚΤΩΡ) ἔπλευσε καὶ πάρεστιν· ἀλλὰ μηνίων
495 στρατηλάταισιν οὐ συναίρεται δόρυ.
496 (ΡΗΣΟΣ) τίς δὴ μετ´ αὐτὸν ἄλλος εὐδοξεῖ στρατοῦ;
497 (ΕΚΤΩΡ) Αἴας ἐμοὶ μὲν οὐδὲν ἡσσᾶσθαι δοκεῖ
498 χὠ Τυδέως παῖς· ἔστι δ´ αἱμυλώτατον
499 κρότημ´ Ὀδυσσεὺς λῆμά τ´ ἀρκούντως θρασὺς
| [450] et je repars pour mon pays, après avoir mis fin à vos peines. Que nul de vous désormais n'arme son bras du bouclier ; je saurai contenir l'orgueil de ces Grecs redoutables et les anéantir, quelque tardive que soit mon arrivée.
454 LE CHOEUR.
O douce promesse ! C'est Jupiter qui t'envoie à notre aide. Seulement que ce dieu puissant veuille nous préserver de la jalousie indomptable qui s'attache aux paroles superbes ! Jamais les vaisseaux d'Argos n'ont porté jusqu'ici un guerrier plus vaillant que toi. Comment Achille, comment Ajax supporteront-ils le choc de ta lance ? Puissé-je voir le jour où ta main meurtrière triomphera d'eux !
467 RHÉSUS.
Voilà comment je prétends te dédommager de ma longue absence ; mais que Némésis m'écoute avec bonté : quand j'aurai délivré cette ville de ses ennemis, et que tu auras offert aux dieux les prémices des dépouilles, je veux conduire avec toi une armée aux champs d'Argos, ravager la Grèce entière, et rendre à ses habitants tous les maux qu'ils vous ont fait éprouver.
474 HECTOR.
Ah ! si je voyais cesser les maux qui nous affligent, si je pouvais comme autrefois gouverner en paix cette cité florissante, que de grâces j'aurais à rendre aux dieux ! Mais aller sous les murs d'Argos, au sein des États de la Grèce, porter la guerre et le ravage, crois-moi, ce n'est pas aussi facile que tu le penses.
RHÉSUS.
Ne dit-on pas que les plus vaillants des Grecs sont venus sur ces bords ?
HECTOR.
Nous ne les déprisons pas ; mais nous travaillons à les repousser.
RHÉSUS.
Quand donc nous les aurons tués, tout sera fini.
HECTOR.
Ne pense pas aux périls éloignés, en oubliant celui qui est proche.
RHÉSUS.
Il te suffit donc de subir le mal, et non de le rendre ?
484 HECTOR.
Je règne sur un empire assez étendu, même en restant ici. Pour toi, tu peux te mettre en bataille et ranger ton armée soit à l'aile gauche, soit à l'aile droite, soit au centre.
RHÉSUS.
Hector, je veux combattre seul ; mais, si tu trouves honteux de ne pas venir avec moi embraser la flotte des Grecs, après avoir si longtemps souffert de leurs attaques, poste-moi en face d'Achille et au front de l'armée.
HECTOR.
Tu ne peux lever contre lui ta lance formidable.
RHÉSUS. Cependant on disait qu'il était descendu sur le rivage d'Ilion.
HECTOR.
Il est en effet descendu sur ces bords; mais irrité contre les chefs, il ne prend point part aux combats.
RHÉSUS.
Quel autre après lui est renommé dans l'armée ?
HECTOR.
Ajax, selon moi, ne lui cède point en vaillance, non plus que le fils de Tydée. Il y a encore un autre Grec fameux par son éloquence et ses artifices : Ulysse est son nom ; son cœur ne manque point d'audace,
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