HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Euripide, Les Phéniciennes

Vers 850-899

  Vers 850-899

[850] (ΚΡΕΩΝ) οὔπω λελήσμεθ´· ἀλλὰ σύλλεξαι σθένος
851 καὶ πνεῦμ´ ἄθροισον, αἶπος ἐκβαλὼν ὁδοῦ.
852 (ΤΕΙΡΕΣΙΑΣ) κόπωι παρεῖμαι γοῦν Ἐρεχθειδῶν ἄπο
853 δεῦρ´ ἐκκομισθεὶς τῆς πάροιθεν ἡμέρας·
854 κἀκεῖ γὰρ ἦν τις πόλεμος Εὐμόλπου δορός,
855 οὗ καλλινίκους Κεκροπίδας ἔθηκ´ ἐγώ·
856 καὶ τόνδε χρυσοῦν στέφανον, ὡς ὁρᾶις, ἔχω
857 λαβὼν ἀπαρχὰς πολεμίων σκυλευμάτων.
858 (ΚΡΕΩΝ) οἰωνὸν ἐθέμην καλλίνικα σὰ στέφη·
859 ἐν γὰρ κλύδωνι κείμεθ´, ὥσπερ οἶσθα σύ,
860 δορὸς Δαναϊδῶν, καὶ μέγας Θήβαις ἀγών.
861 βασιλεὺς μὲν οὖν βέβηκε κοσμηθεὶς ὅπλοις
862 ἤδη πρὸς ἀλκὴν Ἐτεοκλῆς Μυκηνίδα·
863 ἐμοὶ δ´ ἀπέσταλκ´ ἐκμαθεῖν σέθεν πάρα
864 τί δρῶντες ἂν μάλιστα σώσαιμεν πόλιν.
865 (ΤΕΙΡΕΣΙΑΣ) Ἐτεοκλέους μὲν οὕνεκ´ ἂν κλήισας στόμα
866 χρησμοὺς ἐπέσχον· σοὶ δ´, ἐπεὶ χρήιζεις μαθεῖν,
867 λέξω. νοσεῖ γὰρ ἥδε γῆ πάλαι, Κρέον.
868 {ἐξ οὗ ´τεκνώθη Λάιος βίαι θεῶν
869 πόσιν τ´ ἔφυσε μητρὶ μέλεον Οἰδίπουν·
870 αἵ θ´ αἱματωποὶ δεργμάτων διαφθοραὶ
871 θεῶν σόφισμα κἀπίδειξις Ἑλλάδι.
872 συγκαλύψαι παῖδες Οἰδίπου χρόνωι
873 χρήιζοντες, ὡς δὴ θεοὺς ὑπεκδραμούμενοι,
874 ἥμαρτον ἀμαθῶς· οὔτε γὰρ γέρα πατρὶ
875 οὔτ´ ἔξοδον διδόντες ἄνδρα δυστυχῆ
876 ἐξηγρίωσαν· ἐκ δ´ ἔπνευς´ αὐτοῖς ἀρὰς
877 δεινάς, νοσῶν τε καὶ πρὸς ἠτιμασμένος.
878 ἁγὼ τί οὐ δρῶν, ποῖα δ´ οὐ λέγων ἔπη
879 ἐς ἔχθος ἦλθον παισὶ τοῖσιν Οἰδίπου;
880 ἐγγὺς δὲ θάνατος αὐτόχειρ αὐτοῖς, Κρέον.}
881 πολλοὶ δὲ νεκροὶ περὶ νεκροῖς πεπτωκότες
882 Ἀργεῖα καὶ Καδμεῖα μείξαντες μέλη
883 πικροὺς γόους δώσουσι Θηβαίαι χθονί.
884 σύ τ´ τάλαινα συγκατασκάπτηι πόλι,
885 εἰ μὴ λόγοις τις τοῖς ἐμοῖσι πείσεται.
886 {ἐκεῖνο μὲν γὰρ πρῶτον ἦν, τῶν Οἰδίπου
887 μηδένα πολίτην μηδ´ ἄνακτ´ εἶναι χθονός,
888 ὡς δαιμονῶντας κἀνατρέψοντας πόλιν.
889 ἐπεὶ δὲ κρεῖσσον τὸ κακόν ἐστι τἀγαθοῦ,
890 μί´ ἔστιν ἄλλη μηχανὴ σωτηρίας.}
891 ἀλλ´ οὐ γὰρ εἰπεῖν οὔτ´ ἐμοὶ τόδ´ ἀσφαλὲς
892 πικρόν τε τοῖσι τὴν τύχην κεκτημένοις
893 πόλει παρασχεῖν φάρμακον σωτηρίας,
894 ἄπειμι. χαίρεθ´· εἷς γὰρ ὢν πολλῶν μέτα
895 τὸ μέλλον, εἰ χρή, πείσομαι· τί γὰρ πάθω;
896 (ΚΡΕΩΝ) ἐπίσχες αὐτοῦ, πρέσβυ. (ΤΕΙΡΕΣΙΑΣ) μὴ ´πιλαμβάνου.
897 (ΚΡΕΩΝ) μεῖνον, τί φεύγεις; (ΤΕΙΡΕΣΙΑΣ) τύχη ς´, ἀλλ´ οὐκ ἐγώ.
898 (ΚΡΕΩΝ) φράσον πολίταις καὶ πόλει σωτηρίαν.
899 (ΤΕΙΡΕΣΙΑΣ) βούληι σὺ μέντοι κοὐχὶ βουλήσηι τάχα.
[850] (CRÉON) Je saurai bien te le dire. Mais d'abord rassemble
tes forces, reprends haleine, et repose-toi des fatigues du voyage.
(TIRÉSIAS) Il m'a, en effet, épuisé de lassitude. Je suis
arrivé hier du pays des Érechthéides. Là aussi on était en
guerre. Les descendants de Cécrops ont livré bataille à l'armée
d'Eumolpos : je leur ai procuré une glorieuse victoire;
et j'ai reçu d'eux les prémices des dépouilles de
l'ennemi, cette couronne d'or que tu vois.
(CRÉON) Ce trophée est pour nous un heureux présage. Car
nous sommes, tu le sais, en pleine tempête, en guerre avec
les fils de Danaos : Thèbes est engagée dans une lutte terrible.
Étéocle, notre roi, marche déjà, couvert de ses armes,
contre les forces de Mycènes. C'est lui qui m'a chargé de te
demander ce qu'il faut faire pour sauver la ville.
(TIRÉSIAS) Pour Étéocle ma bouche resterait close et ne
révélerait pas les oracles; mais pour toi, puisque tu veux
les connaître, je parlerai. Ce pays souffre depuis longtemps,
Créon, depuis le jour où Laïos fut père malgré les dieux et
engendra le malheureux OEdipe, qui devait épouser sa mère.
Si OEdipe a porté une main meurtrière sur ses yeux ensanglantés,
ce sont les dieux qui l'ont voulu, c'est un enseignement
qu'ils ont donné à la Grèce. Ses fils croyaient que le
temps pouvait ensevelir ce passé; ils espéraient ainsi échapper
aux dieux : quelle illusion de leur aveuglement! En
manquant au respect qu'ils doivent à leur père, en le tenant
captif dans ce palais, ils ont aigri l'infortuné, qui, en proie
à tant de souffrances, et, de plus, accablé de tant d'outrages,
a lancé contre eux de terribles imprécations. Que n'ai-je pas
fait alors? que n'ai-je dit? C'est pourquoi je me suis attiré la
haine des fils d'OEdipe. Créon, l'heure est proche où ils vont
se donner la mort de leurs propres mains; et le spectacle
des cadavres amoncelés les uns sur les autres, au milieu
des armes cadméennes et argiennes confondues, arrachera
au peuple thébain d'amers gémissements. Et toi, ville infortunée,
tu vas en même temps périr, si ma voix n'est pas
entendue! Il aurait fallu commencer par ne souffrir ni sur
le trône, ni dans la cité, ces fils d'OEdipe que poursuit le Destin,
et qui doivent perdre Thèbes. Le mal a prévalu sur le
bien : mais il reste encore un moyen de salut. Le révéler
serait dangereux pour moi, et cruel pour ceux auxquels le
sort impose la nécessité de fournir à Thèbes le remède qui
doit la sauver. Je m'en vais donc : adieu ! Je suis prêt, pour
ma part, avec tous les autres Thébains, à subir, s'il le faut, ce
que nous réserve l'avenir. Que faire d'autre?
(CRÉON) Reste ici, vieillard.
(TIRÉSIAS) Ne me retiens pas.
(CRÉON) Demeure : pourquoi me fuir?
(TIRÉSIAS) C'est la fortune qui te fuit, ce n'est pas moi.
(CRÉON) Dis-moi comment je puis sauver les citoyens et la cité.
(TIRÉSIAS) Tu le veux maintenant, et tout à l'heure peut-être
tu ne le voudras plus.


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Dernière mise à jour : 15/09/2006