[1100] (Ὀρέστης)
Ὦ φίλτατ', εἰ γὰρ τοῦτο κατθάνοιμ' ἰδών.
(Πυλάδης)
Πιθοῦ νυν, ἄμμεινόν τε φασγάνου τομάς.
(Ὀρέστης)
Μενῶ, τὸν ἐχθρὸν εἴ τι τιμωρήσομαι.
(Πυλάδης)
Σίγα νυν· ὡς γυναιξὶ πιστεύω βραχύ.
(Ὀρέστης)
Μηδὲν τρέσῃς τάσδ'· ὡς πάρεισ' ἡμῖν φίλαι.
(Πυλάδης)
(1105) Ἑλένην κτάνωμεν, Μενέλεῳ λύπην πικράν.
(Ὀρέστης)
Πῶς; Τὸ γὰρ ἕτοιμον ἔστιν, εἴ γ' ἔσται καλῶς.
(Πυλάδης)
Σφάξαντες. ἐν δόμοις δὲ κρύπτεται σέθεν.
(Ὀρέστης)
Μάλιστα· καὶ δὴ πάντ' ἀποσφραγίζεται.
(Πυλάδης)
Ἀλλ' οὐκέθ', Ἅιδην νυμφίον κεκτημένη.
(Ὀρέστης)
(1110) Καὶ πῶς; Ἔχει γὰρ βαρβάρους ὀπάονας.
(Πυλάδης)
Τίνας; Φρυγῶν γὰρ οὐδέν' ἂν τρέσαιμ' ἐγώ.
(Ὀρέστης)
Οἵους ἐνόπτρων καὶ μύρων ἐπιστάτας.
(Πυλάδης)
Τρυφὰς γὰρ ἥκει δεῦρ' ἔχουσα Τρωικάς;
(Ὀρέστης)
Ὥσθ' Ἑλλὰς αὐτῇ σμικρὸν οἰκητήριον.
(Πυλάδης)
(1115) Οὐδὲν τὸ δοῦλον πρὸς τὸ μὴ δοῦλον γένος.
(Ὀρέστης)
Καὶ μὴν τόδ' ἔρξας δὶς θανεῖν οὐχ ἅζομαι.
(Πυλάδης)
Ἀλλ' οὐδ' ἐγὼ μήν, σοί γε τιμωρούμενος.
(Ὀρέστης)
Τὸ πρᾶγμα δήλου καὶ πέραιν', ὅπως λέγεις.
(Πυλάδης)
Ἔσιμεν ἐς οἴκους δῆθεν ὡς θανούμενοι.
(Ὀρέστης)
(1120) Ἔχω τοσοῦτον, τἀπίλοιπα δ' οὐκ ἔχω.
(Πυλάδης)
Γόους πρὸς αὐτὴν θησόμεσθ' ἃ πάσχομεν.
(Ὀρέστης)
Ὥστ' ἐκδακρῦσαί γ' ἔνδοθεν κεχαρμένην.
(Πυλάδης)
Καὶ νῷν παρέσται ταῦθ' ἅπερ κείνῃ τότε.
(Ὀρέστης)
Ἔπειτ' ἀγῶνα πῶς ἀγωνιούμεθα;
(Πυλάδης)
(1125) Κρύπτ' ἐν πέπλοισι τοισίδ' ἕξομεν ξίφη.
(Ὀρέστης)
Πρόσθεν δ' ὀπαδῶν τίς ὄλεθρος γενήσεται;
(Πυλάδης)
Ἐκκλῄσομεν σφᾶς ἄλλον ἄλλοσε στέγης.
(Ὀρέστης)
Καὶ τόν γε μὴ σιγῶντ' ἀποκτείνειν χρεών.
(Πυλάδης)
Εἶτ' αὐτὸ δηλοῖ τοὔργον οἷ τείνειν χρεών.
(Ὀρέστης)
(1130)(Ἑλένη)ν φονεύειν· μανθάνω τὸ σύμβολον.
(Πυλάδης)
(1131) Ἔγνως· ἄκουσον δ' ὡς καλῶς βουλεύομαι.
Εἰ μὲν γὰρ ἐς γυναῖκα σωφρονεστέραν
ξίφος μεθεῖμεν, δυσκλεὴς ἂν ἦν φόνος·
νῦν δ' ὑπὲρ ἁπάσης Ἑλλάδος δώσει δίκην,
(1135) ὧν πατέρας ἔκτειν', ὧν δ' ἀπώλεσεν τέκνα,
νύμφας τ' ἔθηκεν ὀρφανὰς ξυναόρων.
Ὀλολυγμὸς ἔσται, πῦρ τ' ἀνάψουσιν θεοῖς,
σοὶ πολλὰ κἀμοὶ κέδν' ἀρώμενοι τυχεῖν,
κακῆς γυναικὸς οὕνεχ' αἷμ' ἐπράξαμεν.
(1140) Ὁ μητροφόντης δ' οὐ καλῇ ταύτην κτανών,
ἀλλ' ἀπολιπὼν τοῦτ' ἐπὶ τὸ βέλτιον πεσῇ,
Ἑλένης λεγόμενος τῆς πολυκτόνου φονεύς.
Οὐ δεῖ ποτ', οὐ δεῖ, Μενέλεων μὲν εὐτυχεῖν,
τὸν σὸν δὲ πατέρα καὶ σὲ κἀδελφὴν θανεῖν,
(1145) μητέρα τε ἐῶ τοῦτ'· οὐ γὰρ εὐπρεπὲς λέγειν
δόμους δ' ἔχειν σοὺς δι' Ἀγαμέμνονος δόρυ
λαβόντα νύμφην· μὴ γὰρ οὖν ζῴην ἔτι,
ἢν μὴ 'π' ἐκείνῃ φάσγανον σπασώμεθα.
Ἢν δ' οὖν τὸν Ἑλένης μὴ κατάσχωμεν φόνον,
| [1100] (ORESTE)
Ô mon ami, que ne puis-je mourir en voyant ce spectacle!
(PYLADE)
Crois-moi donc, et suspends le coup mortel.
(ORESTE)
Oui, je le suspendrai, si je ne puis me venger d'un ennemi.
PYLADE, bas.
Silence ! je me fie peu aux femmes.
(ORESTE)
Ne crains point celles-ci ; elles sont nos amies.
(PYLADE)
Faisons périr Hélène. Quelle amère douleur pour Ménélas !
(ORESTE)
Par quel moyen ? J'y suis prêt, si la chose est possible.
(PYLADE)
En l'égorgeant; elle est cachée dans ton palais.
(ORESTE)
Oui, elle y prend d'avance possession de son héritage.
(PYLADE)
Mais elle n'en jouira plus ; c'est Pluton qu'elle aura désormais pour époux.
(ORESTE)
Comment est-ce possible? elle a autour d'elle un cortège de barbares.
(PYLADE)
Lesquels? il n'est point de Phrygien que je puisse craindre.
(ORESTE)
Ils sont bien faits pour veiller sur des miroirs et des parfums.
(PYLADE)
Elle rapporte donc ici le luxe voluptueux de Troie ?
(ORESTE)
La Grèce est pour elle une demeure trop étroite.
(PYLADE)
(1115) L'esclave n'est rien, devant celui qui n'est point esclave.
(ORESTE)
Si l'entreprise réussit, je ne refuse point de mourir deux fois.
(PYLADE)
Ni moi, si je puis te venger.
(ORESTE)
Achève de m'expliquer ton projet.
(PYLADE)
Entrons dans le palais, comme pour nous préparer à mourir.
(ORESTE)
Bien pour ceci ; mais je ne comprends pas le reste.
(PYLADE)
Nous nous lamenterons devant elle sur notre sort.
(ORESTE)
Au point de la faire pleurer, tout en se réjouissant au fond de son cœur.
(PYLADE)
Et nous aussi à notre tour nous éprouverons les mêmes sentiments qu'elle.
(ORESTE)
Comment enfin terminerons-nous le combat ?
(PYLADE)
Nous porterons nos épées cachées sous nos vêtements.
(ORESTE)
Mais comment la frapper en présence de ses serviteurs ?
(PYLADE)
Nous les ferons sortir, et nous les disperserons çà et là dans le palais.
(ORESTE)
Celui qui refuserait de se taire, il faut le tuer.
(PYLADE)
Ensuite, les circonstances mêmes nous apprendront ce qu'il faut faire.
(ORESTE)
Mort à Hélène ! voilà le mot de ralliement.
(PYLADE)
(1131) Tu l'as dit : maintenant écoute combien mon conseil est sage. Sans doute,
si nous tournions ce fer contre une femme vertueuse, ce serait un meurtre infâme ;
mais nous vengeons ici la Grèce entière. Ceux dont Hélène a fait périr les pères, ceux
qu'elle a privés de leurs enfants, les épouses auxquelles elle a arraché leurs époux,
feront retentir des cris d'allégresse ; ils feront brûler l'encens sur les autels des dieux,
en les priant de nous combler de biens pour avoir versé le sang d'une femme perfide.
On ne t'appellera plus parricide, dès que tu l'auras immolée ; tu laisseras ce nom
odieux pour en prendre un meilleur, celui de meurtrier d'Hélène, qui fut fatale à tant de
guerriers. Non, il ne faut pas que Ménélas prospère, et que ton père, toi, ta sœur, vous
périssiez, et que ta mère... Mais je n'en parlerai pas, ce souvenir ne doit pas se
rappeler. Il ne faut pas qu'il possède ton palais, ni l'épouse qu'il doit à la valeur
d'Agamemnon. Que je cesse de vivre, si je ne la perce de ce fer ! ou, si nous ne
parvenons à frapper Hélène,
|