[50] εἰ χρὴ θανεῖν νὼ λευσίμῳ πετρώματι.
Ἢ φάσγανον θήξαντ' ἐπ' αὐχένος βαλεῖν.
(52) Ἐλπίδα δὲ δή τιν' ἔχομεν ὥστε μὴ θανεῖν·
ἥκει γὰρ ἐς γῆν Μενέλεως Τροίας ἄπο,
λιμένα δὲ Ναυπλίειον ἐκπληρῶν πλάτῃ
(55) ἀκταῖσιν ὁρμεῖ, δαρὸν ἐκ Τροίας χρόνον
ἄλαισι πλαγχθείς· τὴν δὲ δὴ πολύστονον
Ἑλένην, φυλάξας νύκτα, μή τις εἰσιδὼν
μεθ' ἡμέραν στείχουσαν, ὧν ὑπ' Ἰλίῳ
παῖδες τεθνᾶσιν, ἐς πέτρων ἔλθῃ βολάς,
(60) προύπεμψεν ἐς δῶμ' ἡμέτερον· ἔστιν δ' ἔσω
κλαίουσ' ἀδελφὴν συμφοράν τε δωμάτων.
Ἔχει δὲ δή τιν' ἀλγέων παραψυχήν·
ἣν γὰρ κατ' οἴκους ἔλιφ', ὅτ' ἐς Τροίαν ἔπλει,
παρθένον ἐμῇ τε μητρὶ παρέδωκεν τρέφειν
(65) Μενέλαος ἀγαγὼν Ἑρμιόνην Σπάρτης ἄπο,
ταύτῃ γέγηθε κἀπιλήθεται κακῶν.
Βλέπω δὲ πᾶσαν εἰς ὁδόν, πότ' ὄψομαι
Μενέλαον ἥκονθ'· ὡς τά γ' ἄλλ' ἐπ' ἀσθενοῦς
ῥώμης ὀχούμεθ', ἤν τι μὴ κείνου πάρα
(70) σωθῶμεν. Ἄπορον χρῆμα δυστυχῶν δόμος.
(Ἑλένη)
(71) Ὦ παῖ Κλυταιμήστρας τε καὶ Ἀγαμέμνονος,
παρθένε μακρὸν δὴ μῆκος Ἠλέκτρα χρόνου,
πῶς, ὦ τάλαινα, σύ τε κασίγνητός τε σὸς
τλήμων Ὀρέστης μητρὸς ὅδε φονεὺς ἔχει;
(75) Προσφθέγμασιν γὰρ οὐ μιαίνομαι σέθεν,
ἐς Φοῖβον ἀναφέρουσα τὴν ἁμαρτίαν.
Καίτοι στένω γε τὸν Κλυταιμήστρας μόρον,
ἐμῆς ἀδελφῆς, ἥν, ἐπεὶ πρὸς Ἴλιον
ἔπλευσ' ὅπως ἔπλευσα θεομανεῖ πότμῳ,
(80) οὐκ εἶδον, ἀπολειφθεῖσα δ' αἰάζω τύχας.
(Ἠλέκτρα)
(81) Ἑλένη, τί σοι λέγοιμ' ἂν ἅ γε παροῦσ' ὁρᾷς;
Ἐν συμφοραῖσι τὸν Ἀγαμέμνονος δόμον
ἐγὼ μὲν ἄυπνος πάρεδρος ἀθλίῳ νεκρῷ
νεκρὸς γὰρ οὗτος οὕνεκα σμικρᾶς πνοῆς
(85) θάσσω· τὰ τούτου δ' οὐκ ὀνειδίζω κακά.
σὺ δ' εἶ μακαρία μακάριός θ' ὁ σὸς πόσις.
ἥκετον ἐφ' ἡμᾶς ἀθλίως πεπραγότας
(Ἑλένη)
Πόσον χρόνον δ' ἐν δεμνίοις πέπτωχ' ὅδε;
(Ἠλέκτρα)
Ἐξ οὗπερ αἷμα γενέθλιον κατήνυσεν.
(Ἑλένη)
(90) Ὢ μέλεος· ἡ τεκοῦσά θ', ὡς διώλετο.
(Ἠλέκτρα)
Οὕτως ἔχει τάδ', ὥστ' ἀπείρηκεν κακοῖς.
(Ἑλένη)
Πρὸς θεῶν, πίθοι' ἂν δῆτά μοί τι, παρθένε;
(Ἠλέκτρα)
Ὡς ἄσχολός γε συγγόνου προσεδρίᾳ.
(Ἑλένη)
Βούλῃ τάφον μοι πρὸς κασιγνήτης μολεῖν;
(Ἠλέκτρα)
(95) Μητρὸς κελεύεις τῆς ἐμῆς; Τίνος χάριν;
(Ἑλένη)
Κόμης ἀπαρχὰς καὶ χοὰς φέρουσ' ἐμάς.
(Ἠλέκτρα)
Σοὶ δ' οὐχὶ θεμιτὸν πρὸς φίλων στείχειν τάφον;
(Ἑλένη)
Δεῖξαι γὰρ Ἀργείοισι σῶμ' αἰσχύνομαι.
(Ἠλέκτρα)
Ὀψέ γε φρονεῖς εὖ, τότε λιποῦσ' αἰσχρῶς δόμους.
| [50] si nous devons périr lapidés, ou si l'on doit aiguiser le fer
pour trancher nos têtes. (52) Cependant nous avons encore quelque espoir de ne pas
mourir : Ménélas revient de Troie ; son vaisseau, déjà entré dans le port de Nauplie
(02), aborde sur le rivage, après avoir erré longtemps sur les mers. Pour Hélène,
cause de tant de larmes, Ménélas a profité de la nuit pour l'envoyer dans ce palais,
craignant que ceux dont les enfants sont morts sous Ilion, la voyant reparaître pendant
le jour, ne voulussent la lapider. Elle est là, à pleurer sa sœur et les malheurs de sa
maison : elle a cependant une consolation à ses douleurs : sa fille Hermione, que
Ménélas, à son départ pour Troie, mena de Sparte en ces lieux, et qu'il confia à ma
mère pour l'élever, Hermione fait sa joie et efface le souvenir de ses maux. Je porte
mes regards sur le chemin qui conduit au palais, pour voir si Ménélas arrive ; car nous
n'avons qu'un faible secours à attendre des autres, si nous ne sommes sauvés par lui :
il n'est plus de ressources pour une maison dans l'infortune.
(HÉLÈNE)
(71) Fille d'Agamemnon et de Clytemnestre, Électre, dont les jours s'écoulent
dans un long célibat, en quel état es-tu, infortunée, toi et ton frère, le malheureux
Oreste, meurtrier de sa mère? Je ne redoute point de souillure en t'adressant la
parole; c'est sur Phébus que je rejette le crime : cependant je déplore le sort de
Clytemnestre, ma sœur. Depuis mon départ pour Troie, où me porta je ne sais quel
aveugle destin, je ne l'ai point revue, et dans l'abandon je pleure mon infortune.
(ÉLECTRE)
(81) Hélène, que pourrais-je te dire? Tu as sous les yeux les malheurs de la race
d'Agamemnon. Pour moi, privée de sommeil, je veille sur ce mort; car il est mort, à en
juger au faible souffle qui lui reste. Je n'insulte point à son malheur ; mais toi, heureuse
Hélène, et ton heureux époux, vous venez à nous dans notre misère.
(HÉLÈNE)
Depuis combien de temps ton frère est-il étendu sur ce lit de douleur?
(ÉLECTRE)
Depuis qu'il,a versé le sang dont il est né.
(HÉLÈNE)
Ô malheureux ! et sa mère, quelle fin funeste !
(ÉLECTRE)
Tel est notre sort : tant de malheurs m'ont réduite au désespoir.
(HÉLÈNE)
Au nom des dieux, veux-tu m'accorder une grâce ?
(ÉLECTRE)
Tu me vois occupée à veiller sur mon frère.
(HÉLÈNE)
Veux-tu aller pour moi au tombeau de ma sœur?
(ÉLECTRE)
Au tombeau de ma mère ! et dans quel but?
(HÉLÈNE)
Pour y porter mes cheveux en offrande, et y faire des libations en mon nom.
(ÉLECTRE)
Ne peux-tu visiter toi-même la tombe de ceux que tu aimes?
(HÉLÈNE)
Je n'ose me montrer aux Argiens.
(ÉLECTRE)
Il est tard pour être sage, après avoir honteusement abandonné ta maison.
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