HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Oreste (pièce complète)

Vers 900-949

  Vers 900-949

[900] εἴα, φυγῇ δὲ ζημιοῦντας εὐσεβεῖν.
Ἐπερρόθησαν δ' οἳ μὲν ὡς καλῶς λέγοι,
οἳ δ' οὐκ ἐπῄνουν. Κἀπὶ τῷδ' ἀνίσταται
ἀνήρ τις ἀθυρόγλωσσος, ἰσχύων θράσει,
Ἀργεῖος οὐκ Ἀργεῖος, ἠναγκασμένος,
(905) θορύβῳ τε πίσυνος κἀμαθεῖ παρρησίᾳ,
πιθανὸς ἔτ' αὐτοὺς περιβαλεῖν κακῷ τινι·
ὅταν γὰρ ἡδύς τις λόγοις φρονῶν κακῶς
πείθῃ τὸ πλῆθος, τῇ πόλει κακὸν μέγα·
ὅσοι δὲ σὺν νῷ χρηστὰ βουλεύουσ' ἀεί,
(910) κἂν μὴ παραυτίκ', αὖθίς εἰσι χρήσιμοι
πόλει. Θεᾶσθαι δ' ὧδε χρὴ τὸν προστάτην
ἰδόνθὅμοιον γὰρ τὸ χρῆμα γίγνεται
τῷ τοὺς λόγους λέγοντι καὶ τιμωμένῳ.
Ὃς εἶπ' Ὀρέστην καὶ σὲ ἀποκτεῖναι πέτροις
(915) βάλλοντας· ὑπὸ δ' ἔτεινε Τυνδάρεως λόγους
τῷ σφὼ κατακτείνοντι τοιούτους λέγειν.
Ἄλλος δ' ἀναστὰς ἔλεγε τῷδ' ἐναντία,
μορφῇ μὲν οὐκ εὐωπός, ἀνδρεῖος δ' ἀνήρ,
ὀλιγάκις ἄστυ κἀγορᾶς χραίνων κύκλον,
(920) αὐτουργός οἵπερ καὶ μόνοι σῴζουσι γῆν
ξυνετὸς δέ, χωρεῖν ὁμόσε τοῖς λόγοις θέλων,
ἀκέραιος, ἀνεπίπληκτον ἠσκηκὼς βίον·
ὃς εἶπ' Ὀρέστην παῖδα τὸν Ἀγαμέμνονος
στεφανοῦν, ὃς ἠθέλησε τιμωρεῖν πατρί,
(925) κακὴν γυναῖκα κἄθεον κατακτανών,
κεῖν' ἀφῄρει, μήθ' ὁπλίζεσθαι χέρα
μήτε στρατεύειν ἐκλιπόντα δώματα,
εἰ τἄνδον οἰκουρήμαθ' οἱ λελειμμένοι
φθείρουσιν, ἀνδρῶν εὔνιδας λωβώμενοι.
(930) Καὶ τοῖς γε χρηστοῖς εὖ λέγειν ἐφαίνετο.
(931) Κοὐδεὶς ἔτ' εἶπε. Σὸς δ' ἐπῆλθε σύγγονος,
ἔλεξε δ γῆν Ἰνάχου κεκτημένοι,
πάλαι Πελασγοί, Δαναί̈δαι δεύτερον,
ὑμῖν ἀμύνων οὐδὲν ἧσσον πατρὶ
(935) ἔκτεινα μητέρ'. Εἰ γὰρ ἀρσένων φόνος
ἔσται γυναιξὶν ὅσιος, οὐ φθάνοιτ' ἔτ' ἂν
θνῄσκοντες, γυναιξὶ δουλεύειν χρεών·
τοὐναντίον δὲ δράσετ' δρᾶσαι χρεών.
Νῦν μὲν γὰρ προδοῦσα λέκτρ' ἐμοῦ πατρὸς
(940) τέθνηκεν· εἰ δὲ δὴ κατακτενεῖτ' ἐμέ,
νόμος ἀνεῖται, κοὐ φθάνοι θνῄσκων τις ἄν·
ὡς τῆς γε τόλμης οὐ σπάνις γενήσεται.
Ἀλλ' οὐκ ἔπειθ' ὅμιλον, εὖ δοκῶν λέγειν.
Νικᾷ δ' ἐκεῖνος κακὸς ἐν πλήθει λέγων,
(945) ὃς ἠγόρευσε σύγγονον σέ τε κτανεῖν.
Μόλις δ' ἔπεισε μὴ πετρουμένους θανεῖν
τλήμων(Ὀρέστηςαὐτόχειρι δὲ σφαγῇ
ὑπέσχετ' ἐν τῇδ' ἡμέρᾳ λείψειν βίον
σὺν σοί. Πορεύει δ' αὐτὸν ἐκκλήτων ἄπο
[900] mais que la peine de l'exil satisferait à la piété. Aussitôt un bruit confus s'élève dans l'assemblée ; les uns applaudissent à son discours, les autres le désapprouvent. Après lui se lève un homme à la langue infatigable, fort de son audace, Argien sans être d'Argos, citoyen intrus, qui triomphe dans le tumulte par l'aplomb de l'ignorance, et capable d'entraîner les citoyens dans de funestes résolutions. Car lorsqu'un orateur éloquent, mais anime d'un mauvais esprit, dirige la multitude, c'est un grand malheur pour l'état : mais ceux qui donnent, toujours des avis sages et prudents, s'ils échouent momentanément, n'en sont pas moins utiles plus tard. Telles sont les vues qui doivent guider le chef du peuple : car la position est tout à fait semblable et pour l'orateur, et pour celui qui gouverne. Son avis a été de te lapider ainsi qu'Oreste: Tyndare suggérait ces raisonnements à celui qui demandait votre mort. Un autre s'est levé pour combattre son avis : son extérieur n'a rien d'agréable, mais c'est un homme de cœur, fréquentant rarement la ville et l'assemblée ; il cultive son champ de ses propres mains (voilà ceux qui sauvent la patrie) ; plein de sens, et allant droit au but dans ses discours, de mœurs pures, irréprochable dans sa vie. Il a dit que le fils d'Agamemnon méritait une couronne pour avoir osé venger son père, et tuer une femme coupable et impie, dont le crime empêcherait désormais de prendre les armes, et de quitter ses foyers pour aller combattre, si ceux qui restent corrompent la vertu des femmes et souillent la couche des époux. Tous les gens de bien applaudirent à ce discours, et personne ne parla après lui. Mais ton frère survient, et dit : (931) « Ô vous, habitants de la terre d'Inachus, autrefois Pélasges, puis enfants de Danaüs, c'est pour vous venger, aussi bien que mon père, que j'ai tué ma mère. Car si on permet aux femmes le meurtre de leurs maris, une mort précoce vous frappera, ou il vous faudra être esclaves de vos femmes ; et vous ferez le contraire de ce qu'il faut faire. Maintenant celle qui a trahi la foi qu'elle devait à mon père est morte : si vous me faites mourir, la loi n'a plus de force, et nul n'échappera à la mort. On verra se multiplier les attentats de ce genre. » — Mais il ne persuada pas l'assemblée, malgré l'éloquence de ses paroles ; et la victoire resta au méchant orateur qui avait ouvert l'avis de vous condamner à mort, toi et ton frère. A peine le malheureux Oreste a-t-il obtenu qu'on vous épargnât le supplice de la lapidation ; il a promis de s'ôter la vie de sa propre main ce jour même, et que tu en ferais autant.


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Dernière mise à jour : 10/01/2008