[650] τῆς σῆς γυναικὸς ἀδικίαν τ' ἰώμενος.
Ἓν μὲν τόδ' ἡμῖν ἀνθ' ἑνὸς δοῦναί σε χρή.
Ἀπέδοτο δ', ὡς χρὴ τοῖς φίλοισι τοὺς φίλους,
τὸ σῶμ' ἀληθῶς, σοὶ παρ' ἀσπίδ' ἐκπονῶν,
ὅπως σὺ τὴν σὴν ἀπολάβοις ξυνάορον.
(655) Ἀπότεισον οὖν μοι ταὐτὸ τοῦτ' ἐκεῖ λαβών,
μίαν πονήσας ἡμέραν, ἡμῶν ὕπερ
σωτήριος στάς, μὴ δέκ' ἐκπλήσας ἔτη.
Ἃ δ' Αὐλὶς ἔλαβε σφάγι' ἐμῆς ὁμοσπόρου,
ἐῶ σ' ἔχειν ταῦθ'· Ἑρμιόνην μὴ κτεῖνε σύ.
(660) Δεῖ γὰρ σ' ἐμοῦ πράσσοντος ὡς πράσσω τὰ νῦν
πλέον φέρεσθαι, κἀμὲ συγγνώμην ἔχειν.
Ψυχὴν δ' ἐμὴν δὸς τῷ ταλαιπώρῳ πατρὶ
κἀμῆς ἀδελφῆς, παρθένου μακρὸν χρόνον·
θανὼν γὰρ οἶκον ὀρφανὸν λείψω πατρός.
(665) Ἐρεῖς· ἀδύνατον. Αὐτὸ τοῦτο· τοὺς φίλους
ἐν τοῖς κακοῖς χρὴ τοῖς φίλοισιν ὠφελεῖν·
ὅταν δ' ὁ δαίμων εὖ διδῷ, τί δεῖ φίλων;
Ἀρκεῖ γὰρ αὐτὸς ὁ θεὸς ὠφελεῖν θέλων.
Φιλεῖν δάμαρτα πᾶσιν Ἕλλησιν δοκεῖς·
(670) κοὐχ ὑποτρέχων σε τοῦτο θωπείᾳ λέγω·
ταύτης ἱκνοῦμαί σ' ὦ μέλεος ἐμῶν κακῶν,
ἐς οἷον ἥκω. Τί δέ; Ταλαιπωρεῖν με δεῖ·
ὑπὲρ γὰρ οἴκου παντὸς ἱκετεύω τάδε.
Ὦ πατρὸς ὅμαιμε θεῖε, τὸν κατὰ χθονὸς
(675) θανόντ' ἀκούειν τάδε δόκει, ποτωμένην
ψυχὴν ὑπὲρ σοῦ, καὶ λέγειν ἃ ἐγὼ λέγω,
ταὔτ' ἔς τε δάκρυα καὶ γόους καὶ συμφοράς.
Εἴρηκα κἀπῄτηκα τὴν σωτηρίαν,
θηρῶν ὃ πάντες κοὐκ ἐγὼ ζητῶ μόνος.
(Χορός)
(680) Κἀγώ σ' ἱκνοῦμαι καὶ γυνή περ οὖσ' ὅμως
τοῖς δεομένοισιν ὠφελεῖν· οἷός τε δ' εἶ.
(Μενέλαος)
(682) Ὀρέστ', ἐγώ τοι σὸν καταιδοῦμαι κάρα
καὶ ξυμπονῆσαι σοῖς κακοῖσι βούλομαι·
καὶ χρὴ γὰρ οὕτω τῶν ὁμαιμόνων κακὰ
(685) ξυνεκκομίζειν, δύναμιν ἢν διδῷ θεός,
θνῄσκοντα καὶ κτείνοντα τοὺς ἐναντίους·
τὸ δ' αὖ δύνασθαι πρὸς θεῶν χρῄζω τυχεῖν.
Ἥκω γὰρ ἀνδρῶν συμμάχων κενὸν δόρυ
ἔχων, πόνοισι μυρίοις ἀλώμενος,
(690) σμικρᾷ σὺν ἀλκῇ τῶν λελειμμένων φίλων.
Μάχῃ μὲν οὖν ἂν οὐχ ὑπερβαλοίμεθα
Πελασγὸν Ἄργος· εἰ δὲ μαλθακοῖς λόγοις
δυναίμεθ', ἐνταῦθ' ἐλπίδος προσήκομεν.
Σμικροῖσι μὲν γὰρ μεγάλα πῶς ἕλοι τις ἄν;
(695) Πόνοισιν; Ἀμαθὲς καὶ τὸ βούλεσθαι τάδε.
Ὅταν γὰρ ἡβᾷ δῆμος εἰς ὀργὴν πεσών,
ὅμοιον ὥστε πῦρ κατασβέσαι λάβρον·
Εἰ δ' ἡσύχως τις αὑτὸν ἐντείνοντι μὲν
χαλῶν ὑπείκοι καιρὸν εὐλαβούμενος,
| [650] mais pour réparer la faute et l'injustice de ton épouse.
C'est un service que tu dois me rendre, en échange d'un autre service.
Il a réellement exposé sa vie pour toi, comme un ami doit le faire pour
ses amis, affrontant les hasards des combats, afin de te faire rendre ton épouse.
Rends-moi donc ce que tu as reçu de lui ; affronte un seul jour de peine pour me
sauver, et non dix ans de fatigues. Quant au sacrifice de ma sœur en Aulide (34), je ne
t'en parle pas; n'immole point Hermione ; car, dans l'état misérable où je suis réduit, tu
dois prétendre plus que moi, et je dois me montrer moins exigeant : mais accorde à
mon malheureux père ma vie et celle de ma sœur, dont les jours se passent dans un
long célibat. En mourant, je laisserai la maison de mon père sans postérité. Diras-tu
que ce que je demande est impossible ? C'est précisément dans l'adversité que les
amis doivent secourir leurs amis. Quand les dieux nous sont favorables, qu'est-il
besoin d'amis? La Divinité suffit, lorsqu'elle veut nous protéger. Tu passes aux yeux
des Grecs pour chérir ton épouse : ce n'est pas par une basse flatterie que je te parle
ainsi ; c'est en son nom que je te conjure... Ah ! malheureux! à quoi suis-je réduit?
Mais quoi! il faut me résigner à souffrir; car c'est pour ma famille entière que je
fais ces supplications. Frère de mon père, oncle chéri, songe que du fond des enfers
celui qui n'est plus nous écoute ; son ombre vole autour de toi, et parle par ma bouche.
Voilà ce que j'avais à te dire, au milieu des larmes, des sanglots et des calamités; je
demande la vie, ce que tous les êtres cherchent ainsi que moi.
(LE CHOEUR)
Moi aussi, quoique je sois une femme, je te supplie de secourir ceux qui sont
dans la détresse ; car tu le peux.
(MÉNÉLAS)
(682) Oreste, je respecte ta personne, et je veux t'aider dans ton infortune. Il
convient, en effet, si les dieux nous en donnent la force, de partager les souffrances de
nos proches, même au péril de notre vie, et en faisant périr leurs ennemis ; mais le
pouvoir de Ie faire, c'est aux dieux que je le demande; car j'arrive sans escorte, n'ayant
que ma lance, après avoir péniblement erré sur les mers, et avec une faible troupe
d'amis échappés aux dangers. Nous ne pourrions donc triompher des Argiens les
armes à la main ; mais que nous le puissions par la persuasion, c'est là tout mon
espoir. Comment, avec de faibles moyens, vaincre une grande puissance? C'est folie
même de le vouloir. Quand le peuple s'émeut et s'abandonne à la colère, c'est un feu
véhément qu'en vain l'on s'efforce d'éteindre ; mais si l'on cède à son ardeur avec
complaisance, en attendant l'occasion, peut-être tout son feu tombera ;
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