[3] Scène III - vers 96-130
(ΜΗΔΕΙΑ) <ἔνδοθεν>
ἰώ͵ δύστανος ἐγὼ μελέα τε πόνων͵
ἰώ μοί μοι͵ πῶς ἂν ὀλοίμαν;
(ΤΡΟΦΟΣ) τόδ΄ ἐκεῖνο͵ φίλοι παῖδες· μήτηρ
κινεῖ κραδίαν͵ κινεῖ δὲ χόλον.
100 σπεύσατε θᾶσσον δώματος εἴσω
καὶ μὴ πελάσητ΄ ὄμματος ἐγγύς͵
μηδὲ προσέλθητ΄͵ ἀλλὰ φυλάσσεσθ΄
ἄγριον ἦθος στυγεράν τε φύσιν
φρενὸς αὐθάδους.—
ἴτε νῦν͵ χωρεῖθ΄ ὡς τάχος εἴσω.—
δῆλον δ΄ ἀρχῆς ἐξαιρόμενον
νέφος οἰμωγῆς ὡς τάχ΄ ἀνάψει
μείζονι θυμῷ· τί ποτ΄ ἐργάσεται
μεγαλόσπλαγχνος δυσκατάπαυστος
110 ψυχὴ δηχθεῖσα κακοῖσιν;
(ΜΗΔΕΙΑ) αἰαῖ͵
ἔπαθον τλάμων ἔπαθον μεγάλων
ἄξι΄ ὀδυρμῶν· ὦ κατάρατοι
παῖδες ὄλοισθε στυγερᾶς ματρὸς
σὺν πατρί͵ καὶ πᾶς δόμος ἔρροι.
(ΤΡΟΦΟΣ) ἰώ μοί μοι͵ ἰὼ τλήμων.
τί δέ σοι παῖδες πατρὸς ἀμπλακίας
μετέχουσι; τί τούσδ΄ ἔχθεις; οἴμοι͵
τέκνα͵ μή τι πάθηθ΄ ὡς ὑπεραλγῶ.
δεινὰ τυράννων λήματα καί πως
120 ὀλίγ΄ ἀρχόμενοι͵ πολλὰ κρατοῦντες
χαλεπῶς ὀργὰς μεταβάλλουσιν.
τὸ γὰρ εἰθίσθαι ζῆν ἐπ΄ ἴσοισιν
κρεῖσσον· ἐμοὶ γοῦν ἐν μὴ μεγάλοις
ὀχυρῶς γ΄ εἴη καταγηράσκειν.
τῶν γὰρ μετρίων πρῶτα μὲν εἰπεῖν
τοὔνομα νικᾷ͵ χρῆσθαί τε μακρῷ
λῷστα βροτοῖσιν· τὰ δ΄ ὑπερβάλλοντ΄
οὐδένα καιρὸν δύναται θνητοῖς·
μείζους δ΄ ἄτας͵ ὅταν ὀργισθῇ
130 δαίμων οἴκοις͵ ἀπέδωκεν.
| [3] Scène III – vers 96-130
MÉDÉE (96-97) (se répandant de l'intérieur en longs cris plaintifs)
Iô!
Malheureuse que je suis! Pitié! Je souffre!
Iô!
À moi, à moi! Comme je voudrais mourir!
NOURRICE (98-110) (Visiblement troublée)
C'est comme cela, mes chers enfants. Votre mère
Excite son coeur, elle excite sa colère.
(Indécis, le précepteur et les enfants restent sur place)
Mais dépêchez-vous! Plus vite! Entrez dans la maison!
N'approchez pas son regard,
N'allez pas au-devant d'elle, mais protégez-vous
De sa cruauté et de son odieuse
Arrogance.
(Même jeu du précepteur et des enfants)
Allez-y maintenant, entrez au plus vite!
(Ils entrent dans la maison)
C'est évident! Cette nuée de lamentations
Qui commence à s'élever culminera bientôt
Dans trop de fougue. Comment agira jamais
Une âme écrasante et inapaisable
Qui se sent mordue par les malheurs?
MÉDÉE (111-114)
Aiaî!
J'ai subi, infortunée, subi de quoi haut
Et fort me lamenter. Ô enfants
Maudits d'une mère odieuse, si vous pouviez périr
Avec votre père et toute sa maison aller à sa perte...
LA NOURRICE (115-130) (En plein désarroi)
Iô!
Mais qu'est-ce qui m'arrive? Qu'est-ce qui me tombe dessus?
Pourquoi pour toi ces enfants sont-ils aussi fautifs
Que leur père? Oui, eux! Pourquoi les traites-tu comme des ennemis?
Oimoi!
Mes petits, que j'ai du chagrin rien qu'à l'idée qu'il vous arrive quelque
chose!
(Se calmant et reprenant ses esprits)
(119-130) Redoutable est la volonté des tyrans.
Ils ne subissent guère d'injonctions, en imposent beaucoup.
Difficilement ils laissent passer leurs emportements.
Mieux vaut être formé à passer sa vie sur pied
D'égalité. Moi, du moins, pourvu que j'arrive sereinement au terme de la
vieillesse!
Tant pis pour les grandeurs!
Si reconnaître le juste milieu
Vaut un premier prix, le rechercher
Est de loin le meilleur pour les humains. L'excès
N'est jamais opportun pour les mortels.
De trop grandes malédictions, voilà ce qu'attire
Un dieu lorsqu'il s'en prend à une famille.
(Le choeur formé de femmes de Corinthe entre en scène)
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