[2] Scène II - vers 49-95
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ)
παλαιὸν οἴκων κτῆμα δεσποίνης ἐμῆς͵
50 τί πρὸς πύλαισι τήνδ΄ ἄγουσ΄ ἐρημίαν
ἕστηκας͵ αὐτὴ θρεομένη σαυτῇ κακά;
πῶς σοῦ μόνη Μήδεια λείπεσθαι θέλει;
(ΤΡΟΦΟΣ) τέκνων ὀπαδὲ πρέσβυ τῶν Ἰάσονος͵
χρηστοῖσι δούλοις ξυμφορὰ τὰ δεσποτῶν
κακῶς πίτνοντα͵ καὶ φρενῶν ἀνθάπτεται.
ἐγὼ γὰρ ἐς τοῦτ΄ ἐκβέβηκ΄ ἀλγηδόνος͵
ὥσθ΄ ἵμερός μ΄ ὑπῆλθε γῇ τε κοὐρανῷ
λέξαι μολούσῃ δεῦρο δεσποίνης τύχας.
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) οὔπω γὰρ ἡ τάλαινα παύεται γόων;
60 (ΤΡΟΦΟΣ) ζηλῶ σ΄· ἐν ἀρχῇ πῆμα κοὐδέπω μεσοῖ.
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) ὦ μῶρος—εἰ χρὴ δεσπότας εἰπεῖν τόδε·
ὡς οὐδὲν οἶδε τῶν νεωτέρων κακῶν.
(ΤΡΟΦΟΣ) τί δ΄ ἔστιν͵ ὦ γεραιέ; μὴ φθόνει φράσαι.
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) οὐδέν· μετέγνων καὶ τὰ πρόσθ΄ εἰρημένα.
(ΤΡΟΦΟΣ) μή͵ πρὸς γενείου͵ κρύπτε σύνδουλον σέθεν·
σιγὴν γάρ͵ εἰ χρή͵ τῶνδε θήσομαι πέρι.
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) ἤκουσά του λέγοντος͵ οὐ δοκῶν κλύειν͵
πεσσοὺς προσελθών͵ ἔνθα δὴ παλαίτατοι
θάσσουσι͵ σεμνὸν ἀμφὶ Πειρήνης ὕδωρ͵
70 ὡς τούσδε παῖδας γῆς ἐλᾶν Κορινθίας
σὺν μητρὶ μέλλοι τῆσδε κοίρανος χθονὸς
Κρέων. ὁ μέντοι μῦθος εἰ σαφὴς ὅδε
οὐκ οἶδα· βουλοίμην δ΄ ἂν οὐκ εἶναι τόδε.
(ΤΡΟΦΟΣ) καὶ ταῦτ΄ Ἰάσων παῖδας ἐξανέξεται
πάσχοντας͵ εἰ καὶ μητρὶ διαφορὰν ἔχει;
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) παλαιὰ καινῶν λείπεται κηδευμάτων͵
κοὐκ ἔστ΄ ἐκεῖνος τοῖσδε δώμασιν φίλος.
(ΤΡΟΦΟΣ) ἀπωλόμεσθ΄ ἄρ΄͵ εἰ κακὸν προσοίσομεν
νέον παλαιῷ͵ πρὶν τόδ΄ ἐξηντληκέναι.
80 (ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) ἀτὰρ σύ γ΄—οὐ γὰρ καιρὸς εἰδέναι τόδε
δέσποιναν—ἡσύχαζε καὶ σίγα λόγον.
(ΤΡΟΦΟΣ) ὦ τέκν΄͵ ἀκούεθ΄ οἷος εἰς ὑμᾶς πατήρ;
ὄλοιτο μὲν μή· δεσπότης γάρ ἐστ΄ ἐμός·
ἀτὰρ κακός γ΄ ὢν ἐς φίλους ἁλίσκεται.
(ΠΑΙΔΑΓΩΓΟΣ) τίς δ΄ οὐχὶ θνητῶν; ἄρτι γιγνώσκεις τόδε͵
ὡς πᾶς τις αὑτὸν τοῦ πέλας μᾶλλον φιλεῖ͵
οἳ μὲν δικαίως͵ οἳ δὲ καὶ κέρδους χάριν͵
εἰ τούσδε γ΄ εὐνῆς οὕνεκ΄ οὐ στέργει πατήρ.
(ΤΡΟΦΟΣ) ἴτ΄—εὖ γὰρ ἔσται—δωμάτων ἔσω͵ τέκνα.
90 σὺ δ΄ ὡς μάλιστα τούσδ΄ ἐρημώσας ἔχε
καὶ μὴ πέλαζε μητρὶ δυσθυμουμένῃ.
ἤδη γὰρ εἶδον ὄμμα νιν ταυρουμένην
τοῖσδ΄͵ ὥς τι δρασείουσαν· οὐδὲ παύσεται
χόλου͵ σάφ΄ οἶδα͵ πρὶν κατασκῆψαί τινα . . .
ἐχθρούς γε μέντοι͵ μὴ φίλους͵ δράσειέ τι.
| [2] Scène II - vers 49-95
PRÉCEPTEUR (49-52) (Méprisant)
Espèce de vieillerie de la maison de ma maîtresse, pourquoi te tiens-tu
toute seule devant les portes en te lamentant rien que pour toi sur ce qui
va mal. Comment Médée tolère-t-elle que tu la laisses seule sans toi?
NOURRICE (53-58) (Servile et plaintive)
Vénérable compagnon des petits de Jason, pour de bons esclaves, tout ce
qui va mal pour leurs maîtres est un malheur et cela les prend au coeur.
Car moi je me suis fait tant de chagrin que l'envie m'a prise de venir ici
confier à la terre et au ciel les infortunes de ma maîtresse.
PRÉCEPTEUR (59)
Encore! La malheureuse n'arrête donc pas de se lamenter?
NOURRICE (60)
Je voudrais être à ta place! L'épreuve ne fait que commencer et elle n'est
pas à mi-chemin!
PRÉCEPTEUR (61-62)
La folle que voilà - s'il faut ainsi parler de nos maîtres!...
(Faisant l'intéressant)
Et dire qu'elle ne sait rien de ses derniers malheurs!
NOURRICE (63)
Qu'est-ce qui se passe, vieillard? Tu ne vas pas refuser de parler!
PRÉCEPTEUR (64)
Rien!
(En aparté)
Qu'est-ce je regrette ce que je viens de dire!
NOURRICE (65-66) (lui touchant le menton en signe de supplication)
Non! Par ton menton, ne cache rien à ta compagne d'esclavage. Car je ne
dirai rien de tout cela.
PRÉCEPTEUR (67-73)
J'ai entendu quelqu'un qui disait... Mais je faisais semblant de ne pas
entendre, alors que je m'approchais de joueurs de dés, là, tu sais, où les
très vieux vont s'asseoir près de l'auguste fontaine de Pirène - Eh bien!
Quelqu'un qui disait que les enfants avec leur mère... que Créon, le tyran
de ce pays allait les chasser de la terre de Corinthe. Tout de même, est-ce
que cette histoire est exacte?... Je n'en sais rien. Je voudrais qu'il n'en
soit pas ainsi.
NOURRICE (74-75)
Et lui, Jason, il supportera que ses enfants subissent cela, même s'il a un
différend avec leur mère?
PRÉCEPTEUR (76-77) (Sur le ton de l'évidence)
Les anciennes alliances sont délaissées au profit de nouvelles et cet
homme-là n'est pas bien disposé envers notre maison.
NOURRICE (78-75)
C'en est fait de nous, si nous ajoutons un nouveau malheur à l'ancien,
avant même d'en avoir vu la fin!
PRÉCEPTEUR (80- 81)
Toi au moins... Ce n'est pas le moment que la dame sache cela... Tiens-toi
tranquille et pas un mot de cela!
NOURRICE (82-84) (S'adressant aux enfants)
Ô mes petits, vous entendez comment il est avec vous, votre père? S'il
pouvait mourir!... Non, quand même! C'est que c'est mon maître.
Pourtant on le surprend d'être mauvais envers ceux qui l'aiment.
PRÉCEPTEUR (85-88) (Sentencieux)
Pour qui n'est-ce pas le cas? Viendrais-tu d'apprendre que toute personne
se préfère à son prochain, maintenant que leur père, à cause d'un lit
nuptial, ne les chérit plus ?
NOURRICE (89-95) (Se ravisant pour s'adresser aux enfants)
Allez-y - oui, tout ira bien -, entrez dans la maison, les petits!
(Intrigués, les enfants continuent à attendre, sans que la nourrice ne s'en
rende compte. Elle s'adresse au précepteur)
Toi, le plus possible, tiens-les à l'écart et ne les laisse pas s'approcher de
leur mère affligée. Car, déjà, je l'ai vue leur lancer un regard farouche,
comme si elle avait envie de faire quelque chose. Elle ne décolérera pas,
je le sais bien, avant de se jeter sur quelqu'un. Pourvu quand même
qu'elle s'en prenne à des ennemis et non pas à des êtres chers!
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