[750] σημήνατ´· εἰ γὰρ ἀγαθά μοι μηνύσετε,
751 οὐκ εἰς ἀπίστους δεσπότας βαλεῖς χάριν.
752 (ΧΟΡΟΣ) ἰὼ δαῖμον.
753 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τὸ φροίμιον μὲν τῶν λόγων οὐκ εὐτυχές.
754 (ΧΟΡΟΣ) ἰὼ τλᾶμον.
755 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀλλ´ ἦ τι θεσφάτοισι δεσποτῶν νοσεῖ;
756 (ΧΟΡΟΣ) αἰαῖ· τί δρῶμεν θάνατος ὧν κεῖται πέρι;
757 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τίς ἥδε μοῦσα χὠ φόβος τίνων πέρι;
758 (ΧΟΡΟΣ) εἴπωμεν ἢ σιγῶμεν ἢ τί δράσομεν;
759 (ΚΡΕΟΥΣΑ) εἴφ´· ὡς ἔχεις γε συμφοράν τιν´ εἰς ἐμέ.
760 (ΧΟΡΟΣ) εἰρήσεταί τοι, κεἰ θανεῖν μέλλω διπλῆι.
761 οὐκ ἔστι σοι, δέσποιν´, ἐπ´ ἀγκάλαις λαβεῖν
762 τέκν´ οὐδὲ μαστῶι σῶι προσαρμόσαι ποτέ.
763 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὤμοι θάνοιμι.
763b (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) θύγατερ. (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὦ τάλαιν´
764 ἐγὼ συμφορᾶς, ἔλαβον ἔπαθον ἄχος
764 ἀβίοτον, φίλαι.
765 διοιχόμεσθα. (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) τέκνον.
766 (ΚΡΕΟΥΣΑ) αἰαῖ αἰαῖ·
767 διανταῖος ἔτυπεν ὀδύνα με πλευμόνων
768 τῶνδ´ ἔσω.
769 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) μήπω στενάξηις (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀλλὰ πάρεισι γόοι.
770 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) πρὶν ἂν μάθωμεν (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀγγελίαν τίνα μοι;
771 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) εἰ ταὐτὰ πράσσων δεσπότης τῆς συμφορᾶς
772 κοινωνός ἐστιν ἢ μόνη σὺ δυστυχεῖς.
773 (ΧΟΡΟΣ) κείνωι μέν, ὦ γεραιέ, παῖδα Λοξίας
775 ἔδωκεν, ἰδίαι δ´ εὐτυχεῖ ταύτης δίχα.
776 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τόδ´ ἐπὶ τῶιδε κακὸν ἄκρον ἔλακες ἔλακες
777 ἄχος ἐμοὶ στένειν.
778 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) πότερα δὲ φῦναι δεῖ γυναικὸς ἔκ τινος
779 τὸν παῖδ´ ὃν εἶπας ἢ γεγῶτ´ ἐθέσπισεν;
780 (ΧΟΡΟΣ) ἤδη πεφυκότ´ ἐκτελῆ νεανίαν
781 δίδωσιν αὐτῶι Λοξίας· παρῆ δ´ ἐγώ.
783 (ΚΡΕΟΥΣΑ) πῶς φήις; ἄφατον ἄφατον ἀναύδητον
784 λόγον ἐμοὶ θροεῖς.
785 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) κἄμοιγε. πῶς δ´ ὁ χρησμὸς ἐκπεραίνεται
786 σαφέστερόν μοι φράζε χὤστις ἔσθ´ ὁ παῖς.
787 (ΧΟΡΟΣ) ὅτωι ξυναντήσειεν ἐκ θεοῦ συθεὶς
788 πρώτωι πόσις σός, παῖδ´ ἔδωκ´ αὐτῶι θεός.
790 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὀτοτοτοῖ· τὸν ἐμὸν ἄτεκνον ἄτεκνον ἔλακ´
791 ἄρα βίοτον, ἐρημίαι δ´ ὀρφανοὺς
791 δόμους οἰκήσω.
792 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) τίς οὖν ἐχρήσθη; τῶι συνῆψ´ ἴχνος ποδὸς
793 πόσις ταλαίνης; πῶς δὲ ποῦ νιν εἰσιδών;
794 (ΧΟΡΟΣ) οἶσθ´, ὦ φίλη δέσποινα, τὸν νεανίαν
795 ὃς τόνδ´ ἔσαιρε ναόν; οὗτός ἐσθ´ ὁ παῖς.
796 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀν´ ὑγρὸν ἀμπταίην αἰθέρα πόρσω γαίας
798 Ἑλλανίας ἀστέρας ἑσπέρους,
799 οἷον οἷον ἄλγος ἔπαθον, φίλαι.
| [750] Dites-le-moi ; si vous m'annoncez une heureuse nouvelle, vous n'obligerez pas une maîtresse ingrate.
LE CHOEUR.
O destinée !
CRÉUSE.
Voilà un début de mauvais augure.
LE CHOEUR.
O malheureuse ! je me tourmente moi-même des oracles annoncés à mes maîtres. Hélas ! que faire ? m'exposerai-je à la mort ?
CRÉUSE.
Quel est donc ce langage? d'où peuvent naître ces craintes ?
LE CHOEUR.
Dois-je parler ou me taire ? que faut-il faire ?
CRÉUSE.
Parle : tu as quelque malheur à m'annoncer.
LE CHOEUR.
Je parlerai, dussé-je encourir deux fois la mort. N'espère plus, ô ma maîtresse, porter jamais des enfants chéris entre tes bras, ou les nourrir de ton lait.
CRÉUSE.
Hélas ! puissé-je mourir !
LE VIEILLARD.
O ma fille !
CRÉUSE.
Ah! malheureuse! ma vie n'est qu'une suite de douleurs, de souffrances intolérables. O mes amies, je suis perdue.
LE VIEILLARD.
O mon enfant!
CRÉUSE.
Ah ! hélas! la douleur pénètre jusque dans mes entrailles.
LE VIEILLARD.
Ne te livre pas encore à l'affliction,
CRÉUSE.
Mais le malheur est là.
LE VIEILLARD.
770 Avant que nous sachions
CRÉUSE.
Que puis-je apprendre ?
LE VIEILLARD.
Si ton époux partage ton infortune, ou si tu es seule à plaindre.
LE CHOEUR.
O vieillard, Apollon lui a donné un fils, il est heureux, lui seul et sans elle.
CRÉUSE.
Ah ! ces mots mettent le comble à ma douleur et me préparent d'éternels gémissements.
LE VIEILLARD.
Ce fils dont tu parles, est-il encore à naître, ou est-il déjà né ?
LE CHOEUR.
Il est déjà né, c'est un jeune homme déjà grand qu'Apollon lui a donné : je l'ai vu.
CRÉUSE.
Que dis-tu? C'est une chose incroyable, inouïe, que tu me racontes !
LE VIEILLARD.
J'en juge de même.
CRÉUSE.
785 Mais quelle est la fin de cet oracle? explique-le-moi plus clairement : quel est ce fils ?
LE CHOEUR.
Le dieu a donné pour fils à ton époux celui qu'il rencontrerait le premier au sortir du temple.
CRÉUSE.
Hélas ! hélas ! et moi je serai privée à jamais du nom de mère, ma vie sera en proie à la malédiction. Je vivrai solitaire au sein d'une maison déserte. Mais quel est donc celui que l'oracle a désigné? quel est celui que mon époux a rencontré? Comment, en quel lieu s'est -il offert à sa vue ?
LE CHOEUR.
O ma maîtresse, tu connais ce jeune homme qui balayait le temple, c'est cet enfant.
CRÉUSE.
Oh ! puissé-je m'envoler à travers l'air humide, loin de la Grèce, et jusqu'aux astres du couchant, pour y cacher ma honte et ma douleur !
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