[300] σοφοῖσι δ᾽ εἴκειν καὶ τεθραμμένοις καλῶς:
ῥᾷον γὰρ αἰδοῦς ὑπολαβὼν φίλ᾽ ἂν τέμοις.
ἤδη δ᾽ ἐσῆλθέ μ᾽ εἰ παραιτησαίμεθα
φυγὰς τέκνων τῶνδ᾽: ἀλλὰ καὶ τόδ᾽ ἄθλιον,
πενίᾳ σὺν οἰκτρᾷ περιβαλεῖν σωτηρίαν:
305 ὡς τὰ ξένων πρόσωπα φεύγουσιν φίλοις
ἓν ἦμαρ ἡδὺ βλέμμ᾽ ἔχειν φασὶν μόνον.
τόλμα μεθ᾽ ἡμῶν θάνατον, ὃς μένει ς᾽ ὅμως.
προκαλούμεθ᾽ εὐγένειαν, ὦ γέρον, σέθεν:
τὰς τῶν θεῶν γὰρ ὅστις ἐκμοχθεῖ τύχας,
310 πρόθυμός ἐστιν, ἡ προθυμία δ᾽ ἄφρων:
ὃ χρὴ γὰρ οὐδεὶς μὴ χρεὼν θήσει ποτέ.
(Χορός)
εἰ μὲν σθενόντων τῶν ἐμῶν βραχιόνων
ἦν τίς ς᾽ ὑβρίζων, ῥᾳδίως ἐπαύσατ᾽ ἄν:
νῦν δ᾽ οὐδέν ἐσμεν. σὸν δὲ τοὐντεῦθεν σκοπεῖν
315 ὅπως διώσῃ τὰς τύχας, ᾿Αμφιτρύων.
(᾿Αμφιτρύων)
Οὔτοι τὸ δειλὸν οὐδὲ τοῦ βίου πόθος
θανεῖν ἐρύκει μ', ἀλλὰ παιδὶ βούλομαι
σῷσαι τέκν'· ἄλλως δ' ἀδυνάτων ἔοικ' ἐρᾶν.
Ἰδοὺ πάρεστιν ἥδε φασγάνῳ δέρη
320 κεντεῖν φονεύειν, ἱέναι πέτρας ἄπο.
Μίαν δὲ νῷν δὸς χάριν, ἄναξ, ἱκνούμεθα·
κτεῖνόν με καὶ τήνδ' ἀθλίαν παίδων πάρος,
ὡς μὴ τέκν' εἰσίδωμεν, ἀνόσιον θέαν,
ψυχορραγοῦντα καὶ καλοῦντα μητέρα
325 πατρός τε πατέρα. Τἄλλα δ', εἰ πρόθυμος εἶ,
πρᾶσσ'· οὐ γὰρ ἀλκὴν ἔχομεν ὥστε μὴ θανεῖν.
(Μεγάρα)
Κἀγώ σ' ἱκνοῦμαι χάριτι προσθεῖναι χάριν,
<ἡμῖν> ἵν' ἀμφοῖν εἷς ὑπουργήσῃς διπλᾶ·
κόσμον πάρες μοι παισὶ προσθεῖναι νεκρῶν,
330 δόμους ἀνοίξας -- νῦν γὰρ ἐκκεκλῄμεθα --
ὡς ἀλλὰ ταῦτά γ' ἀπολάχωσ' οἴκων πατρός.
(Λύκος)
Ἔσται τάδ'· οἴγειν κλῇθρα προσπόλοις λέγω.
κοσμεῖσθ' ἔσω μολόντες· οὐ φθονῶ πέπλων.
Ὅταν δὲ κόσμον περιβάλησθε σώμασιν,
335 ἥξω πρὸς ὑμᾶς νερτέρᾳ δώσων χθονί.
(Μεγάρα)
ὦ τέκν', ὁμαρτεῖτ' ἀθλίῳ μητρὸς ποδὶ
πατρῷον ἐς μέλαθρον, οὗ τῆς οὐσίας
ἄλλοι κρατοῦσι, τὸ δ' ὄνομ' ἔσθ' ἡμῶν ἔτι.
(᾿Αμφιτρύων)
Ὦ Ζεῦ, μάτην ἄρ' ὁμόγαμόν σ' ἐκτησάμην,
340 μάτην δὲ παιδὸς κοινεῶν' ἐκλῄζομεν·
σὺ δ' ἦσθ' ἄρ' ἥσσων ἢ 'δόκεις εἶναι φίλος.
Ἀρετῇ σε νικῶ θνητὸς ὢν θεὸν μέγαν·
παῖδας γὰρ οὐ προύδωκα τοὺς ῾Ηρακλέους.
Σὺ δ' ἐς μὲν εὐνὰς κρύφιος ἠπίστω μολεῖν,
345 τἀλλότρια λέκτρα δόντος οὐδενὸς λαβών,
σῴζειν δὲ τοὺς σοὺς οὐκ ἐπίστασαι φίλους.
Ἀμαθής τις εἶ θεός, ἢ δίκαιος οὐκ ἔφυς.
(Χορός)
Αἲλινον μὲν ἐπ' εὐτυχεῖ
μολπᾷ Φοῖβος ἰαχεῖ
| [300] et ne s'incliner que devant l'homme sage et de bonne éducation : de celui-ci, il est plus facile, par la soumission et la réserve, d'obtenir satisfaction. Déjà, la pensée m'est venue d'implorer l'exil pour ces enfants. Mais c'est encore un malheur que de les plonger dans une pauvreté lamentable, pour les sauver. Car le visage d'un hôte, pour des amis exilés, ne garde un sourire accueillant qu'un seul jour, dit-on.
Résigne-toi à la mort avec nous, puisqu'elle t'attend, quoi que tu fasses. Nous faisons appel à ta noblesse, ô vieillard. Celui qui lutte pour échapper aux maux envoyés par les dieux est courageux, mais son courage est insensé. Ce qui doit arriver, personne ne l'empêchera jamais d'arriver.
312 LE CORYPHÉE.
Si, au temps où mes bras étaient vigoureux, quelqu'un t'avait fait injure, je n'aurais pas eu de mal à réprimer son insolence. Mais aujourd'hui, je ne suis plus rien. A toi donc, désormais, de chercher un moyen de repousser les coups du sort, Amphitryon.
316 AMPHITRYON.
Non, ce n'est pas la lâcheté, ni l'amour de la vie qui me détournent de mourir; je veux seulement à mon fils conserver ses enfants. (Désabusé.) Mais il paraît que c'est en vain désirer l'impossible. (Un silence. Il quitte l'autel.) Eh bien! voici mon cou que je tends au glaive; qu'on m'égorge; qu'on m'assassine; qu'on me précipite d'un rocher.
Accorde-nous une seule faveur, à tous les deux, roi, nous t'en supplions : tue-nous, cette malheureuse et moi, avant les enfants, pour que nous ne les voyions pas, spectacle impie, lutter contre la mort, appeler leur mère et le père de leur père. Pour le reste, fais ce que tu voudras, car nous sommes sans défense contre la mort.
327 MÉGARA.
Et moi, je te supplie d'ajouter à cette faveur une autre faveur; ainsi tous les deux, de toi seul, nous recevrons un double bienfait. Permets-moi de revêtir mes fils de la parure des morts. Fais-moi ouvrir le palais, qui nous est maintenant fermé; qu'ils obtiennent au moins cette part de leur patrimoine.
332 LYCOS.
Soit. (Aux gardes.) Ouvrez les portes, esclaves. (A Mégara et à ses fils.) Entrez vous parer : je ne vous refuse pas des vêtements. Mais quand vous aurez mis votre parure, je reviendrai vous livrer à la terre infernale.
(II sort suivi de ses gardes).
MÉGARA.
O mes enfants, suivez les pas de votre malheureuse mère dans le palais de votre père. De ses biens, d'autres sont les maîtres : il ne nous reste plus que son nom.
(Elle entre dans le palais avec les enfants).
339 AMPHITRYON.
O Zeus, c'est donc en vain que tu as partagé ma couche conjugale! en vain que je t'appelais avec moi le père de mon fils ! Tu étais donc moins mon ami que tu ne semblais ! Je ne suis qu'un mortel, mais en vertu je l'emporte sur toi, qui es un dieu puissant, car je n'ai pas trahi les fils d'Héraclès. Toi, tu as su t'introduire en secret dans ma couche, t'emparer sans aucun droit du lit d'autrui, mais tu ne sais pas sauver tes amis. Tu es un dieu aveugle, ou un dieu injuste.
(Il entre dans le palais).
348 LE CHOEUR.
Strophe I. — C'est la plainte d'Ailinos qu'après un chant de victoire lance Phoibos
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