[250] τύχας, ὅταν πάσχῃ τι, μεμνήσεσθε δὲ
δοῦλοι γεγῶτες τῆς ἐμῆς τυραννίδος.
(Χορός)
— ὦ γῆς λοχεύμαθ᾽, οὓς Ἄρης σπείρει ποτὲ
λάβρον δράκοντος ἐξερημώσας γένυν,
οὐ σκῆπτρα, χειρὸς δεξιᾶς ἐρείσματα,
255 ἀρεῖτε καὶ τοῦδ᾽ ἀνδρὸς ἀνόσιον κάρα
καθαιματώσεθ᾽, ὅστις οὐ Καδμεῖος ὢν
ἄρχει κάκιστος τῶν νέων ἔπηλυς ὤν;
ἀλλ᾽ οὐκ ἐμοῦ γε δεσπόσεις χαίρων ποτέ.
— οὐδ᾽ ἁπόνησα πόλλ᾽ ἐγὼ καμὼν χερὶ
260 ἕξεις. ἀπέρρων δ᾽ ἔνθεν ἦλθες ἐνθάδε,
ὕβριζ᾽. ἐμοῦ γὰρ ζῶντος οὐ κτενεῖς ποτε
τοὺς Ἡρακλείους παῖδας. οὐ τοσόνδε γῆς
ἔνερθ᾽ ἐκεῖνος κρύπτεται λιπὼν τέκνα.
— ἐπεὶ σὺ μὲν γῆν τήνδε διολέσας ἔχεις,
265 ὃ δ᾽ ὠφελήσας ἀξίων οὐ τυγχάνει.
— κἄπειτα πράσσω πόλλ᾽ ἐγώ, φίλους ἐμοὺς
θανόντας εὖ δρῶν, οὗ φίλων μάλιστα δεῖ;
— ὦ δεξιὰ χείρ, ὡς ποθεῖς λαβεῖν δόρυ,
ἐν δ᾽ ἀσθενείᾳ τὸν πόθον διώλεσας.
270 ἐπεί ς᾽ ἔπαυς᾽ ἂν δοῦλον ἐννέποντά με
καὶ τάσδε Θήβας εὐκλεῶς ᾠκήσαμεν.
ἐν αἷς σὺ χαίρεις: οὐ γὰρ εὖ φρονεῖ πόλις
στάσει νοσοῦσα καὶ κακοῖς βουλεύμασιν.
οὐ γάρ ποτ᾽ ἂν σὲ δεσπότην ἐκτήσατο.
(Μεγάρα)
275 γέροντες, αἰνῶ: τῶν φίλων γὰρ οὕνεκα
ὀργὰς δικαίας τοὺς φίλους ἔχειν χρεών:
ἡμῶν δ᾽ ἕκατι δεσπόταις θυμούμενοι
πάθητε μηδέν. τῆς δ᾽ ἐμῆς, ᾿Αμφιτρύων,
γνώμης ἄκουσον, ἤν τί σοι δοκῶ λέγειν.
280 ἐγὼ φιλῶ μὲν τέκνα: πῶς γὰρ οὐ φιλῶ
ἅτικτον, ἁμόχθησα; καὶ τὸ κατθανεῖν
δεινὸν νομίζω: τῷ δ᾽ ἀναγκαίῳ τρόπῳ
ὃς ἀντιτείνει σκαιὸν ἡγοῦμαι βροτόν.
ἡμᾶς δ᾽, ἐπειδὴ δεῖ θανεῖν, θνῄσκειν χρεὼν
285 μὴ πυρὶ καταξανθέντας, ἐχθροῖσιν γέλων
διδόντας, οὑμοὶ τοῦ θανεῖν μεῖζον κακόν.
ὀφείλομεν γὰρ πολλὰ δώμασιν καλά:
σὲ μὲν δόκησις ἔλαβεν εὐκλεὴς δορός,
ὥστ᾽ οὐκ ἀνεκτὸν δειλίας θανεῖν ς᾽ ὕπο:
290 οὑμὸς δ᾽ ἀμαρτύρητος εὐκλεὴς πόσις,
ὡς τούσδε παῖδας οὐκ ἂν ἐκσῶσαι θέλοι
δόξαν κακὴν λαβόντας: οἱ γὰρ εὐγενεῖς
κάμνουσι τοῖς αἰσχροῖσι τῶν τέκνων ὕπερ,
ἐμοί τε μίμημ᾽ ἀνδρὸς οὐκ ἀπωστέον.
295 σκέψαι δὲ τὴν σὴν ἐλπίδ᾽ ᾗ λογίζομαι:
ἥξειν νομίζεις παῖδα σὸν γαίας ὕπο;
καὶ τίς θανόντων ἦλθεν ἐξ Ἅιδου πάλιν;
ἀλλ᾽ ὡς λόγοισι τόνδε μαλθάξαιμεν ἄν;
ἥκιστα: φεύγειν σκαιὸν ἄνδρ᾽ ἐχθρὸν χρεών,
| [250] quand il lui arrivera malheur : vous vous souviendrez que vous êtes les esclaves de ma royauté.
LE CORYPHÉE. (menaçant)
O enfants de la Terre, qu'Arès a fait naître jadis en semant les dents arrachées à la gueule vorace du dragon, que ne levez-vous vos bâtons, appuis de votre droite, pour ensanglanter la tête impie de cet homme qui, sans être Cadméen, commande — quel lâche! — à notre jeunesse, lui un intrus ? Mais, sur moi du moins tu n'exerceras pas impunément ton pouvoir, et les biens qui ont coûté à mon bras tant de travaux et de fatigues, tu ne les auras pas. Va-t'en à la malheure! Retourne là-bas, d'où tu viens! Exerces-y ton insolence! Moi vivante tu ne tueras jamais les fils d'Héraclès. Il n'est pas caché si profondément sous la terre : il a laissé des enfants. Toi, tu as ruiné cette terre que tu gouvernes; lui, qui l'a sauvée, n'a pas le sort qu'il mérite. Et ensuite je fais trop de zèle, moi, en me montrant dévoué à un ami mort, quand il a plus que jamais besoin d'amis ! O ma droite, comme tu désires prendre une lance! Mais ma faiblesse anéantit mon désir. Autrement, je t'aurais empêché de m'appeler esclave et nous habiterions avec honneur cette Thèbes où toi tu jouis du bonheur. Il n'y a plus de sagesse dans cette cité atteinte par la discorde et les mauvais conseils ! Sinon, elle ne t'aurait jamais accepté pour maître.
275 MÉGARA.
Vieillards, je vous remercie. C'est ainsi que pour défendre leurs amis les amis doivent montrer de justes colères. Mais en vous irritant à cause de nous contre votre maître, n'allez pas attirer sur vous quelque malheur.
278 Écoute mon avis, Amphitryon, et vois ce qu'il vaut. J'aime mes enfants — comment ne pas les aimer ? je les ai enfantés dans la douleur — et je trouve la mort une chose terrible. Mais l'homme qui résiste à la nécessité, je le considère comme un être vil. Puisqu'il nous faut mourir, mourons, mais non point dévorés par les flammes, et sans donner à rire à des ennemis, ce qui pour moi est un malheur pire que la mort. Nous avons beaucoup de nobles devoirs envers notre maison : toi, tu t'es acquis par ta lance une réputation glorieuse qui ne te permet pas de mourir lâchement; et faut-il des témoignages pour prouver que mon glorieux époux ne consentirait pas à sauver ses fils au prix de leur honneur ? Les hommes bien nés souffrent des hontes de leurs enfants, et pour moi, je ne dois pas rejeter l'exemple d'un mari.
295 Quant à ton espérance, examinons-la. Ce que j'en pense ? Tu crois que ton fils sortira de sous la terre ? Mais lequel des morts est revenu de l'Hadès ? Tu penses que nous pourrions fléchir cet homme par nos prières ? Non pas; il faut fuir un ennemi si c'est un vilain,
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