[200] τὸ σῶμά τ᾽ οὐ δίδωσι τοῖς ἐναντίοις,
ἐν εὐφυλάκτῳ δ᾽ ἐστί: τοῦτο δ᾽ ἐν μάχῃ
σοφὸν μάλιστα, δρῶντα πολεμίους κακῶς
σῴζειν τὸ σῶμα, μὴ 'κ τύχης ὡρμισμένον.
λόγοι μὲν οἵδε τοῖσι σοῖς ἐναντίαν
205 γνώμην ἔχουσι τῶν καθεστώτων πέρι.
παῖδας δὲ δὴ τί τούσδ᾽ ἀποκτεῖναι θέλεις;
τί ς᾽ οἵδ᾽ ἔδρασαν; ἕν τί ς᾽ ἡγοῦμαι σοφόν,
εἰ τῶν ἀρίστων τἄκγον᾽ αὐτὸς ὢν κακὸς
δέδοικας. ἀλλὰ τοῦθ᾽ ὅμως ἡμῖν βαρύ,
210 εἰ δειλίας σῆς κατθανούμεθ᾽ εἵνεκα,
ὃ χρῆν ς᾽ ὑφ᾽ ἡμῶν τῶν ἀμεινόνων παθεῖν,
εἰ Ζεὺς δικαίας εἶχεν εἰς ἡμᾶς φρένας.
εἰ δ᾽ οὖν ἔχειν γῆς σκῆπτρα τῆσδ᾽ αὐτὸς θέλεις,
ἔασον ἡμᾶς φυγάδας ἐξελθεῖν χθονός:
215 βίᾳ δὲ δράσῃς μηδέν, ἢ πείσῃ βίαν,
ὅταν θεοῦ σοι πνεῦμα μεταβαλὸν τύχῃ.
φεῦ:
ὦ γαῖα Κάδμου: καὶ γὰρ ἐς σὲ ἀφίξομαι
λόγους ὀνειδιστῆρας ἐνδατούμενος:
τοιαῦτ᾽ ἀμύνεθ᾽ Ἡρακλεῖ τέκνοισί τε;
220 ὃς εἷς Μινύαισι πᾶσι διὰ μάχης μολὼν
Θήβαις ἔθηκεν ὄμμ᾽ ἐλεύθερον βλέπειν.
οὐδ᾽ Ἑλλάδ᾽ ᾔνες᾽ — οὐδ᾽ ἀνέξομαί ποτε
σιγῶν — κακίστην λαμβάνων ἐς παῖδ᾽ ἐμόν,
ἣν χρῆν νεοσσοῖς τοῖσδε πῦρ λόγχας ὅπλα
225 φέρουσαν ἐλθεῖν, ποντίων καθαρμάτων
χέρσου τ᾽ ἀμοιβάς — ὧν ἐμόχθησας χάριν.
τὰ δ᾽, ὦ τέκν᾽, ὑμῖν οὔτε Θηβαίων πόλις
οὔθ᾽ Ἑλλὰς ἀρκεῖ: πρὸς δ᾽ ἔμ᾽ ἀσθενῆ φίλον
δεδόρκατ᾽, οὐδὲν ὄντα πλὴν γλώσσης ψόφον.
230 ῥώμη γὰρ ἐκλέλοιπεν ἣν πρὶν εἴχομεν,
γήρᾳ δὲ τρομερὰ γυῖα κἀμαυρὸν σθένος.
εἰ δ᾽ ἦ νέος τε κἄτι σώματος κρατῶν,
λαβὼν ἂν ἔγχος τοῦδε τοὺς ξανθοὺς πλόκους
καθῃμάτως᾽ ἄν, ὥστ᾽ Ἀτλαντικῶν πέραν
235 φεύγειν ὅρων ἂν δειλίᾳ τοὐμὸν δόρυ.
(Χορός)
ἆρ᾽ οὐκ ἀφορμὰς τοῖς λόγοισιν ἁγαθοὶ
θνητῶν ἔχουσι, κἂν βραδύς τις ᾖ λέγειν;
(Λύκος)
σὺ μὲν λέγ᾽ ἡμᾶς οἷς πεπύργωσαι λόγοις,
ἐγὼ δὲ δράσω ς᾽ ἀντὶ τῶν λόγων κακῶς.
240 ἄγ᾽, οἳ μὲν Ἑλικῶν᾽, οἳ δὲ Παρνασοῦ πτυχὰς
τέμνειν ἄνωχθ᾽ ἐλθόντες ὑλουργοὺς δρυὸς
κορμούς: ἐπειδὰν δ᾽ ἐσκομισθῶσιν πόλει,
βωμὸν πέριξ νήσαντες ἀμφήρη ξύλα
ἐμπίμπρατ᾽ αὐτῶν καὶ πυροῦτε σώματα
245 πάντων, ἵν᾽ εἰδῶς᾽ οὕνεκ᾽ οὐχ ὁ κατθανὼν
κρατεῖ χθονὸς τῆσδ᾽, ἀλλ᾽ ἐγὼ τὰ νῦν τάδε.
ὑμεῖς δέ, πρέσβεις, ταῖς ἐμαῖς ἐναντίοι
γνώμαισιν ὄντες, οὐ μόνον στενάξετε
τοὺς Ἡρακλείους παῖδας, ἀλλὰ καὶ δόμου
| [200] Il n'expose pas son corps à ses adversaires; il est bien en sûreté. Or telle est dans le combat la suprême habileté : faire du mal à l'ennemi tout en préservant son corps et sans dépendre de la fortune. Voilà les raisons que j'oppose à ton opinion, sur ce sujet.
206 Mais ces enfants, pourquoi veux-tu les tuer ? Que t'ont-ils fait ? Évidemment il est un point sur lequel tu montres du bon sens, c'est en craignant, lâche comme tu l'es, la postérité d'un héros. Mais il n'en est pas moins cruel pour nous de mourir victimes de ta couardise, quand c'est nous, les meilleurs, qui devrions te donner la mort si Zeus avait pour nous de justes sentiments. Si tu veux garder pour toi le sceptre de ce pays, laisse-nous quitter cette terre pour l'exil. N'emploie pas la violence, ou tu subiras la violence quand la divinité tournera contre toi le vent de la fortune.
217 Hélas! O terre de Cadmos — car j'en viens à t'adresser aussi ta part de reproches — est-ce ainsi que tu défends Héraclès et ses enfants ? Seul contre tous les Minyens il a marché au combat; il a donné à Thèbes le regard d'un être libre. Je ne loue pas non plus la Grèce — et je ne pourrai jamais m'en taire — quand je la trouve si ingrate envers mon fils. Elle devait à ces petits venir apporter le secours du feu, de la lance, des armes, pour le récompenser d'avoir purgé et les mers et la terre, par reconnaissance pour ses travaux. Cette aide, ô mes enfants, ni la cité des Thébains, ni la Grèce ne vous l'offre; et c'est vers moi, un ami sans force, que vous tournez les yeux, vers moi qui ne suis rien que vaines paroles. La vigueur m'a quitté, que j'avais autrefois; la vieillesse fait trembler mes membres et ma force est éteinte. Si j'étais encore jeune et maître de mon corps, je saisirais une lance, j'ensanglanterais ses blondes boucles et par-delà les bornes de l'Atlantique il fuirait mon arme, le lâche.
236 LE CORYPHÉE.
N'est-il pas vrai que les hommes de bien trouvent le moyen de bien parler, lors même qu'ils sont lents à s'exprimer ?
LYCOS.
Guinde-toi tant que tu voudras, en paroles; moi, j'agirai, en réponse à tes discours, et bien.
(A ses gardes.) Allez, vous sur l'Hélicon, vous aux vallons du Parnasse; donnez l'ordre aux bûcherons de couper des branches de chêne, et quand on les aura transportées à la ville, entassez le bois autour de l'autel, mettez-y le feu et brûlez les corps de tous ces gens pour leur apprendre que ce n'est pas le mort qui règne sur ce pays, mais moi, maintenant.
247 Et vous, vieillards, qui vous montrez opposés à mes desseins, vous n'aurez pas à pleurer seulement les enfants d'Héraclès, mais encore le sort de votre maison,
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