[150] σὺ δ᾽ ὡς ἀρίστου φωτὸς ἐκλήθης δάμαρ.
τί δὴ τὸ σεμνὸν σῷ κατείργασται πόσει,
ὕδραν ἕλειον εἰ διώλεσε κτανὼν
ἢ τὸν Νέμειον θῆρα; ὃν ἐν βρόχοις ἑλὼν
βραχίονός φης᾽ ἀγχόναισιν ἐξελεῖν.
155 τοῖσδ᾽ ἐξαγωνίζεσθε; τῶνδ᾽ ἄρ᾽ οὕνεκα
τοὺς Ἡρακλείους παῖδας οὐ θνῄσκειν χρεών;
ὃς ἔσχε δόξαν οὐδὲν ὢν εὐψυχίας
θηρῶν ἐν αἰχμῇ, τἄλλα δ᾽ οὐδὲν ἄλκιμος,
ὃς οὔποτ᾽ ἀσπίδ᾽ ἔσχε πρὸς λαιᾷ χερὶ
160 οὐδ᾽ ἦλθε λόγχης ἐγγύς, ἀλλὰ τόξ᾽ ἔχων,
κάκιστον ὅπλον, τῇ φυγῇ πρόχειρος ἦν.
ἀνδρὸς δ᾽ ἔλεγχος οὐχὶ τόξ᾽ εὐψυχίας,
ἀλλ᾽ ὃς μένων βλέπει τε κἀντιδέρκεται
δορὸς ταχεῖαν ἄλοκα τάξιν ἐμβεβώς.
165 ἔχει δὲ τοὐμὸν οὐκ ἀναίδειαν, γέρον,
ἀλλ᾽ εὐλάβειαν: οἶδα γὰρ κατακτανὼν
Κρέοντα πατέρα τῆσδε καὶ θρόνους ἔχων.
οὔκουν τραφέντων τῶνδε τιμωροὺς ἐμοὺς
χρῄζω λιπέσθαι τῶν δεδραμένων δίκην.
(᾿Αμφιτρύων)
170 τῷ τοῦ Διὸς μὲν Ζεὺς ἀμυνέτω μέρει
παιδός: τὸ δ᾽ εἰς ἔμ᾽, Ἡράκλεις, ἐμοὶ μέλει
λόγοισι τὴν τοῦδ᾽ ἀμαθίαν ὑπὲρ σέθεν
δεῖξαι: κακῶς γάρ ς᾽ οὐκ ἐατέον κλύειν.
πρῶτον μὲν οὖν τἄρρητ᾽ — ἐν ἀρρήτοισι γὰρ
175 τὴν σὴν νομίζω δειλίαν, Ἡράκλεες —
σὺν μάρτυσιν θεοῖς δεῖ μ᾽ ἀπαλλάξαι σέθεν.
Διὸς κεραυνόν τ᾽ ἠρόμην τέθριππά τε,
ἐν οἷς βεβηκὼς τοῖσι γῆς βλαστήμασιν
Γίγασι πλευροῖς πτήν᾽ ἐναρμόσας βέλη
180 τὸν καλλίνικον μετὰ θεῶν ἐκώμασεν:
τετρασκελές θ᾽ ὕβρισμα, Κενταύρων γένος,
Φολόην ἐπελθών, ὦ κάκιστε βασιλέων,
ἐροῦ τίν᾽ ἄνδρ᾽ ἄριστον ἐγκρίνειαν ἄν,
ἢ οὐ παῖδα τὸν ἐμόν, ὃν σὺ φῂς εἶναι δοκεῖν.
185 Δίρφυν τ᾽ ἐρωτῶν ἥ ς᾽ ἔθρεψ᾽ Ἀβαντίδα ---
οὐκ ἄν ς᾽ ἐπαινέσειεν: οὐ γὰρ ἔσθ᾽ ὅπου
ἐσθλόν τι δράσας μάρτυρ᾽ ἂν λάβοις πάτραν.
τὸ πάνσοφον δ᾽ εὕρημα, τοξήρη σαγήν,
μέμφῃ: κλύων νῦν τἀπ᾽ ἐμοῦ σοφὸς γενοῦ.
190 ἀνὴρ ὁπλίτης δοῦλός ἐστι τῶν ὅπλων
καὶ τοῖσι συνταχθεῖσιν οὖσι μὴ ἀγαθοῖς
αὐτὸς τέθνηκε δειλίᾳ τῇ τῶν πέλας,
θραύσας τε λόγχην οὐκ ἔχει τῷ σώματι
θάνατον ἀμῦναι, μίαν ἔχων ἀλκὴν μόνον:
195 ὅσοι δὲ τόξοις χεῖρ᾽ ἔχουσιν εὔστοχον,
ἓν μὲν τὸ λῷστον, μυρίους οἰστοὺς ἀφεὶς
ἄλλοις τὸ σῶμα ῥύεται μὴ κατθανεῖν,
ἑκὰς δ᾽ ἀφεστὼς πολεμίους ἀμύνεται
τυφλοῖς ὁρῶντας οὐτάσας τοξεύμασιν
| [150] (à Mégara) toi d'être appelée l'épouse du plus vaillant des hommes ? Quel exploit si imposant a donc accompli ton époux en tuant l'hydre du marais ou la bête de Némée ? Il l'a prise dans ses filets : et il prétend l'avoir étouffée dans ses bras! Voilà les arguments avec quoi vous luttez ? Voilà donc pourquoi les fils d'Héraclès ne devraient pas mourir? Il s'est acquis une réputation de bravoure — lui un homme de rien — à lutter contre des bêtes. Mais pour le reste, nullement courageux. Jamais il n'a tenu de bouclier à son bras gauche, ni affronté une lance; mais portant un arc, la plus lâche des armes, il était toujours prêt à la fuite. Ce qui prouve la bravoure d'un guerrier, ce n'est pas le tir à l'arc, c'est d'attendre, l'oeil clair, en regardant bien en face, l'assaut que donne un champ de lances, et de rester à son poste.
165 Ma conduite ne comporte pas de ressentiment, vieillard, seulement de la prudence. Je sais que j'ai tué Créon, le père de cette femme, et que j'occupe son trône : je ne veux donc pas laisser grandir ces enfants pour qu'ils se vengent et me punissent de ce que j'ai fait.
170 AMPHITRYON.
Que Zeus défende la part qu'a Zeus à la naissance de mon fils. Pour moi, Héraclès, j'ai à coeur de montrer par des paroles la sottise de cet individu en ce qui te concerne; car je ne dois pas te laisser outrager.
174 D'abord il est des griefs impies — et je mets au nombre des accusations impies celle qu'on t'adresse de lâcheté, Héraclès — qu'avec le témoignage des dieux je dois écarter de toi. J'interroge la foudre de Zeus et le quadrige qu'Héraclès montait quand, aux flancs des Fils de la Terre, des Géants, son adresse enfonça des traits ailés, glorieux triomphe qu'il a célébré avec les dieux. J'interroge les insolents Quadrupèdes, la race des Centaures. Va-t'en à Pholoé, ô le plus lâche des rois; demande-lui l'homme à qui elle décernerait le prix du courage. N'est-ce pas à mon fils, qui, d'après toi, n'en a que la réputation ? Interroge Dirphys dans l'île des Abantes qui t'a élevé : ce n'est pas ton éloge qu'elle ferait. Il n'est pas un endroit où tu aies accompli un exploit dont puisse rendre témoignage ta patrie.
188 Quant à cette invention toute de génie, l'équipement de l'archer, tu la dénigres ? Écoute-moi bien et instruis-toi. Un hoplite pesamment armé est esclave de ses armes, et quand ses compagnons de rang ne sont pas braves, il périt, lui, par la lâcheté de ses voisins. Brise-t-il sa lance, il ne peut écarter la mort, car il n'a que cette seule défense. Mais celui dont la main est habile à tirer de l'arc avec précision — et l'avantage est unique — après avoir lancé mille traits, en a d'autres pour se garantir de la mort. Se tenant à distance il écarte les ennemis qui voient d'aveugles traits les blesser.
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