[450] γραίας ὄσσων ἔτι πηγάς.
(Μεγάρα)
Εἶἑν· τίς ἱερεύς, τίς σφαγεὺς τῶν δυσπότμων
ἢ τῆς ταλαίνης τῆς ἐμῆς ψυχῆς φονεύς;
ἕτοιμ' ἄγειν τὰ θύματ' εἰς ῞Αιδου τάδε.
Ὦ τέκν', ἀγόμεθα ζεῦγος οὐ καλὸν νεκρῶν,
455 ὁμοῦ γέροντες καὶ νέοι καὶ μητέρες.
Ὦ μοῖρα δυστάλαιν' ἐμή τε καὶ τέκνων
τῶνδ', οὓς πανύστατ' ὄμμασιν προσδέρκομαι.
Ἔτεκον μὲν ὑμᾶς, πολεμίοις δ' ἐθρεψάμην
ὕβρισμα κἀπίχαρμα καὶ διαφθοράν.
Φεῦ·
460 ἦ πολύ με δόξης ἐξέπαισαν ἐλπίδες,
ἣν πατρὸς ὑμῶν ἐκ λόγων ποτ' ἤλπισα.
Σοὶ μὲν γὰρ ῎Αργος ἔνεμ' ὁ κατθανὼν πατήρ,
Εὐρυσθέως δ' ἔμελλες οἰκήσειν δόμους
τῆς καλλικάρπου κράτος ἔχων Πελασγίας,
465 στολήν τε θηρὸς ἀμφέβαλλε σῷ κάρᾳ
λέοντος, ᾗπερ αὐτὸς ἐξωπλίζετο.
Σὺ δ' ἦσθα Θηβῶν τῶν φιλαρμάτων ἄναξ,
ἔγκληρα πεδία τἀμὰ γῆς κεκτημένος,
ὡς ἐξέπειθες τὸν κατασπείραντά σε·
470 ἐς δεξιάν τε σὴν ἀλεξητήριον
ξύλον καθίει δαίδαλον, ψευδῆ δόσιν.
Σοὶ δ' ἣν ἔπερσε τοῖς ἑκηβόλοις ποτὲ
τόξοισι δώσειν Οἰχαλίαν ὑπέσχετο.
Τρεῖς δ' ὄντας <ὑμᾶς> τριπτύχοις τυραννίσι
475 πατὴρ ἐπύργου, μέγα φρονῶν εὐανδρίᾳ.
Ἐγὼ δὲ νύμφας ἠκροθινιαζόμην,
κήδη συνάψουσ', ἔκ τ' ᾿Αθηναίων χθονὸς
Σπάρτης τε Θηβῶν θ', ὡς ἀνημμένοι κάλῳς
πρυμνησίοισι βίον ἔχοιτ' εὐδαίμονα.
480 Καὶ ταῦτα φροῦδα· μεταβαλοῦσα δ' ἡ τύχη
νύμφας μὲν ὑμῖν Κῆρας ἀντέδωκ' ἔχειν,
ἐμοὶ δὲ δάκρυα λουτρά δύστηνος φρενῶν.
Πατὴρ δὲ πατρὸς ἑστιᾷ γάμους ὅδε,
῞Αιδην νομίζων πενθερόν, κῆδος πατρός.
485 Ὤμοι, τίν' ὑμῶν πρῶτον ἢ τίν' ὕστατον
πρὸς στέρνα θῶμαι; τῷ προσαρμόσω στόμα;
τίνος λάβωμαι; πῶς ἂν ὡς ξουθόπτερος
μέλισσα συνενέγκαιμ' ἂν ἐκ πάντων γόους,
ἐς ἓν δ' ἐνεγκοῦσ' ἀθρόον ἀποδοίην δάκρυ;
490 Ὦ φίλτατ', εἴ τις φθόγγος εἰσακούεται
θνητῶν παρ' ῞Αιδῃ, σοὶ τάδ', ῾Ηράκλεις, λέγω·
θνῄσκει πατὴρ σὸς καὶ τέκν', ὄλλυμαι δ' ἐγώ,
ἣ πρὶν μακαρία διὰ σ' ἐκλῃζόμην βροτοῖς.
495 ἄρηξον, ἐλθέ· καὶ σκιὰ φάνηθί μοι·
ἅλις γὰρ ἐλθὼν κἂν ὄναρ γένοιο σύ·
κακοὶ γάρ εἰσιν οἳ τέκνα κτείνουσι σά.
(᾿Αμφιτρύων)
Σὺ μὲν τὰ νέρθεν εὐτρεπῆ ποιοῦ, γύναι.
Ἐγὼ δὲ σέ, ὦ Ζεῦ, χεῖρ' ἐς οὐρανὸν δικὼν
αὐδῶ, τέκνοισιν εἴ τι τοισίδ' ὠφελεῖν
| [450] qui coulent de mes yeux vieillis.
MÉGARA.
Eh bien! où est le prêtre ? où est l'égorgeur de ces infortunés ? où est l'assassin de ces malheureux qui sont ma vie ? Voici les victimes, prêtes à descendre chez Hadès.
O mes enfants, on nous emmène. Cortège horrible de cadavres! à la fois un vieillard, de jeunes enfants, une mère! O misérable destinée que la mienne et celle de ces enfants que mes yeux regardent pour la dernière fois! Je vous ai enfantés, je vous ai élevés pour être à des ennemis un objet d'outrage, et de risée, et de meurtre.
Hélas ! Comme ont croulé les espérances que j'avais conçues jadis aux paroles de votre père! A toi, c'est Argos que t'attribuait ce père qui est mort; tu devais habiter le palais d'Eurysthée et régner sur la Pélasgie aux beaux fruits; il jetait sur tes épaules la robe du lion féroce, dont il s'était fait une partie de son armure. Toi, tu étais roi de Thèbes, l'amie des chars; tu possédais par héritage les plaines de mon pays, comme tu en avais obtenu l'assurance de celui qui t'a engendré. A ta main il remettait sa massue tutélaire, présent trompeur de Dédale. A toi, c'était la ville réduite jadis par son arc à longue portée, Œchalie, qu'il promettait de donner. Vous êtes trois et c'est le rempart d'un triple royaume que vous élevait un père, hautes ambitions de son mâle courage. Et moi, je vous cherchais des vierges dans la fleur de leur prime jeunesse pour en faire vos épouses, aux pays d'Athènes, de Sparte et de Thèbes : je voulais, en amarrant ainsi par des cordages vos poupes élevées, vous assurer une vie heureuse. Tout cela était vain. La fortune a changé. Les épouses qu'elle vous a données, ce sont les Kères. Et moi, ce sont des larmes que j'apporterai pour votre bain nuptial. Infortunée! C'est lui, le père de votre père, qui prépare le banquet de noces, puisque Hadès est, pour lui, votre beau-père : funèbre alliance!
Hélas! qui de vous le premier ou qui le dernier presserai-je sur ma poitrine ? Lequel vais-je baiser ? Lequel prendre dans mes bras ? Comment pourrais-je, telle une blonde abeille, butiner vos pleurs à tous, les réunir pour verser un fleuve de larmes ? O mon époux bien-aimé, si la voix des mortels peut se faire entendre chez Hadès, c'est à toi, Héraclès, que je m'adresse. Ton père meurt avec tes enfants. Je péris moi aussi que jadis les mortels, à cause de toi, proclamaient heureuse entre toutes. Secours-nous, viens; même si tu n'es qu'une ombre, apparais-moi. Il suffirait que tu viennes comme en un songe : des lâches devant toi, voilà ce que seront les meurtriers de tes enfants.
497 AMPHITRYON.
Toi, femme, prépare la cérémonie funèbre. Moi, ô Zeus, je tends ma main vers le ciel et je t'implore : si ton intention est de porter aide à ces enfants,
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