[150] οὐ γὰρ φρενήρη γ´ ὄντα ς´ ἐλπίζουσί που
151 μόνον τοσαύτης ἣν ἐπῆλθον Ἑλλάδος
152 τὰς τῶνδ´ ἀβούλως συμφορὰς κατοικτιεῖν.
153 φέρ´ ἀντίθες γάρ· τούσδε τ´ ἐς γαῖαν παρεὶς
154 ἡμᾶς τ´ ἐάσας ἐξάγειν, τί κερδανεῖς;
155 τὰ μὲν παρ´ ἡμῶν τοιάδ´ ἔστι σοι λαβεῖν·
156 Ἄργους τοσήνδε χεῖρα τήν τ´ Εὐρυσθέως
157 ἰσχὺν ἅπασαν τῆιδε προσθέσθαι πόλει.
158 ἢν δ´ ἐς λόγους τε καὶ τὰ τῶνδ´ οἰκτίσματα
159 βλέψας πεπανθῆις, ἐς πάλην καθίσταται
160 δορὸς τὸ πρᾶγμα· μὴ γὰρ ὡς μεθήσομεν
161 δόξηις ἀγῶνος τούσδ´ ἄτερ χαλυβδικοῦ.
162 τί δῆτα φήσεις, ποῖα πεδί´ ἀφαιρεθείς,
163 τί ῥυσιασθείς, πόλεμον Ἀργείοις ἔχειν;
164 ποίοις δ´ ἀμύνων συμμάχοις, τίνος δ´ ὕπερ
165 θάψεις νεκροὺς πεσόντας; ἦ κακὸν λόγον
166 κτήσηι πρὸς ἀστῶν, εἰ γέροντος οὕνεκα
167 τύμβου, τὸ μηδὲν ὄντος, ὡς εἰπεῖν ἔπος,
168 παίδων τε τῶνδ´ ἐς ἄντλον ἐμβήσηι πόδα.
169 ἐρεῖς τὸ λῶιστον ἐλπίδ´ εὑρήσειν μόνον·
170 καὶ τοῦτο πολλῶι τοῦ παρόντος ἐνδεές.
171 κακῶς γὰρ Ἀργείοισιν οἵδ´ ὡπλισμένοις
172 μάχοιντ´ ἂν ἡβήσαντες, εἴ τι τοῦτό σε
173 ψυχὴν ἐπαίρει· χοὐν μέσωι πολὺς χρόνος
174 ἐν ὧι διεργασθεῖτ´ ἄν. ἀλλ´ ἐμοὶ πιθοῦ·
175 δοὺς μηδὲν ἀλλὰ τἄμ´ ἐῶν ἄγειν ἐμὲ
176 κτῆσαι Μυκήνας, μηδ´ ὅπερ φιλεῖτε δρᾶν
177 πάθηις σὺ τοῦτο, τοὺς ἀμείνονας παρὸν
178 φίλους ἑλέσθαι τοὺς κακίονας λαβεῖν.
179 (ΧΟΡΟΣ) τίς ἂν δίκην κρίνειεν ἢ γνοίη λόγον,
180 πρὶν ἂν παρ´ ἀμφοῖν μῦθον ἐκμάθηι σαφῶς;
181 (ΙΟΛΑΟΣ) ἄναξ, ὑπάρχει γὰρ τόδ´ ἐν τῆι σῆι χθονί,
182 εἰπεῖν ἀκοῦσαί τ´ ἐν μέρει πάρεστί μοι,
183 κοὐδείς μ´ ἀπώσει πρόσθεν ὥσπερ ἄλλοθεν.
184 ἡμῖν δὲ καὶ τῶιδ´ οὐδέν ἐστιν ἐν μέσωι·
185 ἐπεὶ γὰρ Ἄργους οὐ μέτεσθ´ ἡμῖν ἔτι,
186 ψήφωι δοκῆσαν, ἀλλὰ φεύγομεν πάτραν,
187 πῶς ἂν δικαίως ὡς Μυκηναίους ἄγοι
188 ὅδ´ ὄντας ἡμᾶς, οὓς ἀπήλασαν χθονός;
189 ξένοι γάρ ἐσμεν. ἢ τὸν Ἑλλήνων ὅρον
190 φεύγειν δικαιοῦθ´ ὅστις ἂν τἄργος φύγηι;
191 οὔκουν Ἀθήνας γ´· οὐ γὰρ Ἀργείων φόβωι
192 τοὺς Ἡρακλείους παῖδας ἐξελῶσι γῆς.
193 οὐ γάρ τι Τραχίς ἐστιν οὐδ´ Ἀχαιικὸν
194 πόλισμ´ ὅθεν σὺ τούσδε, τῆι δίκηι μὲν οὔ,
195 τὸ δ´ Ἄργος ὀγκῶν, οἷάπερ καὶ νῦν λέγεις,
196 ἤλαυνες ἱκέτας βωμίους καθημένους.
197 εἰ γὰρ τόδ´ ἔσται καὶ λόγους κρινοῦσι σούς,
198 οὐκ οἶδ´ Ἀθήνας τάσδ´ ἐλευθέρας ἔτι.
199 ἀλλ´ οἶδ´ ἐγὼ τὸ τῶνδε λῆμα καὶ φύσιν·
| [150] car ils n'ont pu se flatter que, maître de ton bon sens, seul dans toute la Grèce qu'ils ont parcourue, tu te laisserais toucher par leurs malheurs sans remède. Compare en effet les avantages que tu te procures en leur donnant asile dans tes États, ou en nous les laissant emmener. Ceux que tu peux attendre de notre part, c'est d'avoir les armées d'Argos et toute la puissance d'Eurysthée pour alliées de ta patrie : mais si tu te laisses toucher à leurs larmes et à leurs prières, l'affaire devra se vider les armes à la main ; car ne pense pas que nous renoncions à nos prétentions sans combat. Quels motifs allégueras-tu? Où sont les terres qu'on t'a ravies, pour justifier ta guerre contre les Argiens ? Où sont les alliés que tu as à secourir ? Dans quel intérêt livreras-tu des troupes de guerriers à la mort? Oui, tu attireras sur toi les malédictions des citoyens, si pour un vieillard qui touche à la tombe, et qui pour ainsi dire n'existe plus, si pour ces enfants tu te plonges dans l'abîme. 169 Tu allégueras, et c'est ta meilleure raison, les espérances que tu conçois pour l'avenir ; mais elles sont fort au-dessous des biens dont tu peux jouir à présent ; car ces enfants seront de faibles adversaires pour les Argiens, lorsqu'ils seront en âge de combattre, si c'est là ce qui t'enfle le cœur, et d'ici là il se passera bien du temps, pendant lequel vous pouvez être anéantis. Mais,
crois-moi, sans m'accorder de faveur, laisse-moi reprendre ce qui m'appartient, et à ce prix gagne l'amitié de Mycène. Ne fais pas ce que vous avez coutume de faire : quand tu peux choisir des alliés puissants, ne va pas prendre les plus faibles.
179 LE CHOEUR.
Qui pourrait juger une cause, ou décider un différend, avant d'avoir entendu les deux parties ?
IOLAS.
181 O roi, j'ai du moins un avantage dans ta patrie : il m'est permis d'entendre mon accusateur et de répondre à mon tour, et l'on ne commencera pas par me chasser, comme on l'a fait ailleurs. Mais nous n'avons rien de commun avec cet homme ; car, puisque nous n'avons plus rien à démêler avec Argos, en vertu de l'arrêt prononcé, et que nous sommes bannis de notre patrie, comment aurait-on droit de nous réclamer comme Argiens, après nous en avoir expulsés? 189 Nous sommes étrangers. Regardez-vous comme exilé du territoire entier de la Grèce, quiconque est banni de la ville d'Argos ? Pour Athènes, du moins, il n'en sera pas ainsi; la crainte des Argiens ne lui fera pas chasser les enfants d'Hercule. Tu n'es pas ici à Trachine, ni dans ces villes de l'Achaïe, d'où tes éloges emphatiques d'Argos, tels que tu en profères encore à présent, ont fait, bien plus que la justice, rejeter des suppliants prosternés au pied des autels. S'il devait en être ainsi, et que tes prétentions fussent réalisées, les Athéniens n'auraient plus à se glorifier d'être libres. 199 Mais je connais leur âme et leur caractère :
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