[1000] κείνου δ´ ἀπαλλαχθέντος οὐκ ἐχρῆν μ´ ἄρα,
1001 μισούμενον πρὸς τῶνδε καὶ ξυνειδότα
1002 ἔχθραν πατρώιαν, πάντα κινῆσαι πέτρον
1003 κτείνοντα κἀκβάλλοντα καὶ τεχνώμενον;
1004 τοιαῦτα δρῶντι τἄμ´ ἐγίγνετ´ ἀσφαλῆ.
1005 οὔκουν σύ γ´ ἀναλαβοῦσα τὰς ἐμὰς τύχας
1006 ἐχθροῦ λέοντος δυσμενῆ βλαστήματα
1007 ἤλαυνες ἂν κακοῖσιν ἀλλὰ σωφρόνως
1008 εἴασας οἰκεῖν Ἄργος· οὔτιν´ ἂν πίθοις.
1009 νῦν οὖν ἐπειδή μ´ οὐ διώλεσαν τότε
1010 πρόθυμον ὄντα, τοῖσιν Ἑλλήνων νόμοις
1011 οὐχ ἁγνός εἰμι τῶι κτανόντι κατθανών·
1012 πόλις τ´ ἀφῆκε σωφρονοῦσα, τὸν θεὸν
1013 μεῖζον τίουσα τῆς ἐμῆς ἔχθρας πολύ.
1014 προσεῖπας, ἀντήκουσας· ἐντεῦθεν δὲ χρὴ
1015 τὸν προστρόπαιον τόν τε γενναῖον καλεῖν.
1016 οὕτω γε μέντοι τἄμ´ ἔχει· θανεῖν μὲν οὐ
1017 χρήιζω, λιπὼν δ´ ἂν οὐδὲν ἀχθοίμην βίον.
1018 (ΧΟΡΟΣ) παραινέσαι σοι σμικρόν, Ἀλκμήνη, θέλω,
1019 τὸν ἄνδρ´ ἀφεῖναι τόνδ´, ἐπεὶ δοκεῖ πόλει.
1020 (ΑΛΚΜΗΝΗ) τί δ´ ἢν θάνηι τε καὶ πόλει πιθώμεθα;
1021 (ΧΟΡΟΣ) τὰ λῶιστ´ ἂν εἴη· πῶς τάδ´ οὖν γενήσεται;
1022 (ΑΛΚΜΗΝΗ) ἐγὼ διδάξω ῥαιδίως· κτανοῦσα γὰρ
1023 τόνδ´ εἶτα νεκρὸν τοῖς μετελθοῦσιν φίλων
1024 δώσω· τὸ γὰρ σῶμ´ οὐκ ἀπιστήσω χθονί,
1025 οὗτος δὲ δώσει τὴν δίκην θανὼν ἐμοί.
1026 (ΕΥΡΥΣΘΕΥΣ) κτεῖν´, οὐ παραιτοῦμαί σε· τήνδε δὲ πτόλιν,
1027 ἐπεί μ´ ἀφῆκε καὶ κατηιδέσθη κτανεῖν,
1028 χρησμῶι παλαιῶι Λοξίου δωρήσομαι,
1029 ὃς ὠφελήσει μείζον´ ἢ δοκεῖ χρόνωι.
1030 θανόντα γάρ με θάψεθ´ οὗ τὸ μόρσιμον,
1031 δίας πάροιθε παρθένου Παλληνίδος·
1032 καὶ σοὶ μὲν εὔνους καὶ πόλει σωτήριος
1033 μέτοικος αἰεὶ κείσομαι κατὰ χθονός,
1034 τοῖς τῶνδε δ´ ἐκγόνοισι πολεμιώτατος,
1035 ὅταν μόλωσι δεῦρο σὺν πολλῆι χερὶ
1036 χάριν προδόντες τήνδε· τοιούτων ξένων
1037 προύστητε. πῶς οὖν ταῦτ´ ἐγὼ πεπυσμένος
1038 δεῦρ´ ἦλθον ἀλλ´ οὐ χρησμὸν ἡζόμην θεοῦ;
1039 Ἥραν νομίζων θεσφάτων κρείσσω πολὺ
1040 κοὐκ ἂν προδοῦναί μ´. ἀλλὰ μήτε μοι χοὰς
1041 μήθ´ αἷμ´ ἐάσητ´ εἰς ἐμὸν στάξαι τάφον.
1042 κακὸν γὰρ αὐτοῖς νόστον ἀντὶ τῶνδ´ ἐγὼ
1043 δώσω· διπλοῦν δὲ κέρδος ἕξετ´ ἐξ ἐμοῦ·
1044 ὑμᾶς τ´ ὀνήσω τούσδε τε βλάψω θανών.
1045 (ΑΛΚΜΗΝΗ) τί δῆτα μέλλετ´, εἰ πόλει σωτηρίαν
1046 κατεργάσασθαι τοῖσί τ´ ἐξ ὑμῶν χρεών,
1047 κτείνειν τὸν ἄνδρα τόνδ´, ἀκούοντες τάδε;
1048 δείκνυσι γὰρ κέλευθον ἀσφαλεστάτην·
1049 ἐχθρὸς μὲν ἁνήρ, ὠφελεῖ δὲ κατθανών,
| [1000] Après sa mort,
me sachant haï de ses enfants, héritiers de la haine paternelle, ne devais-je pas tout remuer, tout mettre en œuvre pour les faire périr et pour les proscrire ? C'est ainsi seulement que j'assurais ma tranquillité. Toi-même, à ma place, n'aurais-tu pas persécuté les odieux nourrissons d'un lion terrible ? les aurais-tu laissés vivre tranquilles dans Argos? C'est ce que tu ne feras croire à personne. Mais puisqu'ils ne m'ont pas tué quand j'affrontais le coup mortel, d'après les lois de la Grèce, ma mort sera une souillure pour celui qui me la donnera. Athènes m'a fait éprouver sa clémence, et a mis le respect des dieux au-dessus de son ressentiment. Tu m'as accusé, et je t'ai répondu : désormais on peut voir en moi ou un suppliant ou un homme de cœur. Telle est donc ma position : je ne désire pas la mort, mais je perdrai la vie sans regret.
1018 LE CHOEUR.
Je veux t'engager, Alcmène, à épargner ton ennemi, puisque tel est le vœu de la ville.
ALCMÈNE.
Mais, si je le fais mourir, tout en me conformant au vœu de la ville?
LE CHOEUR.
Tout irait pour le mieux. Mais comment en sera-t-il ainsi?
ALCMÈNE.
C'est facile à expliquer : j'immolerai mon ennemi, mais je rendrai son cadavre aux amis qui le réclameront. Ainsi, pour son corps, je n'enfreindrai pas les lois du pays ; et sa mort suffira à ma vengeance.
1026 EURYSTHÉE.
Donne-moi la mort, je ne demande point grâce. Mais, puisqu'Athènes m'a pardonné, et s'est fait scrupule de m'ôter la vie, je lui révélerai un antique oracle d'Apollon, qui un jour lui sera plus utile qu'on ne suppose. Après ma mort, vous m'ensevelirez au lieu arrêté par le destin, à Pallène, devant le temple de Minerve. Mes mânes vous seront propices, et dans le sein de la terre, je serai pour cette ville un hôte protecteur ; et lorsque les descendants d'Hercule, oubliant vos bienfaits, vous attaqueront avec de nombreux bataillons, ma haine irréconciliable poursuivra leur ingratitude. Tels sont les hôtes que vous avez défendus. Comment donc ai-je pu venir en ces lieux, et ne pas redouter cet oracle? J'ai cru que Junon, supérieure à tous les oracles, ne m'abandonnerait jamais. Mais ne répandez ni libations, ni sang sur mon tombeau ; car je prépare un retour funeste à vos ennemis, lorsqu'ils vous attaqueront. Vous gagnerez doublement ; après ma mort je serai pour vous un défenseur, et un fléau pour vos ennemis.
1045 ALCMÈNE.
Que tardez-vous à sacrifier cet homme, si vous devez assurer ainsi le salut de votre patrie et de vos descendants? Lui-même vous indique la voie la plus sûre. Vivant, il est votre ennemi ; mort, il devient votre appui.
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