[900] Αἰών τε Χρόνου παῖς.
901 ἔχεις ὁδόν τιν´, ὦ πόλις, δίκαιον· οὐ
902 χρή ποτε τοῦδ´ ἀφέσθαι,
903 τιμᾶν θεούς· ὁ δὲ μή σε φάσκων
904 ἐγγὺς μανιᾶν ἐλαύνει,
905 δεικνυμένων ἐλέγχων
906 τῶνδ´· ἐπίσημα γάρ τοι
907 θεὸς παραγγέλλει, τῶν ἀδίκων παραιρῶν
909 φρονήματος αἰεί.
910 ἔστιν ἐν οὐρανῶι βεβακὼς
911 ὁ σὸς γόνος, ὦ γεραιά·
912 φεύγω λόγον ὡς τὸν Ἅιδα
913 δόμον κατέβα, πυρὸς
914 δεινᾶι φλογὶ σῶμα δαισθείς·
915 Ἥβας τ´ ἐρατὸν χροΐζει
916 λέχος χρυσέαν κατ´ αὐλάν.
917 ὦ Ὑμέναιε, δισσοὺς
918 παῖδας Διὸς ἠξίωσας.
919 συμφέρεται τὰ πολλὰ πολλοῖς·
920 καὶ γὰρ πατρὶ τῶνδ´ Ἀθάναν
921 λέγους´ ἐπίκουρον εἶναι,
922 καὶ τούσδε θεᾶς πόλις
923 καὶ λαὸς ἔσωσε κείνας·
924 ἔσχεν δ´ ὕβριν ἀνδρὸς ὧι
925 θυμὸς ἦν πρὸ δίκας βίαιος.
926 μήποτ´ ἐμοὶ φρόνημα
927 ψυχά τ´ ἀκόρεστος εἴη.
928 (ΘΕΡΑΠΩΝ) δέσποιν´, ὁρᾶις μὲν ἀλλ´ ὅμως εἰρήσεται·
929 Εὐρυσθέα σοι τόνδ´ ἄγοντες ἥκομεν,
930 ἄελπτον ὄψιν τῶιδέ τ´ οὐχ ἧσσον τύχην·
931 οὐ γάρ ποτ´ ηὔχει χεῖρας ἵξεσθαι σέθεν,
932 ὅτ´ ἐκ Μυκηνῶν πολυπόνωι σὺν ἀσπίδι
933 ἔστειχε μείζω τῆς δίκης φρονῶν, πόλιν
934 πέρσων Ἀθάνας. ἀλλὰ τὴν ἐναντίαν
935 δαίμων ἔθηκε καὶ μετέστησεν τύχην.
936 Ὕλλος μὲν οὖν ὅ τ´ ἐσθλὸς Ἰόλεως βρέτας
937 Διὸς τροπαίου καλλίνικον ἵστασαν·
938 ἐμοὶ δὲ πρὸς σὲ τόνδ´ ἐπιστέλλους´ ἄγειν,
939 τέρψαι θέλοντες σὴν φρέν´· ἐκ γὰρ εὐτυχοῦς
940 ἥδιστον ἐχθρὸν ἄνδρα δυστυχοῦνθ´ ὁρᾶν.
941 (ΑΛΚΜΗΝΗ) ὦ μῖσος, ἥκεις; εἶλέ ς´ ἡ Δίκη χρόνωι;
942 πρῶτον μὲν οὖν μοι δεῦρ´ ἐπίστρεψον κάρα
943 καὶ τλῆθι τοὺς σοὺς προσβλέπειν ἐναντίον
944 ἐχθρούς· κρατῆι γὰρ νῦν γε κοὐ κρατεῖς ἔτι.
945 ἐκεῖνος εἶ σύ, βούλομαι γὰρ εἰδέναι,
946 ὃς πολλὰ μὲν τὸν ὄνθ´ ὅπου ´στὶ νῦν ἐμὸν
947 παῖδ´ ἀξιώσας, ὦ πανοῦργ´, ἐφυβρίσαι
| [900] et le Temps fils de Saturne !
O ma patrie, tu marches dans la voie de la justice : ne t'en écarte jamais, continue à honorer les dieux. Celui qui a des sentiments contraires est voisin de la folie, lorsque tant de preuves frappantes le réfutent : Dieu fait parler d'éclatants exemples, en confondant sans cesse l'orgueil des hommes injustes.
Ton fils vit dans le ciel, ô Alcmène ! Il dément le récit qui le fait descendre dans le séjour de Pluton, après avoir vu son corps consumé par la flamme terrible. Il partage la couche de l'aimable Hébé dans la cour céleste. O Hymenée ! tu as glorieusement uni deux enfants de Jupiter.
Bien des liens nous attachent à cette race illustre. Minerve, dit-on, fut souvent l'auxiliaire d'Hercule, et la ville de cette déesse, le peuple qu'elle choisit, ont sauvé les enfants d'Hercule; elle a réprimé l'insolence d'un mortel qui mettait ses fureurs et sa violence à la place de la justice. Loin de moi un tel orgueil, loin de moi une passion insatiable !
928 LE MESSAGER.
Ô ma maîtresse (tu le vois, cependant je ne le dirai pas moins), voici Eurysthée que nous t'amenons; spectacle inespéré pour nous, et qui trompe également son attente. Il était loin de prévoir qu'il tomberait dans tes mains lorsque, sorti de la funeste Mycènes avec ses guerriers, il s'avançait enflé de l'ambition, plus haute que sa fortune, de renverser Athènes. Mais les dieux ont donné une issue contraire à ses projets, et ont changé son sort. Hyllus et le brave Iolas se sont mis à élever une statue triomphale à Jupiter, auteur de notre victoire, et ils m'ont chargé de t'amener ce captif, dans l'intention de réjouir ton cœur; car rien n'est plus doux que de voir son ennemi tomber de la prospérité dans l'infortune.
939 ALCMÈNE.
Ô monstre! te voilà donc! enfin la Justice t'a atteint. Tourne d'abord tes yeux vers moi, et ose regarder tes ennemis en face : tu es maintenant en notre pouvoir, et nous ne sommes plus au tien. Est-ce toi, cruel, je veux le savoir, qui as accablé de tant d'outrages, pendant sa vie, mon fils, admis maintenant parmi les dieux? De quels outrages, en effet, n'as-tu pas osé l'accabler, toi qui l'as forcé de descendre vivant dans le séjour de Pluton,
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