[850] δίας Ἀθάνας, ἅρμ´ ἰδὼν Εὐρυσθέως,
851 ἠράσαθ´ Ἥβηι Ζηνί θ´ ἡμέραν μίαν
852 νέος γενέσθαι κἀποτείσασθαι δίκην
853 ἐχθρούς. κλύειν δὴ θαύματος πάρεστί σοι·
854 δισσὼ γὰρ ἀστέρ´ ἱππικοῖς ἐπὶ ζυγοῖς
855 σταθέντ´ ἔκρυψαν ἅρμα λυγαίωι νέφει·
856 σὸν δὴ λέγουσι παῖδά γ´ οἱ σοφώτεροι
857 Ἥβην θ´· ὁ δ´ ὄρφνης ἐκ δυσαιθρίου νέων
858 βραχιόνων ἔδειξεν ἡβητὴν τύπον.
859 αἱρεῖ δ´ ὁ κλεινὸς Ἰόλεως Εὐρυσθέως
860 τέτρωρον ἅρμα πρὸς πέτραις Σκιρωνίσιν,
861 δεσμοῖς τε δήσας χεῖρας ἀκροθίνιον
862 κάλλιστον ἥκει τὸν στρατηλάτην ἄγων
863 τὸν ὄλβιον πάροιθε. τῆι δὲ νῦν τύχηι
864 βροτοῖς ἅπασι λαμπρὰ κηρύσσει μαθεῖν,
865 τὸν εὐτυχεῖν δοκοῦντα μὴ ζηλοῦν πρὶν ἂν
866 θανόντ´ ἴδηι τις· ὡς ἐφήμεροι τύχαι.
867 (ΧΟΡΟΣ) ὦ Ζεῦ τροπαῖε, νῦν ἐμοὶ δεινοῦ φόβου
868 ἐλεύθερον πάρεστιν ἦμαρ εἰσιδεῖν.
869 (ΑΛΚΜΗΝΗ) ὦ Ζεῦ, χρόνωι μὲν τἄμ´ ἐπεσκέψω κακά,
870 χάριν δ´ ὅμως σοι τῶν πεπραγμένων ἔχω·
871 καὶ παῖδα τὸν ἐμὸν πρόσθεν οὐ δοκοῦς´ ἐγὼ
872 θεοῖς ὁμιλεῖν νῦν ἐπίσταμαι σαφῶς.
873 ὦ τέκνα, νῦν δὴ νῦν ἐλεύθεροι πόνων,
874 ἐλεύθεροι δὲ τοῦ κακῶς ὀλουμένου
875 Εὐρυσθέως ἔσεσθε καὶ πόλιν πατρὸς
876 ὄψεσθε, κλήρους δ´ ἐμβατεύσετε χθονὸς
877 καὶ θεοῖς πατρώιοις θύσεθ´, ὧν ἀπειργμένοι
878 ξένοι πλανήτην εἴχετ´ ἄθλιον βίον.
879 ἀτὰρ τί κεύθων Ἰόλεως σοφόν ποτε
880 Εὐρυσθέως ἐφείσαθ´ ὥστε μὴ κτανεῖν;
881 λέξον· παρ´ ἡμῖν μὲν γὰρ οὐ σοφὸν τόδε,
882 ἐχθροὺς λαβόντα μὴ ἀποτείσασθαι δίκην.
883 (ΑΓΓΕΛΟΣ) τὸ σὸν προτιμῶν, ὥς νιν ὀφθαλμοῖς ἴδοις
884 κρατοῦντα καὶ σῆι δεσποτούμενον χερί.
885 οὐ μὴν ἑκόντα γ´ αὐτὸν ἀλλὰ πρὸς βίαν
886 ἔζευξ´ ἀνάγκηι· καὶ γὰρ οὐκ ἐβούλετο
887 ζῶν ἐς σὸν ἐλθεῖν ὄμμα καὶ δοῦναι δίκην.
888 ἀλλ´, ὦ γεραιά, χαῖρε καὶ μέμνησό μοι
889 ὃ πρῶτον εἶπας ἡνίκ´ ἠρχόμην λόγου,
890 ἐλευθερώσειν μ´· ἐν δὲ τοῖς τοιοῖσδε χρὴ
891 ἀψευδὲς εἶναι τοῖσι γενναίοις στόμα.
892 (ΧΟΡΟΣ) ἐμοὶ χορὸς μὲν ἡδύς, εἰ λίγεια λωτοῦ
893 χάρις ἐνὶ δαΐ·
894 ἡδεῖα δ´ εὔχαρις Ἀφροδίτα·
895 τερπνὸν δέ τι καὶ φίλων
896 ἆρ´ εὐτυχίαν ἰδέσθαι
897 τῶν πάρος οὐ δοκούντων.
899 πολλὰ γὰρ τίκτει Μοῖρα τελεσσιδώτειρ´
| [850] consacré à Minerve, Iolas aperçoit le char d'Eurysthée. Il implore aussitôt d'Hébé et de Jupiter la grâce de rajeunir un seul jour, et de tirer vengeance de ses ennemis. Ici on rapporte un fait merveilleux : deux astres s'arrêtent sur l'attelage et enveloppent le char d'un nuage obscur. C'étaient, disent les sages, ton fils Hercule et son épouse Hébé. De cet obscur nuage on voit sortir Iolas sous les traits d'un jeune homme plein de vigueur. Il atteint le char d'Eurysthée vers les rochers de Sciron, il le saisit lui-même, et ramène chargé de chaînes ce roi jusque-là si fortuné. Son sort présent enseigne à tous les mortels, d'une manière éclatante, à ne pas appeler heureux celui qui jouit d'une apparente prospérité, avant qu'il ne soit mort ; car la fortune est bien changeante.
867 LE CHOEUR.
O Jupiter, si terrible à nos ennemis, c'est à présent qu'il m'est permis de passer des jours exempts d'effroi.
869 ALCMÈNE.
O Jupiter, enfin tu as jeté un regard de pitié sur mes maux, et je n'en suis pas moins reconnaissante de ta protection tardive. Je doutais jusqu'alors que mon fils fût admis dans le commerce des dieux ; maintenant j'en ai la preuve. Chers enfants, c'est à présent que, libres de pénibles épreuves, c'est à présent que libres du joug du cruel Eurysthée, vous pourrez revoir la ville de votre père, rentrer en possession de son héritage, et sacrifier aux dieux de votre patrie. Privés de tous ces biens et proscrits, vous meniez une vie errante et misérable. Mais, dis-moi, dans quelle vue secrète Iolas a-t-il épargné Eurysthée, et ne lui a-t-il pas donné la mort? à mon sens, il n'est pas sage, lorsqu'on tient son ennemi en son pouvoir, de ne pas en tirer vengeance.
883 LE SERVITEUR.
C'est par égard pour toi qu'il a différé la vengeance, et pour que tu visses ton ennemi vaincu et soumis à tes lois. Ce n'est pas de plein gré que le captif se rend à ses ordres, mais il a dû plier sous le joug de la nécessité. Il ne voulait pas paraître vivant devant toi, pour subir sa sentence. Ainsi, Alcmène, réjouis-toi, et souviens-toi de la promesse que tu m'as faite, lorsque je commençais ce récit ; rends-moi la liberté. En pareilles occasions, les âmes généreuses ne doivent pas promettre en vain.
892 LE CHOEUR.
Les danses me plaisent, quand le doux son de la flûte les accompagne ; j'aime à voir un festin égayé par le charme de Vénus ; mais c'est une grande joie de voir la prospérité de ses amis jusqu'alors maltraités par la fortune. Que de choses enfante la Destinée, qui mène à fin les événements,
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