[600] καὶ χαῖρε· δυσφημεῖν γὰρ ἅζομαι θεὰν
601 ἧι σὸν κατῆρκται σῶμα, Δήμητρος κόρην.
602 ὦ παῖδες, οἰχόμεσθα· λύεται μέλη
603 λύπηι· λάβεσθε κἀς ἕδραν μ´ ἐρείσατε
604 αὐτοῦ πέπλοισι τοῖσδε κρύψαντες, τέκνα.
605 ὡς οὔτε τούτοις ἥδομαι πεπραγμένοις
606 χρησμοῦ τε μὴ κρανθέντος οὐ βιώσιμον·
607 μείζων γὰρ ἄτη· συμφορὰ δὲ καὶ τάδε.
608 (ΧΟΡΟΣ) οὔτινά φημι θεῶν ἄτερ ὄλβιον, οὐ βαρύποτμον,
609 ἄνδρα γενέσθαι·
610 οὐδὲ τὸν αὐτὸν ἀεὶ ´μβεβάναι δόμον
611 εὐτυχίαι· παρὰ δ´ ἄλλαν ἄλλα
612 μοῖρα διώκει.
613 τὸν μὲν ἀφ´ ὑψηλῶν βραχὺν ὤικισε,
614 τὸν δ´ ἀλήταν εὐδαίμονα τεύχει.
615 μόρσιμα δ´ οὔτι φυγεῖν θέμις, οὐ σοφίαι
616 τις ἀπώσεται, ἀλλὰ μάταν ὁ πρόθυμος
617 ἀεὶ πόνον ἕξει.
618 ἀλλὰ σὺ μὴ προπεσὼν τὰ θεῶν φέρε μηδ´
619 ὑπεράλγει
620 φροντίδα λύπαι·
621 εὐδόκιμον γὰρ ἔχει θανάτου μέρος
622 ἁ μελέα πρό τ´ ἀδελφῶν καὶ γᾶς,
623 οὐδ´ ἀκλεής νιν
624 δόξα πρὸς ἀνθρώπων ὑποδέξεται·
625 ἁ δ´ ἀρετὰ βαίνει διὰ μόχθων.
626 ἄξια μὲν πατρός, ἄξια δ´ εὐγενίας
627 τάδε γίγνεται· εἰ δὲ σέβεις θανάτους
628 ἀγαθῶν, μετέχω σοι.
630 (ΘΕΡΑΠΩΝ)
630 ὦ τέκνα, χαίρετ´· Ἰόλεως δὲ ποῦ γέρων
631 μήτηρ τε πατρὸς τῆσδ´ ἕδρας ἀποστατεῖ;
632 (ΙΟΛΑΟΣ) πάρεσμεν, οἵα δή γ´ ἐμοῦ παρουσία.
633 (ΘΕΡΑΠΩΝ) τί χρῆμα κεῖσαι καὶ κατηφὲς ὄμμ´ ἔχεις;
634 (ΙΟΛΑΟΣ) φροντίς τις ἦλθ´ οἰκεῖος, ἧι συνειχόμην.
635 (ΘΕΡΑΠΩΝ) ἔπαιρέ νυν σεαυτόν, ὄρθωσον κάρα.
636 (ΙΟΛΑΟΣ) γέροντές ἐσμεν κοὐδαμῶς ἐρρώμεθα.
637 (ΘΕΡΑΠΩΝ) ἥκω γε μέντοι χάρμα σοι φέρων μέγα.
638 (ΙΟΛΑΟΣ) τίς δ´ εἶ σύ; ποῦ σοι συντυχὼν ἀμνημονῶ;
639 (ΘΕΡΑΠΩΝ) Ὕλλου πενέστης· οὔ με γιγνώσκεις ὁρῶν;
640 (ΙΟΛΑΟΣ) ὦ φίλταθ´, ἥκεις ἆρα σωτὴρ νῶιν βλάβης;
641 (ΘΕΡΑΠΩΝ) μάλιστα· καὶ πρός γ´ εὐτυχεῖς τὰ νῦν τάδε.
642 (ΙΟΛΑΟΣ) ὦ μῆτερ ἐσθλοῦ παιδός, Ἀλκμήνην λέγω,
643 ἔξελθ´, ἄκουσον τοῦδε φιλτάτους λόγους.
644 πάλαι γὰρ ὠδίνουσα τῶν ἀφιγμένων
645 ψυχὴν ἐτήκου νόστος εἰ γενήσεται.
646 (ΑΛΚΜΗΝΗ)
646 τί χρῆμ´ ἀυτῆς πᾶν τόδ´ ἐπλήσθη στέγος,
647 Ἰόλαε; μῶν τίς ς´ αὖ βιάζεται παρὼν
648 κῆρυξ ἀπ´ Ἄργους; ἀσθενὴς μὲν ἥ γ´ ἐμὴ
649 ῥώμη, τοσόνδε δ´ εἰδέναι σε χρή, ξένε·
| [600] Adieu, car je crains de blesser par des paroles de mauvais augure la déesse à qui on corps est consacré, la fille de Cérés. O mes enfants, je me meurs, tout mon corps succombe à la douleur. Soutenez-moi, placez-moi là sur ce siége, couvrez-moi de ces vêtements. Je ne puis penser sans douleur à ce cruel sacrifice : et pourtant, si l'oracle ne s'accomplit, nulle vie n'est assurée, des désastres plus terribles nous menacent ; mais cela est déjà un grand malheur.
LE CHOEUR.
608 Non, sans la volonté des dieux, nul mortel n'est heureux, nul n'est misérable. On ne voit pas la même maison jouir d'une constante prospérité ; la destinée changeante va de l'un à l'autre ; elle précipite l'un du faîte de la grandeur au rang le plus bas, elle porte l'autre de la misère au sein de l'opulence. Nul mortel ne peut échapper aux arrêts du destin, nulle sagesse ne peut s'y soustraire ; celui qui l'entreprend se consumera toujours en vains efforts.
618 Toi donc ne succombe pas tes maux, supporte le sort envoyé par les dieux, et ne livre pas ton coeur à l'excès du désespoir. La gloire illustre la mort de l'infortunée qui s'est dévouée pour ses frères et pour ce pays. Son nom, honoré des hommes, ne périra pas dans l'obscurité. La vertu marche à travers les souffrances. Cet héroïsme est digne de son père, digne de sa noble naissance. Si tu honores la vertu des morts, je m'unis à l'hommage que tu lui rends.
630 UN SERVITEUR.
630 Salut, jeunes enfants. Mais où est le vieil Iolas? La mère d'Hercule est-elle donc absente ?
IOLAS.
Me voici, mais ce n'est que l'ombre de moi-même.
LE SERVITEUR.
Pourquoi es-tu gisant et as-tu l'air si triste ?
IOLAS.
Il m'est survenu des soucis domestiques qui m'ont tourmenté.
LE SERVITEUR.
Relève-toi, dresse la tête.
IOLAS.
Je suis vieux, je n'ai plus de forces.
LE SERVITEUR.
Je viens t'apporter une grande joie.
IOLAS.
Qui es-tu? où t'ai-je rencontré autrefois?
LE SERVITEUR.
Je suis le serviteur d'Hyllus. Ne me reconnais-tu pas?
IOLAS.
Ô cher ami, viens-tu nous délivrer de nos souffrances ?
LE SERVITEUR.
Oui ; et maintenant la fortune te sourit.
IOLAS.
Ô mère d'un héros, Alcmène, sors, viens entendre ces heureuses nouvelles ; car, hélas ! depuis longtemps en proie à la douleur, ton cœur se consumait dans l'attente du retour de tes enfants.
646 ALCMÈNE.
Qu'y a-t-il ? les voûtes de ce temple retentissent de cris, Iolas, est-ce que le héraut d'Argos vient encore te faire violence ? Les forces manquent à ma vieillesse ; mais, sache-le bien, étranger,
|