[1200] (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ἥκει γὰρ ὅστις καὶ τάδ´ ἀγγέλλει σαφῆ;
1201 (ΕΛΕΝΗ) ἥκει· μόλοι γὰρ οἷ σφ´ ἐγὼ χρήιζω μολεῖν.
1202 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τίς ἐστι; ποῦ ´στιν; ἵνα σαφέστερον μάθω.
1203 (ΕΛΕΝΗ) ὅδ´ ὃς κάθηται τῶιδ´ ὑποπτήξας τάφωι.
1204 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) Ἄπολλον, ὡς ἐσθῆτι δυσμόρφωι πρέπει.
1205 (ΕΛΕΝΗ) οἴμοι, δοκῶ μὲν κἀμὸν ὧδ´ ἔχειν πόσιν.
1206 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ποδαπὸς δ´ ὅδ´ ἁνὴρ καὶ πόθεν κατέσχε γῆν;
1207 (ΕΛΕΝΗ) Ἕλλην, Ἀχαιῶν εἷς ἐμῶι σύμπλους πόσει.
1208 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) θανάτωι δὲ ποίωι φησὶ Μενέλεων θανεῖν;
1209 (ΕΛΕΝΗ) οἰκτρόταθ´, ὑγροῖσιν ἐν κλυδωνίοις ἁλός.
1210 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ποῦ βαρβάροισι πελάγεσιν ναυσθλούμενον;
1211 (ΕΛΕΝΗ) Λιβύης ἀλιμένοις ἐκπεσόντα πρὸς πέτραις.
1212 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) καὶ πῶς ὅδ´ οὐκ ὄλωλε κοινωνῶν πλάτης;
1213 (ΕΛΕΝΗ) ἐσθλῶν κακίους ἐνίοτ´ εὐτυχέστεροι.
1214 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) λιπὼν δὲ ναὸς ποῦ πάρεστιν ἔκβολα;
1215 (ΕΛΕΝΗ) ὅπου κακῶς ὄλοιτο, Μενέλεως δὲ μή.
1216 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ὄλωλ´ ἐκεῖνος. ἦλθε δ´ ἐν ποίωι σκάφει;
1217 (ΕΛΕΝΗ) ναῦταί σφ´ ἀνείλοντ´ ἐντυχόντες, ὡς λέγει.
1218 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ποῦ δὴ τὸ πεμφθὲν ἀντὶ σοῦ Τροίαι κακόν;
1219 (ΕΛΕΝΗ) νεφέλης λέγεις ἄγαλμ´; ἐς αἰθέρ´ οἴχεται.
1220 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ὦ Πρίαμε καὶ γῆ Τρωιάς, ὡς ἔρρεις μάτην.
1221 (ΕΛΕΝΗ) κἀγὼ μετέσχον Πριαμίδαις δυσπραξίας.
1222 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) πόσιν δ´ ἄθαπτον ἔλιπεν ἢ κρύπτει χθονί;
1223 (ΕΛΕΝΗ) ἄθαπτον· οἲ ´γὼ τῶν ἐμῶν τλήμων κακῶν.
1224 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τῶνδ´ οὕνεκ´ ἔτεμες βοστρύχους ξανθῆς κόμης;
1225 (ΕΛΕΝΗ) φίλος γάρ ἐστιν ὅς ποτ´ ἐστὶν ἐνθάδ´ ὤν.
1226 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ὀρθῶς μὲν ἥδε συμφορὰ δακρύεται.
1227 (ΕΛΕΝΗ) ἐν εὐμαρεῖ γοῦν σὴν κασιγνήτην λαθεῖν.
1228 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) οὐ δῆτα. πῶς οὖν; τόνδ´ ἐτ´ οἰκήσεις τάφον;
1230 (ΕΛΕΝΗ) πιστὴ γάρ εἰμι τῶι πόσει φεύγουσα σέ.
1229 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τί κερτομεῖς με, τὸν θανόντα δ´ οὐκ ἐᾶις;
1231 (ΕΛΕΝΗ) ἀλλ´ οὐκέτ´· ἤδη δ´ ἄρχε τῶν ἐμῶν γάμων.
1232 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) χρόνια μὲν ἦλθεν, ἀλλ´ ὅμως αἰνῶ τάδε.
1233 (ΕΛΕΝΗ) οἶσθ´ οὖν ὃ δρᾶσον· τῶν πάρος λαθώμεθα.
1234 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) ἐπὶ τῶι; χάρις γὰρ ἀντὶ χάριτος ἐλθέτω.
1235 (ΕΛΕΝΗ) σπονδὰς τέμωμεν καὶ διαλλάχθητί μοι.
1236 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) μεθίημι νεῖκος τὸ σόν, ἴτω δ´ ὑπόπτερον.
1237 (ΕΛΕΝΗ) πρός νύν σε γονάτων τῶνδ´, ἐπείπερ εἶ φίλος ...
1238 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τί χρῆμα θηρῶς´ ἱκέτις ὠρέχθης ἐμοῦ;
1239 (ΕΛΕΝΗ) τὸν κατθανόντα πόσιν ἐμὸν θάψαι θέλω.
1240 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τί δ´; ἔστ´ ἀπόντων τύμβος; ἢ θάψεις σκιάν;
1241 (ΕΛΕΝΗ) Ἕλλησίν ἐστι νόμος, ὃς ἂν πόντωι θάνηι ...
1242 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τί δρᾶν; σοφοί τοι Πελοπίδαι τὰ τοιάδε.
1243 (ΕΛΕΝΗ) κενοῖσι θάπτειν ἐν πέπλων ὑφάσμασιν.
1244 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) κτέριζ´· ἀνίστη τύμβον οὗ χρήιζεις χθονός.
1245 (ΕΛΕΝΗ) οὐχ ὧδε ναύτας ὀλομένους τυμβεύομεν.
1246 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) πῶς δαί; λέλειμμαι τῶν ἐν Ἕλλησιν νόμων.
1247 (ΕΛΕΝΗ) ἐς πόντον ὅσα χρὴ νέκυσιν ἐξορμίζομεν.
1248 (ΘΕΟΚΛΥΜΕΝΟΣ) τί σοι παράσχω δῆτα τῶι τεθνηκότι;
1249 (ΕΛΕΝΗ) ὅδ´ οἶδ´, ἐγὼ δ´ ἄπειρος, εὐτυχοῦσα πρίν.
| [1200] THÉOCLYMÈNE.
Est-il donc venu quelqu'un qui t'annonce cette nouvelle ?
HÉLÈNE.
Il est venu. — Qu'il s'avance, je désire le voir.
THÉOCLYMÈNE.
Qui est-il ? où est-il? que je m'assure de la vérité.
HÉLÈNE.
Tu le vois tremblant auprès de ce tombeau.
THÉOCLYMÈNE.
O Apollon ! de quels misérables vêtements il est couvert !
HÉLÈNE.
Hélas ! il me semble voir mon époux en ce triste état.
THÉOCLYMÈNE.
Quelle est sa patrie? d'où vient-il en ces lieux ?
HÉLÈNE.
Il est Grec ; c'est un de ceux qui accompagnaient mon époux.
THÉOCLYMÈNE.
De quelle mort dit-il que Ménélas a péri ?
HÉLÈNE.
De la plus misérable : il a péri dans les flots de la mer.
THÉOCLYMÈNE.
1210 En quels lieux? naviguait-il sur une mer barbare?
HÉLÈNE.
Son vaisseau s'est brisé sur les rochers de la Libye.
THÉOCLYMÈNE.
Comment cet homme, qui partageait ses dangers, a-t-il échappé à la mort ?
HÉLÈNE.
Les lâches sont souvent plus heureux que les braves.
THÉOCLYMÈNE.
Sur quels rivages a-t-il laissé les débris du navire?
HÉLÈNE.
Quelque part que ce soit, que n'y a-t-il péri au lieu de Ménélas !
THÉOCLYMÈNE.
Il est mort! Mais sur quel vaisseau cet homme est-il venu ?
HÉLÈNE.
Des nautoniers qui l'ont rencontré l'ont recueilli, à ce qu'il rapporte.
THÉOCLYMÈNE.
Qu'est devenu ce fléau qui fut envoyé à Troie à ta place?
HÉLÈNE.
Tu veux parler du fantôme ? il s'est évanoui dans les airs.
THÉOCLYMÈNE.
O Priam ! ô terre de Troie que votre perte a été vaine !
HÉLÈNE.
Moi aussi, j'ai eu ma part dans l'infortune des Priamides.
THÉOCLYMÈNE.
Cet homme a-t-il laissé ton époux sans sépulture, ou l'a-t-il enseveli dans la terre ?
HÉLÈNE.
Il est resté sans sépulture, et c'est ce qui redouble mon affliction;
THÉOCLYMÈNE.
C'est donc pour ce motif que tu as coupé les tresses de ta blonde chevelure ?
HÉLÈNE.
1225 Il n'en est pas moins mon époux chéri, même dans le séjour des ombres.
THÉOCLYMÈNE.
Est-ce des larmes sincères que t'arrache ce malheur ?
HÉLÈNE.
Si ta soeur mourait, serais-tu donc insensible à sa perte ?
THÉOCLYMÈNE.
Non certes ; mais continueras-tu à habiter ce tombeau ?
HÉLÈNE.
Pourquoi me harcèles-tu ainsi et ne laisses-tu pas le mort tranquille?
THÉOCLYMÈNE.
Sans doute tu restes fidèle à ton époux, et tu t'obstines à me fuir.
HÉLÈNE.
Non ; désormais je me rends à tes voeux.
THÉOCLYMÈNE.
Consentement tardif, qui cependant me comble de joie.
HÉLÈNE.
Sais-tu ce que j'attends de toi? Oublions le passé.
THÉOCLYMÈNE.
A quelle condition ? Car toute faveur exige une faveur.
HÉLÈNE.
Faisons la paix, et réconcilie-toi avec moi.
THÉOCLYMÈNE.
J'oublie tout mon ressentiment ; qu'il se dissipe dans les airs.
HÉLÈNE.
Maintenant j'embrasse tes genoux, si je te suis chère.
THÉOCLYMÈNE.
Quel est l'objet de tes vœux pour lequel tu me supplies avec tant d'instance ?
HÉLÈNE.
Je désire rendre les derniers devoirs à mon époux.
THÉOCLYMÈNE.
1240 Quelle sépulture donner aux absents? Enseveliras-tu son ombre ?
HÉLÈNE.
C'est l'usage parmi les Grecs, lorsqu'un homme a péri dans la mer.
THÉOCLYMÈNE.
De quoi faire ? Sur cet objet la sagesse des Pélopides est connue.
HÉLÈNE.
De donner de précieux tissus pour sépulture à son ombre vaine.
THÉOCLYMÈNE.
Célèbre ses funérailles, érige-lui un tombeau aux lieux où tu voudras.
HÉLÈNE.
Ce n'est pas ainsi que nous ensevelissons ceux qui ont péri dans un naufrage.
THÉOCLYMÈNE.
Comment faites-vous donc? J'ignore les usages de la Grèce.
HÉLÈNE.
C'est dans la mer que nous portons tout ce qui est nécessaire aux obsèques des morts.
THÉOCLYMÈNE.
Que dois-je donc faire à l'égard de ton époux, pour te complaire ?
HÉLÈNE.
Je ne sais ; j'ignore des cérémonies que le malheur ne m'avait pas encore enseignées.
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