[250] (ΟΔΥΣΣΕΥΣ) πολλῶν λόγων εὑρήμαθ´ ὥστε μὴ θανεῖν.
247 (ΕΚΑΒΗ) ἔσωσα δῆτά ς´ ἐξέπεμψά τε χθονός;
248 (ΟΔΥΣΣΕΥΣ) ὥστ´ εἰσορᾶν γε φέγγος ἡλίου τόδε.
251 (ΕΚΑΒΗ) οὔκουν κακύνηι τοῖσδε τοῖς βουλεύμασιν,
252 ὃς ἐξ ἐμοῦ μὲν ἔπαθες οἶα φὴις παθεῖν,
253 δρᾶις δ´ οὐδὲν ἡμᾶς εὖ, κακῶς δ´ ὅσον δύναι;
254 ἀχάριστον ὑμῶν σπέρμ´, ὅσοι δημηγόρους
255 ζηλοῦτε τιμάς· μηδὲ γιγνώσκοισθέ μοι,
256 οἳ τοὺς φίλους βλάπτοντες οὐ φροντίζετε,
257 ἢν τοῖσι πολλοῖς πρὸς χάριν λέγητέ τι.
258 ἀτὰρ τί δὴ σόφισμα τοῦθ´ ἡγούμενοι
259 ἐς τήνδε παῖδα ψῆφον ὥρισαν φόνου;
260 πότερα τὸ χρή σφ´ ἐπήγαγ´ ἀνθρωποσφαγεῖν
261 πρὸς τύμβον, ἔνθα βουθυτεῖν μᾶλλον πρέπει;
262 ἢ τοὺς κτανόντας ἀνταποκτεῖναι θέλων
263 ἐς τήνδ´ Ἀχιλλεὺς ἐνδίκως τείνει φόνον;
264 ἀλλ´ οὐδὲν αὐτὸν ἥδε γ´ εἴργασται κακόν.
265 Ἑλένην νιν αἰτεῖν χρῆν τάφωι προσφάγματα·
266 κείνη γὰρ ὤλεσέν νιν ἐς Τροίαν τ´ ἄγει.
267 εἰ δ´ αἰχμαλώτων χρή τιν´ ἔκκριτον θανεῖν
268 κάλλει θ´ ὑπερφέρουσαν, οὐχ ἡμῶν τόδε·
269 ἡ Τυνδαρὶς γὰρ εἶδος ἐκπρεπεστάτη,
270 ἀδικοῦσά θ´ ἡμῶν οὐδὲν ἧσσον ηὑρέθη.
271 τῶι μὲν δικαίωι τόνδ´ ἁμιλλῶμαι λόγον·
272 ἃ δ´ ἀντιδοῦναι δεῖ ς´ ἀπαιτούσης ἐμοῦ
273 ἄκουσον.
ἥψω τῆς ἐμῆς, ὡς φήις, χερὸς
274 καὶ τῆσδε γραίας προσπίτνων παρηίδος·
275 ἀνθάπτομαί σου τῶνδε τῶν αὐτῶν ἐγὼ
276 χάριν τ´ ἀπαιτῶ τὴν τόθ´ ἱκετεύω τέ σε,
277 μή μου τὸ τέκνον ἐκ χερῶν ἀποσπάσηις
278 μηδὲ κτάνητε· τῶν τεθνηκότων ἅλις.
279 ταύτηι γέγηθα κἀπιλήθομαι κακῶν·
280 ἥδ´ ἀντὶ πολλῶν ἐστί μοι παραψυχή,
281 πόλις, τιθήνη, βάκτρον, ἡγεμὼν ὁδοῦ.
282 οὐ τοὺς κρατοῦντας χρὴ κρατεῖν ἃ μὴ χρεὼν
283 οὐδ´ εὐτυχοῦντας εὖ δοκεῖν πράξειν ἀεί·
284 κἀγὼ γὰρ ἦ ποτ´ ἀλλὰ νῦν οὐκ εἴμ´ ἔτι,
285 τὸν πάντα δ´ ὄλβον ἦμαρ ἕν μ´ ἀφείλετο.
286 ἀλλ´, ὦ φίλον γένειον, αἰδέσθητί με,
287 οἴκτιρον· ἐλθὼν δ´ εἰς Ἀχαιικὸν στρατὸν
288 παρηγόρησον ὡς ἀποκτείνειν φθόνος
289 γυναῖκας, ἃς τὸ πρῶτον οὐκ ἐκτείνατε
290 βωμῶν ἀποσπάσαντες ἀλλ´ ὠικτίρατε.
291 νόμος δ´ ἐν ὑμῖν τοῖς τ´ ἐλευθέροις ἴσος
292 καὶ τοῖσι δούλοις αἵματος κεῖται πέρι.
293 τὸ δ´ ἀξίωμα, κἂν κακῶς λέγηις, τὸ σὸν
294 πείσει· λόγος γὰρ ἔκ τ´ ἀδοξούντων ἰὼν
295 κἀκ τῶν δοκούντων αὑτὸς οὐ ταὐτὸν σθένει.
296 (ΧΟΡΟΣ) οὐκ ἔστιν οὕτω στερρὸς ἀνθρώπου φύσις
297 ἥτις γόων σῶν καὶ μακρῶν ὀδυρμάτων
298 κλύουσα θρήνους οὐκ ἂν ἐκβάλοι δάκρυ.
299 (ΟΔΥΣΣΕΥΣ) Ἑκάβη, διδάσκου, μηδὲ τῶι θυμουμένωι
| [250] ULYSSE.
Tout ce que le danger pouvait me suggérer pour ne pas mourir.
HÉCUBE.
Je te sauvai alors, et je t'aidai à fuir.
ULYSSE.
Oui, et je te dois de voir encore la lumière.
HÉCUBE.
(251) Eh bien ! n'est-ce pas d'un méchant ce que tu médites contre nous, toi qui, après avoir reçu de moi les services que tu avoues, loin de me rendre le bien, me fais tout le mal qu'il est en toi de me faire ? O race ingrate, orateurs populaires, qui briguez les honneurs ! loin de moi, vous qui comptez pour rien de nuire à vos amis, pourvu que vos discours plaisent à la multitude! Mais enfin, quels subtils arguments ont-ils pu trouver pour porter un arrêt de mort contre cette jeune fille? Quelle nécessité les oblige à verser le sang humain sur un tombeau, que devrait arroser plutôt le sang des hécatombes? Pour venger le meurtre d'Achille sur ses meurtriers, est-il juste de donner la mort à Polyxène? Jamais elle ne lui fit aucun mal. C'est Hélène que du fond de son tombeau il doit demander pour victime ; c'est elle qui l'a fait périr et qui l'a conduit devant Troie. S'il faut qu'une captive d'élite meure, s'il faut une beauté éclatante, ce n'est pas de nous qu'il s'agit. La fille de Tyndare est la plus belle entre toutes, et ses torts ne sont pas moindres que les nôtres. — Telles sont les raisons que me dicte la simple justice : mais toi, écoute ce que j'attends de ta part, en retour de mes bienfaits. Tu prenais ma main, dis-tu, tu étais à mes pieds dans la posture d'un suppliant ;eh bien, c'est moi qui embrasse ici les tiens; c'est moi qui te supplie, et qui implore de toi la grâce que tu me demandais alors. N'arrache point ma fille de mes bras, ne la faites point périr ; c'est bien assez de morts. Par elle j'ai encore quelque joie, et j'oublie mes malheurs ; seule elle adoucit le regret de tant de pertes cruelles ; elle est ma patrie, ma nourrice, mon guide, l'appui de ma vieillesse. Il ne faut pas que les souverains donnent des ordres injustes; qu'ils ne pensent pas que leur prospérité soit inaltérable. Moi-même j'étais autrefois ; à présent je ne suis plus. Tout mon bonheur, un jour me l'a ravi. O toi que je supplie, respecte ma vieillesse, aie pitié de moi : retourne vers l'armée des Grecs, représente-leur combien il est odieux d'égorger des femmes que vous avez épargnées d'abord, en les arrachant au pied des autels, et dont vous avez eu pitié. Chez vous, la loi qui punit le meurtre est égale pour l'homme libre et pour l'esclave. Lors même que I'éloquence te manquerait, ton autorité entraînera les suffrages : le même discours dans la bouche d'un homme obscur, ou dans celle d'un homme respecté, a une valeur bien différente.
LE CHOEUR.
Quel cœur serait assez dur pour ne pas verser des larmes, en entendant tes gémissements et tes longues lamentations?
ULYSSE.
Hécube, laisse-toi persuader;
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