[50] τύμβου κυρῆσαι κἀς χέρας μητρὸς πεσεῖν.
51 τοὐμὸν μὲν οὖν ὅσονπερ ἤθελον τυχεῖν
52 ἔσται· γεραιᾶι δ´ ἐκποδὼν χωρήσομαι
53 Ἑκάβηι· περᾶι γὰρ ἥδ´ ὑπὸ σκηνῆς πόδα
54 Ἀγαμέμνονος, φάντασμα δειμαίνους´ ἐμόν.
55 φεῦ·
55 ὦ μῆτερ, ἥτις ἐκ τυραννικῶν δόμων
56 δούλειον ἦμαρ εἶδες, ὡς πράσσεις κακῶς
57 ὅσονπερ εὖ ποτ´· ἀντισηκώσας δέ σε
58 φθείρει θεῶν τις τῆς πάροιθ´ εὐπραξίας.
59 (ΕΚΑΒΗ)
59 ἄγετ´, ὦ παῖδες, τὴν γραῦν πρὸ δόμων,
60 ἄγετ´ ὀρθοῦσαι τὴν ὁμόδουλον,
61 Τρωιάδες, ὑμῖν, πρόσθε δ´ ἄνασσαν,
62-63 {λάβετε φέρετε πέμπετ´ ἀείρετέ μου}
64 γεραιᾶς χειρὸς προσλαζύμεναι·
65 κἀγὼ σκολιῶι σκίπωνι χερὸς
66 διερειδομένη σπεύσω βραδύπουν
67 ἤλυσιν ἄρθρων προτιθεῖσα.
68 ὦ στεροπὰ Διός, ὦ σκοτία νύξ,
69 τί ποτ´ αἴρομαι ἔννυχος οὕτω
70 δείμασι φάσμασιν; ὦ πότνια Χθών,
71 μελανοπτερύγων μᾶτερ ὀνείρων,
72 ἀποπέμπομαι ἔννυχον ὄψιν
73-74 {ἣν περὶ παιδὸς ἐμοῦ τοῦ σωιζομένου κατὰ Θρήικην
75 ἀμφὶ Πολυξείνης τε φίλης θυγατρὸς δι´ ὀνείρων
77 εἶδον γὰρ φοβερὰν ὄψιν ἔμαθον ἐδάην}.
78 ὦ χθόνιοι θεοί, σώσατε παῖδ´ ἐμόν,
80 ὃς μόνος οἴκων ἄγκυρ´ ἔτ´ ἐμῶν
81 τὴν χιονώδη Θρήικην κατέχει
82 ξείνου πατρίου φυλακαῖσιν.
83 ἔσται τι νέον·
84 ἥξει τι μέλος γοερὸν γοεραῖς.
85 οὔποτ´ ἐμὰ φρὴν ὧδ´ ἀλίαστον
86 φρίσσει ταρβεῖ.
87 ποῦ ποτε θείαν Ἑλένου ψυχὰν
88 καὶ Κασσάνδραν ἐσίδω, Τρωιάδες,
89 ὥς μοι κρίνωσιν ὀνείρους;
90 {εἶδον γὰρ βαλιὰν ἔλαφον λύκου αἵμονι χαλᾶι
91 σφαζομέναν, ἀπ´ ἐμῶν γονάτων σπασθεῖσαν ἀνοίκτως.
92 καὶ τόδε δεῖμά μοι·
93 ἧλθ´ ὑπὲρ ἄκρας τύμβου κορυφᾶς
94 φάντασμ´ Ἀχιλέως· ἤιτει δὲ γέρας
95 τῶν πολυμόχθων τινὰ Τρωϊάδων.
96 ἀπ´ ἐμᾶς οὖν ἀπ´ ἐμᾶς τόδε παιδὸς
97 πέμψατε, δαίμονες, ἱκετεύω.}
98 (ΧΟΡΟΣ)
98 Ἑκάβη, σπουδῆι πρὸς ς´ ἐλιάσθην
99 τὰς δεσποσύνους σκηνὰς προλιποῦς´,
| [50] d'avoir enfin un tombeau et d'être rendu aux mains de ma mère : j'aurai obtenu alors tout ce que je désirais, et je cesserai d'importuner la vieillesse d'Hécube. — Mais la voici qui s'avance hors de la tente d'Agamemnon, épouvantée par mon apparition. — O ma mère, toi qui du palais des rois es tombée dans la servitude, te voilà aussi malheureuse que tu fus heureuse autrefois ! Un dieu, auteur de ta perte, égale ton infortune à tes prospérités passées.
HÉCUBE
(59) Jeunes Troyennes, guidez les pas de votre vieille maîtresse hors de la tente ; soutenez votre compagne d'esclavage, autrefois votre reine ; prenez-moi, portez-moi, aidez-moi ; soulevez ce corps affaibli par les années ; et moi, appuyée sur vos bras, je hâterai mes pas tardifs.— Ô foudres de Jupiter ! ô nuit ténébreuse ! pourquoi troubler mon sommeil par ces terreurs, par ces fantômes? Ô terre vénérable, mère des songes aux noires ailes ! loin de moi ces visions nocturnes, qui m'alarment sur le sort de mon fils réfugié en Thrace, et sur Polyxène, ma fille chérie ! effrayante apparition que j'ai vue en songe ! oui, oui, je comprends. Dieux infernaux ! sauvez mon fils, seul et dernier espoir de sa famille, qui habite la Thrace, couverte de frimas, sous la garde d'un ancien ami.
(83) Quelque chose de nouveau se prépare : à nos accents lamentables vont se joindre de nouvelles lamentations. Non, jamais mon âme ne fut en proie à une horreur, à un effroi si continu. Esprit divin d'Hélénus ou de Cassandre !... ô Troyennes, où sont-ils, pour m'expliquer mes songes? J'ai vu une biche tachetée, déchirée par la griffe sanglante d'un loup, et violemment arrachée à mes genoux ; spectacle digne de pitié ! Autre sujet de terreur : au-dessus de son tombeau est apparue l'ombre d'Achille; il demandait comme prix de ses exploits une de nos infortunées Troyennes. Loin de ma fille, ô dieux, loin de ma fille un pareil malheur! écartez-le, je vous en conjure.
LE CHOEUR, composé de Troyennes captives.
(98) Hécube, j'accours en hâte vers toi; j'ai quitté les tentes où le sort a fixé ma servitude,
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