[900] νῦν δ´, οὐ γὰρ ἵης´ οὐρίους πνοὰς θεός,
901 μένειν ἀνάγκη πλοῦν ὁρῶντας ἡσύχους.
902 γένοιτο δ´ εὖ πως· πᾶσι γὰρ κοινὸν τόδε,
903 ἰδίαι θ´ ἑκάστωι καὶ πόλει, τὸν μὲν κακὸν
904 κακόν τι πάσχειν, τὸν δὲ χρηστὸν εὐτυχεῖν.
905 (ΧΟΡΟΣ) σὺ μέν, ὦ πατρὶς Ἰλιάς,
906 τῶν ἀπορθήτων πόλις οὐκέτι λέξηι·
908 τοῖον Ἑλλάνων νέφος ἀμφί σε κρύπτει
909 δορὶ δὴ δορὶ πέρσαν.
910 ἀπὸ δὲ στεφάναν κέκαρσαι
911 πύργων, κατὰ δ´ αἰθάλου
912 κηλῖδ´ οἰκτροτάταν κέχρωσαι.
913 τάλαιν´, οὐκέτι ς´ ἐμβατεύσω.
914 μεσονύκτιος ὠλλύμαν,
915 ἦμος ἐκ δείπνων ὕπνος ἡδὺς ἐπ´ ὄσσοις
917 σκίδναται, μολπᾶν δ´ ἄπο καὶ χοροποιὸν
918 θυσίαν καταπαύσας
919 πόσις ἐν θαλάμοις ἔκειτο,
920 ξυστὸν δ´ ἐπὶ πασσάλωι,
921 ναύταν οὐκέθ´ ὁρῶν ὅμιλον
922 Τροίαν Ἰλιάδ´ ἐμβεβῶτα.
923 ἐγὼ δὲ πλόκαμον ἀναδέτοις
924 μίτραισιν ἐρρυθμιζόμαν
925 χρυσέων ἐνόπτρων λεύσσους´ ἀτέρμονας εἰς αὐγάς,
926 ἐπιδέμνιος ὡς πέσοιμ´ ἐς εὐνάν.
927 ἀνὰ δὲ κέλαδος ἔμολε πόλιν·
928 κέλευσμα δ´ ἦν κατ´ ἄστυ Τροίας τόδ´· Ὦ
930 παῖδες Ἑλλάνων, πότε δὴ πότε τὰν
931 Ἰλιάδα σκοπιὰν
932 πέρσαντες ἥξετ´ οἴκους;
933 λέχη δὲ φίλια μονόπεπλος
934 λιποῦσα, Δωρὶς ὡς κόρα,
935 σεμνὰν προσίζους´ οὐκ ἤνυς´ Ἄρτεμιν ἁ τλάμων·
937 ἄγομαι δὲ θανόντ´ ἰδοῦς´ ἀκοίταν
938 τὸν ἐμὸν ἅλιον ἐπὶ πέλαγος·
939 πόλιν τ´ ἀποσκοποῦς´, ἐπεὶ νόστιμον
940 ναῦς ἐκίνησεν πόδα καί μ´ ἀπὸ γᾶς
941 ὥρισεν Ἰλιάδος,
942 τάλαιν´ ἀπεῖπον ἄλγει,
943 τὰν τοῖν Διοσκούροιν Ἑλέναν κάσιν Ἰδαῖόν τε
944 βούταν
945 αἰνόπαριν κατάραι
946 διδοῦς´, ἐπεί με γαίας
947 ἐκ πατρίας ἀπώλεσεν
948 ἐξώικισέν τ´ οἴκων γάμος οὐ γάμος ἀλλ´
949 ἀλάστορός τις οἰζύς·
| [900] mais tant que les dieux nous refusent un vent favorable, il faut rester et l'attendre. Puisses-tu réussir dans tes projets ! car c'est l'intérêt de tous, et de l'état, et de chacun en particulier, que le méchant soit puni, et que l'homme de bien prospère, (Hécube rentre dans la tente.)
LE CHOEUR, seul.
(905) Troie, ô ma patrie, tu ne seras plus comptée entre les villes inexpugnables : une nuée de Grecs t'a enveloppée de toutes parts, et porte le ravage dans ton sein. Ta couronne de tours est rasée ; la noire fumée a souillé tes déplorables ruines. Hélas! je ne visiterai plus tes murs.
C'est dans l'ombre de la nuit qu'est survenu le désastre, lorsque, après le repas du soir, un doux sommeil se répandait sur nos paupières. Au sortir des chants et des festins joyeux, mon époux reposait dans son lit; sa lance était suspendue, et il ne voyait plus la troupe des Grecs s'élancer de ses vaisseaux pour fondre sur Ilion. Pour moi, j'étais occupée à relever sur ma tête ma chevelure nouée avec grâce par des bandelettes, contemplant la surface brillante du miroir doré ; et à demi vêtue je me préparais à reposer sur mon lit. Un bruit soudain retentit à travers la ville, et ces cris guerriers se font entendre : « Enfants des Grecs, que tardez-vous à renverser la citadelle de Troie, pour retourner dans votre patrie ? »
(933) J'abandonne aussitôt ma couche chérie, vêtue d'une simple tunique, comme une jeune Dorienne, et j'embrasse l'autel de Diane sans pouvoir la fléchir. Infortunée, mon époux périt à mes yeux, et l'on m'emmène à travers la vaste mer, loin de ma patrie, que je vois disparaître à mes regards, à mesure que le gouvernail éloigne le vaisseau du rivage, et m'emporte loin de la terre troyenne. Enfin, désespérée, je lui dis un dernier adieu, vouant à l'infernale vengeance Hélène, sœur des Dioscures, et le berger de l'Ida, le funeste Pâris, dont l'hymen adultère, tel qu'un fléau dévastateur, a causé ma ruine et m'a proscrite du lieu de ma naissance.
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