[850] (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) ἐγώ σε καὶ σὸν παῖδα καὶ τύχας σέθεν,
851 Ἑκάβη, δι´ οἴκτου χεῖρά θ´ ἱκεσίαν ἔχω,
852 καὶ βούλομαι θεῶν θ´ οὕνεκ´ ἀνόσιον ξένον
853 καὶ τοῦ δικαίου τήνδε σοι δοῦναι δίκην,
854 εἴ πως φανείη γ´ ὥστε σοί τ´ ἔχειν καλῶς
855 στρατῶι τε μὴ δόξαιμι Κασσάνδρας χάριν
856 Θρήικης ἄνακτι τόνδε βουλεῦσαι φόνον.
857 ἔστιν γὰρ ἧι ταραγμὸς ἐμπέπτωκέ μοι·
858 τὸν ἄνδρα τοῦτον φίλιον ἡγεῖται στρατός,
859 τὸν κατθανόντα δ´ ἐχθρόν· εἰ δὲ σοὶ φίλος
860 ὅδ´ ἐστί, χωρὶς τοῦτο κοὐ κοινὸν στρατῶι.
861 πρὸς ταῦτα φρόντιζ´· ὡς θέλοντα μέν μ´ ἔχεις
862 σοὶ ξυμπονῆσαι καὶ ταχὺν προσαρκέσαι,
863 βραδὺν δ´, Ἀχαιοῖς εἰ διαβληθήσομαι.
864 (ΕΚΑΒΗ) φεῦ.
864 οὐκ ἔστι θνητῶν ὅστις ἔστ´ ἐλεύθερος·
865 ἢ χρημάτων γὰρ δοῦλός ἐστιν ἢ τύχης
866 ἢ πλῆθος αὐτὸν πόλεος ἢ νόμων γραφαὶ
867 εἴργουσι χρῆσθαι μὴ κατὰ γνώμην τρόποις.
868 ἐπεὶ δὲ ταρβεῖς τῶι τ´ ὄχλωι πλέον νέμεις,
869 ἐγώ σε θήσω τοῦδ´ ἐλεύθερον φόβου.
870 σύνισθι μὲν γάρ, ἤν τι βουλεύσω κακὸν
871 τῶι τόνδ´ ἀποκτείναντι, συνδράσηις δὲ μή.
872 ἢν δ´ ἐξ Ἀχαιῶν θόρυβος ἢ ´πικουρία
873 πάσχοντος ἀνδρὸς Θρηικὸς οἷα πείσεται
874 φανῆι τις, εἶργε μὴ δοκῶν ἐμὴν χάριν.
875 τὰ δ´ ἄλλα—θάρσει—πάντ´ ἐγὼ θήσω καλῶς.
876 (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) πῶς οὖν; τί δράσεις; πότερα φάσγανον χερὶ
877 λαβοῦσα γραίαι φῶτα βάρβαρον κτενεῖς
878 ἢ φαρμάκοισιν ἢ ´πικουρίαι τίνι;
879 τίς σοι ξυνέσται χείρ´ πόθεν κτήσηι φίλους;
880 (ΕΚΑΒΗ) στέγαι κεκεύθας´ αἵδε Τρωιάδων ὄχλον.
881 (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) τὰς αἰχμαλώτους εἶπας, Ἑλλήνων ἄγραν;
882 (ΕΚΑΒΗ) σὺν ταῖσδε τὸν ἐμῶν φονέα τιμωρήσομαι.
883 (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) καὶ πῶς γυναιξὶν ἀρσένων ἔσται κράτος;
884 (ΕΚΑΒΗ) δεινὸν τὸ πλῆθος σὺν δόλωι τε δύσμαχον.
885 (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) δεινόν· τὸ μέντοι θῆλυ μέμφομαι σθένος.
886 (ΕΚΑΒΗ) τί δ´; οὐ γυναῖκες εἷλον Αἰγύπτου τέκνα
887 καὶ Λῆμνον ἄρδην ἀρσένων ἐξώικισαν;
888 ἀλλ´ ὣς γενέσθω· τόνδε μὲν μέθες λόγον,
889 πέμψον δέ μοι τήνδ´ ἀσφαλῶς διὰ στρατοῦ
890 γυναῖκα. καὶ σὺ Θρηικὶ πλαθεῖσα ξένωι
891 λέξον· Καλεῖ ς´ ἄνασσα δή ποτ´ Ἰλίου
892 Ἑκάβη, σὸν οὐκ ἔλασσον ἢ κείνης χρέος,
893 καὶ παῖδας, ὡς δεῖ καὶ τέκν´ εἰδέναι λόγους
894 τοὺς ἐξ ἐκείνης. τὸν δὲ τῆς νεοσφαγοῦς
895 Πολυξένης ἐπίσχες, Ἀγάμεμνον, τάφον,
896 ὡς τώδ´ ἀδελφὼ πλησίον μιᾶι φλογί,
897 δισσὴ μέριμνα μητρί, κρυφθῆτον χθονί.
898 (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) ἔσται τάδ´ οὕτω· καὶ γὰρ εἰ μὲν ἦν στρατῶι
899 πλοῦς, οὐκ ἂν εἶχον τήνδε σοι δοῦναι χάριν·
| [850] AGAMEMNON.
Hécube, je suis touché de compassion pour toi, pour ton fils, pour ton infortune et tes supplications : je voudrais, par respect pour les dieux et pour la justice, te venger d'un hôte sacrilège, s'il était quelque moyen de te satisfaire, sans paraître aux yeux de l'armée avoir immolé le roi des Thraces à mon amour pour Cassandre. Je ne suis pas, à ce sujet, exempt de trouble : l'armée regarde cet homme comme son allié, et celui qu'il a fait périr, comme notre ennemi. Si ce dernier t'est cher, le sentiment que tu éprouves n'est point partagé par l'armée. Sache donc bien que je suis tout disposé à te secourir et à seconder tes vœux ; mais mon zèle sera bien ralenti, si je dois encourir les accusations des Grecs.
HÉCUBE.
(864) Non, il n'est aucun mortel qui puisse se dire libre : il est esclave des richesses ou de la fortune ; les caprices de la multitude ou les ordres des lois l'empêchent de suivre son caractère et sa volonté. Mais puisque tu crains et que tu cèdes à la multitude, je veux, moi, t'affranchir de cette crainte. Tu peux avoir connaissance de mes desseins contre le meurtrier de mon fils, sans y coopérer toi-même. Mais s'il s'élève quelque tumulte, si les Grecs viennent au secours du Thrace, au milieu de son supplice, contiens-les sans paraître me protéger. Quant au reste, sois tranquille, je saurai agir comme il faut.
AGAMEMNON.
(877) Quoi donc ! que penses-tu faire? Veux-tu, armant d'un glaive ta main débile, percer le cœur du barbare, ou le feras-tu périr par le poison? Quel secours espères-tu? quel bras te prêtera son aide? où trouveras-tu des amis?
HÉCUBE.
Ces tentes recèlent dans leur sein une troupe de Troyennes.
AGAMEMNON.
Tu veux dire ces captives, la proie des Grecs?
HÉCUBE.
Avec elles je punirai mon assassin.
AGAMEMNON.
Et comment des hommes seront-ils vaincus par des femmes?
HÉCUBE.
Le nombre est redoutable, et la ruse le rend invincible.
AGAMEMNON.
Oui, il est redoutable ; mais que peuvent des femmes ?
HÉCUBE.
Eh quoi ! des femmes n'ont-elles pas égorgé les fils d'Égyptus, et dépeuplé d'hommes toute l'île de Lemnos? Quant à l'exécution, laisse-m'en le soin ; fais seulement que cette femme traverse le camp en sûreté. (A l'esclave.) Toi, va vers le roi des Thraces, et dis :
« Celle qui fut reine d'ilion, Hécube, te mande auprès d'elle, dans ton intérêt non moins que dans le sien propre : amène aussi tes enfants, car il importe que tes fils sachent aussi ce qu'elle veut te dire. » Cependant, Agamemnon, diffère la sépulture de Polyxène, afin que le frère et la sœur, double objet de ma sollicitude maternelle, réunis sur le même bûcher, soient enfermés dans un même tombeau.
AGAMEMNON.
(897) Qu'il en soit comme tu le désires. Si la flotte avait pu mettre à la voile, je n'aurais pu t'accorder cette grâce;
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