[650] στένει δὲ καί τις ἀμφὶ τὸν εὔροον Εὐρώταν
651 Λάκαινα πολυδάκρυτος ἐν δόμοις κόρα,
654 πολιόν τ´ ἐπὶ κρᾶτα μάτηρ τέκνων θανόντων
655 τίθεται χέρα δρύπτεταί τε παρειάν,
656 δίαιμον ὄνυχα τιθεμένα σπαραγμοῖς.
657 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ)
657 γυναῖκες, Ἑκάβη ποῦ ποθ´ ἡ παναθλία,
658 ἡ πάντα νικῶς´ ἄνδρα καὶ θῆλυν σπορὰν
660 κακοῖσιν; οὐδεὶς στέφανον ἀνθαιρήσεται.
661 (ΧΟΡΟΣ) τί δ´, ὦ τάλαινα σῆς κακογλώσσου βοῆς;
662 ὡς οὔποθ´ εὕδει λυπρά μοι κηρύγματα.
663 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ) Ἑκάβηι φέρω τόδ´ ἄλγος· ἐν κακοῖσι δὲ
664 οὐ ῥάιδιον βροτοῖσιν εὐφημεῖν στόμα.
665 (ΧΟΡΟΣ) καὶ μὴν περῶσα τυγχάνει δόμων ὕπο
666 ἥδ´, ἐς δὲ καιρὸν σοῖσι φαίνεται λόγοις.
667 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ) ὦ παντάλαινα κἄτι μᾶλλον ἢ λέγω,
668 δέσποιν´, ὄλωλας κοὐκέτ´ εἶ, βλέπουσα φῶς,
669 ἄπαις ἄνανδρος ἄπολις ἐξεφθαρμένη.
670 (ΕΚΑΒΗ) οὐ καινὸν εἶπας, εἰδόσιν δ´ ὠνείδισας.
671 ἀτὰρ τί νεκρὸν τόνδε μοι Πολυξένης
672 ἥκεις κομίζους´, ἧς ἀπηγγέλθη τάφος
673 πάντων Ἀχαιῶν διὰ χερὸς σπουδὴν ἔχειν;
674 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ) ἥδ´ οὐδὲν οἶδεν, ἀλλά μοι Πολυξένην
675 θρηνεῖ, νέων δὲ πημάτων οὐχ ἅπτεται.
676 (ΕΚΑΒΗ) οἲ ´γὼ τάλαινα· μῶν τὸ βακχεῖον κάρα
677 τῆς θεσπιωιδοῦ δεῦρο Κασσάνδρας φέρεις;
678 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ) ζῶσαν λέλακας, τὸν θανόντα δ´ οὐ στένεις
679 τόνδ´· ἀλλ´ ἄθρησον σῶμα γυμνωθὲν νεκροῦ,
680 εἴ σοι φανεῖται θαῦμα καὶ παρ´ ἐλπίδας.
681 (ΕΚΑΒΗ) οἴμοι, βλέπω δὴ παῖδ´ ἐμὸν τεθνηκότα,
682 Πολύδωρον, ὅν μοι Θρὴιξ ἔσωιζ´ οἴκοις ἀνήρ.
683 ἀπωλόμην δύστηνος, οὐκέτ´ εἰμὶ δή.
684 ὦ τέκνον τέκνον,
685 αἰαῖ, κατάρχομαι νόμον
686 βακχεῖον, ἐξ ἀλάστορος
687 ἀρτιμαθὴς κακῶν.
688 (ΧΟΡΟΣ) ἔγνως γὰρ ἄτην παιδός, ὦ δύστηνε σύ;
689 (ΕΚΑΒΗ) ἄπιστ´ ἄπιστα, καινὰ καινὰ δέρκομαι.
690 ἕτερα δ´ ἀφ´ ἑτέρων κακὰ κακῶν κυρεῖ,
691 οὐδέ ποτ´ ἀστένακτος ἀδάκρυτος ἁμέρα
692 ´πισχήσει.
693 (ΧΟΡΟΣ) δείν´, ὦ τάλαινα, δεινὰ πάσχομεν κακά.
694 (ΕΚΑΒΗ) ὦ τέκνον τέκνον ταλαίνας ματρός,
695 τίνι μόρωι θνήισκεις, τίνι πότμωι κεῖσαι,
697 πρὸς τίνος ἀνθρώπων;
698 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ) οὐκ οἶδ´· ἐπ´ ἀκταῖς νιν κυρῶ θαλασσίαις.
699 (ΕΚΑΒΗ) ἔκβλητον ἢ πέσημα φοινίου δορὸς
| [650] Sur les bords riants de l'Eurotas gémit aussi la jeune Lacédémonienne en pleurs; une mère désolée de la mort de ses fils porte une main furieuse sur sa tête blanchie, et elle déchire son visage de ses ongles ensanglantés.
L'ESCLAVE.
(658) Troyennes, où est la malheureuse Hécube, dont les infortunes surpassent celles de tous les autres, hommes ou femmes? Nul ne lui disputera cette triste couronne.
LE CHOEUR.
Que veux-tu, malheureuse, avec tes cris de mauvais augure? tu ne laisses jamais sommeiller tes tristes nouvelles.
L'ESCLAVE.
C'est à Hécube que j'apporte ce nouveau sujet de deuil : mais, dans l'infortune, il n'est pas facile de faire entendre des paroles de joie.
LE CHOEUR.
La voici qui s'avance hors de la tente ; elle arrive à propos pour t'entendre.
L'ESCLAVE.
Ô maîtresse infortunée, plus encore que je ne puis le dire ! tu es perdue, tu ne vois plus la lumière du jour ; sans enfants, sans époux, sans patrie, réduite au désespoir.
HÉCUBE.
(670) Tu ne m'apprends rien de nouveau; toutes ces misères me sont bien connues. Mais pourquoi m'apportes-tu le corps de Polyxène? On m'avait dit que tous les Grecs s'empressaient de lui rendre les derniers devoirs.
L'ESCLAVE.
Hélas! elle ne sait rien ; c'est Polyxène qu'elle pleure; elle ne soupçonne pas de nouveaux malheurs.
HÉCUBE.
Ah! malheureuse que je suis! est-ce la tête sacrée de la prophétesse Cassandre que tu m'apportes ici?
L'ESCLAVE.
Celle dont tu parles est vivante; mais tu ne pleures pas celui qui est mort. Contemple ce corps dépouillé ; un prodige inattendu frappera tes regards.
HÉCUBE.
(681) Odieux!... mon fils mort! mon fils Polydore, réfugié en Thrace chez un ami ! Ah ! je succombe, je me meurs! Ô mon fils! mon fils! Hélas! je me livre aux transports de ma douleur : je connais enfin les calamités dont m'accable un impitoyable ennemi.
L'ESCLAVE.
Infortunée ! connais-tu donc le sort funeste de ton fils?
HÉCUBE.
Je vois des forfaits incroyables, inouïs! Aux malheurs s'enchaînent de nouveaux malheurs. Jamais un jour sans larmes et sans gémissement ne brillera pour moi.
LE CHOEUR.
Infortunée, quels maux terribles nous souffrons!
HÉCUBE.
Ô mon fils, né d'une malheureuse mère, quel destin, quel coup t'a donné la mort? quelle main t'a frappé ?
L'ESCLAVE.
Je ne sais ; je l'ai trouvé sur le bord de la mer.
HÉCUBE.
Rejeté par les flots,
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