[550] ἐλευθέραν δέ μ´, ὡς ἐλευθέρα θάνω,
551 πρὸς θεῶν, μεθέντες κτείνατ´· ἐν νεκροῖσι γὰρ
552 δούλη κεκλῆσθαι βασιλὶς οὖς´ αἰσχύνομαι.
553 λαοὶ δ´ ἐπερρόθησαν Ἀγαμέμνων τ´ ἄναξ
554 εἶπεν μεθεῖναι παρθένον νεανίαις.
555 {οἱ δ´, ὡς τάχιστ´ ἤκουσαν ὑστάτην ὄπα,
556 μεθῆκαν, οὗπερ καὶ μέγιστον ἦν κράτος.}
557 κἀπεὶ τόδ´ εἰσήκουσε δεσποτῶν ἔπος,
558 λαβοῦσα πέπλους ἐξ ἄκρας ἐπωμίδος
559 ἔρρηξε λαγόνας ἐς μέσας παρ´ ὀμφαλὸν
560 μαστούς τ´ ἔδειξε στέρνα θ´ ὡς ἀγάλματος
561 κάλλιστα, καὶ καθεῖσα πρὸς γαῖαν γόνυ
562 ἔλεξε πάντων τλημονέστατον λόγον·
563 Ἰδού, τόδ´, εἰ μὲν στέρνον, ὦ νεανία,
564 παίειν προθυμῆι, παῖσον, εἰ δ´ ὑπ´ αὐχένα
565 χρήιζεις πάρεστι λαιμὸς εὐτρεπὴς ὅδε.
566 ὁ δ´ οὐ θέλων τε καὶ θέλων οἴκτωι κόρης
567 τέμνει σιδήρωι πνεύματος διαρροάς·
568 κρουνοὶ δ´ ἐχώρουν. ἡ δὲ καὶ θνήισκους´ ὅμως
569 πολλὴν πρόνοιαν εἶχεν εὐσχήμων πεσεῖν,
570 κρύπτους´ ἃ κρύπτειν ὄμματ´ ἀρσένων χρεών.
571 ἐπεὶ δ´ ἀφῆκε πνεῦμα θανασίμωι σφαγῆι,
572 οὐδεὶς τὸν αὐτὸν εἶχεν Ἀργείων πόνον,
573 ἀλλ´ οἱ μὲν αὐτῶν τὴν θανοῦσαν ἐκ χερῶν
574 φύλλοις ἔβαλλον, οἱ δὲ πληροῦσιν πυρὰν
575 κορμοὺς φέροντες πευκίνους, ὁ δ´ οὐ φέρων
576 πρὸς τοῦ φέροντος τοιάδ´ ἤκουεν κακά·
577 Ἕστηκας, ὦ κάκιστε, τῆι νεάνιδι
578 οὐ πέπλον οὐδὲ κόσμον ἐν χεροῖν ἔχων;
579 οὐκ εἶ τι δώσων τῆι περίσς´ εὐκαρδίωι
580 ψυχήν τ´ ἀρίστηι; τοιάδ´ ἀμφὶ σῆς λέγων
581 παιδὸς θανούσης εὐτεκνωτάτην τέ σε
582 πασῶν γυναικῶν δυστυχεστάτην θ´ ὁρῶ.
583 (ΧΟΡΟΣ) δεινόν τι πῆμα Πριαμίδαις ἐπέζεσεν
584 πόλει τε τἠμῆι θεῶν ἀνάγκαισιν τόδε.
585 (ΕΚΑΒΗ) ὦ θύγατερ, οὐκ οἶδ´ εἰς ὅτι βλέψω κακῶν,
586 πολλῶν παρόντων· ἢν γὰρ ἅψωμαί τινος,
587 τόδ´ οὐκ ἐᾶι με, παρακαλεῖ δ´ ἐκεῖθεν αὖ
588 λύπη τις ἄλλη διάδοχος κακῶν κακοῖς.
589 καὶ νῦν τὸ μὲν σὸν ὥστε μὴ στένειν πάθος
590 οὐκ ἂν δυναίμην ἐξαλείψασθαι φρενός·
591 τὸ δ´ αὖ λίαν παρεῖλες ἀγγελθεῖσά μοι
592 γενναῖος. οὔκουν δεινόν, εἰ γῆ μὲν κακὴ
593 τυχοῦσα καιροῦ θεόθεν εὖ στάχυν φέρει,
594 χρηστὴ δ´ ἁμαρτοῦς´ ὧν χρεὼν αὐτὴν τυχεῖν
595 κακὸν δίδωσι καρπόν, ἄνθρωποι δ´ ἀεὶ
596 ὁ μὲν πονηρὸς οὐδὲν ἄλλο πλὴν κακός,
597 ὁ δ´ ἐσθλὸς ἐσθλὸς οὐδὲ συμφορᾶς ὕπο
598 φύσιν διέφθειρ´ ἀλλὰ χρηστός ἐστ´ ἀεί;
599 {ἆρ´ οἱ τεκόντες διαφέρουσιν ἢ τροφαί;
| [550] Au nom des dieux, en m'immolant, souffrez que je meure libre.
Être appelée esclave chez les morts serait une bonté pour moi, qui suis reine. » Alors s'éleva un murmure d'approbation. Le roi Agamemnon commande aux jeunes gens de lâcher Polyxène. Ceux-ci, dès qu'ils entendent cette voix puissante, se retirent. Polyxène, lorsqu'elle eut entendu ces paroles souveraines, déchira sa robe jusqu'à la ceinture, et offrit à nos regards sa poitrine et sa gorge, semblable à celle d'une belle statue; et, posant un genou en terre, elle prononça les paroles les plus touchantes : « Jeune guerrier, dit-elle, veux-tu frapper mon sein? le voici, frappe; veux-tu frapper à la gorge? la voici qui s'offre au coup mortel. » Saisi de compassion pour la jeune fille, il hésite; enfin de son glaive il tranche le fil de ses jours, et fait couler des flots de sang. Celle-ci, même en mourant, observe de tomber avec décence, et de cacher ce qu'il convient de dérober aux regards des hommes. Lorsqu'elle eut rendu le dernier soupir, chacun s'occupe de soins divers : les uns couvrent son corps de feuillages; les autres, pour dresser un bûcher, apportent des branches de pins. Celui qui restait oisif entendait bientôt ce reproche : « Que fais-tu, lâche? tu n'apportes rien pour parer la sépulture de la jeune fille? Ne feras-tu aucune offrande à cette vierge généreuse et magnanime? » Voilà ce que j'avais à te dire sur la mort de ton enfant ; et je vois en toi la mère de la plus noble des tilles, et en même temps la plus malheureuse des mères.
LE CHOEUR.
(583) L'inflexible volonté des dieux a fait fondre un terrible désastre sur la race de Priam et sur ma patrie.
HÉCUBE.
Ô ma fille ! je ne sais, dans les maux qui m'accablent, lequel envisager. Quand une peine me déchire, une autre peine s'empare de moi, et une autre encore vient m'en distraire ; la douleur succède sans relâche à la douleur. Ne pas pleurer ton infortune, ou en effacer l'image de mon cœur, me serait également impossible : mais l'excès de mon désespoir est adouci par ton noble courage. N'est-il pas étrange qu'un sol ingrat, s'il reçoit l'heureuse influence des cieux, porte de riches moissons; et que le meilleur terrain, privé de la culture qui lui est nécessaire, ne donne que de mauvais fruits : tandis que, chez les hommes, le méchant n'est jamais autre chose que méchant, et le bon reste bon, sans que le malheur puisse corrompre sa nature ; il demeure toujours bon. Est-ce la naissance, est-ce l'éducation qui met cette différence entre les hommes?
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