[250] (ΟΡΕΣΤΗΣ) εἴφ´, ὡς ἀκούσας σῶι κασιγνήτωι λέγω.
251 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἐν τοῖσδ´ ἐκείνου τηλορὸς ναίω δόμοις.
252 (ΟΡΕΣΤΗΣ) σκαφεύς τις ἢ βουφορβὸς ἄξιος δόμων.
253 (ΗΛΕΚΤΡΑ) πένης ἀνὴρ γενναῖος ἔς τ´ ἔμ´ εὐσεβής.
254 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἡ δ´ εὐσέβεια τίς πρόσεστι σῶι πόσει;
255 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὐπώποτ´ εὐνῆς τῆς ἐμῆς ἔτλη θιγεῖν.
256 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἅγνευμ´ ἔχων τι θεῖον ἤ ς´ ἀπαξιῶν;
257 (ΗΛΕΚΤΡΑ) γονέας ὑβρίζειν τοὺς ἐμοὺς οὐκ ἠξίου.
258 (ΟΡΕΣΤΗΣ) καὶ πῶς γάμον τοιοῦτον οὐχ ἥσθη λαβών;
259 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὐ κύριον τὸν δόντα μ´ ἡγεῖται, ξένε.
260 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ξυνῆκ´· Ὀρέστηι μή ποτ´ ἐκτείσηι δίκην.
261 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τοῦτ´ αὐτὸ ταρβῶν· πρὸς δὲ καὶ σώφρων ἔφυ.
262 (ΟΡΕΣΤΗΣ) φεῦ·
262 γενναῖον ἄνδρ´ ἔλεξας, εὖ τε δραστέον.
263 (ΗΛΕΚΤΡΑ) εἰ δή ποθ´ ἥξει γ´ ἐς δόμους ὁ νῦν ἀπών.
264 (ΟΡΕΣΤΗΣ) μήτηρ δέ ς´ ἡ τεκοῦσα ταῦτ´ ἠνέσχετο;
265 (ΗΛΕΚΤΡΑ) γυναῖκες ἀνδρῶν, ὦ ξέν´, οὐ παίδων φίλαι.
266 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τίνος δέ ς´ οὕνεχ´ ὕβρις´ Αἴγισθος τάδε;
267 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τεκεῖν μ´ ἐβούλετ´ ἀσθενῆ, τοιῶιδε δούς.
268 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὡς δῆθε παῖδας μὴ τέκοις ποινάτορας;
269 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τοιαῦτ´ ἐβούλευς´· ὧν ἐμοὶ δοίη δίκην.
270 (ΟΡΕΣΤΗΣ) οἶδεν δέ ς´ οὖσαν παρθένον μητρὸς πόσις;
271 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὐκ οἶδε· σιγῆι τοῦθ´ ὑφαιρούμεσθά νιν.
272 (ΟΡΕΣΤΗΣ) αἵδ´ οὖν φίλαι σοι τούσδ´ ἀκούουσιν λόγους;
273 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὥστε στέγειν γε τἀμὰ καὶ ς´ ἔπη καλῶς.
274 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τί δῆτ´ Ὀρέστης πρὸς τάδ´, Ἄργος ἢν μόληι;
275 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἤρου τόδ´; αἰσχρόν γ´ εἶπας· οὐ γὰρ νῦν ἀκμή;
276 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἐλθὼν δὲ δὴ πῶς φονέας ἂν κτάνοι πατρός;
277 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τολμῶν ὑπ´ ἐχθρῶν οἷ´ ἐτολμήθη πατήρ.
278 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἦ καὶ μετ´ αὐτοῦ μητέρ´ ἂν τλαίης κτανεῖν;
279 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ταὐτῶι γε πελέκει τῶι πατὴρ ἀπώλετο.
280 (ΟΡΕΣΤΗΣ) λέγω τάδ´ αὐτῶι, καὶ βέβαια τἀπὸ σοῦ;
281 (ΗΛΕΚΤΡΑ) θάνοιμι μητρὸς αἷμ´ ἐπισφάξας´ ἐμῆς.
282 (ΟΡΕΣΤΗΣ) φεῦ·
282 εἴθ´ ἦν Ὀρέστης πλησίον κλύων τάδε.
283 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἀλλ´, ὦ ξέν´, οὐ γνοίην ἂν εἰσιδοῦσά νιν.
284 (ΟΡΕΣΤΗΣ) νέα γάρ, οὐδὲν θαῦμ´, ἀπεζεύχθης νέου.
285 (ΗΛΕΚΤΡΑ) εἷς ἂν μόνος νιν τῶν ἐμῶν γνοίη φίλων.
286 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἆρ´ ὃν λέγουσιν αὐτὸν ἐκκλέψαι φόνου;
287 (ΗΛΕΚΤΡΑ) πατρός γε παιδαγωγὸς ἀρχαῖος γέρων.
288 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὁ κατθανὼν δὲ σὸς πατὴρ τύμβου κυρεῖ;
289 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἔκυρσεν ὡς ἔκυρσεν, ἐκβληθεὶς δόμων.
290 (ΟΡΕΣΤΗΣ) οἴμοι, τόδ´ οἷον εἶπας· αἴσθησις γὰρ οὖν
291 καὶ τῶν θυραίων πημάτων δάκνει βροτούς.
292 λέξον δ´, ἵν´ εἰδὼς σῶι κασιγνήτωι φέρω
293 λόγους ἀτερπεῖς ἀλλ´ ἀναγκαίους κλύειν.
294 ἔνεστι δ´ οἶκτος ἀμαθίαι μὲν οὐδαμοῦ,
295 σοφοῖσι δ´ ἀνδρῶν· καὶ γὰρ οὐδ´ ἀζήμιον
296 γνώμην ἐνεῖναι τοῖς σοφοῖς λίαν σοφήν.
297 (ΧΟΡΟΣ) κἀγὼ τὸν αὐτὸν τῶιδ´ ἔρον ψυχῆς ἔχω.
298 πρόσω γὰρ ἄστεως οὖσα τἀν πόλει κακὰ
299 οὐκ οἶδα, νῦν δὲ βούλομαι κἀγὼ μαθεῖν.
| [250] ORESTE.
Parle; j'écoute, pour rapporter à ton frère tes paroles.
ÉLECTRE.
J'habite ici, loin de tout, dans sa demeure.
ORESTE.
C'est la maison d'un laboureur ou d'un bouvier.
ÉLECTRE.
L'homme est pauvre, mais noble, et pieux à mon égard.
ORESTE.
Quelle est cette piété que montre ton mari ?
ÉLECTRE.
Jamais il n'a osé attenter à ma couche.
ORESTE.
Par voeu de chasteté, ou te juge-t-il indigne ?
ÉLECTRE.
Outrager mes parents, voilà ce qu'il juge indigne.
ORESTE.
Et comment un tel mariage n'a-t-il pas fait sa joie ?
ÉLECTRE.
Il estime qu'on m'a donnée à lui sans en avoir le droit, étranger.
ORESTE.
Je comprends : il craint la vengeance d'Oreste.
ÉLECTRE.
Oui, il la redoute. Mais en outre quelle nature honnête!
ORESTE.
Ah! C'est un noble coeur, cet homme dont tu me parles ! Il faudra le bien traiter.
ÉLECTRE.
Il le sera, si l'absent revient un jour dans sa demeure.
ORESTE.
Ta mère, qui t'a mise au monde, elle a souffert cela ?
ÉLECTRE.
Les femmes aiment leur mari, étranger, et non leurs enfants.
ORESTE.
Mais pourquoi Égisthe t'a-t-il fait cet outrage ?
ÉLECTRE.
Il voulait, en me donnant à un tel mari, que j'aie des enfants sans force.
ORESTE.
Oui, et non des fils qui nous vengeraient.
ÉLECTRE.
Tel est son but. Puisse-t-il être puni!
ORESTE.
Sait-il que tu es vierge, le mari de ta mère ?
ÉLECTRE.
Non, c'est un secret que nous lui cachons.
ORESTE.
Ces femmes qui nous écoutent sont tes amies ?
ÉLECTRE.
Oui, elles tairont tes paroles et les miennes, fidèlement.
ORESTE.
Que pourra faire Oreste, s'il revient à Argos ?
ÉLECTRE.
Tu le demandes ? Honteuse question! La mesure n'est-elle pas comble ?
ORESTE.
Mais, s'il revenait, comment tuerait-il les meurtriers de son père ?
ÉLECTRE.
En osant ce que ses ennemis ont osé contre mon père.
ORESTE.
Aurais-tu le courage de l'aider à tuer ta mère ?
ÉLECTRE.
Oui, avec la même hache dont elle frappa mon père.
ORESTE.
Le lui dirai-je, et que ton coeur est ferme ?
ÉLECTRE.
Que je meure, pourvu que j'égorge ma mère!
ORESTE.
Hélas! Plût au ciel qu'Oreste fût ici pour t'entendre!
ÉLECTRE.
Mais, étranger, je ne le reconnaîtrais pas si je le voyais.
ORESTE.
Qu'y a-t-il d'étonnant ? Tu es jeune. Il était jeune, quand on vous sépara.
ÉLECTRE.
Un seul de mes amis pourrait le reconnaître.
ORESTE.
Est-ce l'homme qui, dit-on, l'a dérobé au meurtre ?
ÉLECTRE.
Oui, le gouverneur de mon père, un vieillard très âgé.
ORESTE.
Après sa mort, ton père a-t-il obtenu un tombeau ?
ÉLECTRE.
Oui, c'est comme on voudra : il fut jeté hors du palais.
290 ORESTE.
Ah! que dis-tu là ?... Le sentiment de maux, même étrangers, point le coeur des mortels. Parle : je veux apprendre, pour les porter à ton frère, des nouvelles pénibles, mais qu'il doit absolument entendre. La pitié ne se rencontre jamais avec l'ignorance, mais chez les hommes cultivés et sages; et ce n'est pas impunément que les sages ont tant d'intelligence et de sagesse.
297 LA CORYPHÉE.
Et moi aussi, j'ai dans l'âme la même curiosité que lui. Je vis loin de la ville et j'ignore les malheurs de la cité. Mais maintenant je veux, moi aussi, les connaître.
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