[200] πατρὸς σφαγιασμῶν.
201 οἴμοι τοῦ καταφθιμένου
202 τοῦ τε ζῶντος ἀλάτα,
203 ὅς που γᾶν ἄλλαν κατέχει
205 μέλεος ἀλαίνων ποτὶ θῆσσαν ἑστίαν,
206 τοῦ κλεινοῦ πατρὸς ἐκφύς.
207 αὐτὰ δ´ ἐν χερνῆσι δόμοις
208 ναίω ψυχὰν τακομένα
209 δωμάτων φυγὰς πατρίων
210 οὐρείας ἀν´ ἐρίπνας.
211 μάτηρ δ´ ἐν λέκτροις φονίοις
212 ἄλλωι σύγγαμος οἰκεῖ.
213 (ΧΟΡΟΣ) πολλῶν κακῶν Ἕλλησιν αἰτίαν ἔχει
214 σῆς μητρὸς Ἑλένη σύγγονος δόμοις τε σοῖς.
215 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οἴμοι· γυναῖκες, ἐξέβην θρηνημάτων.
216 ξένοι τινὲς παρ´ οἶκον οἵδ´ ἐφεστίους
217 εὐνὰς ἔχοντες ἐξανίστανται λόχου·
218 φυγῆι σὺ μὲν κατ´ οἶμον, ἐς δόμους δ´ ἐγὼ
219 φῶτας κακούργους ἐξαλύξωμεν ποδί.
220 (ΟΡΕΣΤΗΣ) μέν´, ὦ τάλαινα· μὴ τρέσηις ἐμὴν χέρα.
221 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὦ Φοῖβ´ Ἄπολλον, προσπίτνω σε μὴ θανεῖν.
222 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἄλλους κτάνοιμι μᾶλλον ἐχθίους σέθεν.
223 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἄπελθε, μὴ ψαῦ´ ὧν σε μὴ ψαύειν χρεών.
224 (ΟΡΕΣΤΗΣ) οὐκ ἔσθ´ ὅτου θίγοιμ´ ἂν ἐνδικώτερον.
225 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ πῶς ξιφήρης πρὸς δόμοις λοχᾶις ἐμοῖς;
226 (ΟΡΕΣΤΗΣ) μείνας´ ἄκουσον, καὶ τάχ´ οὐκ ἄλλως ἐρεῖς.
227 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἕστηκα· πάντως δ´ εἰμὶ σή· κρείσσων γὰρ εἶ.
228 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἥκω φέρων σοι σοῦ κασιγνήτου λόγους.
229 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὦ φίλτατ´, ἆρα ζῶντος ἢ τεθνηκότος;
230 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ζῆι· πρῶτα γάρ σοι τἀγάθ´ ἀγγέλλειν θέλω.
231 (ΗΛΕΚΤΡΑ) εὐδαιμονοίης μισθὸν ἡδίστων λόγων.
232 (ΟΡΕΣΤΗΣ) κοινῆι δίδωμι τοῦτο νῶιν ἀμφοῖν ἔχειν.
233 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ποῦ γῆς ὁ τλήμων τλήμονας φυγὰς ἔχων;
234 (ΟΡΕΣΤΗΣ) οὐχ ἕνα νομίζων φθείρεται πόλεως νόμον.
235 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὔ που σπανίζων τοῦ καθ´ ἡμέραν βίου;
236 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἔχει μέν, ἀσθενὴς δὲ δὴ φεύγων ἀνήρ.
237 (ΗΛΕΚΤΡΑ) λόγον δὲ δὴ τίν´ ἦλθες ἐκ κείνου φέρων;
238 (ΟΡΕΣΤΗΣ) εἰ ζῆις, ὅπως τε ζῶσα συμφορᾶς ἔχεις.
239 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὔκουν ὁρᾶις μου πρῶτον ὡς ξηρὸν δέμας;
240 (ΟΡΕΣΤΗΣ) λύπαις γε συντετηκός, ὥστε με στένειν.
241 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ κρᾶτα πλόκαμόν τ´ ἐσκυθισμένον ξυρῶι.
242 (ΟΡΕΣΤΗΣ) δάκνει ς´ ἀδελφὸς ὅ τε θανὼν ἴσως πατήρ.
243 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οἴμοι· τί γάρ μοι τῶνδέ γ´ ἐστὶ φίλτερον;
244 (ΟΡΕΣΤΗΣ) φεῦ φεῦ· τί δ´ αὖ σοῦ σῶι κασιγνήτωι δοκεῖς;
245 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἀπὼν ἐκεῖνος, οὐ παρὼν ἡμῖν φίλος.
246 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἐκ τοῦ δὲ ναίεις ἐνθάδ´ ἄστεως ἑκάς;
247 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἐγημάμεσθ´, ὦ ξεῖνε, θανάσιμον γάμον.
248 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὤιμωξ´ ἀδελφὸν σόν. Μυκηναίων τίνι;
249 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὐχ ὧι πατήρ μ´ ἤλπιζεν ἐκδώσειν ποτέ.
| [200] jadis offerts par mon père. Hélas sur lui qui a péri, et sur celui qui, vagabond, vit quelque part dans un pays étranger, misérable, errant à l'aventure vers un foyer qu'il servira à gages, lui qui est né d'un père illustre ! Et moi, c'est dans la maison d'un manoeuvre que j'habite et consume ma vie, bannie du palais paternel, sur les sommets escarpés de la montagne. Ma mère partage le lit du meurtre avec un autre époux.
213 LA CORYPHÉE.
Que de maux n'a-t-elle pas causés aux Grecs, la soeur de ta mère, Hélène, et à ta propre maison!
(Oreste et Pylade se montrent).
ÉLECTRE.
Ah!... femmes, je cesse mes lamentations funèbres.
Des étrangers étaient postés ici près de la maison, de mon foyer. Ils se lèvent de leur embuscade. Fuyons, toi, par le chemin, moi dans ma maison. Courons pour échapper à ces malfaiteurs.
220 ORESTE.
Reste, ô malheureuse : ne crains pas ma main.
ÉLECTRE. (se prosternant devant la statue d'Apollon placée près de la porte)
O Phoibos-Apollon! Je tombe à tes genoux : sauve-moi de la mort.
ORESTE.
Puissé-je en tuer d'autres que je hais davantage!
ÉLECTRE.
Va-t'en. Ne me touche pas. Tu ne dois pas me toucher.
ORESTE.
Il n'est personne que j'aie plus le droit de toucher.
ÉLECTRE.
Pourquoi, avec un glaive, te poster près de ma maison ?
ORESTE.
Reste. Écoute et bientôt tu seras d'accord avec moi.
ÉLECTRE.
Je m'arrête. De toute façon je suis en ton pouvoir : tu es le plus fort.
ORESTE.
Je suis venu t'apporter des nouvelles de ton frère.
ÉLECTRE.
O très cher ami, est-il vivant ou mort ?
ORESTE.
Il vit. C'est ce bonheur d'abord que je veux t'annoncer.
ÉLECTRE.
Heureux soit ton destin pour prix de si douces paroles !
ORESTE.
Puissions-nous partager ce bonheur tous les deux!
ÉLECTRE.
Mais où le malheureux endure-t-il les malheurs de l'exil ?
ORESTE.
Est-il une cité par où il n'ait erré ? Il en périt.
ÉLECTRE.
C'est peut-être qu'il n'a pas de quoi vivre chaque jour ?
ORESTE.
Si. Mais l'exilé toujours est sans forces.
ÉLECTRE.
Quel message t'a-t-il envoyé me porter ?
ORESTE.
Il demande si tu vis et, si tu vis, quel est ton sort.
ÉLECTRE.
Eh bien, tu vois d'abord comme mon corps a maigri.
ORESTE.
Oui, miné par les chagrins, au point que j'en gémis.
ÉLECTRE.
Tu vois ma tête rasée à la façon des Scythes.
ORESTE.
C'est ton frère, ton père mort qui te déchirent le coeur, sans doute ?
ÉLECTRE.
Ah! qu'y a-t-il de plus cher pour moi que ces deux êtres ?
ORESTE.
Hélas! hélas! que crois-tu que ton frère ait de plus cher que toi ?
ÉLECTRE.
Il est au loin. Ah! que n'est-il là pour m'aimer!
ORESTE.
Pourquoi vis-tu ici, loin de la ville ?
ÉLECTRE.
Je suis mariée, étranger. Ah! ah! funeste mariage!
ORESTE.
J'en gémis pour ton frère. Est-ce à un Mycénien ?
ÉLECTRE.
Ce n'est pas à lui que mon père espérait me donner un jour.
|