[100] ὡς συγγένωμαι καὶ φόνου συνεργάτιν
101 λαβὼν τά γ´ εἴσω τειχέων σαφῶς μάθω.
102 νῦν οὖν (ἕω γὰρ λευκὸν ὄμμ´ ἀναίρεται)
103 ἔξω τρίβου τοῦδ´ ἴχνος ἀλλαξώμεθα.
104 ἢ γάρ τις ἀροτὴρ ἤ τις οἰκέτις γυνὴ
105 φανήσεται νῶιν, ἥντιν´ ἱστορήσομεν
106 εἰ τούσδε ναίει σύγγονος τόπους ἐμή.
107 ἀλλ´ εἰσορῶ γὰρ τήνδε πρόσπολόν τινα
108 πηγαῖον ἄχθος ἐν κεκαρμένωι κάραι
109 φέρουσαν, ἑζώμεσθα κἀκπυθώμεθα
110 δούλης γυναικός, ἤν τι δεξώμεσθ´ ἔπος
111 ἐφ´ οἷσι, Πυλάδη, τήνδ´ ἀφίγμεθα χθόνα.
112 (ΗΛΕΚΤΡΑ) σύντειν´ (ὥρα) ποδὸς ὁρμάν· ὤ,
113 ἔμβα ἔμβα κατακλαίουσα.
114 ἰώ μοί μοι.
115 ἐγενόμαν Ἀγαμέμνονος
116 καί μ´ ἔτικτε Κλυταιμήστρα
117 στυγνὰ Τυνδάρεω κόρα,
118 κικλήσκουσι δέ μ´ ἀθλίαν
119 Ἠλέκτραν πολιῆται.
120 φεῦ φεῦ σχετλίων πόνων
121 καὶ στυγερᾶς ζόας.
122 ὦ πάτερ, σὺ δ´ ἐν Ἀίδα
123 κεῖσαι σᾶς ἀλόχου σφαγαῖς
124 Αἰγίσθου τ´, Ἀγάμεμνον.
125 ἴθι τὸν αὐτὸν ἔγειρε γόον,
126 ἄναγε πολύδακρυν ἁδονάν.
127 σύντειν´ (ὥρα) ποδὸς ὁρμάν· ὤ,
128 ἔμβα ἔμβα κατακλαίουσα.
129 ἰώ μοί μοι.
130 τίνα πόλιν, τίνα δ´ οἶκον, ὦ
131 τλᾶμον σύγγον´, ἀλατεύεις
132 οἰκτρὰν ἐν θαλάμοις λιπὼν
133 πατρώιοις ἐπὶ συμφοραῖς
134 ἀλγίσταισιν ἀδελφάν;
135 ἔλθοις δὲ πόνων ἐμοὶ
136 τᾶι μελέαι λυτήρ,
137 ὦ Ζεῦ Ζεῦ, πατρί θ´ αἱμάτων
138 αἰσχίστων ἐπίκουρος, Ἄργει
139 κέλσας πόδ´ ἀλάταν.
140 θὲς τόδε τεῦχος ἐμᾶς ἀπὸ κρατὸς ἑλοῦς´,
141 ἵνα πατρὶ γόους νυχίους
142 ἐπορθοβοάσω·
143 ἰαχὰν ἀοιδὰν μέλος
143 Ἀίδα, πάτερ, σοὶ
144 κατὰ γᾶς ἐνέπω γόους
145 οἷς ἀεὶ τὸ κατ´ ἦμαρ
146 λείβομαι, κατὰ μὲν φίλαν
147 ὄνυχι τεμνομένα δέραν
148 χέρα τε κρᾶτ´ ἔπι κούριμον
149 τιθεμένα θανάτωι σῶι.
| [100] Je veux la rencontrer, l'associer à mon acte de vengeance, et savoir exactement ce qui se passe dans les remparts. Mais voici que l'Aurore lève son visage radieux. Éloignons nos pas de ce sentier. Quelqu'un, soit un laboureur, soit une servante, se montrera sans doute. Nous lui demanderons si ma soeur n'habite pas ces lieux.
Mais voici une servante : elle porte une charge d'eau sur sa tête rasée. Asseyons-nous et interrogeons cette esclave. Peut-être recueillerons-nous quelque renseignement sur l'affaire qui nous amène, Pylade, en ce pays).
(Ils se dissimulent. Électre, une amphore sur la tête, revient vers la chaumière en chantant).
112 ÉLECTRE.
Strophe I. — Presse le pas, il est temps. Ah !... Avance, avance en versant des larmes. Hélas ! hélas ! Mon père était Agamemnon et j'ai pour mère Clytemnestre, l'odieuse fille de Tyndare. On m'appelle la malheureuse Électre dans la cité. Ah ! ah ! quels misérables travaux ! quelle existence. odieuse ! O père, toi, chez Hadès tu reposes, égorgé par ta propre épouse et par Égisthe, ô Agamemnon ! Allons ! réveille la même plainte ; de nouveau goûte la volupté insatiable des larmes.
Antistrophe I. — Presse le pas, il est temps. Ah !... Avance, avance en versant des larmes. 130 Hélas ! hélas ! De quelle cité, de quelle demeure, ô malheureux frère, es-tu le serviteur depuis que tu laissas à sa misère, dans le palais paternel, au milieu des malheurs les plus cruels, ta soeur? Viens de mes peines me délivrer, malheureuse que je suis !... O Zeus ! Zeus ! venge le meurtre si odieux de mon père ! Dans Argos porte tes pas errants.
(Elle pose sa cruche).
140 Strophe II. — Pose cette urne ; de ta tête enlève-la. je veux pour mon père, à l'aurore, crier encore mes plaintes de la nuit, le cri de l'Hadès, le chant de l'Hadès. Père, je t'adresse sous terre les plaintes auxquelles sans cesse, chaque jour, je m'abandonne, pendant que de mes ongles je déchire ma tendre gorge et que de ma main je frappe ma tête rasée, pour pleurer ton trépas.
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