[1300] Κῆρας μελάθροις;
1301 (ΚΑΣΤΩΡ) μοῖρά τ´ ἀνάγκη τ´ ἦγ´ ἐς τὸ χρεὼν
1302 Φοίβου τ´ ἄσοφοι γλώσσης ἐνοπαί.
1295 (ΗΛΕΚΤΡΑ) κἀμοὶ μύθου μέτα, Τυνδαρίδαι;
1296 (ΚΑΣΤΩΡ) καὶ σοί· Φοίβωι τήνδ´ ἀναθήσω
1297 πρᾶξιν φονίαν.
1303 (ΗΛΕΚΤΡΑ) τίς δ´ ἔμ´ Ἀπόλλων, ποῖοι χρησμοὶ
1304 φονίαν ἔδοσαν μητρὶ γενέσθαι;
1305 (ΚΑΣΤΩΡ) κοιναὶ πράξεις, κοινοὶ δὲ πότμοι,
1306 μία δ´ ἀμφοτέρους
1307 ἄτη πατέρων διέκναισεν.
1308 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὦ σύγγονέ μοι, χρονίαν ς´ ἐσιδὼν
1309 τῶν σῶν εὐθὺς φίλτρων στέρομαι
1310 καὶ ς´ ἀπολείψω σοῦ λειπόμενος.
1311 (ΚΑΣΤΩΡ) πόσις ἔστ´ αὐτῆι καὶ δόμος· οὐχ ἥδ´
1312 οἰκτρὰ πέπονθεν, πλὴν ὅτι λείπει
1313 πόλιν Ἀργείων.
1314 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ τίνες ἄλλαι στοναχαὶ μείζους
1315 ἢ γῆς πατρίας ὅρον ἐκλείπειν;
1316 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἀλλ´ ἐγὼ οἴκων ἔξειμι πατρὸς
1317 καὶ ἐπ´ ἀλλοτρίαις ψήφοισι φόνον
1318 μητρὸς ὑφέξω.
1319 (ΚΑΣΤΩΡ) ὁσίαν, θάρσει, Παλλάδος ἥξεις
1320 πόλιν· ἀλλ´ ἀνέχου.
1321 (ΗΛΕΚΤΡΑ) περί μοι στέρνοις στέρνα πρόσαψον,
1322 σύγγονε φίλτατε·
1323 διὰ γὰρ ζευγνῦς´ ἡμᾶς πατρίων
1324 μελάθρων μητρὸς φόνιοι κατάραι.
1325 (ΟΡΕΣΤΗΣ) βάλε, πρόσπτυξον σῶμα· θανόντος δ´
1326 ὡς ἐπὶ τύμβωι καταθρήνησον.
1327 (ΚΑΣΤΩΡ) φεῦ φεῦ· δεινὸν τόδ´ ἐγηρύσω
1328 καὶ θεοῖσι κλύειν.
1329 ἔνι γὰρ κἀμοὶ τοῖς τ´ οὐρανίδαις
1330 οἶκτος θνητῶν πολυμόχθων.
1331 (ΟΡΕΣΤΗΣ) οὐκέτι ς´ ὄψομαι.
1332 (ΗΛΕΚΤΡΑ) οὐδ´ ἐγὼ ἐς σὸν βλέφαρον πελάσω.
1333 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τάδε λοίσθιά μοι προσφθέγματά σου.
1334 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὦ χαῖρε, πόλις·
1335 χαίρετε δ´ ὑμεῖς πολλά, πολίτιδες.
1336 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὦ πιστοτάτη, στείχεις ἤδη;
1337 (ΗΛΕΚΤΡΑ) στείχω βλέφαρον τέγγους´ ἁπαλόν.
1340 (ΟΡΕΣΤΗΣ) Πυλάδη, χαίρων ἴθι, νυμφεύου
1341 δέμας Ἠλέκτρας.
1342 (ΚΑΣΤΩΡ) τοῖσδε μελήσει γάμος. ἀλλὰ κύνας
1343 τάσδ´ ὑποφεύγων στεῖχ´ ἐπ´ Ἀθηνῶν·
1344 δεινὸν γὰρ ἴχνος βάλλους´ ἐπὶ σοὶ
1345 χειροδράκοντες χρῶτα κελαιναί,
1346 δεινῶν ὀδυνῶν καρπὸν ἔχουσαι·
1347 νὼ δ´ ἐπὶ πόντον Σικελὸν σπουδῆι
1348 σώσοντε νεῶν πρώιρας ἐνάλους.
1349 διὰ δ´ αἰθερίας στείχοντε πλακὸς
| [1300] n'avez-vous pas chassé les Kères de sa demeure ?
LES DIOSCURES.
C'est l'arrêt de la Fatalité qui les a poussés à cet acte nécessaire, ainsi que les ordres peu sages sortis de la bouche de Phoibos.
ÉLECTRE.
Quel Apollon, quels oracles m'ont fait devenir, moi, la meurtrière de ma mère ?
LES DIOSCURES.
Communes sont vos actions, communes vos destinées. La même malédiction lancée contre vos pères vous a tourmentés tous les deux.
ORESTE.
O ma soeur, après un si long temps, à peine je t'ai revue qu'aussitôt je dois me priver de ton amour et te quitter, comme tu dois me quitter.
LES DIOSCURES.
Elle a un mari et un foyer; elle n'est pas à plaindre, si ce n'est de quitter la cité des Argiens.
ÉLECTRE.
Et quel sujet plus grand de larmes que de laisser la frontière de la patrie ?
ORESTE.
Soit. Moi je vais quitter le palais de mon père et à la sentence d'étrangers soumettre le meurtre commis sur ma mère.
LES DIOSCURES.
Courage. C'est dans la cité de Pallas que tu arriveras : elle est pieuse. Va, résigne-toi.
ÉLECTRE.
Serre ta poitrine contre ma poitrine, ô frère chéri! Nous serons séparés, loin des demeures paternelles, par les sanglantes imprécations de notre mère.
ORESTE.
Tends tes bras, étreins-moi. Comme sur le tombeau d'un mort verse un chant funèbre.
1327 LES DIOSCURES.
Hélas ! hélas ! terrible est cette plainte à entendre, même pour les dieux. Nous avons, moi et les habitants du ciel, de la pitié pour les mortels accablés de misères.
ORESTE.
Je ne te verrai plus.
ÉLECTRE.
Moi non plus, je ne m'approcherai plus de ton regard.
ORESTE.
Ce sont là les dernières paroles que tu m'adresses.
ÉLECTRE.
Adieu, ô ma cité! Adieu, adieu mille fois, vous mes concitoyennes.
ORESTE.
Très fidèle amie, tu t'en vas déjà ?
ÉLECTRE.
Je m'en vais, les yeux mouillés par la tendresse.
ORESTE.
Pylade, adieu. Pars; épouse Électre.
LES DIOSCURES.
A eux le soin de ce mariage.
(Électre et Pylade sortent).
Mais voici les Chiennes. Fuis! Pars pour Athènes. Terribles, elles s'élancent sur tes traces; leurs mains sont des serpents; elles ont une peau noire; de terribles douleurs elles font leur pâture.
(Oreste s'enfuit).
1347 Nous, hâtons-nous vers la mer de Sicile, pour sauver les vaisseaux dont la proue est battue par les vagues. Parcourant la plaine éthérée,
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