HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Électre (tragédie complète)

Vers 1050-1099

  Vers 1050-1099

[1050] ὅπως τέθνηκε σὸς πατὴρ οὐκ ἐνδίκως.
1051 (ΧΟΡΟΣ) δίκαι´ ἔλεξας, δίκη δ´ αἰσχρῶς ἔχει.
1052 γυναῖκα γὰρ χρὴ πάντα συγχωρεῖν πόσει,
1053 ἥτις φρενήρης· ἧι δὲ μὴ δοκεῖ τάδε,
1054 οὐδ´ εἰς ἀριθμὸν τῶν ἐμῶν ἥκει λόγων.
1055 (ΗΛΕΚΤΡΑ) μέμνησο, μῆτερ, οὓς ἔλεξας ὑστάτους
1056 λόγους, διδοῦσα πρὸς σέ μοι παρρησίαν.
1057 (ΚΛΥΤΑΙΜΗΣΤΡΑ) καὶ νῦν γέ φημι κοὐκ ἀπαρνοῦμαι, τέκνον.
1058 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἆρ´ ἂν κλύουσα, μῆτερ, εἶτ´ ἔρξαις κακῶς;
1059 (ΚΛΥΤΑΙΜΗΣΤΡΑ) οὐκ ἔστι, τῆι σῆι δ´ ἡδὺ προσθήσω φρενί.
1060 (ΗΛΕΚΤΡΑ) λέγοιμ´ ἄν· ἀρχὴ δ´ ἥδε μοι προοιμίου·
1061 εἶθ´ εἶχες, τεκοῦσα, βελτίους φρένας.
1062 τὸ μὲν γὰρ εἶδος αἶνον ἄξιον φέρειν
1063 Ἑλένης τε καὶ σοῦ, δύο δ´ ἔφυτε συγγόνω,
1064 ἄμφω ματαίω Κάστορός τ´ οὐκ ἀξίω.
1065 μὲν γὰρ ἁρπασθεῖς´ ἑκοῦς´ ἀπώλετο,
1066 σὺ δ´ ἄνδρ´ ἄριστον Ἑλλάδος διώλεσας,
1067 σκῆψιν προτείνους´ ὡς ὑπὲρ τέκνου πόσιν
1068 ἔκτεινας· οὐ γάρ ς´ ὡς ἔγωγ´ ἴσασιν εὖ.
1069 ἥτις, θυγατρὸς πρὶν κεκυρῶσθαι σφαγάς,
1070 νέον τ´ ἀπ´ οἴκων ἀνδρὸς ἐξωρμημένου,
1071 ξανθὸν κατόπτρωι πλόκαμον ἐξήσκεις κόμης.
1072 γυνὴ δ´ ἀπόντος ἀνδρὸς ἥτις ἐκ δόμων
1073 ἐς κάλλος ἀσκεῖ, διάγραφ´ ὡς οὖσαν κακήν.
1074 οὐδὲν γὰρ αὐτὴν δεῖ θύρασιν εὐπρεπὲς
1075 φαίνειν πρόσωπον, ἤν τι μὴ ζητῆι κακόν.
1076 μόνην δὲ πασῶν οἶδ´ ἐγὼ ς´ Ἑλληνίδων,
1077 εἰ μὲν τὰ Τρώων εὐτυχοῖ, κεχαρμένην,
1078 εἰ δ´ ἥσσον´ εἴη, συννέφουσαν ὄμματα,
1079 Ἀγαμέμνον´ οὐ χρήιζουσαν ἐκ Τροίας μολεῖν.
1080 καίτοι καλῶς γε σωφρονεῖν παρεῖχέ σοι·
1081 ἄνδρ´ εἶχες οὐ κακίον´ Αἰγίσθου πόσιν,
1082 ὃν Ἑλλὰς αὑτῆς εἵλετο στρατηλάτην·
1083 Ἑλένης δ´ ἀδελφῆς τοιάδ´ ἐξειργασμένης
1084 ἐξῆν κλέος σοι μέγα λαβεῖν· τὰ γὰρ κακὰ
1085 παράδειγμα τοῖς ἐσθλοῖσιν εἴσοψίν τ´ ἔχει.
1086 εἰ δ´, ὡς λέγεις, σὴν θυγατέρ´ ἔκτεινεν πατήρ,
1087 ἐγὼ τί ς´ ἠδίκης´ ἐμός τε σύγγονος;
1088 πῶς οὐ πόσιν κτείνασα πατρώιους δόμους
1089 ἡμῖν προσῆψας, ἀλλ´ ἐπηνέγκω λέχει
1090 τἀλλότρια, μισθοῦ τοὺς γάμους ὠνουμένη,
1091 κοὔτ´ ἀντιφεύγει παιδὸς ἀντὶ σοῦ πόσις
1092 οὔτ´ ἀντ´ ἐμοῦ τέθνηκε, δὶς τόσως ἐμὲ
1093 κτείνας ἀδελφῆς ζῶσαν; εἰ δ´ ἀμείψεται
1094 φόνον δικάζων φόνος, ἀποκτενῶ ς´ ἐγὼ
1095 καὶ παῖς Ὀρέστης πατρὶ τιμωρούμενοι.
1096 εἰ γὰρ δίκαι´ ἐκεῖνα, καὶ τάδ´ ἔνδικα.
1097 {ὅστις δὲ πλοῦτον εὐγένειαν εἰσιδὼν
1098 γαμεῖ πονηρὰν μῶρός ἐστι· μικρὰ γὰρ
1099 μεγάλων ἀμείνω σώφρον´ ἐν δόμοις λέχη.
[1050] que ton père n'a pas mérité la mort, en toute justice. LA CORYPHÉE. Oui, la justice, tu l'as invoquée; mais ta justice est une honte. La femme, en toutes choses, doit céder au mari, si elle est raisonnable. Celle qui n'est pas de cet avis, je ne tiens même pas compte d'elle, dans mes raisonnements. ÉLECTRE. Souviens-toi, mère, de tes dernières paroles : tu m'as donné le droit d'être franche. CLYTEMNESTRE. Je le répète et je ne m'en dédis pas, mon enfant. ÉLECTRE. Donc, après m'avoir entendue, mère, tu ne me maltraiteras pas? CLYTEMNESTRE. Non; j'opposerai la douceur à tes sentiments. 1060 ÉLECTRE. Je parlerai donc. Mes sentiments! C'est ce mot qui fera mon préambule. Que n'avais-tu, ô ma mère, toi, de meilleurs sentiments! Car votre beauté vous vaut une louange méritée, à Hélène et à toi. Mais vous êtes bien les deux soeurs, toutes les deux frivoles et indignes de Castor. Elle, c'est son enlèvement, consenti, qui a causé sa perte; toi, tu as fait périr le plus grand des héros de la Grèce. Tu avais un prétexte, dis-tu, et prétendais venger ton enfant en tuant un époux. Mais non. On ne te connaît pas aussi bien que moi. Avant que fût décidée la mort de ta fille, ton mari venait à peine de quitter le palais que déjà tu passais tout ton temps devant un miroir à arranger les tresses blondes de ta chevelure. Or une femme qui, en l'absence de son mari, travaille pour le dehors, à sa beauté, rayons-la du nombre des femmes honnêtes. Qu'a-t-elle besoin de montrer à l'extérieur les charmes de son visage si elle ne cherche pas à faire mal ? 1076 Or, je suis la seule de toutes les Grecques à le savoir, si le destin favorisait le parti des Troyens, tu étais joyeuse; s'ils avaient le dessous, tes yeux s'assombrissaient; tu ne souhaitais pas qu'Agamemnon revînt de Troie. Pourtant tu avais de belles raisons de te montrer sage. Tu avais un mari qui était loin d'être un lâche comme Égisthe, et la Grèce l'avait choisi pour commander à son armée. Ta soeur Hélène s'était conduite de telle façon que la comparaison pouvait t'apporter une grande gloire, car les vices mettent en relief les vertus et attirent sur elles les regards. Mais si, comme tu le prétends, mon père a tué ta fille, quel tort t'avions-nous causé, mon frère et moi ? Pourquoi, après l'assassinat de mon père, ne nous as-tu pas transmis le palais de nos pères ? Pourquoi as-tu apporté à un amant le bien d'autrui, et acheté à ce prix ton mariage ? Ton mari n'expie pas de l'exil l'exil de ton fils; il n'est pas mort pour expier ma mort, qui est deux fois plus cruelle que la mort de ma soeur, puisque je suis vivante. S'il faut répondre au meurtre par le meurtre pour que justice soit rendue, je te tuerai, moi, avec l'aide de ton fils Oreste, pour venger notre père. Si ton acte était juste, le nôtre aussi sera juste. (Au choeur) Quiconque, ne considérant que la richesse et la naissance, épouse une femme perverse est fou. Une épouse de condition modeste, mais vertueuse, vaut mieux pour un foyer que toutes les grandeurs.


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Dernière mise à jour : 15/10/2009