[450] ἐς τάσδε Θήβας. σοὶ δὲ τἄλλα χρὴ μέλειν.
451 (ΠΕΝΘΕΥΣ) μέθεσθε χειρῶν τοῦδ´· ἐν ἄρκυσιν γὰρ ὢν
452 οὐκ ἔστιν οὕτως ὠκὺς ὥστε μ´ ἐκφυγεῖν.
453 ἀτὰρ τὸ μὲν σῶμ´ οὐκ ἄμορφος εἶ, ξένε,
454 ὡς ἐς γυναῖκας, ἐφ´ ὅπερ ἐς Θήβας πάρει·
455 πλόκαμός τε γάρ σου ταναὸς οὐ πάλης ὕπο,
456 γένυν παρ´ αὐτὴν κεχυμένος, πόθου πλέως·
457 λευκὴν δὲ χροιὰν ἐκ παρασκευῆς ἔχεις,
458 οὐχ ἡλίου βολαῖσιν ἀλλ´ ὑπὸ σκιᾶς
459 τὴν Ἀφροδίτην καλλονῆι θηρώμενος.
460 πρῶτον μὲν οὖν μοι λέξον ὅστις εἶ γένος.
461 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) οὐκ ὄκνος οὐδείς, ῥάιδιον δ´ εἰπεῖν τόδε.
462 τὸν ἀνθεμώδη Τμῶλον οἶσθά που κλύων.
463 (ΠΕΝΘΕΥΣ) οἶδ´, ὃς τὸ Σάρδεων ἄστυ περιβάλλει κύκλωι.
464 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) ἐντεῦθέν εἰμι, Λυδία δέ μοι πατρίς.
465 (ΠΕΝΘΕΥΣ) πόθεν δὲ τελετὰς τάσδ´ ἄγεις ἐς Ἑλλάδα;
466 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) Διόνυσος αὐτός μ´ εἰσέβης´, ὁ τοῦ Διός.
467 (ΠΕΝΘΕΥΣ) Ζεὺς δ´ ἔστ´ ἐκεῖ τις ὃς νέους τίκτει θεούς;
468 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) οὔκ, ἀλλ´ ὁ Σεμέλην ἐνθάδε ζεύξας γάμοις.
469 (ΠΕΝΘΕΥΣ) πότερα δὲ νύκτωρ ς´ ἢ κατ´ ὄμμ´ ἠνάγκασεν;
470 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) ὁρῶν ὁρῶντα, καὶ δίδωσιν ὄργια.
471 (ΠΕΝΘΕΥΣ) τὰ δ´ ὄργι´ ἐστὶ τίν´ ἰδέαν ἔχοντά σοι;
472 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) ἄρρητ´ ἀβακχεύτοισιν εἰδέναι βροτῶν.
473 (ΠΕΝΘΕΥΣ) ἔχει δ´ ὄνησιν τοῖσι θύουσιν τίνα;
474 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) οὐ θέμις ἀκοῦσαί ς´, ἔστι δ´ ἄξι´ εἰδέναι.
475 (ΠΕΝΘΕΥΣ) εὖ τοῦτ´ ἐκιβδήλευσας, ἵν´ ἀκοῦσαι θέλω.
476 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) ἀσέβειαν ἀσκοῦντ´ ὄργι´ ἐχθαίρει θεοῦ.
477 (ΠΕΝΘΕΥΣ) ὁ θεός, ὁρᾶν γὰρ φὴις σαφῶς, ποῖός τις ἦν;
478 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) ὁποῖος ἤθελ´· οὐκ ἐγὼ ´τασσον τόδε.
479 (ΠΕΝΘΕΥΣ) τοῦτ´ αὖ παρωχέτευσας, εὖ γ´ οὐδὲν λέγων.
480 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) δόξει τις ἀμαθεῖ σοφὰ λέγων οὐκ εὖ φρονεῖν.
481 (ΠΕΝΘΕΥΣ) ἦλθες δὲ πρῶτα δεῦρ´ ἄγων τὸν δαίμονα;
482 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) πᾶς ἀναχορεύει βαρβάρων τάδ´ ὄργια.
483 (ΠΕΝΘΕΥΣ) φρονοῦσι γὰρ κάκιον Ἑλλήνων πολύ.
484 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) τάδ´ εὖ γε μᾶλλον· οἱ νόμοι δὲ διάφοροι.
485 (ΠΕΝΘΕΥΣ) τὰ δ´ ἱερὰ νύκτωρ ἢ μεθ´ ἡμέραν τελεῖς;
486 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) νύκτωρ τὰ πολλά· σεμνότητ´ ἔχει σκότος.
487 (ΠΕΝΘΕΥΣ) τοῦτ´ ἐς γυναῖκας δόλιόν ἐστι καὶ σαθρόν.
488 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) κἀν ἡμέραι τό γ´ αἰσχρὸν ἐξεύροι τις ἄν.
489 (ΠΕΝΘΕΥΣ) δίκην σε δοῦναι δεῖ σοφισμάτων κακῶν.
490 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) σὲ δ´ ἀμαθίας γε κἀσεβοῦντ´ ἐς τὸν θεόν.
491 (ΠΕΝΘΕΥΣ) ὡς θρασὺς ὁ βάκχος κοὐκ ἀγύμναστος λόγων.
492 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) εἴφ´ ὅτι παθεῖν δεῖ· τί με τὸ δεινὸν ἐργάσηι;
493 (ΠΕΝΘΕΥΣ) πρῶτον μὲν ἁβρὸν βόστρυχον τεμῶ σέθεν.
494 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) ἱερὸς ὁ πλόκαμος· τῶι θεῶι δ´ αὐτὸν τρέφω.
495 (ΠΕΝΘΕΥΣ) ἔπειτα θύρσον τόνδε παράδος ἐκ χεροῖν.
496 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) αὐτός μ´ ἀφαιροῦ· τόνδε Διονύσωι φορῶ.
497 (ΠΕΝΘΕΥΣ) εἱρκταῖσί τ´ ἔνδον σῶμα σὸν φυλάξομεν.
498 (ΔΙΟΝΥΣΟΣ) λύσει μ´ ὁ δαίμων αὐτός, ὅταν ἐγὼ θέλω.
499 (ΠΕΝΘΕΥΣ) ὅταν γε καλέσηις αὐτὸν ἐν βάκχαις σταθείς.
| [450] ici à Thèbes : à toi d'aviser au reste.
PENTHÉE.
Vous êtes fous. Il est entre mes mains, dans mes filets; il n'est pas assez rapide pour m'échapper. (Considérant Bacchos.) En effet, tu n'es pas sans beauté, étranger; tu peux séduire les femmes, ce pourquoi tu es venu à Thèbes. Ta longue chevelure qui n'est pas d'un lutteur, mais se répand le long de tes joues, respire le désir. Tu soignes la blancheur de ton teint; c'est à dessein que tu le gardes < à l'abri des coups de soleil et dans l'ombre > , pour captiver Aphrodite par ta beauté. Mais d'abord, dis-moi quelle est ton origine.
DIONYSOS.
Oui, et sans nulle jactance : rien ne me sera plus facile. Tu connais sans doute, pour en avoir entendu parler, le Tmôlos fleuri ?
PENTHÉE.
Je le connais; il entoure en amphithéâtre la ville de Sardes.
DIONYSOS.
C'est de là que je suis. La Lydie est ma patrie.
PENTHÉE.
D'où vient que tu apportes ces mystères en Grèce ?
DIONYSOS.
C'est Dionysos qui m'a introduit, le fils de Zeus.
PENTHÉE.
Il y a donc là-bas un Zeus qui engendre de nouveaux dieux ?
DIONYSOS.
Non, c'est celui qui, ici même, s'est uni à Sémélé.
PENTHÉE.
Est-ce la nuit, en songe, ou face à face que tu as reçu cet ordre ?
DIONYSOS.
Je le voyais, il me voyait : il m'a confié les Orgies.
PENTHÉE.
Ces Orgies, que représentent-elles pour toi ?
DIONYSOS.
Il est interdit de les connaître quand on n'est pas initié aux mystères bachiques.
PENTHÉE.
Que gagne-t-on à les célébrer ?
DIONYSOS.
Il y aurait sacrilège à te les dévoiler, mais elles méritent d'être connues.
PENTHÉE.
Tu as bien fardé ta réponse à ma question.
DIONYSOS.
Les Orgies du Dieu détestent qui cultive l'impiété.
PENTHÉE.
Ce dieu que tu prétends avoir vu réellement, quelle figure avait-il ?
DIONYSOS.
Celle qu'il a voulu : je n'avais pas d'ordre à lui donner.
PENTHÉE.
Tu as pris une fois de plus un détour habile pour ne rien dire.
DIONYSOS.
Un langage sensé paraît dénué de sens à l'ignorant.
PENTHÉE.
C'est ici le premier pays où tu es venu introduire ta divinité ?
DIONYSOS.
Tous les Barbares fêtent par des choeurs ses Orgies.
PENTHÉE.
Oui, ils sont beaucoup moins sensés que les Grecs.
DIONYSOS.
En cela du moins, ils le sont bien plus : leurs usages sont différents.
PENTHÉE.
Ce culte, est-ce la nuit ou pendant le jour que tu le célèbres ?
DIONYSOS.
La nuit, le plus souvent : l'obscurité a quelque chose de grand.
PENTHÉE.
Elle est perfide et malsaine pour les femmes.
DIONYSOS.
Le jour aussi on peut faire le mal.
PENTHÉE.
Il faut que tu sois puni de tes finesses criminelles.
DIONYSOS.
Et toi de ta folie, et de ton impiété envers le Dieu.
PENTHÉE.
Il a de l'audace, le Bacchant! il s'est exercé à l'éloquence!
DIONYSOS.
Parle : quelle doit être ma peine ? quel est le supplice que tu me prépares ?
PENTHÉE.
D'abord je couperai tes boucles délicates.
DIONYSOS.
Ma chevelure est sacrée : je la laisse croître pour le Dieu.
PENTHÉE.
Et puis, remets-moi ce thyrse que tu tiens à la main.
DIONYSOS.
Arrache-le-moi, toi : il est à Dionysos.
PENTHÉE.
Je t'enchaînerai et te garderai en prison.
DIONYSOS.
Le Dieu lui-même me délivrera, quand je le voudrai.
PENTHÉE.
Oui, quand tu l'invoqueras au milieu des Bacchantes.
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