[200] δούλους ἐμαυτῆι τ´ ἀθλίαν ἐφολκίδα;
201 ἢ τοὺς ἐμούς τις παῖδας ἐξανέξεται
202 Φθίας τυράννους ὄντας, ἢν σὺ μὴ τέκηις;
203 φιλοῦσι γάρ μ´ Ἕλληνες Ἕκτορός γ´ ὕπερ;
204 αὐτή τ´ ἀμαυρὰ κοὐ τύραννος ἦ Φρυγῶν;
205 οὐκ ἐξ ἐμῶν σε φαρμάκων στυγεῖ πόσις
206 ἀλλ´ εἰ ξυνεῖναι μὴ ´πιτηδεία κυρεῖς.
207 φίλτρον δὲ καὶ τόδ´· οὐ τὸ κάλλος, ὦ γύναι,
208 ἀλλ´ ἁρεταὶ τέρπουσι τοὺς ξυνευνέτας.
209 σὺ δ´ ἤν τι κνισθῆις, ἡ Λάκαινα μὲν πόλις
210 μέγ´ ἐστί, τὴν δὲ Σκῦρον οὐδαμοῦ τίθης,
211 πλουτεῖς δ´ ἐν οὐ πλουτοῦσι, Μενέλεως δέ σοι
212 μείζων Ἀχιλλέως. ταῦτά τοί ς´ ἔχθει πόσις.
213 χρὴ γὰρ γυναῖκα, κἂν κακῶι πόσει δοθῆι,
214 στέργειν ἅμιλλάν τ´ οὐκ ἔχειν φρονήματος.
215 εἰ δ´ ἀμφὶ Θρήικην τὴν χιόνι κατάρρυτον
216 τύραννον ἔσχες ἄνδρ´, ἵν´ ἐν μέρει λέχος
217 δίδωσι πολλαῖς εἶς ἀνὴρ κοινούμενος,
218 ἔκτεινας ἂν τάσδ´; εἶτ´ ἀπληστίαν λέχους
219 πάσαις γυναιξὶ προστιθεῖς´ ἂν ηὑρέθης.
220 αἰσχρόν γε· καίτοι χείρον´ ἀρσένων νόσον
221 ταύτην νοσοῦμεν, ἀλλὰ προύστημεν καλῶς.
222 ὦ φίλταθ´ Ἕκτορ, ἀλλ´ ἐγὼ τὴν σὴν χάριν
223 σοὶ καὶ ξυνήρων, εἴ τί σε σφάλλοι Κύπρις,
224 καὶ μαστὸν ἤδη πολλάκις νόθοισι σοῖς
225 ἐπέσχον, ἵνα σοι μηδὲν ἐνδοίην πικρόν.
226 καὶ ταῦτα δρῶσα τῆι ἀρετῆι προσηγόμην
227 πόσιν· σὺ δ´ οὐδὲ ῥανίδ´ ὑπαιθρίας δρόσου
228 τῶι σῶι προσίζειν ἀνδρὶ δειμαίνους´ ἐᾶις.
229 μὴ τὴν τεκοῦσαν τῆι φιλανδρίαι, γύναι,
230 ζήτει παρελθεῖν· τῶν κακῶν γὰρ μητέρων
231 φεύγειν τρόπους χρὴ τέκν´ ὅσοις ἔνεστι νοῦς.
232 (ΧΟΡΟΣ) δέσποιν´, ὅσον σοι ῥαιδίως προσίσταται,
233 τοσόνδε πείθου τῆιδε συμβῆναι λόγοις.
234 (ΕΡΜΙΟΝΗ) τί σεμνομυθεῖς κἀς ἀγῶν´ ἔρχηι λόγων,
235 ὡς δὴ σὺ σώφρων, τἀμὰ δ´ οὐχὶ σώφρονα;
236 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) οὔκουν ἐφ´ οἷς γε νῦν καθέστηκας λόγοις.
237 (ΕΡΜΙΟΝΗ) ὁ νοῦς ὁ σός μοι μὴ ξυνοικοίη, γύναι.
238 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) νέα πέφυκας καὶ λέγεις αἰσχρῶν πέρι.
239 (ΕΡΜΙΟΝΗ) σὺ δ´ οὐ λέγεις γε, δρᾶις δέ μ´ εἰς ὅσον δύναι.
240 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) οὐκ αὖ σιωπῆι Κύπριδος ἀλγήσεις πέρι;
241 (ΕΡΜΙΟΝΗ) τί δ´; οὐ γυναιξὶ ταῦτα πρῶτα πανταχοῦ;
242 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) ναί,
242 καλῶς γε χρωμέναισιν· εἰ δὲ μή, οὐ καλά.
243 (ΕΡΜΙΟΝΗ) οὐ βαρβάρων νόμοισιν οἰκοῦμεν πόλιν.
244 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) κἀκεῖ τά γ´ αἰσχρὰ κἀνθάδ´ αἰσχύνην ἔχει.
245 (ΕΡΜΙΟΝΗ) σοφὴ σοφὴ σύ· κατθανεῖν δ´ ὅμως σε δεῖ.
246 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) ὁρᾶις ἄγαλμα Θέτιδος ἐς ς´ ἀποβλέπον;
247 (ΕΡΜΙΟΝΗ) μισοῦν γε πατρίδα σὴν Ἀχιλλέως φόνωι.
248 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) Ἑλένη νιν ὤλες´, οὐκ ἐγώ, μήτηρ γε σή.
249 (ΕΡΜΙΟΝΗ) ἧ καὶ πρόσω γὰρ τῶν ἐμῶν ψαύσεις κακῶν;
| [200] à des enfants esclaves, nouveau surcroît de misère pour moi? Ou bien souffrira-t-on que mes fils soient rois de Phthie, à défaut des tiens? En. effet, les Grecs me chérissent! et par le nom d'Hector, et par moi-même, je leur suis inconnue ; ils ignorent qu'Andromaque fut reine des Phrygiens. Ce ne sont pas mes maléfices qui te font haïr de ton époux ; mais tu ne sais pas lui rendre ton commerce agréable. Le véritable philtre, le voici : ce n'est pas la beauté, ce sont les vertus qui plaisent aux maris. Mais toi, si quelque chose te blesse, tu parles avec emphase de la grandeur de Lacédémone, et de Scyros avec dédain; tu étales ta richesse parmi des pauvres ; Ménélas est à tes yeux plus grand qu'Achille : voilà ce qui te rend odieuse à ton époux. Une femme, fût-elle unie à un méchant époux, doit chercher à lui plaire, et ne pas lutter avec lui d'arrogance. Si tu avais eu pour époux quelque roi de la Thrace, pays couvert de neige, où le même homme fait tour à tour partager sa couche à plusieurs femmes, tu les aurais donc tuées ? et, par les excès d'une passion insatiable, tu aurais déshonoré toutes les femmes? Si cette passion fermente en nous avec plus de violence que chez les hommes, du moins nous la réglons avec décence. O cher Hector, si Vénus t'inspira quelque faiblesse, j'aimais, à cause de toi, les femmes que tu aimais ; souvent même je présentai mon sein aux enfants qu'une autre mère t'avait donnés, pour ne te faire sentir aucune amertume. En agissant ainsi, je gagnais, par ma douceur, le cœur de mon époux. Mais toi, dans ta crainte jalouse, tu ne souffres pas même qu'une goutte de rosée céleste approche de ton époux. Femme, prends garde de surpasser en impudicité celle qui ta donné le jour : les enfants sensés doivent fuir l'exemple d'une mère vicieuse.
232 LE CHOEUR.
Reine, autant que la chose t'est possible, suis mes conseils, et réconcilie-toi avec Andromaque.
HERMIONE.
D'où vient ce langage arrogant ? Oses-tu te mesurer en paroles avec moi, comme si toi seule étais chaste et que je ne le fusse pas ?
ANDROMAQUE.
Ce n'est pas du moins dans le langage que tu viens de tenir.
404 HERMIONE.
Que jamais, femme, ton esprit n'habite en moi !
ANDROMAQUE .
Tu es jeune, et tu offenses la pudeur dans tes paroles!
HERMIONE.
Pour toi, ce n'est pas dans tes paroles, mais dans tes actions, qui me blessent autant qu'il est en toi.
ANDROMAQUE.
Ne peux-tu souffrir en silence les douleurs que te cause l'amour?
HERMIONE.
Eh quoi ! n'est-ce pas là le plus précieux des biens pour les femmes?
ANDROMAQUE.
Oui, lorsque la pudeur le règle ; sinon, c'est un opprobre.
HERMIONE.
Notre ville ne se gouverne pas par les lois des Barbares.
ANDROMAQUE.
Ce qui est une honte chez les Barbares n'est pas moins honteux chez les Grecs.
HERMIONE.
Tu raisonnes bien, oh ! très bien ; mais tu n'en mourras pas moins.
ANDROMAQUE.
Vois-tu la statue de Thétis qui tourne sur toi ses regards?
HERMIONE.
Elle déteste ta patrie, à cause du meurtre d'Achille.
ANDROMAQUE.
C'est Hélène, c'est ta mère qui a causé sa mort, et non pas moi.
HERMIONE.
Pousseras-tu plus loin tes outrages contre moi?
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