HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Andromaque (tragédie complète)

Vers 150-199

  Vers 150-199

[150] δόμων ἀπαρχὰς δεῦρ´ ἔχους´ ἀφικόμην,
151 ἀλλ´ ἐκ Λακαίνης Σπαρτιάτιδος χθονὸς
152 Μενέλαος ἡμῖν ταῦτα δωρεῖται πατὴρ
153 πολλοῖς σὺν ἕδνοις, ὥστ´ ἐλευθεροστομεῖν.
154 {ὑμᾶς μὲν οὖν τοῖσδ´ ἀνταμείβομαι λόγοις.}
155 σὺ δ´ οὖσα δούλη καὶ δορίκτητος γυνὴ
156 δόμους κατασχεῖν ἐκβαλοῦς´ ἡμᾶς θέλεις
157 τούσδε, στυγοῦμαι δ´ ἀνδρὶ φαρμάκοισι σοῖς,
158 νηδὺς δ´ ἀκύμων διὰ σέ μοι διόλλυται·
159 δεινὴ γὰρ ἠπειρῶτις ἐς τὰ τοιάδε
160 ψυχὴ γυναικῶν· ὦν ἐπισχήσω ς´ ἐγώ,
161 κοὐδέν ς´ ὀνήσει δῶμα Νηρῆιδος τόδε,
162 οὐ βωμὸς οὐδὲ ναός, ἀλλὰ κατθανῆι.
163 ἢν δ´ οὖν βροτῶν τίς ς´ θεῶν σῶσαι θέληι,
164 δεῖ ς´ ἀντὶ τῶν πρὶν ὀλβίων φρονημάτων
165 πτῆξαι ταπεινὴν προσπεσεῖν τ´ ἐμὸν γόνυ
166 σαίρειν τε δῶμα τοὐμὸν ἐκ χρυσηλάτων
167 τευχέων χερὶ σπείρουσαν Ἀχελώιου δρόσον
168 γνῶναί θ´ ἵν´ εἶ γῆς. οὐ γάρ ἐσθ´ Ἕκτωρ τάδε,
169 οὐ Πρίαμος οὐδὲ χρυσός, ἀλλ´ Ἑλλὰς πόλις.
170 ἐς τοῦτο δ´ ἥκεις ἀμαθίας, δύστηνε σύ,
171 παιδὶ πατρὸς ὃς σὸν ὤλεσεν πόσιν
172 τολμᾶις ξυνεύδειν καὶ τέκν´ αὐθεντῶν πάρα
173 τίκτειν. τοιοῦτον πᾶν τὸ βάρβαρον γένος·
174 πατήρ τε θυγατρὶ παῖς τε μητρὶ μείγνυται
175 κόρη τ´ ἀδελφῶι, διὰ φόνου δ´ οἱ φίλτατοι
176 χωροῦσι, καὶ τῶνδ´ οὐδὲν ἐξείργει νόμος.
177 μὴ παρ´ ἡμᾶς ἔσφερ´· οὐδὲ γὰρ καλὸν
178 δυοῖν γυναικοῖν ἄνδρ´ ἕν´ ἡνίας ἔχειν,
179 ἀλλ´ ἐς μίαν βλέποντες εὐναίαν Κύπριν
180 στέργουσιν, ὅστις μὴ κακῶς οἰκεῖν θέληι.
181 (ΧΟΡΟΣ) ἐπίφθονόν τι χρῆμα θηλείας φρενὸς
182 καὶ ξυγγάμοισι δυσμενὲς μάλιστ´ ἀεί.
183 (ΑΝΔΡΟΜΑΧΗ) φεῦ φεῦ·
184 κακόν γε θνητοῖς τὸ νέον ἔν τε τῶι νέωι
185 τὸ μὴ δίκαιον ὅστις ἀνθρώπων ἔχει.
186 ἐγὼ δὲ ταρβῶ μὴ τὸ δουλεύειν μέ σοι
187 λόγων ἀπώσηι πόλλ´ ἔχουσαν ἔνδικα,
188 ἢν δ´ αὖ κρατήσω, μὴ ´πὶ τῶιδ´ ὄφλω βλάβην·
189 οἱ γὰρ πνέοντες μεγάλα τοὺς κρείσσους λόγους
190 πικρῶς φέρουσι τῶν ἐλασσόνων ὕπο·
191 ὅμως δ´ ἐμαυτὴν οὐ προδοῦς´ ἁλώσομαι.
192 εἴπ´, νεᾶνι, τῶι ς´ ἐχεγγύωι λόγωι
193 πεισθεῖς´ ἀπωθῶ γνησίων νυμφευμάτων;
194 ὡς Λάκαινα τῶν Φρυγῶν μείων πόλις
195 τύχηι θ´ ὑπερθεῖ κἄμ´ ἐλευθέραν ὁρᾶις;
196 τῶι νέωι τε καὶ σφριγῶντι σώματι
197 πόλεως τε μεγέθει καὶ φίλοις ἐπηρμένη
198 οἶκον κατασχεῖν τὸν σὸν ἀντὶ σοῦ θέλω;
199 πότερον ἵν´ αὐτὴ παῖδας ἀντὶ σοῦ τέκω
[150] mais je les ai apportés de la terre de Sparte ; Ménélas, mon père, me les a donnés avec une dot magnifique : j'ai donc le droit de parler librement. Telle est donc la réponse que j'ai à vous faire. Et toi, esclave et captive, tu voudrais me chasser de ce palais, pour y être maîtresse ; tu me rends par tes maléfices odieuse à mon époux, et tu as frappé mon sein de stérilité. L'esprit des femmes de l'Asie est habile dans ces arts funestes ; mais je réprimerai ton audace. Ni la demeure de la Néréide, ni ce temple, ni cet autel, ne te protégeront ; mais tu mourras. Et si quelqu'un des mortels ou des dieux veut sauver tes jours, il te faudra, au lieu de cet ancien orgueil si hautain, prendre des sentiments plus humbles, trembler, tomber à mes genoux, balayer ma maison, répandre des vases d'or la rosée d'Achéloüs, et connaître où tu es : car il n'y a plus ici ni Hector, ni Priam, ni opulence, mais une ville grecque. Malheureuse, tu en viens à ce point d'égarement, d'oser entrer dans le lit de celui dont le père a tué ton époux, et avoir des enfants d'un meurtrier ! Telles sont les mœurs des Barbares : le père couche avec la fille, le fils avec la mère, le frère avec la sœur ; les plus chers amis s'entre-égorgent ; la loi ne défend aucun de ces crimes. Mais ne t'avise pas de les introduire chez nous : il n'est pas honnête qu'un seul homme tienne deux femmes sous ses lois ; mais celui-là doit se contenter d'une seule compagne, qui veut avoir une maison bien gouvernée. 181 LE CHOEUR. La jalousie est la passion des femmes : toujours elles haïssent celles qui partagent avec elles le lit de leur époux. 183 ANDROMAQUE. Hélas ! hélas ! la jeunesse est un mal pour les mortels, et dans la jeunesse l'injustice. Pour moi, je crains que ma qualité d'esclave ne fasse tort à mes raisons, quoique j'en aie beaucoup de bonnes à dire, et que si, au contraire, j'ai raison, je n'en sois que plus maltraitée ; car l'orgueil des grands supporte impatiemment la supériorité des petits. Mais je n'aurai pas la faiblesse de me trahir moi-même. Dis-moi, jeune femme, à quel titre pourrais-je te disputer les droits d'un hymen légitime? Serait-ce que la ville de Lacédémone est inférieure à celle des Phrygiens, ou que ma fortune efface la tienne, et que ma liberté te fait envie? Est-ce l'éclat de ma jeunesse et de ma beauté? est-ce la grandeur de ma patrie et le crédit de mes nombreux amis, qui m'enfle le cœur, et m'inspire le désir de régner à ta place? Serait-ce pour donner le jour


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Dernière mise à jour : 2/10/2009